La Neo Bourse Aequitas veut également freiner l’érosion de l’engagement des mainteneurs de marché (market makers) envers le marché canadien. Pour y parvenir, elle compte mettre en place des règles et procédures qui permettent de rétablir l’équilibre entre tous les intervenants.
«Nous voulons par exemple que les sociétés qui possèdent un avantage en matière de vitesse soient sur un pied d’égalité avec toutes les autres sociétés», illustre Jos Schmitt, évoquant les High-Frequency Trader (HFT) qui parviennent à exécuter des opérations sur les marchés financiers à une vitesse qui se calcule en microsecondes.
La Neo Bourse Aequitas prévoit ainsi facturer aux HFT les frais les plus élevés sur le marché canadien.
Actionnariat varié
Aequitas Innovations est une société privée. Parmi ses actionnaires fondateurs, signalons Barclays Corporation, CI Investments, IGM Financial, ITG Canada, BCE, OMERS Capital Markets, PSP Public Market, et RBC Dominion valeurs mobilières. Chacun de ces actionnaires fondateurs possède entre 10 et 15 % de l’actionnariat.
Une nouvelle ronde de levée du capital est prévue pour le mois d’octobre 2014.
La nouvelle Bourse restera proche des besoins de ses utilisateurs. «Nous désirons donner aux utilisateurs de la Bourse une voix importante à notre conseil d’administration, afin qu’ils aient une influence sur la manière dont notre société va évoluer», précise Jos Schmitt.
Déploiement en trois étapes
Aequitas espère obtenir les approbations officielles requises des Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) d’ici la fin de 2014. Cela permettrait le lancement de cette plateforme boursière en mars 2015.
Prévue pour mai 2015, la deuxième phase concerne l’ouverture du processus pour l’inscription à la cote. «Nous voulons offrir une nouvelle option aux entreprises qui veulent devenir publiques, dit Jos Schmitt. Les titres qui seront inscrits à notre cote pourront non seulement être négociés sur la plateforme de la Neo Bourse Aequitas, mais aussi à la Bourse de Toronto (TSX) et sur d’autres marchés alternatifs au Canada.»
Une troisième phase, visant à «offrir aux sociétés privées qui ne sont pas inscrites à une cote publique, la possibilité de lever du capital au sein d’un marché secondaire en vue de dénicher de la liquidité», devrait se mettre en branle en juin ou juillet 2015, ajoute Jos Schmitt.
Fort d’une expérience de plus de 25 ans en gestion de plates-formes boursières, aussi bien en Europe qu’en Amérique du Nord, Jos Schmitt s’est notamment fait connaître au Canada en lançant la Bourse de croissance Alpha en 2008.
Rappelons qu’Alpha visait principalement à briser le monopole de la Bourse de Toronto et à réduire les frais de transaction.
La Neo Bourse Aequitas, elle, souhaite créer un lieu de rencontre entre les investisseurs et les sociétés qui cherchent à lever du capital. Une mission dont les Bourses ne s’acquittent plus, estime Jos Schmitt.
«Nos marchés ne sont plus là pour servir l’investisseur ou la société qui cherche à lever du capital, mais pour servir des HFT qui gagnent de l’argent au détriment des investisseurs et des émetteurs, analyse Jos Schmitt. Les Bourses sont complices de l’évolution des HFT, qui génèrent du volume et sont devenus pour elles une source de revenu très important.»
Selon lui, ce phénomène n’est pas strictement canadien. «C’est un phénomène international, et nous voyons les Bourses servir de plus en plus ce type d’intervenants au détriment des autres.»
En réponse à ce phénomène, Jos Schmitt prédit l’ouverture de nouvelles Bourses caractérisées par un retour aux valeurs fondamentales.
Une place de marché similaire, IEX, vient d’ailleurs d’être lancée à New York, constate le vétéran de l’industrie. «Nous sommes les deux premières Bourses établies selon ce modèle. C’est le début d’une nouvelle vague d’initiatives similaires appelées à se développer dans le monde.»