À l’été 2000, la firme de fonds communs est vendue à des intérêts torontois. Les trois hommes deviennent alors sous-conseillers indépendants et Triasima voit le jour, nourrie par un actif sous gestion de près de 25 M$.
Nommé meilleur prévisionniste de Montréal à deux reprises (2011 et 2013) par l’Association CFA Montréal, André R. Chabot est à l’origine de la méthodologie de gestion des «trois piliers», devenue depuis la marque de commerce de Triasima (voir «Quantitative, de tendance et fondamentale»). La méthode des trois piliers combine les analyses quantitative, fondamentale et de tendance.
Objectif croissance
Dès le départ, les associés fondateurs de Triasima fixent à 20 % l’objectif de croissance de l’actif sous gestion.
«Il y a des sacrifices à faire pour gagner son indépendance, et nous étions très motivés par le désir de devenir indépendants, puis de le rester, témoigne Redouane Khireddine. Nous avions un horizon de long terme, donc de la patience et de la passion pour nourrir notre esprit entrepreneurial.»
L’actif sous gestion atteint 400 M$ vers 2006, montant où il plafonne jusqu’en 2010. «Je dirais que vers 2012, la firme a été acceptée de façon plus généralisée dans le monde institutionnel, à la fois au Québec et hors Québec, ce qui a propulsé la taille de l’actif à son niveau actuel», analyse André R. Chabot.
André R. Chabot évalue à 32 % la croissance annualisée depuis le 30 juin 1998. Pour les associés fondateurs, ce parcours se compare à ce qui se vit dans l’industrie.
Ça ressemble beaucoup au paradoxe de l’oeuf et de la poule, illustre André R. Chabot. «Il s’agit d’augmenter la taille du cercle, et à un certain moment, le cercle est suffisamment grand pour que tel client ou tel conseiller te considère», lance-t-il, évoquant un conseiller qui avait affirmé que Triasima ne serait pas considérée à moins d’avoir un actif de 150 M$. Au même moment, une banque fixait pour sa part ce seuil à 1 G$.
«Lorsque vous dépassez un certain seuil d’actif, la liste de clients éventuels augmente», ajoute Redouane Khireddine.
Triasima compte plus de 200 clients, répartis selon trois profils. Alors qu’en 2010, le segment institutionnel représentait 50 % de son actif sous gestion, ce pourcentage est passé à 78 % au 30 juin 2014. Les segments sous-conseillers et gestion privée constituent pour leur part 14 % et 8 %, respectivement, de l’actif sous gestion.
«Bien que ces trois marchés soient différents, qu’on n’y retrouve ni les mêmes consultants ni les mêmes intermédiaires et que le processus de vente soit différent, nous avons toujours cru qu’il fallait diversifier notre clientèle afin de réduire les risques de l’entreprise», avance André R. Chabot.
Le défi administratif
La stabilité de l’équipe de gestion qui repose encore après 15 ans sur les trois associés fondateurs a tout de même exigé que l’infrastructure de Triasima évolue au fil de sa croissance. Ainsi, les opérations ont été réparties entre différents groupes, tandis que l’équipe s’est bonifiée. Alors qu’elle comptait huit employés en 2010, Triasima en dénombre aujourd’hui plus de 20.
«Nous nous faisons mutuellement confiance pour le bien de l’entreprise. Cela ne veut pas dire que nous prendrons la bonne décision, mais bien que chaque personne est totalement dévouée. Sans cette confiance, cela ne pourrait pas marcher», souligne André R. Chabot.
Le défi de la croissance ne doit pas devenir un problème pour l’entreprise, lance Redouane Khireddine. «Il est important de bien choisir les gens qui se joindront à l’équipe, de manière à conserver l’esprit de collaboration et de créativité qui nous distingue.»
Parmi les nouveaux venus, Edward Antczak s’est associé à l’équipe à titre de gestionnaire de portefeuille en 2012. Sam Reda agit pour sa part à titre de conseiller et de président du Conseil depuis 2011.
Scott Collins évoque pour sa part «les multiples sacrifices à faire au fil des ans. Nos décisions, notamment en ce qui a trait à nos revenus personnels qui étaient beaucoup plus bas que la moyenne, ont toujours été prises en fonction de la firme.»
«Pour qu’une firme soit viable pendant 14 ans, il faut s’occuper de différents aspects. Il faut y investir pour la garder en vie, ou rétribuer les personnes qui y travaillent, et en fin de compte, j’ai passé 14 ans sans retirer de revenu net de l’entreprise», témoigne André R. Chabot.
Une clientèle diversifiée
Triasima a adopté en mars dernier une nouvelle signature visuelle. La démarche témoigne de l’élan qui marque la croissance accélérée de Triasima depuis quelques années. Un développement nourri par l’augmentation de la clientèle établie à l’extérieur du Québec, dont le pourcentage est passé de 35 % en 2010 à 60 % aujourd’hui.
Pour les associés fondateurs, la force du sentiment d’appartenance à Montréal et au Québec ne fait aucun doute. Installée sur la rue Peel, Triasima occupe les mêmes locaux qu’à ses débuts, et seuls quelques murs ont été percés au fil des ans pour gagner de l’espace, précise Redouane Khireddine. L’ouverture d’un bureau à l’extérieur du Québec ne figure pas dans les plans à court et moyen terme.
En raison de la diversité de ses employés – francophones et anglophones -, ainsi que de son indépendance face aux grandes firmes, Triasima suscite la curiosité dans le reste du Canada. Un constat énoncé avec satisfaction par Scott Collins. «La curiosité satisfaite, il faut tout de même avoir une histoire sérieuse à présenter, et pour notre part, cette histoire tourne autour de notre méthode de gestion, de nos résultats et de la stabilité de notre firme», ajoute-t-il.