Ce représentant n’est pas le seul à regretter cette confusion, nuisible à la visibilité de son cabinet.
Ex-président du conseil d’administration de la Chambre de la Sécurité financière (CSF), Dany Bergeron affiche pas moins de quatre titres professionnels : conseiller en sécurité financière, conseiller en assurance et rentes collectives, représentant de courtier en épargne collective et représentant de courtier sur le marché dispensé.
«Ces quatre permis ne disent rien à personne. Si le public ignore de quoi il s’agit, où se situe alors sa protection ?» s’interroge Dany Bergeron.
Afin d’illustrer son propos, le président du cabinet Financière Radisson cite l’exemple suivant : «Supposons que les pharmaciens doivent tout à coup porter le titre de spécialistes de la distribution de détail des produits pharmaceutiques. Le public en serait-il mieux protégé pour autant ?»
Il est temps de remettre l’ouvrage sur le métier, selon Dany Bergeron : «Avec la révision de la Loi 188 et le mouvement d’harmonisation pan-canadien de la réglementation, l’occasion est meilleure que jamais de mettre cartes sur table. Il faut que la loi change !» affirme-t-il.
Benoît Lizée pense également que la refonte de la LDPSF donne «l’occasion de modifier les choses afin que nos titres professionnels deviennent plus compréhensibles pour notre clientèle».
La dénomination idéale
Mais quel serait le titre professionnel idéal ? «Celui de conseiller financier, répond Dany Bergeron. On préciserait ensuite, sur sa carte professionnelle ou sur son site Web, les produits que l’on pourrait offrir aux clients. Par exemple, l’assurance de personnes, les fonds distincts et les fonds communs de placement.»
Flavio Vani est également d’avis que le terme de «conseiller financier» serait le plus complet. «Un seul permis, une seule formation et un ordre professionnel. Voilà l’idéal», dit le président de l’Association professionnelle des conseillers en services financiers (APCSF).
«La situation dans le reste du Canada pourrait-elle nous inspirer une réforme des titres professionnels au Québec ?» se demande pour sa part Benoît Lizée.
Comme le montre le Glossaire des titres de compétence en finances publié par l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM), les dénominations abondent dans le reste du Canada (http://tiny.cc/x8b12x).
Quelques dénominations sont très génériques, tels «assureur-vie agréé» et «planificateur financier personnel». Toutefois, elles côtoient une foule de titres aux contenus très variés, et parfois très pointus, comme «conseiller financier émérite», «conseiller en retraite certifié» et «conseiller en investissement responsable».
De plus, un groupe de régulateurs ontariens a constaté, lorsque des acheteurs mystères ont eu 88 rencontres avec des conseillers de la province voisine, que ces derniers utilisaient 48 titres différents. Les représentants travaillaient dans quatre secteurs différents, soit le courtage de plein exercice, du marché dispensé, de fonds communs et la gestion de portefeuille discrétionnaire.
Selon ce groupe, qui inclut l’OCRCVM et la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO), cette variété de titres «peut rendre complexe le choix d’un conseiller». La CVMO évalue d’ailleurs le potentiel de réforme à ce chapitre, lit-on dans le rapport du groupe (http://bit.ly/1QykkAW).
Vers un statu quo ?
Alain C. Roy est conseiller en sécurité financière au Cabinet d’assurance Banque Nationale. Il se dit sceptique face aux volontés de changement d’appellations professionnelles.
«Je crois que le titre de conseiller en sécurité financière est la moins pire des solutions possibles», dit-il en rappelant que le titre de conseiller financier ne peut être utilisé, au Québec, en raison du «droit d’aînesse» de l’Institut québécois de planification financière (IQPF).
«L’IQPF a très bien joué ses cartes en 1999, lors du passage de la Loi 188. L’IQPF avait alors fait valoir que les titres de planificateur financier et de conseiller financier se ressemblaient trop. L’IQPF a ainsi obtenu l’interdiction du titre de conseiller financier», relate-t-il.
Spécialiste du monde de l’assurance de personnes, Sylvain Gagné fait partie de ceux qui pensent que le titre de planificateur financier finira par s’imposer à l’échelle de l’industrie du conseil.
«Cette dénomination l’emportera sur toutes les autres. Car on est tous là pour planifier, et ensuite, seulement, pour proposer l’achat de produits, en assurance et ailleurs», dit l’ex-directeur général associé de BBA Groupe Financier.