Le système financier du Canada est résilient et fait preuve d’efficacité, écrit la Banque du Canada dans sa plus récente livraison de la Revue du système financier. On y indique que les vulnérabilités des ménages se sont accentuées, mais que la reprise économique en cours au Canada contribue au fait que le risque global demeure au même niveau.

La Banque identifie un certain nombre de vulnérabilités. D’abord, deux vulnérabilités récurrentes touchent les ménages canadiens, soit leur niveau élevé d’endettement et les déséquilibres dans certains marchés du logement régionaux.

Une troisième vulnérabilité concerne la fragilité de la liquidité des marchés de titres à revenu fixe. Une situation qui pousserait des gestionnaires d’actifs à revoir leurs méthodes de gestion de portefeuille.

À ce sujet, évoquant les participants au marché canadien, la Revue du système financier indique que les opérations sont dorénavant « plus longues à exécuter et les transactions d’envergure doivent être morcelées sur les marchés de titres à revenu fixe, surtout celui des obligations de sociétés ».

En outre, les activités sur le marché des obligations de sociétés semblent être passées du modèle de mandant à celui de mandataire, c’est-à-dire que « les courtiers jumèlent des ordres d’achat et de vente en évitant de détenir, dans leur bilan, les obligations négociées », un modèle qui accroît le délai d’exécution des opérations.

En conséquence, certains gestionnaires d’actifs, préoccupés par la diminution de la liquidité de marché, revoient leurs méthodes de gestion de portefeuille. « Comme ils s’attendent maintenant à un allongement de la période de détention des titres moins liquides, les gestionnaires conservent un plus grand volume d’actifs très liquides telles les obligations d’État. Ils ont aussi davantage recours aux produits dérivés pour ajuster le profil de risque de leurs portefeuilles ».

La baisse de la liquidité de marché et l’évolution des méthodes des gestionnaires d’actifs, surtout dans les marchés canadiens des obligations des provinces et de sociétés, peuvent avoir pour conséquence de pousser à la hausse le coût d’émission ou restreindre la capacité des émetteurs à obtenir du financement pour la durée désirée.

Risques récurrents

En ce qui a trait aux risques récurrents, la Banque du Canada souligne que la vulnérabilité associée au niveau élevé d’endettement des ménages s’est accrue.

Au Canada, le ratio de la dette au revenu disponible des ménages est passé de 163 à 165 % en 2015, une croissance qui reflète une hausse du crédit hypothécaire à l’habitation supérieure à celle des revenus. Pour sa part, le ratio global de la dette à l’actif et le ratio total du service de la dette des ménages sont demeurés à peu près stables, à 17 et 14 % respectivement.

De même, les risques associés à une correction élevée des prix de l’immobilier ont notamment progressé à Vancouver et à Toronto, selon la Banque du Canada.

Faible probabilité de récession

Les vulnérabilités présentées pourraient propager des chocs dans l’ensemble du système financier si un évènement majeur engendrait l’un des risques identifiés. Le plus important demeure une profonde récession suivie d’une forte augmentation du chômage qui nuirait à la capacité des ménages d’assurer le service de leur dette et qui donnerait lieu à une correction généralisée des prix des logements.

La probabilité que ce risque se matérialise est toutefois jugée faible du fait que l’économie continue de progresser, soutenue par l’expansion qui se poursuit aux États-Unis, ainsi que par la politique monétaire expansionniste et les mesures de relance budgétaire mise en oeuvre au Canada.

Au nombre des autres risques évoqués, la Banque identifie une brusque hausse des taux d’intérêt causée par une augmentation des primes de risque à l’échelle mondiale, des tensions émanant de la Chine et d’autres pays émergents, de même qu’une faiblesse prolongée des cours des produits de base.