Même si l’étude remonte à 2005, elle n’en reste pas moins pertinente. Les auteurs y présentent les bancassurances comme des moyens efficaces pour «distribuer quasiment tous les produits […] avec un coût de distribution relativement modeste comparé aux circuits traditionnels, grâce à une forte intégration des systèmes d’information».
Au Canada, l’implantation de ce type de structure remonte aux années 1980. Avant même que les banques à charte fédérale aient l’autorisation d’avoir des filiales spécialisées en assurance, la Banque Toronto-Dominion a conclu une entente avec l’assureur Simcoe & Erie General Insurance Company pour offrir de l’assurance hypothèque. Le Rubicon venait d’être franchi.
Au Québec, le Mouvement Desjardins, avec sa charte québécoise, est en quelque sorte déjà une bancassurance, sa filiale d’assurance de personnes et sa filiale d’assurance de dommages étant respectivement numéro un et numéro deux sur le plan des parts de marché au Québec.
Une vague de fond
La vague des bancassurances en est une de fond et mondiale.
Actuellement, les banques à charte fédérale ne peuvent vendre dans leurs succursales que de l’assurance voyage et de l’assurance crédit pour ceux qui empruntent.
Cependant, cette réalité pourrait changer sous peu vu l’importance qu’aura la vente en ligne dans les prochaines années. Car s’il est interdit aux banques de vendre des produits d’assurance en succursales (Loi sur les banques, article 416), rien ne les empêche de vendre des produits d’assurance sur leur site Internet.
En fait, en 2009, le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) a défini que les sites Internet ne devaient pas être considérés comme les vitrines virtuelles des succursales bancaires, mais bien comme celles des groupes financiers qui chapeautent celles-ci.
Voilà donc une subtilité réglementaire qui rime avec occasions. D’autant plus que l’assurance de personnes gagne en importance. Au Québec seulement, l’augmentation des primes directes souscrites a été de 8,1 % en 2014 et celles-ci ont atteint 14,9 G$. Au cours des dix dernières années, le taux de croissance annualisé des assureurs à charte québécoise s’est établi à 7,2 %, et celui des assureurs à charte canadienne et étrangère, à 3,8 %, d’après le «Rapport annuel sur les institutions financières» de 2014 de l’Autorité des marchés financiers (AMF).
Les réflexions qui ont cours actuellement sur l’encadrement de la distribution de produits d’assurance sur Internet et sans représentants semblent favorables à la vente en ligne. Le «Rapport sur l’application de la Loi sur la distribution de produits et services financiers (LDPSF)» recommande d’ailleurs la mise en place d’un «cadre législatif souple qui permettra aux assureurs d’offrir leurs produits par Internet».
Course aux technologies
Outre la vente en ligne, la course aux technologies au cours des prochaines années devrait également favoriser les grandes institutions. En raison de leurs importantes ressources, celles-ci risquent d’avoir un avantage accru dans un secteur qui entame un virage technologique où la recherche et développement sera un vecteur d’avantages par rapport à la concurrence.
Prenons le seul exemple de la télématique, ces technologies qui permettent de recueillir et de traiter des données. Celles-ci ont rapidement gagné leurs lettres de noblesse en assurance de dommages. Les assureurs automobiles offrent depuis quelques années des rabais aux conducteurs prêts à doter leurs véhicules de capteurs servant à analyser leur conduite.
Ce type de technologie gagne l’assurance de personnes. Aux États-Unis des assureurs testent des programmes, en partenariat avec des entreprises. Des avantages sont offerts aux employés qui acceptent de porter un bracelet pour recueillir des données sur leurs activités physiques. Plus ils font d’activités, plus avantageuse est leur assurance. Cela amène une personnification des couvertures. Comme un expert du secteur des technologies le confiait à Finance et Investissement : «C’est l’équivalent d’un programme Ajusto… mais appliqué à l’assurance de personnes».
Et encore une fois, les bancassurances, de par leur important capital financier, pourraient bien profiter du virage technologique pour se positionner. Car comme le rappelait l’AMF dans son dernier rapport sur les institutions financières : «Cette tendance de « bancassurance » a démontré son efficacité et sa résilience au fil des années en générant des revenus et une capacité à fidéliser les clients, atteignant ainsi une forme de diversification».
L’équipe de Finance et Investissement