Dans une conjoncture de faible croissance, Matthew Dennis, gestionnaire principal de portefeuille à Invesco, trouve des occasions dans les actions des biens de consommation discrétionnaire et des technologies de l’information. « On nous y a poussés, dit M. Dennis, parce que ce sont des entreprises qui ont sans doute moins de stabilité, mais qui peuvent avoir une dynamique de croissance plus puissante avec des rendements tout aussi robustes. »
M. Dennis, établi à Austin (Texas) avec l’équipe de croissance internationale et mondiale, est à la tête de la Catégorie croissance mondiale Invesco. Les secteurs des biens de consommation discrétionnaire et des technologies de l’information représentent actuellement 46 % du fonds.
Le processus de placement de l’équipe, fondé sur la méthode BQE (bénéfices, qualité et évaluation), est destiné à identifier des sociétés à la croissance attrayante. « Ce qui est fantastique avec ce cadre de référence, c’est qu’il peut s’adapter et se plier à n’importe quel environnement économique, dit M. Dennis. Nous n’avons pas un point de vue macroéconomique et nous évitons délibérément de nous référer à un indice. »
Les avoirs doivent répondre au nec plus ultra des critères de placement : avoir la capacité de cumuler les richesses dans le temps et fortement privilégier une trésorerie robuste pendant trois ans ou plus.
Parmi les plus gros avoirs du fonds, on trouve le géant de la technologie Apple. « La société a connu une sorte de trou d’air, avec une baisse des ventes, dit M. Dennis, mais nous continuons à penser qu’elle réunit toutes nos conditions. »
D’après lui, Apple a une image de marque exceptionnelle qui trouve un écho chez le consommateur. De plus, l’équipe d’Invesco aime beaucoup l’effet de réseau intégré créé dans les foyers qui possèdent de multiples produits, comme le iPhone et la tablette iPad. Cela rend la plateforme encore plus attrayante pour les développeurs et les fournisseurs de contenu. « Apple continue à offrir une rentabilité convaincante par rapport à la majorité des sociétés existantes, qu’elles soient ou non dans les secteurs de la consommation ou de la technologie. »
Une autre société favorite est Alphabet, précédemment appelée Google. « Quand je me penche sur Alphabet en appliquant la méthode BQE, dit M. Dennis, voici ce que je vois : au chapitre des bénéfices, les revenus sont passés ces cinq dernières années d’environ 29 milliards de dollars américains (G$ US) à 75 G$ US, et la société continue à conquérir des parts de marché dans cet espace publicitaire numérique en évolution rapide. »
Du point de vue de la qualité, dit M. Dennis, l’équipe de gestion d’Apple a un historique éprouvé de renforcement de son image de marque par l’expérience du consommateur. Quant à l’évaluation, Apple continue à « offrir un rendement des flux de trésorerie disponibles avoisinant les 5 %, pour une entreprise dont on s’attend encore à ce que l’action augmente en valeur de 16 % environ annuellement ».
Bien qu’Apple et Alphabet soient des noms technologiques, toutes deux sont en quelque sorte des hybrides, dit M. Dennis. Elles appartiennent aussi en effet au secteur de la consommation, ajoute-t-il.
Un exemple d’avoir du fonds relevant strictement de la consommation discrétionnaire est Priceline Group. « Nous pensons que Priceline est le protagoniste le mieux placé dans le domaine à croissance structurelle que représentent les réservations en ligne et l’expérience des voyages, dit-il. Bookings.com, son gagne-pain, jouit d’une croissance à deux chiffres de ses réservations. Cette croissance devrait se poursuivre alors que la tendance des réservations de voyages en ligne gagne du terrain sur les réservations hors-ligne. C’est le cercle vertueux : l’échelle des réservations en ligne attire du volume, et ce volume attire des revenus publicitaires. »
Quant à la qualité, M. Dennis dit que le bilan de Priceline ne comporte aucun endettement et révèle sa capacité à rembourser une dette nette. Et il ajoute le commentaire suivant sur l’évaluation : « J’aimerais bien avoir ce titre à un meilleur prix, mais son prix n’est pas extravagant si l’on pense aux marges et à la rémunération de la trésorerie que génère cette société. »
M. Dennis accorde sa préférence aux chefs de file du marché, comme la société britannique Compass Group qui domine le secteur de l’alimentation contractuelle et ses services de soutien. « Si vous allez au Centre Air Canada à Toronto pour regarder un match de hockey, quand vous allez vous acheter un hot dog ou une boisson, il y a des chances que ce soit un employé de Compass qui vous sert », dit M. Dennis. Les revenus de la société ne cessent de croître, elle a une équipe de direction « qui sait ce qu’elle fait », et elle a un pouvoir de fixation des prix. « C’est le type de société dont nous nous demandons, quand les temps sont durs, pourquoi ne pas en acheter davantage, et pas comment s’en débarrasser. »
Selon M. Dennis, les secteurs boursiers où les occasions de croissance sont rares sont par exemple les biens de consommation de base et, à un degré moindre, les soins de la santé. L’équipe a réduit certaines de ses positions à long terme dans ces secteurs, qui ne répondent plus à ses critères de placement.
Les marchés émergents ne jouent pas nécessairement un grand rôle parce que l’ensemble des occasions qu’ils présentent est encore limité, dit M. Dennis. La gouvernance d’entreprise et la liquidité, selon lui, peuvent sérieusement y poser problème. De plus, de nombreuses entreprises des marchés émergents ne répondent pas aux critères de croissance de l’équipe d’Invesco, qui portent par exemple sur les sociétés des secteurs des valeurs industrielles et des marchandises, à forte intensité de capitaux.
« Beaucoup de clients nous demandent ce que nous pensons de la conjoncture macroéconomique, dit M. Dennis, et nous incorporons même cette question dans notre perspective BQE. Un des domaines sur lesquels nous nous concentrons est le niveau d’endettement. Les sociétés qui l’illustrent le mieux se trouvent clairement dans les secteurs des valeurs industrielles et des marchandises, où l’intensité des capitaux et l’offre demeurent trop élevées par rapport à la demande. »