M. Wicks, directeur général principal et responsable de l’équipe des actions de valeur auprès de Gestion d’actifs Manuvie à Toronto, gère le portefeuille depuis 1997. Actuellement fermé aux nouveaux achats, de fonds a gagné le Prix Morningstar du meilleur fonds équilibré canadien en 2015.
Un élément contribuant au succès de ce fonds coté 5 étoiles est la souplesse dont M. Wicks et son équipe disposent pour opérer des changements de combinaison d’actifs entre actions, obligations et liquidités. La relation entre le risque et le rendement ayant davantage souri aux actions après la crise financière de 2008-2009, l’équipe a augmenté sa participation aux actions.
La pondération en actions a atteint un sommet de 66 % en décembre 2013, alors qu’elle avait atteint un creux d’environ 50 % avant la crise financière. Aux dernières nouvelles, le fonds détenait environ 60 % d’action et 24 % en placements à revenu fixe, le reste étant en liquidités.
Considérées comme un outil de gestion du risque, les liquidités se situent dans une fourchette de 15 % à 20 % des actifs du fonds depuis plusieurs années. Ces deux dernières années, dit M. Wicks, il est devenu de plus en plus difficile de trouver des aubaines dans les marchés financiers. « Les taux d’intérêt sont exceptionnellement bas et les évaluations parmi les sociétés de qualité sont assez élevées. »
M. Wicks compte tirer parti des chutes éventuelles du marché. « On va tirer à vue sur ces noms de haute qualité qui sont revenus à notre portée et en augmenter les pondérations, dit-il. Nous n’avons aucun problème à conserver des liquidités jusqu’à ce que nous puissions procéder à un examen complet du risque et du rendement dans les deux catégories d’actifs à long terme.
Dans la sélection d’actions, la diversification par type d’action est l’un des critères de gestion du risque de l’équipe. Par exemple, dit M. Wicks, l’énergie est un secteur très homogène. « Si les prix énergétiques baissent, c’est le secteur tout entier qui va baisser. Et les télécoms, les services financiers, les services publics, les valeurs industrielles et les matériaux sont eux aussi assez homogènes du point de vue des risques. »
En revanche, ajoute M. Wicks, les biens de consommation discrétionnaires et de base, les valeurs industrielles, les soins de la santé et la technologie sont tous des secteurs où les gestionnaires peuvent investir dans de très bonnes entreprises qui font des choses très différentes. Il cite en exemple le récent avoir le plus important du fonds, Loblaw (L), qui est le plus gros détaillant alimentaire au Canada, et qui détient aussi la chaîne de pharmacies Shoppers Drug Mart.
Cette équipe axée sur la valeur cherche à investir dans des entreprises qui ont des bénéfices et flux de trésorerie élevés et stables et qui se négocient à un prix raisonnable. En plus des mesures financières, l’équipe examine aussi les barrières à l’entrée, la concurrence, la qualité de l’équipe de direction et la gouvernance d’entreprise. M. Wicks et ses collègues rencontrent plus de 500 comités d’entreprise par an.
Un modèle financier est intégré à la discipline de placement pour chaque avoir, avec un prix cible d’achat et de vente. Les entreprises de qualité qui ont été vendues peuvent retourner dans le portefeuille quand les évaluations sont plus attrayantes.
Par exemple, à l’automne de 2014, la position du fonds dans Telus (T) était en voie d’atteindre le prix de vente cible, et les gestionnaires ont donc commencé à réduire leur participation à cette compagnie de télécommunications. « On faisait grand cas des efforts déployés pour essayer d’attirer un titre des télécommunications américaines au Canada, dit M. Wicks, et l’action de Telus est passée de 37 $ (le prix où on la vendait) à 30 $ au cours de la période estivale. Nous avons donc intégré cela à nos calculs pour évaluer le nouveau prix de Telus, et nous nous sommes retrouvés à racheter ce titre. » De nos jours, le prix de l’action se rapproche de nouveau de son prix de vente cible.
Bien que le Fonds à revenu mensuel élevé Manuvie soit principalement un mandat canadien, la diversification étrangère joue un rôle important. Environ 21 % des actifs du fonds sont investis dans des actions américaines — pondération qui, selon M. Wicks, est pratiquement la même depuis environ six ans. Il précise que parce que les États-Unis sont un marché si grand et si divers, on y trouve des occasions au-delà de ce qui est disponible au Canada.
Parmi ces occasions, il y a Kraft Heinz (KHC), une société d’emballage de produits de consommation et de boissons, qui est un des avoirs principaux du fonds. « Kraft a une image de marque excellente, dit M. Wicks. La société a traversé une période de transition dans sa gestion, éliminant certains noms qui n’étaient pas aussi rentables, et nous pensons qu’elle connaîtra dorénavant le succès. »
Dans la portion obligataire du portefeuille, l’équipe de la Manuvie ne fait pas de mises inutilement risquées sur la qualité du crédit. Les avoirs en obligations doivent être de qualité supérieure, sans qu’un seul avoir ait une cote de crédit plus base que BBB. Actuellement, tous les avoirs sont des obligations de sociétés, rapportant juste un peu plus que 3,5 %, et leur durée moyenne pondérée est de moins de six ans.
En août 2015, la Manuvie a plafonné ce fonds de 9,2 G$ vis-à-vis de nouveaux achats. M. Wicks précise qu’une fois qu’un fonds canadien équilibré a atteint environ 10 milliards $ d’actifs, il n’est pas aussi facile de modifier les affectations d’actifs ou de faire des transactions de titres individuels. « Nous avons pour priorité absolue de continuer à produire les rendements qu’attendent nos clients », dit-il. La décision de plafonner le fonds sera réexaminée au moins une fois par an.