L’ancien banquier central s’adressait mercredi soir à Montréal à un parterre de 1200 personnes de l’industrie financière, venues l’entendre à l’occasion d’une soirée organisée par l’association CFA Montréal.

Devenu officiellement patron la Fed le 1er janvier 2006, Ben Bernanke a joué un rôle important pour limiter l’impact de la crise financière de 2007-2008, la pire récession à avoir ravagé l’économie mondiale depuis la Dépression des années 1930.

Dans une formule de conversation avec Chris Ragan (professeur d’économie à l’Université McGill), Ben Bernanke a plaidé pour que les 18 pays de la zone euro s’inspirent de ceux qui ont réussi à relancer leur économie, en premier lieu les États-Unis et le Royaume-Uni.

Car, si rien n’est fait, la zone euro pourrait connaître une stagnation économique durant des années, prévient l’ancien président de la Fed. Une situation qui pourrait dégénérer et peut-être même inciter certains pays à remettre en question leur adhésion à l’euro.

La BCE doit recourir à l’assouplissement quantitatif

Actuellement, l’Allemagne, la France et l’Italie – les trois principales économies de ce marché de 332 millions d’habitants, doté d’un PIB de 13 530 milliards de dollars canadiens – sont en difficultés, sans parler d’un risque de plus en plus grand et inquiétant de déflation.

Selon Ben Bernanke, la Banque centrale européenne (BCE) devrait dans un monde idéal jouer un plus grand rôle pour relancer l’économie, comme l’ont fait la Fed et la Banque d’Angleterre.

«Les États-Unis et le Royaume-Uni ont utilisé l’assouplissement quantitatif, et ils ont réussi à relancer leur économie. L’Europe continentale ne l’a pas fait, et n’a pas réussi à relancer son économie», a laisser tomber l’ancien patron de la Fed.

Par l’entremise de cette politique (l’assouplissement quantitatif), une banque centrale achète des actifs financiers (qui peuvent être aussi bien des titres d’État que des actifs du secteur privé) qu’elle finance par l’expansion de ses réserves.

Ces achats font en sorte d’accroître le prix des actifs acquis et de diminuer leur rendement. En outre, la hausse des réserves mises à la disposition des banques commerciales incite ces dernières à augmenter l’offre de crédit aux ménages et aux entreprises. C’est ce qui permet de relancer l’économie.

En octobre, la BCE a mis en place une forme d’assouplissement monétaire. Elle a lancé un programme d’achat de titres adossés à des créances mobilières (Asset-Backed Securities), provenant entre autres d’institutions financières et PME.

Cette politique devrait permettre de relancer le crédit aux PME pour stimuler l’investissement et la création d’emplois.

En page 2: les Allemands ne misent que sur l’austérité

 

 

Les Allemands ne misent que sur l’austérité

Mais selon Ben Bernanke, la BCE doit aller plus loin, alors que les politiques budgétaires sont restrictives dans la zone.

Le hic, c’est que le moteur de la zone euro, l’Allemagne, ne mise que sur une politique d’austérité. Et les pays qui voudraient dépenser plus pour relancer leur économie, comme l’Espagne, sont trop endettés pour le faire.

La relance de l’économie de la zone euro est un enjeu de taille, a expliqué Ben Bernanke.

Car, si la reprise se confirme de plus en plus aux États-Unis, l’économie américaine est affectée par le ralentissement de la demande mondiale: stagnation en Europe, nouvelle récession au Japon, et décélération de la croissance en Chine.