Depuis que les taux d’intérêt sont tombés tout près de zéro, les investisseurs en quête de rendement se sont tournés vers les actions des compagnies offrant de bons dividendes. Or, la théorie veut que si la demande pour une catégorie d’actions augmente de façon importante, les cours des titres de cette catégorie s’apprécient relativement aux autres titres. Ainsi, on peut présumer que les titres à dividendes ne sont plus pour la plupart bon marché. Que faut-il en penser ?

Plusieurs de ces compagnies offrant un gros dividende sont à certains égards l’héritage des fiducies de revenus, explique Philippe Leblanc, président de Cote 100, une firme de gestion de portefeuilles de Saint-Bruno. Ce sont des compagnies ayant un niveau d’endettement relativement élevé et qui distribuent à leurs actionnaires une grande partie de leurs bénéfices. « Pour juger de la qualité de ces titres, le mot d’ordre demeure de faire un bon examen de l’entreprise, et surtout de voir comment elle génère ses flux de trésorerie », dit M. Leblanc.

En fonction de ces critères, il existe plusieurs titres à dividendes intéressants dans des secteurs où la croissance se poursuivra, selon le gestionnaire. D’abord les banques canadiennes. La croissance ne sera peut-être plus aussi forte que par le passé, mais les banques profitent d’une solide capitalisation.

Mais aussi, le secteur des communications. « Les gros joueurs tels Rogers et Bell sont intéressants, mais Telus demeure notre préférée », dit-il.

L’épée de Damoclès

Par ailleurs, une hausse éventuelle des taux d’intérêt constitue une épée de Damoclès au-dessus de la tête de nombreux titres à dividende parce que la plupart de ces compagnies sont fortement endettées. Or, faut-il commencer à craindre une remontée des taux d’intérêt ?

Les marchés à terme indiquent que la probabilité que la Réserve fédérale américaine (Fed) hausse le taux directeur à sa prochaine réunion à la mi-décembre est d’environ 75 %.

Toutefois, les investisseurs ne devraient pas trop s’inquiéter de la venue d’une hausse soutenue des taux d’intérêt, soutient Larry Berman, président de ETF Capital Management, dans une chronique publiée sur le Globe and Mail.

Il rappelle qu’en 2013 la Fed a commencé à publier une prévision quant aux hausses de taux. Les membres du comité de la Fed avaient alors prévu que le taux de fonds fédéraux serait de 3 % à la fin de 2016. Il est actuellement à 0,5 %.

Selon Larry Berman, la normalisation de la politique monétaire se fera lentement, car l’économie mondiale ne pourrait tout simplement pas composer avec des hausses de taux importantes.

Guy Liébart, président de Gestion Sodagep, ne croit pas, lui aussi, que les conditions économiques permettent pour l’instant une hausse de taux significative. « Ce n’est que durant la deuxième moitié de 2017 que cela deviendra plus difficile pour les titres à revenu si l’économie démontre suffisamment de fermeté », dit-il.