REER : huit questions pour vos clients

Les REER sont promus comme un excellent moyen d’économiser pour la retraite; vos clients accumulent un bas de laine pour financer leur vie après le travail et obteniennent un remboursement d’impôts. De prime abord, cotiser à un REER semble l’évidence même. Toutefois, selon les circonstances personnelles, il se pourrait que ce ne soit pas la meilleure solution pour investir l’argent durement gagné de vos clients.

Répondre à ces huit questions les aidera à décider si, dans leur cas, cotiser à un REER est recommandé.

1. A-t-il un fonds d’urgence?

Comment paiera-t-il ses factures s’il perd son emploi? S’il n’a pas de fonds d’urgence, c’est-à-dire des liquidités rapidement disponibles pour couvrir des dépenses imprévues, y affecter de l’argent devrait primer sur une cotisation à un REER.

2. A-t-il des dettes?

S’il a des dettes à intérêts élevés comme un solde de carte de crédit impayé facturant des taux d’intérêt de 20 % ou plus, éliminer de telles dettes est un meilleur usage des fonds disponibles que cotiser à un  REER.

Il serait même logique de rembourser des dettes moins onéreuses comme une ligne de crédit ou un prêt automobile.

3. Ferait-il mieux de rembourser son hypothèque ?

Le dilemme classique de nombreux Canadiens est de déterminer s’ils feraient mieux de rembourser leur hypothèque ou de cotiser à un REER. Avec des taux hypothécaires au plus bas depuis plusieurs années, cotiser à un REER est probablement le meilleur choix. Par exemple, en se basant sur un taux hypothécaire de 3,5 % et un taux d’imposition marginal de 35 %, cette calculatrice indique qu’un REER devrait produire un rendement de seulement 3,56 % avant impôt pour égaler le gain obtenu en remboursant l’hypothèque.

Pour faire face à ces deux fronts, un client pourrait effectuer une cotisation à votre REER, puis affecter son remboursement d’impôt au paiement de son hypothèque.

4. À combien s’élèvera le remboursement d’impôt?

Le remboursement d’impôt d’une cotisation à un REER varie considérablement selon le taux d’imposition marginal du client. Par exemple, une cotisation à un REER de 3 000 $ réduirait de 856 $ le revenu à déclarer par un résident québécois ayant un revenu imposable de 35 000 $ (taux marginal de 28,5 %) et un allégement fiscal de 1 367 $ si son revenu imposable était de 90 000 $ (taux marginal de 45,6 %).

Selon le remboursement anticipé, une cotisation à un REER peut ou ne peut pas être le meilleur usage de l’épargne. Servez-vous de la Calculatrice REER de Morningstar pour déterminer le remboursement auquel vous pouvez vous attendre en fonction de votre province de résidence, de votre revenu brut et du montant de la cotisation REER que vous prévoyez effectuer.

5. Comment son revenu imposable actuel se compare-t-il à son revenu futur anticipé?

5. Comment son revenu imposable actuel se compare-t-il à son revenu futur anticipé?

Si votre client s’attend à ce que son revenu augmente considérablement au cours des prochaines années, il pourrait être avantageux pour lui d’attendre avant de cotiser. La marge de cotisation REER peut être reportée indéfiniment dans l’avenir, le client pourra donc garder sa cotisation pour une année où son taux d’imposition sera plus élevé et occasionnera donc une déduction fiscale plus élevée, tel qu’expliqué au point précédent. Ceci est particulièrement pertinent pour les jeunes travailleurs en début de carrière.

6. A-t-il cotisé à un CELI?

Un dilemme relativement nouveau se pose aux contribuables : cotiser à un compte d’épargne libre d’impôts (CELI) ou à un REER.

Un CELI implique des cotisations après impôt et évite l’imposition de tout profit réalisé au sein du compte. Les retraits et les cotisations de remplacement sont autorisés. Un REER diffère l’imposition sur les cotisations et les profits. Toute somme retirée est imposable au titre de l’impôt sur le revenu et ne peut pas être remplacée.

Cotiser à un CELI (la limite annuelle est de 5 500 $) et affecter le reste de son épargne à un REER permet au client d’économiser pour la retraite et d’accéder à certaines économies sans pénalités, si besoin est.

7. Son employeur cotise-t-il un montant équivalent à son REER?

Une cotisation équivalente de l’employeur de votre client à son REER est essentiellement de l’argent gratuit. Cotiser le montant qui donne droit à la contribution maximum versée par l’employeur est généralement une stratégie d’épargne avertie.

8. À combien est estimé son revenu-retraite?

Un REER diffère l’imposition sur les cotisations et les profits. Tout argent retiré est imposable au titre du revenu l’année où le retrait est effectué. En règle générale, une cotisation à un REER est logique si le revenu a toutes les chances d’être inférieur lorsque les fonds seront retirés au moment de prendre la retraite.

Toutefois, si le revenu-retraite estimé (pensions, retraits REER/FERR, revenus de placements, etc.) est déjà près du seuil de remboursement des subventions de Sécurité de la vieillesse (70 954 $ à l’heure actuelle), une cotisation à un REER peut ne pas occasionner les allégements fiscaux attendus.

Augmenter maintenant le montant du REER pourrait mener dans l’avenir à des retraits obligatoires du FERR qui feraient augmenter le revenu de retraite au-delà du seuil de remboursement de la SV. Chaque dollar de revenu supérieur à ce seuil réduira la SV de 15 cents.

Si le client est proche de la retraite et qu’il a peu ou pas d’économies ou de pension, une cotisation à un REER pourrait réduire ses droits aux différentes prestations et crédits fondés sur le revenu. Le revenu provenant des retraits à son REER ou de son Fonds enregistré de revenu de retraite (FERR) pourrait pousser son revenu de retraite au-dessus des niveaux qui donnent droit à ces programmes gouvernementaux.

Photo Bloomberg