Courtage en valeurs mobilières : un petit peu d'histoire
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« C’est un milieu méconnu et peu de gens comprennent vraiment comment les gouvernements réalisent leurs opérations de financement pour combler leurs besoins financiers », dit-il.

Lors du lancement de l’ouvrage « Le Québec emprunte – Syndicats financiers et finances gouvernementales, 1867-1987 », rédigé par Marc Vallières et publié fin 2015 par les Éditions du Septentrion, en collaboration avec l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), Denis Girouard s’est chargé d’évoquer le rôle plus contemporain de la fonction de courtage en valeurs mobilières, ainsi que son évolution de 1987 à nos jours.

Il faut dire que depuis la fin des années 1980, « le décloisonnement des institutions financières transforme radicalement l’organisation de l’ensemble des intermédiaires financiers, que ce soit les banques, les sociétés d’assurance et de fiducie, les bourses et, bien sûr, les maisons de courtage qui en dépendent. Les banques peuvent ainsi diversifier leurs services financiers et font l’acquisition de la plupart des grandes maisons de courtage pour les intégrer à leurs opérations financières », écrit Marc Vallière.

Si la fonction de courtage est demeurée presque inchangée depuis 1987, les marchés n’ont cessé d’évoluer, estime Denis Girouard.

La seule constante tient au fait que ce secteur d’activité demeure toujours aussi mystérieux. On s’attarde beaucoup plus au folklore qu’à la contribution apportée à l’équilibre économique par les intermédiaires financiers que sont les courtiers, signale Denis Girouard. « Les courtiers, dont je suis, s’assurent d’une circulation constante de l’huile autour du moteur, cette huile étant l’équité et la liquidité, et ce rôle n’a jamais changé. »

Aujourd’hui, les décisions qui sont prises jour après jour, heure après heure, ont une portée absolument incroyable, selon Denis Girouard.

« Lorsque j’ai débuté dans le métier, en 1982, une transaction de 500 000 $ pour des titres du gouvernement du Québec était exceptionnelle, illustre-t-il. Et lorsque cette transaction atteignait 1 million de dollars (M$), tu partais en courant pour aller chercher une autorisation auprès de la banque. De nos jours, tu ne parles même pas d’une transaction de 50 M$, et lorsque la valeur atteint 100 M$, c’est gros, mais ça fait partie du quotidien. »

Les chiffres ont explosé, mais la constante est la même. Le risque que les individus prenaient en 1982, ou en 1950, est le même qu’aujourd’hui, mais il est décuplé. « Alors que nous transigions pour 500 000 $ de revenus par jour en 1982, les chiffres ont explosé et nous parlons aujourd’hui de milliards de dollars », constate Denis Girouard.

De même, si la fonction du courtier n’a guère changé depuis la fin des années 1980, la vitesse à laquelle les opérations s’effectuent a beaucoup évolué. Alors que la banque transmet aux particuliers en quelques heures sa décision concernant leur demande de prêt hypothécaire, les cambistes et les arbitragistes sont appelés à prendre en quelques secondes des décisions impliquant des dizaines ou des centaines de millions de dollars.

« Les systèmes informatiques nous permettent de transférer de l’information à une vitesse hallucinante. Il serait inimaginable de parvenir à traiter le volume actuel de transactions avec les mécanismes utilisés il y a tout juste 20 ans », signale Denis Girouard.

L’évolution des besoins requis par les différents paliers de gouvernement en terme de financement, fait également en sorte que ceux-ci ne peuvent plus se limiter au financement disponible au Canada ou au Québec. Une réalité qui a contribué à la croissance de l’industrie financière de Montréal en l’amenant à développer ses activités à travers la planète.

« Nos clients, aujourd’hui, ne sont pas sur le boulevard René-Lévesque. Ils sont à New Delhi, à Beijing, au Kazakhstan, au Moyen-Orient, et en Europe. Cette diversité dans les sources de financement nous permet d’amalgamer pour le mieux les besoins des gouvernements avec ceux de nos investisseurs, ce qui amène les gouvernements à se financer à meilleur compte », avance Denis Girouard.