Or, comme le souligne le document de l’AMF, leur part de marché était en augmentation depuis 2009 (http://tiny.cc/d267zx).
En 2014, les assureurs de personnes à charte canadienne ou d’une autre province se sont illustrés par une croissance plus élevée des primes directes. La hausse a atteint 11 %, comparativement à 5,5 % chez les assureurs à charte québécoise. En 2013, c’était l’inverse. Les assureurs à charte québécoise avaient alors affiché une croissance des ventes de 14 %, comparativement à 8 % pour les assureurs à charte canadienne ou d’autres provinces.
Deux connaisseurs expliquent le sens de ces statistiques : Sylvain Gagné, ex-vice-président régional chez Empire Vie et ex-directeur général de BBA Groupe Financier, et Robert Landry, ex-vice-président exécutif chez AXA Canada. Tous deux sont consultants.
Repositionnement géographique
«Les assureurs québécois ne commencent pas à manquer de souffle. En fait, depuis quelques années, ils mettent plutôt l’accent sur leur développement hors Québec», dit Sylvain Gagné.
Sylvain Gagné cite en exemple Industrielle Alliance. «Cette compagnie a beaucoup crû en Ontario et ailleurs au Canada», dit-il.
C’est ce que confirme l’évolution, en chiffres, de la présence géographique d’Industrielle Alliance ces cinq dernières années. Son dernier rapport annuel indique que 41 % des primes et dépôts provenaient du Québec en 2014. Mais il y a cinq ans, en 2009, la proportion était de 45 %, signale son rapport annuel de 2009.
L’expansion hors Québec a d’ailleurs touché la quasi-totalité des assureurs de personnes à charte québécoise.
«En quelques années, Humania a réussi à développer un réseau de distribution en Ontario. Ce n’était pas évident à faire. Chapeau à la direction de l’entreprise !» dit Robert Landry.
Repositionnement en produits
Outre la diversification géographique des marchés, d’autres raisons expliquent les changements évoqués par le rapport de l’AMF.
«La faiblesse persistante des taux d’intérêt a beaucoup nui à la rentabilité des produits d’assurance individuelle. Certains assureurs accordent plus d’importance au secteur de l’épargne et de la gestion de patrimoine qu’à celui de l’assurance de personnes», estime Sylvain Gagné.
Robert Landry partage ce point de vue. «Il suffit de lire les titres des communiqués émis par les assureurs depuis un an ou deux. Dans bien des cas, il n’est question que de fonds, comme des lancements, des baisses de frais de gestion ou des changements de gestionnaires. En vie individuelle, les nouveaux produits se sont faits rares. Les énergies et les espoirs de ventes des assureurs se sont nettement déplacés vers les produits d’épargne», dit-il.
Impact des gros contrats
L’ancien vice-président d’AXA Canada ajoute deux autres raisons possibles.
«Nous n’avons pas les données précises pour le confirmer, mais je soupçonne qu’une bonne partie de la croissance des primes en assurance de personnes provient des contrats collectifs et des clients à valeur nette élevée», dit-il.
Or, ce sont là des domaines dans lesquels excellent les grands acteurs canadiens que sont Manuvie, Sun Life et le groupe Great-West Lifeco (Great-West, London Life, Canada-Vie).
«Les assureurs de personnes à charte québécoise n’ont pas nécessairement les produits destinés aux millionnaires qui veulent une protection d’assurance vie de 50 M$. Mis à part Industrielle Alliance, ils n’ont pas, non plus, les ressources suffisantes pour attirer les contrats d’assurance collective des très grandes entreprises», dit Robert Landry.
En outre, les couvertures d’assurance collective coûtent cher, même aux grandes entreprises. «Lorsque ces gros clients veulent faire baisser les prix, rares sont les assureurs qui peuvent être de la partie et soumissionner à des tarifs moins élevés, à part Manuvie, Sun Life et Great-West», précise Robert Landry.