Pour leur part, SSQ Groupe financier et La Capitale Assurances et services financiers ont plus que doublé leurs activités à l’extérieur de la province au cours des dernières années, fait remarquer Yvon Charest.

Pour appuyer leur développement, 11 assureurs qui ont leur siège social à Québec et à Lévis ont fondé en 2007 le Centre de développement en assurances et services financiers, communément appelé Puissance Onze.

Puissance Onze joue un rôle d’accélérateur pour les sièges sociaux des assureurs de la région de Québec.

Le Centre, qui compte aujourd’hui 10 membres, a favorisé une croissance particulièrement intéressante en assurance de personnes, souligne Yvon Charest. Dans ce secteur, la part du marché détenue par les membres de Puissance Onze au Québec est passée de 27 % en 2000 à 48 % à la fin de 2014.

Cet essor vient consolider le rôle des membres de Puissance Onze en tant que moteurs économiques puissants.

Lors d’une rencontre tenue en février, le président directeur général de l’Autorité des marchés financiers (AMF), Louis Morisset, insistait sur le rayonnement de l’industrie de l’assurance gérée à Québec et Lévis, qui génère plus de 10 700 emplois directs et verse annuellement plus de 900 M$ en rémunérations.

«Le statut de levier économique du secteur encourage l’émergence d’initiatives, ce qui lui donne encore plus de poids et d’influence», commentait-il.

Une étude préparée à la fin de 2015 par Raymond Chabot Grant Thornton montre bien l’importance des retombées économiques directes et indirectes des membres de Puissance Onze.

L’auteur de ce rapport, l’économiste Jean-Philippe Brosseau, explique en entrevue à Finance et Investissement que, globalement, les assureurs qui ont leur siège social dans la région, même s’ils ne comptent que 39 % des employés de l’ensemble, génèrent une activité économique aussi importante que celle de tous les autres assureurs, banques, caisses et firmes de courtage en valeurs mobilières réunis.

Cela vient du fait que chacun des 10 767 emplois directs dans les sièges sociaux des assureurs génère 1,7 emploi dans le reste de l’économie (pour un total de 28 750 emplois), en raison des achats de biens et services par ces employeurs.

À titre de comparaison, chaque poste dans les succursales des intermédiaires financiers ne soutient que 0,5 emploi indirect.

L’étude estime que l’ensemble des services financiers compte pour 6,2 G$, soit 16 % du PIB régional, évalué à 39,6 G$. Ici encore, l’apport direct et indirect des sièges sociaux des assureurs, qui représente 8,1 % du PIB régional (ou 3,2 G$), vaut un peu plus que la contribution des autres composantes de l’industrie financière.

Une lacune à corriger

La croissance future des membres de Puissance Onze passe notamment par leur capacité à recruter du personnel qualifié.

Selon Yvon Charest, la principale faiblesse de la région Québec-Lévis reste la difficulté d’y recruter des employés bilingues. Cette lacune est décelée dans l’industrie des services financiers, mais aussi dans l’ensemble des secteurs d’activité régionaux, déplore-t-il.

Toutefois, il observe «une belle évolution» à ce chapitre. À l’Université Laval, la Faculté des sciences et de génie et la Faculté des sciences de l’administration ont augmenté le nombre de cours qui peuvent être suivis en anglais, souligne Yvon Charest. Et les cégeps de la région qui proposent des formations en assurance ont doublé l’offre de cours pouvant être pris en anglais.

De plus, les assureurs de Québec et de Lévis poursuivent leurs efforts de formation à l’interne. Par exemple, environ 150 des 2 000 employés du siège social d’IA Groupe financier suivent des cours d’anglais, dit leur président.

À ceux qui s’opposent par principe au bilinguisme, de crainte d’affaiblir l’usage du français, Yvon Charest rétorque que c’est la meilleure façon de renforcer un CV, et qu’en Europe, de plus en plus de jeunes apprennent d’autres langues.

De façon générale, l’acquisition de ces compétences augmente «la capacité de comprendre ce qui se passe dans le monde, et d’exercer une certaine forme de vigie dans l’industrie», affirme Constance Lemieux, présidente de Puissance Onze et présidente et chef de l’exploitation du secteur de l’assurance de dommages à La Capitale Assurances et services financiers.

Emplois de qualité

Constance Lemieux insiste d’ailleurs sur la qualité des emplois créés par les membres de son organisation, qu’il s’agisse de postes d’agents d’assurance ou de conseillers en services financiers, ou encore de spécialistes en services d’appoint (droit, technologies de l’information, marketing, etc.)

La qualité des emplois fait en sorte que le taux de roulement des employés chez les assureurs de la région «n’est pas très élevé», selon elle. Puissance Onze n’a toutefois pas de données sur ce sujet.

Par contre, l’effectif est en forte croissance chez les membres de Puissance Onze (hausse de 20 % de 2008 à 2014), qui ont dû pourvoir quelque 225 nouveaux postes en 2014.

Au seul chapitre des départs à la retraite, Yvon Charest avance que chez iA Groupe financier seulement, on estime qu’un poste se libère chaque semaine environ, et que ce chiffre pourrait même bientôt atteindre les 60 postes par an.

Enfin, Constance Lemieux souligne l’apport croissant des membres de Puissance Onze à la collectivité, grâce à des dons et à des commandites de 7 M$ par an dans la région Québec-Chaudière-Appalaches, sur un total de 13,4 M$ distribués à près de 4 400 organismes et institutions d’enseignement.