BMO a été la première société à inscrire un fonds de ce type à la Bourse de Toronto avec le lancement du FNB BMO d’actions canadiennes à faible volatilité (ZLB) en octobre 2011, suivi en janvier 2012 par celui du FNB PowerShares S&P 500 Low Volatility Index ULV , version couverte en dollars canadiens d’un populaire produit américain. À l’heure actuelle, il existe huit FNB à faible volatilité au Canada, notamment cinq FNB iShares lancés en juillet 2012.
Bien que les FNB cotés au Canada n’aient pas encore attiré énormément d’actifs, les versions cotées aux États-Unis des FNB PowerShares S&P 500 Low Volatility SPLV et iShares MSCI USA Minimum Volatility USMV ont ensemble attiré 9 G$ US en moins de deux ans depuis leur création. SPLV, qui sélectionne les 100 actions les moins volatiles de l’Indice S&P 500, est présenté comme un moyen simple de profiter de l’anomalie de la faible volatilité. Toutefois, il existe peut-être un moyen encore plus simple : les mégacapitalisations.
Pour ceux qui ne connaissent pas l’anomalie de la faible volatilité, une petite explication s’impose. Dans les années 70, Fischer Black a observé que les actions à faible bêta, soit celles qui étaient moins sensibles aux fluctuations des marchés, se comportaient de façon pratiquement semblable aux actions à bêta élevé. Cela contredisait une conclusion fondamentale du modèle d’évaluation des actifs financiers (MEDAF), qui était que les actions à bêta élevé dégageaient des rendements plus élevés. Plusieurs études plus récentes ont permis d’en savoir plus sur cette anomalie, notamment le document intitulé : « Benchmarks as Limits to Arbitrage: Understanding the Low Volatility Anomaly » Les indices de référence comme limites à l’arbitrage : comprendre l’anomalie de la faible volatilité) par Baker, Bradley and Wurgler.
L’étude avance que certains investisseurs préfèrent des stratégies plus risquées dotées du plus grand potentiel haussier. Comment expliquer autrement la popularité des loteries, bien qu’elles soient des placements à valeur actuelle nette négative? De plus, les institutions comme les fonds communs de placement ne peuvent faire qu’un usage limité de l’effet de levier tout en étant encouragées à battre un indice de référence. Elles recherchent donc des actions au bêta et au risque élevés qui offrent des possibilités de rendement plus élevés. Cela se solde par une surenchère sur les actions au bêta plus élevé, au point où les rendements futurs seront plus bas que prévu.
Plusieurs FNB ont été lancés sur le marché pour exploiter ce phénomène. Mais la popularité récente des stratégies fondées sur une volatilité faible est due au fait que les investisseurs répugnent particulièrement à prendre des risques depuis la crise financière, et que les stratégies fondées sur une faible volatilité résistent beaucoup mieux durant ces périodes. Au cours des quatre années qui se sont écoulées depuis que le marché a atteint son sommet en octobre 2007, l’indice S&P 500 a subi une perte cumulée de 11 %, alors que l’indice S&P 500 Low Volatility a augmenté de 14 %.
Au pays des géants
Les actions à mégacapitalisation sont des compagnies de premier ordre, des conglomérats internationaux ou des firmes qui ont une marque solide et une forte bastille économique. Ce n’est pas pour rien que ces compagnies sont énormes. Leur position dominante dans leur industrie et leurs flux de revenus diversifiés se traduisent par des bénéfices plus prévisibles, ce qui rend le cours de leurs actions moins volatil. Morningstar définit les mégacapitalisations comme les firmes figurant dans les premiers 40 % des capitalisations boursières cumulées, ce qui pour les États-Unis signifie à l’heure actuelle une capitalisation boursière d’au moins 56,8 G$. À ce seuil-là, seulement 55 compagnies environ peuvent se qualifier.
Il existe plusieurs FNB axés sur les mégacapitalisation, notamment le FINB BMO Moyenne industrielle Dow Jones couvertes en dollars canadiens (ZDJ) , le iShares S&P 100 Index (OEF) , le Guggenheim Russell Top 50 Mega Cap (XLG) et le Vanguard Mega Cap (MGC) . ZDJ, qui est coté à la Bourse de Toronto, piste l’indice bien connu Dow Jones Industrial Average, pondéré selon le cours des compagnies de premier ordre. OEF surveille les 100 actions de l’Indice S&P 500 qui ont des marchés d’options liquides. XLG détient les 50 plus grosses sociétés du Russell 1000, ce qui lui donne la capitalisation boursière moyenne la plus élevée à 163,3 G$ US. MGC est l’option la moins chère, mais l’indice CRSP qu’il piste puise dans le territoire des grandes capitalisations, par conséquent, il a une participation plus faible aux mégacapitalisations.
Risque et rendement
Historiquement, les actions à mégacapitalisation ont été un peu moins volatiles que l’ensemble du marché. Les rendements de l’Indice S&P 500 ont montré une volatilité de 15,4 % depuis 2002, alors que l’indice Russell Top 50 Index a été un peu moins volatil à 14,8 % (tous les chiffres de rendement sont en dollars américains). Bien que légèrement moins volatiles, les actions à mégacapitalisation ne bénéficient pas de l’anomalie de la faible volatilité. L’indice Russell Top 50 a eu un rendement annualisé de 3,2 % durant cette période, moins que le rendement de 4,9 % de l’indice S&P 500. Toutefois, l’indice S&P 500 Low Volatility a affiché une volatilité nettement inférieure à seulement 10,5 % et un rendement bien plus élevé à 8,6 %. Il semble donc qu’un portefeuille d’actions construit avec des avoirs à grande capitalisation affiche vraiment une volatilité inférieure, il ne profite pas du même surclassement qu’un portefeuille construit en ciblant explicitement des actions à faible volatilité.
Nous pouvons examiner le risque et le rendement remontant jusqu’avant 2002 en utilisant les données du site Web de Kenneth French. M. French divise toutes les actions du marché américain en 10 segments. Nous désignerons le premier décile, qui contient les 160 actions qui ont la plus grande capitalisation, comme étant celui des mégacapitalisations; le décile 10, qui contient les 1 422 plus petites actions sur 3 551, sera celui des micro-capitalisations. Lorsque le risque est représenté sur l’axe Y et les rendements sur l’axe X, les déciles semblent former une ligne à pente haussière, où les mégacapitalisations affichent le plus faible risque, mais aussi le plus faible rendement.
Le risque inférieur pris en investissant dans les méga-capitalisations a été accompagné d’un rendement inférieur, confirmant donc les conclusions du MEDAF. Ces rendements ne présentent aucune anomalie. Bien que les mégacapitalisations soient légèrement moins volatiles que le marché en général, elles ne permettent pas aux investisseurs de profiter de l’anomalie de la faible volatilité.