Selon lui, le cancer est l’argument clé d’un conseiller qui veut convaincre son client de souscrire ce genre d’assurance.

«On vit de plus en plus longtemps», précise-t-il. Or, cela expose davantage les gens aux maladies graves comme le cancer. Avec la crise cardiaque et l’accident vasculaire cérébral, le cancer compte pour plus de 80 % des réclamations pour maladie grave.

Ces maladies peuvent frapper au plus fort des années les plus productives des clients, sans qu’elles leur soient fatales. Selon la Société canadienne du cancer, 63 % des patients atteints de cancer vivent cinq ans ou plus après un diagnostic.

Grâce aux progrès technologiques et à l’amélioration des habitudes de vie, 95 % des victimes qui se rendent à l’hôpital survivent à un premier infarctus. Une personne sur 20 risque d’être victime d’un AVC, mais 75 % survivent à leur premier traumatisme vasculaire cérébral.

Pourtant, la période de soins et la convalescence peuvent être longues et difficiles. Pendant ce temps, le malade n’a pas de revenu alors que ses dépenses grimpent. «Entre 35 et 75 ans, il y a plus de 50 % de risque que des personnes développent une maladie grave», dit Carl Yergeau.

Il décrit l’assurance maladies graves comme «un produit complémentaire» à l’assurance vie ou invalidité. «C’est un produit lié à un diagnostic, c’est complètement différent.» Selon lui, dans bien des cas, c’est plus pertinent qu’une assurance vie.

«Entre 2000 et 2010, l’assurance maladies graves a connu une bonne croissance de ventes, avant de connaître un plafonnement.» Or, le produit est complexe et cher, et le ralentissement de l’économie n’a pas aidé. «Pourtant, le potentiel est toujours là», estime Carl Yergeau.

Viser le marché des PME

Un argument pour offrir ce type de couverture, explique Pierre-Philip Garneau, avocat-fiscaliste d’Industrielle Alliance, est de l’adapter au marché des PME. Par exemple, une entreprise assure contre les maladies graves un employé clé dont l’absence, pour raisons médicales, pourrait nuire à la rentabilité.

Il cite le cas fictif d’un employé de 50 ans jugé indispensable. On évalue à 250 000 $ l’impact de son absence. Les primes de cette assurance sont de 700 $ par mois, pour un total de 126 000 $ pendant les 15 ans qui précédent sa retraite. La société paie les primes et elle reçoit l’indemnité de 250 000 $ si l’employé a une maladie grave.

L’employé pourrait également payer personnellement l’avenant de remboursement de prime. En tout, la prime coûte 300 $ par mois, sur 15 ans, pour un total de 54 000 $. Cela lui donnerait droit à un remboursement libre d’impôt de 180 000 $ à 65 ans, soit la totalité des primes payées, s’il est en bonne santé lorsqu’il prend sa retraite.

Claude Chalifoux, vice-président Services financiers, chez Valeurs mobilières Desjardins, spécialisé en planification financière et successorale, parle de «l’utilité extraordinaire de cette police», qu’il conseille aux entrepreneurs qui risquent de manquer de liquidités, si un employé qui occupe un poste névralgique tombe malade.

«Ça peut même servir de monnaie d’échange dans une convention entre actionnaires», dit-il.

«Si un employé tombe malade, mais ne peut pas revenir par la suite, il est couvert par son assurance. Et s’il n’est pas malade quand il quitte l’entreprise, au lieu de partir avec un dividende, imposé à 38,78 %, l’employé part avec le remboursement du total des primes d’assurance.»

«Ça s’adresse à une clientèle bien particulière», explique Claude Chalifoux. Le conseiller aurait besoin d’un avocat pour bien rédiger le contrat entre l’assureur, l’employé et l’entreprise.

Toutefois, Pierre-Philip Garneau met aussi en garde les conseillers sur les détails de ce produit qui s’adresse aux cadres ayant entre 45 et 55 ans, qui travaillent en général au moins 60 heures par semaine et qui, souvent, ne font pas d’exercice, mangent mal et fument : «Ils risquent vraiment d’être malades.»

S’il tombe malade avant 65 ans, l’entreprise, à titre de bénéficiaire, reçoit la prestation de 250 000 $. L’employé «a payé 54 000 $ et il n’a rien».

Pierre-Philip Garneau évoque un autre risque : que les autorités fiscales changent les lois fiscales. «Si la loi est modifiée, le remboursement des primes pourrait devenir imposable.»

En outre, selon Carl Yergeau, le montant de l’indemnité pourrait équivaloir à deux à trois fois le revenu de l’employé clé assuré. Les primes sont fixées «au cas par cas» après une évaluation de l’état de santé de l’assuré et de ses antécédents. «L’assureur est beaucoup plus sélectif», explique l’analyste, et si la personne a eu un cancer ou une crise cardiaque, «il y a une forte possibilité de refus».