Actions : favorisez la qualité en 2013

C’est ce qu’estiment Michel Doucet, vice-président et directeur du Groupe conseil en portefeuille et gestionnaire de portefeuille chez Valeurs mobilières Desjardins (VMD), ainsi que son collègue, Jean-René Ouellet, analyste principal du Groupe conseil portefeuilles chez VMD.

« On a un biais en faveur de la qualité. On fait attention aux sociétés ayant des dettes élevées, versant peu ou pas de dividende, ainsi qu’aux entreprises trop petites ou dont le style est de croissance agressive », dit Jean-René Ouellet.

Sur le plan sectoriel, Michel Doucet recommande de chercher une combinaison d’actions à rendement de dividende élevé, comme des fiducies de revenu, des sociétés de services publics, de télécommunication et pipelinières, et des actions de croissance comportant plus de risque, mais dont le dividende est intéressant, comme dans le secteur aurifère, de la finance, de la technologie, de l’industrie, de la consommation discrétionnaire, du transport.

Le duo a également un biais en faveur des titres de grande capitalisation. Il prévoit aussi que l’an prochain, l’indice S&P/TSX clôturera à 14 200 et le S&P 500, à 1 520.

Vision mondiale

L’équipe base son analyse sur sa vision de la conjoncture économique mondiale. Selon eux, celle-ci est appelée à s’améliorer en 2013. Selon les prévisions d’Études économiques Desjardins, la croissance mondiale atteindra 3,4 % l’an prochain. Si la zone euro est appelée à faire du surplace en 2013, les économies en développement, principalement la Chine, afficheront une croissance de 5,1 %, alors que les États-Unis et le Canada atteindront un rythme de 2 %.

D’après Michel Doucet, en 2013, la politique monétaire demeurera accommodante dans les pays industrialisés. La Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada laisseront leur taux directeur inchangé, alors que la Banque centrale européenne assouplira les conditions monétaires d’un autre quart de point, anticipe Michel Doucet.

« Combinées aux mesures fiscales annoncées dans la zone euro et au plan de relance économique en Chine, les actions énergiques entreprises par les banques centrales en 2012 vont contribuer à cette reprise. Toutefois, le climat demeure fragile », d’après Michel Doucet.

Aux États-Unis, les consommateurs sont encore en mode de désendettement, mais le gros du processus a été fait, ce qui devrait, marginalement, favoriser l’économie. « Le consommateur a une volonté de dépenser. Aussi, les entreprises sont assises sur des stocks importants d’argent. Et celles-ci vont nécessiter des investissements en machinerie et équipement en 2013 et en 2014 », prévoit Michel Doucet.

Sur le plan de l’économie canadienne, celle-ci sera favorisée par la croissance dans les pays émergents et celle aux États-Unis. « Le consommateur canadien devrait lever le pied sur la pédale, dans la mesure où son endettement est élevé. Je m’attends à ce que le consommateur soit rationnel et fasse le ménage du côté de ses finances personnelles », estime Michel Doucet.

D’après ce gestionnaire de portefeuille, les tensions au Moyen-Orient ont le potentiel de pousser temporairement le baril de pétrole au-dessus de 100 dollars US. La fourchette transactionnelle sera de 85 à 100 $ US en 2013. « L’once d’or vaudra en moyenne 1 900 $ US. Ce contexte est favorable pour que le huard se maintienne légèrement au-dessus de la parité. Les taux d’intérêt 10 ans au Canada et aux États-Unis s’établiront respectivement à 2,25 % et 2,05 % à la fin de l’année 2013 », anticipe-t-il.

Dans la catégorie des titres à revenu fixe, l’équipe qui travaille chez VMD recommande de sous-pondérer les obligations du Canada et de surpondérer les crédits, soit les provinces, les municipalités, les titres de sociétés et actions privilégiées.

« Dans le contexte où les taux obligataires amorceront une remontée graduelle l’an prochain, les investisseurs devront envisager de réduire la pondération dans le long terme et d’augmenter celle dans le court et le moyen terme. Cette stratégie mènera à une durée plus courte par rapport à l’indice de référence », selon Michel Doucet.

Risque

En 2013, un risque mineur, mais qui est sous-estimé, serait un reversement temporaire des flux de capitaux internationaux en défaveur des États-Unis, d’après Jean-René Ouellet. En effet, ces dernières années, en raison de la crise en Europe, les investisseurs institutionnels faute d’endroit pour investir ont privilégié les obligations américaines, ce qui a amené une baisse des taux d’intérêt.

« Ça a permis à la Fed d’acheter autant de dettes américaines. Comment une banque centrale arrive-t-elle à acheter autant de dettes sans que le marché se pose de question? C’est qu’on est dans une situation de crise en Europe et d’absence de place pour stationner de l’argent », dit Michel Doucet.

Photo Bloomberg