
L’Institute for Sustainable Finance (ISF) et Accounting for Sustainability (A4S) ont lancé un nouveau guide sur le financement de la transition afin d’aider les institutions financières au Canada et ailleurs à intensifier leurs efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et atteindre le niveau zéro.
Dévoilé lors de la conférence de l’Association pour l’investissement responsable qui s’est tenue récemment à Toronto, ce document de 32 pages vise à offrir des conseils pratiques aux institutions financières afin qu’elles puissent déployer des capitaux d’une manière qui incite les industries ou les entreprises à forte intensité de carbone à réduire leurs émissions.
Il prend également en compte les réalités actuelles du marché, telles que la pénurie d’entreprises fortement émettrices dotées de plans de transition solides, l’absence de mesures cohérentes et de grande qualité pour évaluer ces plans et l’absence de définition claire de ce qu’implique l’activité de financement de la transition.
« Il n’existe pas d’approche universelle du financement de la transition », souligne Yingzhi Tang, l’un des principaux auteurs du guide et associé principal de recherche à l’ISF.
« C’est là que notre guide entre en jeu, en présentant une série d’approches, permettant aux institutions financières de choisir la voie qui convient le mieux à leur mandat et à leur contexte. »
Le guide propose 14 conseils et des exemples pratiques de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), du Régime de retraite des employés municipaux de l’Ontario (OMERS) et du Groupe Co-operators. Ces trois institutions ont participé à l’élaboration des recommandations.
La liste des conseils commence par une recommandation visant à impliquer « le plus haut niveau » d’une institution financière, rapporte Yingzhi Tang, faisant référence aux cadres supérieurs. Le guide indique qu’il est possible d’obtenir le soutien de la haute direction en présentant une analyse de rentabilité sur la manière dont le financement de la transition peut permettre à une institution de créer de la valeur et de gérer les risques.
Un autre conseil est de s’appuyer sur des taxonomies et des cadres de travail tiers pour élaborer une définition interne du financement de la transition et de communiquer clairement les cadres de travail sur lesquels cette définition est basée. Par exemple, OMERS a développé sa propre taxonomie climatique en s’appuyant sur des cadres externes tels que les Green Bond Principles et la Climate Bonds Initiative Taxonomy de l’International Capital Markets Association.
Reconnaissant que les entreprises fortement émettrices n’en sont encore qu’aux premiers stades de la décarbonisation, le guide recommande en outre d’utiliser une série de mesures pour suivre leurs progrès. Il s’agit notamment d’indicateurs d’intensité des émissions, qui mesurent les émissions produites pour chaque unité d’activité ou de production, et de scores de température, qui évaluent l’augmentation de la température mondiale associée aux émissions d’une entreprise ou à celles d’un portefeuille.
D’autres recommandations portent sur la segmentation des portefeuilles en fonction de la « maturité de la transition » afin d’évaluer les investissements qui sont les plus avancés dans la transition vers une économie à faibles émissions de carbone et ceux qui nécessitent davantage de progrès, l’intégration d’objectifs de décarbonisation dans les stratégies de souscription et la collaboration avec les décideurs politiques afin d’encourager de nouvelles actions.
« Il s’agit d’une démarche progressive tout au long du cycle d’investissement », souligne Yingzhi Tang.
Le nouveau cahier des charges fait suite au lancement de Business Future Pathways, une initiative qui vise à encourager les institutions financières et les entreprises canadiennes à élaborer des plans de transition climatique crédibles. Cette initiative est également soutenue par le FSI.
Yingzhi Tang explique que le guide et Business Future Pathways sont destinés à travailler main dans la main pour propulser le Canada vers son objectif de parvenir à une émission nette zéro d’ici 2050. À l’heure actuelle, on estime qu’il manque au pays 115 milliards de dollars par an en investissements liés à la transition pour atteindre cet objectif.
« Ces activités constituent l’ensemble du puzzle qui consiste à déployer des capitaux de manière crédible dans les actifs dotés de plans de transition solides », explique-t-elle.
« Il est extrêmement important pour les institutions financières canadiennes de gérer les risques financiers liés au climat et de capturer la valeur à long terme dans la transition vers le zéro net. »
Investment Executive, notre publication sœur de Newcom Media, était un partenaire média de la conférence RIA.