« L’économie canadienne se montre résiliente, mais continue d’affronter des vents contraires du fait du piège de la croissance molle dans laquelle est engluée l’économie mondiale », a souligné le secrétaire général de l’organisme, Angel Gurria, de passage dans la métropole dans le cadre de la 22e Conférence de Montréal, afin de dévoiler en compagnie du ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, une étude de 168 pages sur le Canada réalisée par l’OCDE.
« Le Canada est un bon exemple d’un pays qui prend les bonnes mesures afin de briser la spirale de faible croissance économique, a souligné Angel Gurria. Le dosage de l’action publique en matière économique est approprié, compte tenu des risques inhérents à l’environnement international, mais il existe une marge de manœuvre qui permettrait de procéder à des réformes propres à stimuler la concurrence, renforcer le dynamisme des entreprises et garantir de meilleures performances économiques à tous les Canadiens. »
Selon Angel Gurria, une augmentation des investissements publics soulage la politique monétaire, qui n’a pas à faire « tout le travail » afin de stimuler l’économie.
Alors que de nombreux pays adoptent des politiques d’austérité dans la foulée de la crise financière mondiale de 2008, le secrétaire général de l’OCDE a salué l’approche différente empruntée par le Canada visant à générer de la croissance.
À son avis, les premiers signes des politiques mises de l’avant par le gouvernement Trudeau sont prometteurs, puisque le chômage recule, et ce, malgré l’impact négatif sur l’économie des incendies de Fort McMurray, en Alberta.
Dans son Étude, l’OCDE souligne qu’un plus grand dynamisme des petites entreprises, notamment grâce à une hausse du rythme des créations d’entreprises et au renforcement d’une dynamique fondée sur l’adéquation « croître ou disparaitre », permettrait d’accroitre la productivité et d’accélérer la diffusion de nouvelles technologies.
Selon l’Étude, les pouvoirs publics peuvent créer un environnement plus propice au dynamisme des petites entreprises en revoyant les programmes destinés à cette catégorie de même qu’à celle de l’entrepreneuriat féminin, notamment les dispositifs fiscaux préférentiels
Aux côtés de M. Gurria, le ministre des Finances a dit apprécier de voir l’OCDE saluer les 50 milliards de dollars (G$) d’investissements prévus au pays au cours des six prochaines années.
« L’économie mondiale est sans aucun doute confrontée à des défis et il y a des éléments externes qui continuent d’influencer le Canada », a dit Bill Morneau, faisant référence aux prix de l’or noir, l’économie chinoise, la force du billet vert ainsi que l’état du marché immobilier canadien.
Par ailleurs, l’Étude estime qu’Ottawa a déployé des mesures visant à désamorcer les tensions du marché immobilier, notamment en augmentant les mises de fonds minimales pour les prêts hypothécaires garantis de plus de 500 000 $.
Selon Bill Morneau, le contenu du dernier budget fédéral devrait ajouter 0,5 point de pourcentage à la croissance économique du pays dès cette année et 1 point de pourcentage en 2017.
Néanmoins, l’OCDE a noté des augmentations marquées du prix des propriétés des centres comme Toronto et Vancouver ainsi que la croissance du niveau d’endettement des ménages, lequel est déjà élevé. L’organisme affirme que cela alourdit le fardeau des familles de la classe moyenne.
Bill Morneau a rappelé aux journalistes que la situation du marché immobilier variait beaucoup d’un endroit à l’autre, estimant qu’elle était par exemple moins délicate à Montréal et Calgary comparativement à des villes comme Toronto et Vancouver.
Il a indiqué que son gouvernement se penchait notamment sur les changements démographiques, le marché du travail ainsi que les impacts de l’investissement étranger.
L’Étude de l’OCDE souligne par ailleurs que les exportations canadiennes des secteurs autres que celui des ressources naturelles ont contrebalancé une partie de la faiblesse économique provoquée par la baisse du prix des matières premières.
Elle avance que la production a fortement reculé au sein des industries canadiennes touchées par la faiblesse des prix des matières premières, mais elle a augmenté dans le reste de l’économie. Cette transition vers les secteurs non énergétiques a entraîné une nouvelle vague de création d’emplois qui a permis de récupérer une partie des employés du secteur de l’énergie.
Parmi ses recommandations, l’OCDE suggère au gouvernement Trudeau d’abolir le crédit d’impôt aux fonds de travailleurs, qui avait été réintroduit dans le dernier budget après avoir été éliminé par le gouvernement conservateur précédent.
Questionné à ce sujet, Bill Morneau a clairement indiqué qu’il n’avait pas l’intention de revenir en arrière sur ce point.