
Après deux années difficiles en raison de l’inflation et des taux d’intérêt élevés, les fonds communs de placement (FCP) reprennent leur souffle. Selon de récentes données de l’Association des marchés de valeurs et des investissements (AMVI), la demande envers les FCP n’est pas morte. Au contraire, elle connait une deuxième jeunesse, portés par les FCP d’obligations et certains fonds spécialisés. Avec plus de 2 300 milliards (G$) d’actifs sous gestion, les FCP tiennent encore leur place dans l’épargne canadienne, révèle un rapport de l’AMVI.
À la fin du mois de juin 2025, l’actif sous gestion des FCP dans le marché canadien atteignait 2 342 G$, un sommet historique, selon l’AMVI. Pour le seul mois de juin, les FCP ont enregistré des entrées nettes de 1,4 G$. De mai à juin, leur actif a augmenté de 48,7 G$, soit 2,1 %. De plus, les ventes nettes cumulatives pour les six premiers mois de 2025 s’élèvent à 17,1 G$, par rapport à des rachats nets de 4 G$ pour la même période de 2024.
En 2024, l’industrie des FCP a connu une croissance de 15,7 % de son actif géré par rapport à l’année précédente, engrangeant 303,7 G$ supplémentaires pour atteindre 2242 G$ à la fin de 2024. En deux ans, l’actif détenu dans les fonds communs a gonflé de 433 G$, effaçant le recul enregistré en 2022. À la fin de 2024, 116 sociétés offraient des fonds communs de placement répartis dans 3 398 fonds, signale le rapport.
La croissance des fonds communs est propulsée par les rendements des marchés boursiers et obligataires, qui ont contribué à augmenter la confiance des investisseurs. D’autre part, la réduction de l’inflation a créé un contexte économique plus stable qui, combiné à la baisse des taux d’intérêt et à la hausse des taux d’épargne des ménages, a fait gonfler les sommes disponibles à investir, indique le rapport.
Résultat, pour l’année 2024, les FCP de titres à revenu fixe ont connu des ventes nettes de 25,7 G$, les FCP spécialisés, de 7,4 G$ tandis que les FCP équilibrés ont enregistré des rachats nets de 22,7 G$. Les FCP d’actions ont quant à eux connu des ventes nettes de 1,3 G$ en 2024 alors qu’ils avaient subi des rachats nets de 24 G$ en 2023.
Malgré le fait que les FCP équilibrés subissent des rachats nets annuels depuis 2022, ce type de FCP représentait environ 44 % de l’actif total des fonds communs de placement en juin, suivi par les fonds d’actions qui représentaient environ 39 % de l’actif total. Pour les FCP de titres à revenu fixe, c’est 12,5 % de l’actif total.
Grand retour des obligations
Dans la grande famille des fonds communs, les fonds obligataires volent la vedette. Avec 25,7 G$ de ventes nettes, ils ont dominé le marché en 2024. Cette tendance se poursuit en 2025. Au premier semestre, les FCP obligataires ont généré la majorité des ventes nettes, attirant 13,8 G$, signe que les obligations sont à nouveau privilégiées par les investisseurs à des fins de diversification des portefeuilles. La baisse des taux directeurs de la Banque du Canada a fait grimper le prix des obligations, stimulant l’appétit des investisseurs, signale l’AMVI.
Les FCP spécialisés ont également le vent dans les voiles. En 2024, ils ont engrangé 7,4 G$ d’entrées nettes, principalement grâce aux fonds alternatifs. Ces produits, devenus admissibles aux prospectus en 2019, ont trouvé leur place dans le marché, représentant près de 37 % des ventes totales de FCP l’an dernier.
Pour les six premiers mois de 2025, les FCP spécialisés affichent des ventes nettes de 7 G$. La recherche de produits pour sécuriser les portefeuilles dans un marché incertain, qu’il s’agisse de stratégies alternatives, de fonds sectoriels ou de solutions à bêta différent, explique ces résultats.
Recul des fonds équilibrés
Cependant, tout n’a pas été rose. Les FCP équilibrés ont continué d’enregistrer des rachats nets en 2025, lesquels s’élèvent à 2,5 G$ pour le premier semestre de l’année. Les fonds d’actions affichent des rachats nets de 6,5 G$ pour cette période.
La prudence des investisseurs et le repositionnement des portefeuilles vers les titres obligataires expliquent en grande partie ce recul, selon l’AMVI.
Après plusieurs années de croissance, les fonds d’investissement responsable (IR) ont également subi une baisse de l’appétit, avec de légers rachats nets, aussi bien pour les FCP (44,5 G$ en actif à la fin de 2024) que pour les fonds négociés en Bourse (FNB) (actif total de 18,3 G$ en décembre 2024). L’AMVI explique ce phénomène par la politisation accrue des placements ESG (environnement, société, gouvernance) aux États-Unis, qui a des répercussions jusque de ce côté-ci de la frontière.
Les FNB poursuivent leur envolée
Depuis 2022, les créations nettes annuelles de FNB dépassent les ventes nettes de FCP. Et la tendance est encore vraie pour les six premiers mois de 2025 où les premières ont atteint 55,8 G$ par rapport à 17,1 G$ pour les secondes, selon le rapport de l’AMVI.
Par ailleurs, les actifs en FNB poursuivent leur croissance et ont atteint un niveau record de 592 G$ en juin
Pour le premier semestre de 2025, ce sont les FNB d’actions qui ont capté les plus importantes créations nettes (27,8 G$), suivies par les FNB obligataires (13,8 G$) et les FNB spécialisés (4,7 G$). Le nombre d’émetteurs de FNB canadiens (45) est en hausse et le nombre de produits également (1 243). L’attrait des FNB repose sur leurs faibles coûts, leur liquidité et leur adoption croissante par les particuliers et par les institutions. En 2025, la majorité des gestionnaires d’actifs offrent à la fois des FCP des FNB.
Si le rythme de croissance des FNB reste supérieur à celui des FCP, ces deux catégories demeurent complémentaires dans les stratégies de placements, précise l’AMVI. Chez les FCP, les fonds équilibrés et obligataires séduisent pour la sécurité et la stabilité qu’ils apportent dans les portefeuilles, tandis que les FNB attirent surtout les investisseurs pour les stratégies de niche.