Accessibles, mais davantage corrélés
Galina Peshkova_123RF

L’investissement alternatif se démocratise de plus en plus, à tel point que le client de détail peut y avoir une exposition. Dans ce troisième et dernier texte sur l’investissement alternatif, attardons-nous sur les occasions qui s’offrent aux investisseurs non accrédités.

Investisseurs traditionnels

Pour le commun des épargnants, la définition d’un fonds alternatif varie d’une firme à l’autre. De façon générale, il s’agit de tout ce qui n’est pas constitué exclusivement de valeurs mobilières traditionnelles, c’est-à-dire les actions, les obligations et les fonds communs constitués en vaste majorité de telles valeurs. De plus, dans certaines institutions, les fonds de placement immobiliers (FPI) sont considérés comme des valeurs mobilières traditionnelles. Certains outils de placement se distinguent du lot par la fréquence de leur utilisation ou par leur seuil de différenciation par rapport aux placements dits traditionnels. En voici un survol assorti d’explications et de commentaires :

Produits structurés : les produits structurés sont des billets à capital protégé ou non protégé émis par des institutions financières. Le rendement de tels placements est fonction des titres sous-jacents, le plus souvent un indice, et les mécanismes qui les régissent sont extrêmement variables (protection partielle ou totale du capital ; symétrie ou asymétrie du rendement par rapport au sous-jacent ; versement ou non de revenus ; etc.). Typiquement, un billet à capital protégé peut remplacer une partie du segment revenu fixe du portefeuille, tandis qu’un billet à capital non protégé devrait plutôt remplacer des actions.

Les produits structurés permettent de prendre une position spécifique par rapport à notre vision d’un marché ou d’un type d’actif : négative, neutre ou positive.

Le dernier budget fédéral a modifié le traitement fiscal des billets vendus avant l’échéance, faisant en sorte que le rendement est considéré comme de l’intérêt à tout moment. Ce changement diminue l’attrait de ce type d’outil pour les comptes non enregistrés. Par exemple, le client qui détient un billet à capital protégé lié au marché acheté 100 $ peut vendre le billet à sa juste valeur marchande (JVM) avant l’échéance. Jusqu’au 1er octobre prochain, la plus-value du billet entre sa JVM et son prix de base rajusté (PBR) sera considérée comme du gain en capital. Au-delà de cette date, toute vente sera imposée au titre d’intérêt, ce qui double le taux d’imposition du rendement d’un tel produit.

Fonds négociés en Bourse (FNB) : les FNB disponibles sur les marchés nord-américains regorgent d’occasions en matière de produits alternatifs. Au Canada, les produits les plus couramment utilisés sont les fonds utilisant des options pour générer des revenus. Ceux-ci sont d’ailleurs fiscalement avantageux.

Les fonds de vente d’options d’achat couvertes sont très populaires, BMO Gestion d’actifs ayant agi comme pionnier dans ce secteur. Mentionnons notamment les fonds d’options d’achat couvertes de titres bancaires, souvent utilisés par des investisseurs en quête de revenus qui sont prêts à ce que l’appréciation de leur capital soit sujette à un plafond.

Certaines firmes canadiennes comme Horizons offrent des stratégies qui s’apparentent davantage aux choix offerts par des fonds communs, notamment un fonds de fonds de couverture et un fonds de contrats à terme gérés. Aux États-Unis, le marché est bien plus vaste, et compte des fonds qui investissent aussi bien dans des sociétés de capital privé que dans des stratégies acheteur/vendeur (long/short) ou neutres face au marché. Les clients peuvent exprimer leur point de vue par rapport à la volatilité en utilisant des FNB axés sur la volatilité.

Fonds spécialisés et fonds fermés : certains fonds proposent aux investisseurs «classiques» des stratégies plus complexes, notamment par l’utilisation d’options. Pensons notamment à Globevest Capital, qui offre un fonds de vente d’options de vente garanties par prospectus. Plusieurs autres firmes telles que Dynamique, TD et BMO ont fait leur entrée dans ce secteur dans les cinq dernières années, et ont créé des fonds axés sur le revenu et les rendements non corrélés en plaçant l’avoir des clients de façon stratégique en options et en titres générateurs de revenu divers. Certains fonds sont davantage des stratégies d’actions améliorées, c’est-à-dire qu’ils ont des seuils plancher et plafond, tandis que d’autres exercent un arbitrage entre différentes catégories de titres à revenu, considérant les options comme faisant partie de cette famille.

Immobilier et infrastructures : l’investisseur traditionnel qui souhaite placer une partie de ses avoirs dans l’immobilier ou les infrastructures doit acheter des actions d’une société publique dont les activités consistent à bâtir ou à gérer des bâtiments, des services publics ou d’autres installations physiques. Il existe également des sociétés qui mènent des activités dans l’exploitation forestière et qui sont considérées comme des sociétés liées aux actifs tangibles et associées aux infrastructures.

Le comportement de ces titres est généralement moins volatil que celui des marchés en général, mais cela ne constitue pas un abri absolu contre la volatilité, d’autant plus que l’orientation des taux d’intérêt a une incidence directe sur le comportement de tels titres. Certains gestionnaires ont une expertise dans ce domaine et réussissent à dégager des rendements intéressants, faiblement corrélés aux marchés traditionnels, aux autres types d’actions et aux obligations.

Mises en garde

On peut dire des investisseurs traditionnels qu’en effectuant un travail chevronné, il est possible pour eux d’obtenir des rendements ajustés au risque supérieurs à long terme par une utilisation tactique de fonds alternatifs. L’avantage de ces produits offerts à tous est qu’ils offrent une liquidité quotidienne. Certains peuvent toutefois considérer cette caractéristique comme un inconvénient, puisque la décorrélation «parfaite» que peuvent atteindre les fonds privés est impossible dans un fonds négocié quotidiennement. Cet aspect ne change en rien le degré de diligence dont les conseillers doivent faire preuve dans l’évaluation des produits qu’ils sélectionnent pour leurs clients.

Il existe certains fonds que l’on pourrait qualifier d’alternatifs offerts par prospectus dont les frais sont basés sur la performance. Ils peuvent aussi vendre à découvert dans une certaine mesure (maximum de 10 % du portefeuille) et faire usage d’instruments qui créent indirectement du levier, tels que des FNB à levier.

*Conseiller en placement, Financière Banque Nationale