Maltraitance financière – Finance et Investissement https://www.finance-investissement.com Source de nouvelles du Canada pour les professionnels financiers Wed, 14 Jun 2023 11:33:17 +0000 fr-CA hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.9.3 https://www.finance-investissement.com/wp-content/uploads/sites/2/2018/02/cropped-fav-icon-fi-1-32x32.png Maltraitance financière – Finance et Investissement https://www.finance-investissement.com 32 32 Clients vulnérables : les conseillers ont une foule de ressources https://www.finance-investissement.com/edition-papier/nouvelles-edition-papier/clients-vulnerables-les-conseillers-ont-une-foule-de-ressources-2/ Mon, 05 Jun 2023 04:08:00 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=94271 CFIQ 2023 - Y compris, d'abord, leur service de conformité.

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Composer avec des clients en situation de vulnérabilité n’est pas simple pour un conseiller en services financiers, surtout lorsqu’on a un soupçon de maltraitance financière. Heureusement, en plus du service de conformité de leur courtier, les conseillers disposent d’une panoplie de ressources et de formations afin de les aider en ce sens.

C’est l’un des messages qui ressort de la séance sur « les personnes en situation de vulnérabilité » qui s’est déroulée lors du 16e Colloque des fonds d’investissement du Conseil des fonds d’investissement du Québec au Centre Mont-Royal, le 10 mai dernier.

D’abord, les panélistes ont résumé les grandes lignes de la nouvelle Loi visant à mieux protéger les personnes en situation de vulnérabilité, adoptée le 2 juin 2020 à l’Assemblée nationale du Québec et officiellement entrée en vigueur le 1er novembre 2022.

La Curatrice publique du Québec, Me Julie Baillargeon-Lavergne, a fait un survol des améliorations apportées à la loi qui modifie le Code civil du Québec, le Code de procédure civile, la Loi sur le curateur public et des dispositions en matière de protection des personnes. « Il y a différentes façons d’accompagner un proche. On peut sommairement les diviser en deux catégories:les mesures de représentation et, une nouveauté, notre mesure d’assistance. »

Les mesures de représentation comportent un processus judiciaire devant le tribunal et des évaluations médicales et psychosociales. « On parle essentiellement de la tutelle, du mandat de protection et de la représentation temporaire », a-t-elle précisé.

Elle a également mentionné que la curatelle avait été abolie et rappelé que seule la tutelle continuait d’exister et représentait maintenant le seul régime de protection en vigueur. « Ce qui est nouveau, c’est que la tutelle devra être adaptée aux capacités de chaque personne. On est davantage dans une optique de conservation des droits. »

Le tuteur devra tenir compte des volontés et des préférences de la personne, et la faire participer à la prise de décisions, dans la mesure du possible. « Le tuteur aura aussi dorénavant la simple administration : il ne pourra plus vendre un immeuble ou contracter des emprunts importants sans obtenir les autorisations nécessaires, soit celle du conseil de tutelle ou du tribunal », a noté Julie Baillargeon-Lavergne.

Selon la Curatrice, la grande nouveauté de la nouvelle loi est la mesure d’assistance, qui est non judiciarisée. « C’est la mesure phare et elle s’applique à toute personne qui vit une difficulté. On a fait exprès d’employer ce mot englobant et exclure les termes apte ou inapte. Cela peut aller des difficultés cognitives, physiques ou de langage aux problèmes d’alphabétisme. »

L’assistant, qui sera inscrit dans un registre public, va pouvoir agir comme intermédiaire. « Il pourra aller chercher de l’information, communiquer les décisions prises par la personne qu’il assiste, et la soutenir dans toutes sortes de démarches administratives », a dit Julie Baillargeon-Lavergne. Elle a précisé toutefois que ce n’est pas un rôle de représentation et qu’il n’est pas question ici de signer à la place de la personne, de gérer les biens ou de faire des retraits bancaires. « La personne assistée conserve ses droits et reste maître de ses décisions. »

Les ressources et outils disponibles

Rachel Thadal, chef d’administration de programmes à la Ligne Aide Maltraitance Adultes Aînés (LAMAA), a parlé des articles 20.7 et 20.8 de la loi, qui ont institué un centre d’aide, d’évaluation et de référence en maltraitance, un mandat confié au CIUUSSS de l’Ouest-de-l’île-de-Montréal, qui gère entre autres la LAMAA depuis 2010.

« C’est une ligne qui existe en tant que ressource pour les conseillers ou pour toute personne qui, dans le cadre de ses fonctions, oeuvre auprès d’une personne aînée ou un adulte en situation de vulnérabilité », a-t-elle expliqué.

Elle a mentionné qu’un conseiller, par exemple, pourrait appeler la ligne pour avoir du soutien et être outillé pour faire face à une telle situation avec un client. Elle a ajouté qu’il existe également une formation offerte en ligne développée en collaboration avec l’Autorité des marchés financiers (AMF) sur son site Internet et qui est destinée spécifiquement aux acteurs du milieu financier. « C’est une formation qui vient les sensibiliser et les outiller par rapport à la maltraitance matérielle et financière. »

Analyste expert en réglementation à l’AMF, Me Cindy Côté a rappelé le rôle de son organisation en tant que partenaire du plan gouvernemental dans la lutte contre la maltraitance financière. Au sujet de la formation existante mentionnée par la représentante de la LAMAA, elle ajoute que celle-ci a été créée pour répondre à un besoin exprimé par l’industrie. « Elle permet notamment aux représentants certifiés ou inscrits auprès de l’AMF de pouvoir obtenir une unité de formation continue s’ils réussissent l’évaluation. »

Cindy Côté a aussi mentionné quelques-unes des autres ressources disponibles, dont un guide pratique « qui propose des actions à poser pour protéger le bien-être financier des clients, mais aussi des pratiques pour prévenir et repérer la maltraitance, et agir [en conséquence] ». Il existe aussi un aide-mémoire:une page recto verso, outil bref et concis aisément consultable.

« S’y trouvent, notamment, des indices de vulnérabilité sur lesquels vous pouvez porter votre attention. »Elle a souligné par ailleurs l’obligation qu’ont les conseillers depuis un peu plus d’un an d’aborder le sujet de la « personne de confiance » avec leurs clients et de les inviter à en désigner une. « Un peu comme la mesure d’assistance, c’est un choix qui appartient au client. »

Danielle Tetrault, vice-présidente et chef de la conformité, IG Gestion de patrimoine, a mentionné qu’idéalement une personne de confiance devrait être identifiée pour tous les clients et pas seulement pour les personnes vulnérables.

La modératrice, Me Élyse Lemay, vice-présidente, Affaires juridiques et réglementaires à Gestion de placement Canada Vie & Service d’investissement Quadrus, a fait par la suite état de quelques cas vécus afin d’aborder quelles étaient les meilleures pratiques à privilégier dans les cas où il y a des signes de diminution de la capacité cognitive ou des signes possibles d’exploitation financière. Dans bien des cas, les conseils fournis par les services de conformité ont aidé les conseillers aux prises avec de telles situations.

Ces conseils ont permis par exemple à un conseiller de rappeler à un mandataire ses obligations et qu’il ne peut pas faire un cadeau à lui-même ou à d’autres personnes à la place d’une cliente qui vit une diminution de ses capacités cognitives. « Un mandataire doit toujours agir dans l’intérêt du client. Il incombe au conseiller de faire preuve de vigilance et de faire des mises en garde si des mesures sont considérées comme n’étant pas dans l’intérêt supérieur du client », lit-on dans l’étude de cas présentée.

Danielle Tétrault a profité des exemples pour rappeler que l’option du blocage de fonds temporaire permet de neutraliser certaines situations problématiques en évaluant correctement la situation. « Cela nous donne le temps de bien intervenir, de bien documenter le dossier et de prendre les mesures appropriées pour protéger le client. »

Rachel Thadal, de la LAMAA, a aussi rappelé que selon les articles 22.2 et 22.3 de la loi, les personnes qui procéderaient à un signalement d’une situation de maltraitance auraient droit à une certaine protection ou immunité. « Selon ces articles, aucune mesure de représailles ou de poursuites ne peut être intentée contre une personne qui, de bonne foi, a signalé une situation. »

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Clients vulnérables : les conseillers ont une foule de ressources https://www.finance-investissement.com/nouvelles/developpement-des-affaires/clients-vulnerables-les-conseillers-ont-une-foule-de-ressources/ Fri, 12 May 2023 14:21:36 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=94059 CFIQ 2023 - Y compris, d’abord, leur service de conformité.

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Composer avec des clients en situation de vulnérabilité n’est pas simple pour un conseiller en services financiers, surtout lorsqu’on a un soupçon de maltraitance financière. Heureusement, en plus du service de conformité de leur courtier, les conseillers disposent d’une panoplie de ressources et de formations afin de les aider en ce sens.

C’est l’un des messages qui ressort de la séance « sur les personnes en situation de vulnérabilité » qui s’est déroulée lors du 16e Colloque des fonds d’investissement du Conseil des fonds d’investissement du Québec au Centre Mont-Royal le 10 mai dernier.

D’abord, les panélistes ont résumé les grandes lignes de la nouvelle Loi visant à mieux protéger les personnes en situation de vulnérabilité, une loi adoptée le 2 juin 2020 à l’Assemblée nationale du Québec et qui est officiellement entrée en vigueur le 1er novembre 2022.

La Curatrice publique du Québec, Me Julie Baillargeon-Lavergne, a fait un survol des améliorations apportées à la loi qui modifie le Code civil, le Code de procédure civile, la Loi sur le curateur public et des dispositions en matière de protection des personnes. « Il y a différentes façons d’accompagner un proche. On peut sommairement les diviser en deux catégories : les mesures de représentation et, une nouveauté, notre mesure d’assistance. »

Les mesures de représentation comportent un processus judiciaire devant le Tribunal et des évaluations médicales psychosociales. « On parle essentiellement de la tutelle, du mandat de protection et de la représentation temporaire », a-t-elle précisé.

Elle a également mentionné que la curatelle avait été abolie et rappelé que seule la tutelle continuait d’exister et représentait maintenant le seul régime de protection en vigueur. « Ce qui est nouveau c’est que la tutelle devra être adaptée aux capacités de chaque personne. On est davantage dans une optique de conservation des droits. »

Le tuteur devra tenir compte des volontés et préférences de la personne et la faire participer à la prise de décisions, dans la mesure du possible. « Le tuteur aura aussi dorénavant la simple administration : il ne pourra plus vendre un immeuble ou contracter des emprunts importants sans obtenir les autorisations nécessaires, soit celle du conseil de tutelle ou du tribunal », a noté Julie Baillargeon-Lavergne.

La grande nouveauté de la nouvelle loi est la mesure d’assistance selon la Curatrice, une mesure non judiciarisée. « C’est la mesure phare et elle s’applique à toute personne qui vit une difficulté. On a fait exprès pour employer ce mot englobant et exclure les termes aptes ou inaptes. Cela peut aller de difficulté cognitive, physique, de langage ou des problèmes d’alphabétisme. »

L’assistant, qui sera inscrit dans un registre public, va pouvoir agir comme intermédiaire. « Il pourra aller chercher de l’information, communiquer les décisions prises par la personne qu’il assiste, et le soutenir dans toutes sortes de démarches administratives », a dit Julie Baillargeon-Lavergne. Elle a précisé toutefois que ce n’est pas un rôle de représentation et qu’il n’est pas question ici de signer à la place de la personne, de gérer les biens ou de faire des retraits bancaires. « La personne assistée conserve ses droits et reste maître de ses décisions. »

Les ressources et outils disponibles

Rachel Thadal, chef d’administration de programmes à la Ligne Aide Maltraitance Adultes Aînés (LAMAA) a parlé des articles 20.7 et 20.8 de la loi qui a institué un centre d’aide, d’évaluation et de référence en maltraitance, un mandat confié au CIUUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, qui gère notamment la ligne Aide Maltraitance Adultes Aînés depuis 2010.

« C’est une ligne qui existe en tant que ressource pour les conseillers ou pour toute personne qui, dans le cadre de ses fonctions, œuvre auprès d’une personne aînée ou un adulte en situation de vulnérabilité », a-t-elle expliqué.

Elle a mentionné qu’un conseiller, par exemple, pourrait appeler la ligne pour avoir du soutien et être outillé pour faire face à une telle situation avec un client. Elle a ajouté qu’il existe également une formation offerte en ligne développée en collaboration avec l’Autorité des marchés financiers (AMF) sur leur site Internet et qui est destinée spécifiquement aux acteurs du milieu financier. « C’est une formation qui vient les sensibiliser et les outiller par rapport à la maltraitance matérielle et financière. »

Analyste en réglementation à l’AMF, Me Cindy Côté, a rappelé le rôle de son organisation en tant que partenaire du plan gouvernemental dans la lutte contre la maltraitance financière. Au sujet de la formation existante mentionnée par la représentante du LAMAA, elle ajoute que celle-ci a été créée pour répondre à un besoin exprimé par l’industrie. « Elle permet notamment aux représentants certifiés ou inscrits auprès de l’AMF de pouvoir accumuler une unité de formation continue s’ils réussissent l’évaluation. »

Cindy Côté a aussi mentionné quelques-unes des autres ressources disponibles, dont un guide pratique « qui propose des actions à poser pour protéger le bien-être financier des clients, mais aussi des pratiques pour prévenir, repérer et agir face à la maltraitance. » Il existe aussi un aide-mémoire, une page recto verso, un outil bref et concis aisément consultable.

« S’y trouvent, notamment, des indices de vulnérabilité sur lesquels vous pouvez porter attention. » Elle a souligné par ailleurs l’obligation qu’ont les conseillers depuis un peu plus d’un an d’aborder le sujet de la « personne de confiance » avec leurs clients et de les inviter à en désigner une. « Un peu comme la mesure d’assistance, c’est un choix qui appartient au client. »

Danielle Tetrault, vice-présidente et chef de la conformité, IG Gestion de patrimoine, a mentionné qu’idéalement une personne de confiance devrait être identifiée pour tous les clients et pas seulement pour les personnes vulnérables.

La modératrice, Me Élyse Lemay, vice-présidente Affaires juridiques et réglementaires à Gestion de placement Canada Vie & Service d’Investissement Quadrus, a fait par la suite état de quelques cas vécus afin d’aborder quelles étaient les meilleures pratiques à privilégier dans les cas où il y a des signes de diminution de la capacité cognitive ou des signes possibles d’exploitation financière. Dans bien des cas, les conseils fournis par les services de conformité ont aidé les conseillers aux prises avec de tels cas.

Ces conseils ont permis par exemple à un conseiller de rappeler à un mandataire ses obligations et qu’il ne peut pas faire à la place d’une cliente qui vit une diminution de ses capacités cognitives un cadeau à lui-même ou à d’autres personnes. « Un mandataire doit toujours agir dans l’intérêt du client. Il incombe au conseiller de faire preuve de vigilance et de faire des mises en garde si des mesures sont considérées comme n’étant pas dans l’intérêt supérieur du client », lit-on dans l’étude de cas présentée.

Danielle Tétrault a profité des exemples pour rappeler que l’option du blocage de fonds temporaire permet de neutraliser certaines situations problématiques en évaluant correctement la situation. « Cela nous donne le temps de bien intervenir, de bien documenter le dossier et de prendre les mesures appropriées pour protéger le client. »

Rachel Thadal du LAMAA a aussi rappelé que selon les articles 22.2 et 22.3 de la loi, les personnes qui procéderaient à un signalement d’une situation de maltraitance auraient droit à une certaine protection ou immunité. « Selon ces articles, aucune mesure de représailles ou de poursuites ne peuvent être intentées contre une personne qui, de bonne foi, a signalé une situation. »

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Maltraitance financière : lacunes réglementaires montrées du doigt https://www.finance-investissement.com/nouvelles/actualites/maltraitance-financiere-lacunes-reglementaires-montrees-du-doigt/ Mon, 29 Jun 2020 11:49:29 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=67161 Lorsqu’un conseiller soupçonne un client d’être victime de maltraitance financière, il est souvent difficile pour lui de traiter de cette situation délicate.

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Pas facile non plus d’agir comme une « sentinelle susceptible de faire une différence dans la trajectoire des personnes les plus vulnérables », comme le souhaite l’Autorité des marchés financiers (AMF).

 C’est l’un des constats du sondage mené dans le cadre du Pointage des régulateurs 2020, en janvier et février derniers. À cette occasion, Finance et Investissement a demandé à des responsables de la conformité si le cadre réglementaire en place « permet de protéger réellement les clients les plus vulnérables contre la maltraitance financière ».

En tout, 61,1 % des répondants se disent en accord avec cette affirmation, mais une proportion significative (32 %) ne l’est pas. De plus, 6,9 % ont répondu « ni en désaccord, ni d’accord ».

Le sondage a été réalisé avant que les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM), dont fait partie l’AMF, ne présentent un document de consultation sur une façon d’améliorer le cadre réglementaire en matière de protection des clients vulnérables, en mars. Toutefois, les commentaires recueillis par les répondants, lesquels ont des responsabilités en matière de conformité, permettent d’en apprendre davantage sur ce qui cloche dans le cadre actuellement en place. Voici un résumé des avis recueillis par nos sondeuses.

Travers du cadre actuel

Parmi les répondants qui sont critiques envers le système actuel, plusieurs estiment qu’on peut faire mieux pour protéger les clients vulnérables.

« Le représentant ne se sent pas protégé en cas de maltraitances. Il ne sait pas s’il doit en parler. Il lui faudrait une immunité. On continue donc à marcher sur des œufs. L’AMF le sait et essaie de trouver des solutions », indique un sondé.

« En raison de la confidentialité. C’est très difficile de protéger le client contre lui-même ou de personnes mal intentionnées, surtout pour les personnes âgées ou celles qui ont des problèmes de santé », ajoute un autre répondant.

« La règlementation actuelle nous empêche de mettre en place des outils pour protéger la clientèle. Pour le moment, on ne peut rien faire », estime un autre sondé.

Selon quelques répondants, le meilleur des systèmes ne pourra pas arrêter certains fraudeurs. « Il y a toujours des dangers. Ceux qui veulent commettre une fraude trouveront toujours un moyen », dit l’un d’eux. Un autre commente : « Sont-ils vraiment protégés? Je ne pense pas. Bien évidemment, on est plus à l’affût et plus au courant. Mais quelqu’un qui a une mauvaise intention trouve toujours le moyen d’y arriver. »

« Les abus ne viennent pas à cause du cadre réglementaire. Ce sont les gens qui ne sont pas inscrits à l’AMF qui posent un vrai problème », juge un autre.

Selon un répondant, les conseillers devraient être mieux formés pour détecter la maltraitance alors qu’un autre juge que les représentants devraient mieux connaître les produits qu’ils offrent à ces clients.

Un répondant estime que les conseillers doivent aussi examiner leurs propres pratiques d’affaires, car ils peuvent faire partie autant du problème que de la solution : « Souvent, encore, la paye passe avant la protection du client. Il y a beaucoup de travail qui a été fait à ce niveau-là dans le passé, mais il reste encore beaucoup de choses à faire. La direction des firmes doit donner l’exemple. C’est une question de valeurs et d’éducation. Par exemple, les concours de vente sont en train de disparaître grâce à la prise de conscience des représentants. C’est en donnant des séminaires sur ce sujet que les mentalités ont changé. »

Cadre adéquat, mais perfectible

Parmi les répondants qui sont satisfaits du cadre réglementaire, plusieurs notent que le système est perfectible. « Avec le guide qui est sorti, un bon chemin a été parcouru, mais il reste encore du travail à faire », dit un répondant.

« Il y a déjà des démarches qui ont été faites pour sensibiliser les gens à la vulnérabilité des petits investisseurs. Ce n’est pas parfait, mais il y a une évolution et c’est un bon point », ajoute un autre.

« Il y a déjà un travail qui est fait, mais il faut éduquer davantage les représentants à détecter les actes fautifs », mentionne un sondé.

« On a quand même un système de surveillance suffisamment robuste pour détecter et protéger les clients vulnérables. En raison du vieillissement de la population, les firmes de courtage ont revu leur façon de faire, ces dernières années. Il y a eu aussi des campagnes de sensibilisation », se réjouit un répondant.

« Les règles qui sont en place et celles qui vont venir, font en sorte que la clientèle vulnérable ne devrait pas être flouée », note un répondant.

D’après un autre répondant, l’industrie s’est donnée des pratiques qui sont assez efficaces concernant la maltraitance financière. Toutefois, les familles des personnes vulnérables ont aussi un rôle à jouer qui va au-delà de l’encadrement de l’industrie.

Pour bien protéger les clients vulnérables, courtiers et cabinets doivent allouer au personnel les ressources pour le faire, soutient un autre répondant : « Il y a des choses qui existent pour protéger les clients vulnérables, mais pour le personnel, c’est difficile de dégager du temps pour suivre chaque dossier. La protection est donc moins forte. »

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Comment bien réagir https://www.finance-investissement.com/edition-papier/nouvelles-edition-papier/comment-bien-reagir/ Tue, 15 Oct 2019 04:53:00 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=61697 L'industrie du conseil remarque une hausse du nombre de situations de maltraitance financière et de vulnérabilité dans la clientèle, notamment en raison du vieillissement de la population. Chaque cas est unique et le conseiller doit agir avec beaucoup de jugement et de doigté.

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«Au cours des cinq dernières années, nous avons reçu de plus en plus de questions de la part de nos représentants aux prises avec des situations de vulnérabilité dans lesquelles ils se sentent mal à l’aise», dit Yvan Morin, vice-président, affaires juridiques, et chef de la conformité chez MICA Cabinets de services financiers.

La croissance du nombre de personnes âgées contribue à l’augmentation des cas de vulnérabilité, constate aussi Gilles Ouimet, syndic de la Chambre de la sécurité financière (CSF). «Nous avons de plus en plus de cas embêtants et délicats», note-t-il, sans pouvoir toutefois chiffrer la croissance du nombre de cas.

Cependant, la vulnérabilité ne concerne pas que les personnes âgées, rappelle Yvan Morin : «Elle peut aussi bien toucher un enfant et son mentor qu’une épouse sous l’emprise d’un mari dominateur», précise-t-il.

Étude de cas

Nous avons demandé à trois spécialistes de la conformité et de la déontologie de commenter le cas hypothétique suivant :

Un client veuf et âgé, au mode de vie frugal et qui a toujours été très prudent dans la gestion de son budget, demande soudainement à sa conseillère de retirer 50 000 $ de son REER. Il dit qu’il veut se payer du luxe et s’acheter une auto neuve. Prudente, la conseillère refuse de faire le retrait, car cette transaction risque de faire dérailler le plan de retraite de son client, et demande un moment pour refaire ses calculs. Pendant qu’elle s’exécute, une femme l’appelle et se présente comme la fille du client. Elle demande pourquoi la conseillère retarde la transaction et la menace de poursuite si elle fait obstacle au retrait.

«Voilà une situation où le conseiller peut se retrouver sur la sellette quoi qu’il fasse», constate Gilles Ouimet. «Il y a clairement un indice de vulnérabilité du client», souligne Michel Mailloux, président-fondateur du Collège des professions financières, qui ajoute : «Le premier problème, c’est la fille. Dans 55 % des cas, ce sont les enfants qui maltraitent financièrement les parents.»

Il n’y a pas que la fille, dans ce cas, qui peut poser problème. «Il y a peut-être d’autres enfants qui pourraient juger qu’un retrait de 50 000 $ n’est pas cohérent avec le profil du client, poursuit Michel Mailloux. Au décès de celui-ci, la conseillère pourrait se retrouver avec une poursuite de la succession.»

Peut-on refuser de donner au client son argent ? Michel Mailloux croit que «la conseillère doit libérer les sommes. Ce n’est pas son rôle d’établir l’inaptitude du client. Si le client veut retirer son argent pour le donner à sa blonde, c’est son droit le plus strict.»

Yvan Morin n’est pas aussi tranché : «Ultimement, la conseillère n’est pas obligée de réaliser la transaction si elle juge que son client est sous influence.» Il donne l’exemple d’un conseiller de MICA qui a refusé de procéder à un déboursé pour un client. «Le fils avait appelé plusieurs fois au cours d’une semaine et le conseiller a préféré essuyer une plainte pour ne pas avoir collaboré plutôt que de voir son client dilapider son bien. Finalement, il n’y a jamais eu de plainte et le client a transféré ses avoirs ailleurs.»

Documenter à fond

Chaque cas est unique. Au bout du compte, la clé n’est pas dans la libération ou le blocage des fonds, mais dans la rigueur du processus du conseiller : «Sa décision est-elle raisonnable ? fait ressortir Yvan Morin. Un autre représentant aurait-il pu prendre la même décision ?»

Pour cela, «le conseiller doit bien documenter le dossier. Prenez des notes, des notes, des notes ! insiste Gilles Ouimet. Tenez compte du fait que je pourrais débarquer à votre bureau dans trois ans…»

Certaines précautions s’imposent. Dans notre cas fictif, la conseillère doit d’abord marquer un temps d’arrêt, ce qu’elle a fait, approuvent les trois spécialistes. Il importe aussi qu’elle consulte des conseillers d’expérience et des responsables de conformité.

Gilles Ouimet suggère de recourir à l’aide de la CSF, qui offre un service d’accompagnement. «Nous avons des personnes-ressources pour assister les représentants», précise-t-il.

Une rencontre avec le client s’impose, face à face, sans la présence de sa fille. Au cas où celle-ci se présenterait quand même, «je m’assurerais d’avoir invité mon patron à la rencontre», propose Michel Mailloux, tout au moins un autre conseiller à titre de témoin.

«Pourquoi le face à face ? Certains comportements sont plus révélateurs que des paroles», souligne Yvan Morin, qui recommande d’être attentif à tout signe indiquant que le client est peut-être sous influence. Si le client persévère dans sa requête, la conseillère devrait lui faire signer un document «confirmant que c’est bien sa volonté», ajoute le spécialiste.

Au cours de cette rencontre, le conseiller devrait revenir sur le plan financier du client en faisant valoir que sa requête risque de le contrecarrer, que sa facture fiscale sera accrue, qu’elle pourrait réduire son admissibilité à certains programmes d’aide gouvernementaux, suggère Yvan Morin.

Certes, il n’appartient pas au conseiller d’établir l’inaptitude de son client. Par contre, un lourd soupçon à cet effet peut servir à justifier une décision de retenir l’argent demandé. Car, rappelle Gilles Ouimet, «un conseiller est tenu à une obligation de moyens, il doit suivre une démarche qui respecte les exigences déontologiques, pas avoir une réponse parfaite. Même si la réponse est mauvaise, il peut ne pas y avoir faute déontologique.»

Au premier chef, «le conseiller doit avoir à coeur les intérêts de son client», indique Yvan Morin.

Prévenir

En prévision d’épisodes éprouvants comme celui exposé plus haut, Michel Mailloux propose de faire signer à ses clients, dès l’ouverture du dossier, une autorisation de consulter, si les circonstances l’exigent, un parent proche et un tiers éloigné. «Je pense qu’il faut le demander systématiquement, aujourd’hui», dit-il.

Là encore, rien n’est tout blanc ou tout noir. «Systématiquement ?» s’interroge Gilles Ouimet. «C’est un outil recommandé et qui peut s’avérer approprié dans plusieurs situations. Dans tous les cas, on devrait le considérer, mais je m’en méfie», dit-il.

«Le conseiller risque de se retrouver entre le client et ses enfants, sa conjointe ou ses frères. Les personnes désignées seront-elles les bonnes ? C’est toute la question de la pertinence du tiers. Dans deux ans, nos choix pourraient s’avérer mal indiqués. Ça relève du jugement professionnel du conseiller», explique Gilles Ouimet.

D’ailleurs, le jugement professionnel est plus que jamais important dans de telles situations.

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