La plus récente fermeture du gouvernement américain, qui dure depuis un mois, pourrait bien passer du statut de perturbation temporaire à celui de frein économique majeur, avertit BMO Marchés des capitaux.
Dans un nouveau rapport, les économistes de la banque indiquent que les conséquences de cette fermeture, qui a ralenti certains services publics et empêché la publication de données économiques, commencent à se faire sentir dans l’économie en général.
« À mesure que le bras de fer se prolonge, ce qui devait être une perturbation temporaire pourrait se transformer en un frein durable à la croissance économique et à la stabilité du marché du travail, à un moment où d’autres vents contraires persistent », explique le rapport.
Dans un contexte déjà marqué par la faiblesse du marché du travail, la paralysie gouvernementale a entraîné la mise à pied de 670 000 fonctionnaires fédéraux et le travail sans rémunération de 700 000 autres employés, précise BMO.
Habituellement, cette situation ne crée qu’une brève anomalie dans les données d’emploi, mais plus la fermeture dure, plus les effets à long terme risquent d’être graves, préviennent les économistes.
« Les petites entreprises qui dépendent de contrats gouvernementaux ou des dépenses des employés fédéraux pourraient également réduire leurs effectifs. Avec le temps, cela pourrait mener à une hausse du taux de chômage, à une participation moindre à la population active et à un ralentissement de la croissance salariale », poursuit le rapport.
BMO met aussi en garde contre des répercussions sociales importantes.
Au-delà des effets directs sur les ménages des fonctionnaires mis à pied, la fermeture pèse aussi sur les travailleurs essentiels, comme les contrôleurs aériens, qui travaillent sans salaire ; ce qui entraîne fatigue, démoralisation et absentéisme, et se répercute sur les temps d’attente dans les aéroports et la sécurité des vols.
« Ce qui peut sembler être une impasse politique à Washington se traduit par une réelle détresse financière et émotionnelle pour de nombreuses personnes. C’est sans doute le coût le plus important de la fermeture », indique BMO. « Et plus elle dure, plus les dommages cumulatifs au tissu social du pays s’aggravent. »
La fermeture a également un impact sur la politique monétaire, désormais privée des données économiques officielles nécessaires à la prise de décision, un facteur d’incertitude supplémentaire alors que la Réserve fédérale américaine commence à réduire à nouveau ses taux d’intérêt, souligne le rapport.
Le Canada est aussi touché, car il dépend de certaines données américaines pour établir ses propres statistiques, notamment les données mensuelles sur le commerce international.
« L’absence de ces données réduit la visibilité sur les effets des tarifs douaniers et, comme les données commerciales servent à calculer le PIB réel par la méthode des dépenses, les estimations du PIB du troisième trimestre (publiées à la fin novembre) sont sujettes à des révisions plus importantes qu’à l’habitude », explique BMO.
« À mesure que cette fermeture se prolonge, le coût économique et humain continue d’augmenter chaque jour. Et à un moment où d’importants vents contraires freinent déjà l’économie américaine, cette paralysie gouvernementale représente une pression supplémentaire », résume l’institution.