Et si vos clients vivaient bien plus longtemps que prévu ? Selon l’AgeLab du Massachussets Institute of Technology (MIT), un couple de 65 ans a aujourd’hui une chance sur deux qu’au moins l’un des deux atteigne 95 ans. Et d’après le Centre Stanford sur la longévité, la moitié des nouveau-nés actuels pourraient vivre jusqu’à 100 ans. Autrement dit, une retraite de 35 à 40 ans devient la norme, et non l’exception.
Face à cette perspective, bâtir un portefeuille capable de générer un revenu durable pendant quatre décennies demande de revoir certaines recettes traditionnelles. Le portefeuille 60/40, composé à 60 % d’actions et à 40 % d’obligations, en est un exemple. Ce portefeuille ne répond plus aux exigences de longévité actuelles, signale Ric Edelman, fondateur de la firme Edelman Financial Engines, dans ThinkAdvisor. « Cette stratégie fonctionne pour des retraites de 10 à 15 ans, mais elle échoue si l’investisseur vit jusqu’à 100 ans ou plus. ».
L’auteur avance plusieurs raisons à ce phénomène. Les conditions de marché ont changé. Les obligations ne fournissent plus un rendement aussi stable, comme les bons du Trésor à 10 ans, qui, au début des années 80, offraient un rendement de plus de 15 %, alors qu’aujourd’hui, il oscille sous 4,5 %.
Si on ajoute à cela la volatilité boursière et la hausse des taux d’intérêt, le capital épargné par les clients pour la retraite risque de ne pas durer assez longtemps pour couvrir leurs besoins principaux. La solution qui consiste à miser sur des retraits plus faibles ne suffit pas à combler l’écart, dit l’auteur. Il préconise plutôt de repenser en profondeur la structure des portefeuilles de retraite. Dans cette optique, voici trois stratégies qui peuvent être adoptées pour réduire le risque de longévité :
- Redéfinir l’horizon de placement
L’augmentation de l’espérance de vie change la façon dont le risque est évalué. Ainsi, autrefois, on considérait qu’un client de 60 ans devait automatiquement passer à une stratégie plus prudente, avec une grande part d’obligations. Ce n’est plus toujours le cas actuellement. Si le client a encore 30 ou 40 ans devant lui, son horizon de placement devrait ressembler maintenant à celui d’un investisseur de 30 ans, considère Ric Edelman.
Il devient alors logique selon lui de conserver une part importante d’actions dans le portefeuille, et ce, bien après le début de la retraite pour faire face à l’inflation, profiter de la croissance à long terme des marchés et générer du revenu pendant plusieurs décennies. En résumé, plus les retraités vivent longtemps, plus ils doivent penser comme des investisseurs à long terme.
- Revoir la répartition actions/obligations
Une répartition 80 % actions / 20 % obligations, habituellement réservée aux jeunes investisseurs, peut constituer une approche valable pour les retraités en bonne santé. Avec une espérance de vie qui s’étend souvent jusqu’à 90 ou 100 ans, il devient crucial de maintenir une forte exposition aux actions pendant une grande partie de la retraite, signale l’auteur.
Selon lui, une répartition 80-20 permet de chercher de meilleurs rendements à long terme et d’augmenter les chances que le capital dure toute la vie, rapporte l’article. Même à 75 ou 80 ans, garder une proportion élevée d’actions peut donc s’avérer nécessaire pour assurer un revenu durable dans les dernières décennies de la vie.
- Adapter la partie actions
Il faut aussi revoir la composition de la portion en actions du portefeuille. Cela passe par une plus grande diversification, l’ajout d’actifs qui ne réagissent pas tous de la même façon aux fluctuations des marchés et une gestion plus souple du risque, qui s’adapte au fil du temps. Ces approches permettent de mieux gérer l’incertitude et d’assurer une croissance soutenue du portefeuille tout en générant un revenu régulier pour financer les longues années de retraite.
La volatilité des marchés, l’inflation et l’incertitude économique sont toujours des risques à surveiller. Mais pour un retraité, le danger le plus sous-estimé reste souvent un portefeuille mal aligné avec sa longévité. Si les placements ne tiennent pas compte d’une vie qui peut s’étendre sur 30 ou 40 ans après la retraite, le risque réel est d’épuiser son épargne trop tôt.