La transition de l'économie chinoise retient l'attention de la Banque du Canada
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La Chine a connu une expansion remarquable depuis qu’elle a amorcé la réforme de ses marchés dans les années 1980 et adhéré à l’Organisation mondiale du commerce en 2001. La Chine est aujourd’hui le deuxième partenaire commercial du Canada, et plus de 400 entreprises canadiennes y opèrent des activités commerciales ou industrielles.

« La progression de l’économie chinoise a eu une incidence généralement positive sur l’économie canadienne, mais elle est en perte de vitesse. Ce ralentissement ramènera le taux de croissance à un niveau plus soutenable, et cela est non seulement inévitable, mais souhaitable », a déclaré Carolyn Wilkins dans un discours qu’elle a prononcé devant la Chambre de commerce du Grand Vancouver.

Carolyn Wilkins a cité des chercheurs de la Banque du Canada qui pensent que la Chine a le potentiel qu’il faut pour progresser à un bon rythme à plus long terme, malgré les forces démographiques à l’œuvre. « Entre autres conséquences pour le Canada, la demande chinoise de produits de base devrait rester forte et augmenter à partir d’un niveau beaucoup plus élevé qu’auparavant. »

Elle a fait état des démarches que prennent actuellement les autorités chinoises pour faciliter la transition, y compris des mesures visant à renforcer le filet de sécurité sociale, à améliorer le cadre de conduite de la politique monétaire et à soutenir la stabilité financière. L’histoire montre, cependant, « que de telles transitions sont difficiles à gérer, demandent du temps et risquent fort d’être irrégulières », a prévenu Carolyn Wilkins.

Dans le cas où des tensions émanant de la Chine gagnaient le Canada, le pays pourrait souffrir d’un ralentissement des échanges commerciaux et de la baisse des prix des produits de base, a fait remarquer Carolyn Wilkins.

Elle a ajouté que bien que les banques canadiennes soient peu exposées directement à la Chine, les canaux des marchés financiers et de la confiance pourraient également être importants.

« La transition de la Chine présente des risques, et le Canada est bien placé pour les gérer, a-t-elle aussi souligné. La Banque continuera de surveiller de près les évolutions en Chine, compte tenu de l’importance de celle-ci pour le Canada. »

La crainte d’une récession en Chine s’estompe

Les économistes de la Banque Nationale sont pour leur part soulagés du fait que Pékin se soit détourné de la dévaluation du renminbi dans ses efforts pour relancer la croissance.

Le 6 mars, les autorités ont annoncé un déficit budgétaire de 3% du PIB pour 2016, comparativement à 2.5% l’an dernier, signalent Stéfane Marion et Matthieu Arseneau, respectivement économiste et stratège en chef, et économiste principal à la Banque Nationale, dans l’édition d’avril du Mensuel boursier.

Selon eux, compte tenu du fait que le plan quinquennal de Pékin ne fixe pas d’objectifs pour le commerce international, « réduit la tentation de recourir à la dévaluation de la monnaie chinoise ».

Ils soulignent que les dépenses gouvernementales seront concentrées sur les industries employant beaucoup de main-d’œuvre et en particulier sur l’infrastructure des transports, et évoquent notamment le projet de construction de 50 aéroports d’ici 2020 et de 2,000 km de nouvelles voies ferrées.

Stéfane Marion et Matthieu Arseneau sont d’avis que « la crainte d’une récession en Chine accompagnée d’un exode massif de capitaux n’est plus justifiée ». Ils se disent d’ailleurs « encouragés de voir que les bénéfices industriels entaient en hausse en janvier et février de 4.8% par rapport à douze mois plus tôt, ce qui met fin à 11 baisses mensuelles consécutives. »