Il s’agit de la première série de données économiques publiée par Statistique Canada pour la période qui comprend l’incendie qui a entraîné l’évacuation de Fort McMurray et forcé l’interruption d’une importante partie de la production pétrolière en plein coeur du secteur des sables bitumineux de l’Alberta.
Le taux de chômage albertain est passé de 7,2 % à 7,8 % en mai. La province a terminé le mois sur une perte nette de 24 100 emplois. Les plus importants reculs ont été constatés dans les secteurs des ressources naturelles et de la construction.
L’enquête de l’agence fédérale, réalisée pendant la semaine du 15 au 21 mai, a aussi noté que le nombre d’heures travaillées avait chuté de 5,1 %, ce qui représente son plus important déclin mensuel depuis mai 1986.
Cependant, le véritable impact de l’incendie sur le marché albertain du travail n’était pas complètement manifeste.
Statistique Canada a indiqué avoir recueilli des données pour la région de la province qui comprend Fort McMurray, mais en raison de l’évacuation du 3 mai, elle n’a pas pu recueillir de chiffres dans le plus petit secteur qui comprend la ville.
« Si on regarde (les données) avec une part de bon sens, elles suggèrent, en quelque sorte, que les incendies ont eu un impact négatif sur le mois », a estimé vendredi Robert Kavcic, économiste principal à la Banque de Montréal.
L’économie de l’Alberta connaissait déjà son lot de difficultés avant que l’incendie ne se déclare, puisqu’elle devait composer avec la faiblesse des prix du pétrole.
Dans la période de 12 mois qui a pris fin en mai, l’Alberta a perdu un total de 53 800 emplois, soit 2,3 %.
« Le portrait d’ensemble va continuer de montrer une faiblesse relative pour la province pendant un certain temps, même si nous avons constaté une reprise des prix du pétrole », a poursuivi M. Kavcic.
« Je crois que nous sommes toujours dans un environnement à croissance beaucoup plus lente que celle à laquelle l’Alberta a été habituée. »
13 800 nouveaux emplois
La situation était bien différente dans l’ensemble du pays, où la création d’emplois a, en fait, surpassé les attentes des économistes.
L’enquête sur la population active a fait état d’un gain net de 13 800 emplois en mai dans l’ensemble du pays. L’augmentation a permis au taux de chômage de reculer à 6,9 %, comparativement à 7,1 % précédemment, et d’atteindre ainsi son plus faible niveau depuis juillet 2015.
Ces données étaient supérieures aux attentes des économistes, qui visaient en moyenne un gain net de 3800 emplois et un taux de chômage stable à 7,1 %, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters.
Le nombre d’emplois à temps plein a progressé de 60 500, tandis que celui d’emplois à temps partiel a glissé de 46 800. Le nombre d’employés au Canada a augmenté de 24 800 en mai, tandis que celui des travailleurs autonomes a diminué de 11 100.
Dans l’ensemble, l’emploi a progressé de 0,6 % au pays le mois dernier, par rapport au mois de mai 2015, a précisé le rapport de Statistique Canada.
Les employeurs du secteur privé ont laissé aller 5200 employés, tandis que ceux du secteur public ont embauché 30 200 employés.
Par ailleurs, un moins grand nombre de Canadiens étaient à la recherche d’un emploi, ce qui a fait diminuer le nombre de chômeurs, ce qui a aussi contribué à la baisse du taux de chômage.
Les provinces de l’Ontario et du Québec ont toutes deux affiché un gain net de 21 600 emplois le mois dernier, et leur taux de chômage ont diminué de 0,4 point de pourcentage. Celui de l’Ontario s’est ainsi retrouvé à 6,6 %, tandis que celui du Québec a glissé à 7,1 %.
« Les disparités régionales dans la performance du marché de l’emploi continuent d’être le thème principal des données sur l’emploi », a écrit Leslie Preston, économiste principale à la Banque TD, dans une note à ses clients.
« Cette disparité témoigne de l’ajustement actuel du Canada face aux plus faibles prix des matières premières. »
Dans les six derniers mois, les taux de chômage ont grimpé de façon marquée à Terre-Neuve-et-Labrador, en Alberta et en Saskatchewan, trois provinces productrices de ressources naturelles, a fait remarquer Mme Preston, tandis qu’ils ont diminué en Ontario, au Québec et en Nouvelle-Écosse.
Les données dévoilées vendredi montrent aussi que 35 400 emplois ont disparu dans la catégorie des travailleurs âgés de 15 à 24 ans. Ces 12 derniers mois, les pertes dans cette catégorie ont atteint 82 400 emplois, un déclin de 3,3 %.