Une homme d'affaire qui réfléchit penché sur son téléphone sur un fonds transparent de graphiques boursiers,
peshkova / 123rf

Alors qu’en l’an 2000, les FNB occupaient seulement 3% du marché total des options, on constate aujourd’hui que l’option la plus liquide sur le marché est celle sur le SPDR S&P 500 Trust, un FNB reprenant l’indice boursier S&P 500. Cette tendance ascendante se manifeste principalement chez les investisseurs institutionnels qui, davantage outillés et formés comprennent à un plus haut degré les mécaniques de ces dérivés.

Grâce à diverses stratégies, les investisseurs utilisent les options sur FNB pour profiter des mouvements de prix sans avoir à débourser pour le titre en question. L’achat et la vente d’options sur les FNB comportent donc d’innombrables avantages qui expliquent cet attrait, mais des risques imposants sont aussi liés à l’approche. Selon Érika Toth, Directrice, Ventes aux institutions et conseillers Est-canadien chez BMO Gestion mondiale d’actifs, le marché des options requiert un haut niveau de compréhension, sans quoi les risques inhérents pourraient porter préjudice.

Nonobstant la potentialité de complications bien présente, un grand profit peut être tiré de cette méthode de négociation. C’est donc dans l’intention d’obtenir une meilleure compréhension de cet univers qu’Érika Toth a accepté de s’entretenir avec l’Institut Canadien de Dérivés. Cette dernière, qui évolue dans le monde des produits dérivés et des options, nous parle non seulement des avantages et des écueils des transactions d’options sur FNB, mais aussi des stratégies idéales à mettre en pratique sur ledit produit financier.

Dans un premier temps, nous explique Érika Toth, il existe deux types d’options, soit les options d’achats et les options de ventes, plus communément dénommées Call et Put. Une option d’achat sur FNB donne à son détenteur le droit d’acheter le fonds avant une certaine date à un prix de levée spécifié, tandis qu’une option de vente offre au tenant le droit de se départir de ses parts. Les options sur les FNB fonctionnent comme les options sur actions traditionnelles. Le profit des négociants est établi en fonction du mouvement dans le prix du fonds sous-jacent.

Toujours selon notre spécialiste des produits dérivés, la négociation d’options sur ce véhicule d’investissement serait liée à des objectifs précis. Beaucoup d’investisseurs optent pour ce produit dans l’intention de protéger des FNB détenus contre une variation des cours boursiers.

Ainsi, si je possède des parts du ZSP (FNB BMO S&P500) ou du XIU (FNB ISHARES S&P/TSX 60), qui comptent parmi les FNB les plus importants et les plus liquides au Canada, et que j’anticipe une baisse du cours de 3% dans les prochaines semaines, il m’est possible d’acheter une option de vente. À la baisse du prix du FNB, ma perte en capital sera couverte par le profit fait sur l’achat de l’option. Or, lorsqu’un investisseur anticipe décemment les fluctuations boursières, l’effet de levier lié à la transaction d’options devient réellement intéressant.

« Les options procurent à l’investisseur un vaste choix de solutions dans la gestion de son portefeuille » souligne l’experte. Il peut augmenter le revenu de ses positions actuelles, permettre l’achat d’un FNB à un prix inférieur et même permettre à l’investisseur de se positionner dans la perspective d’un mouvement important du marché, même s’il ne sait pas quelle direction la Bourse empruntera. « Les options sur FNB sont sur un panier de titres, donc plus diversifiées et potentiellement moins volatiles et risquées relativement aux options sur les titres individuels » conclu-t-elle.

Qui plus est, à l’instar des options d’achat d’actions, les options de FNB exposent l’investisseur à des secteurs ou à des marchés entiers, mais minimisent le risque associé à une seule entreprise.

Certes, ce type de dérivé confère des opportunités de bénéfices importants. Pourtant, Érika Toth déconseille cette pratique aux investisseurs inexpérimentés. En général, rapporte-t-elle, ce sont plutôt les investisseurs institutionnels et les plus érudits qui transigent des options.

Pour celui qui investit individuellement, il faut d’abord être admissible pour procéder à l’achat ou à la vente de ce produit. Il faut avoir une autorisation précise lors de la demande d’ouverture d’un compte transactionnel. Sur le site de courtage direct de BMO par exemple, on retrouve une politique en 5 niveaux d’autorisations, basée entre autres sur les années d’expérience et la quantité d’actifs liquides à son compte. Cette mesure préventive vise à réduire les risques substantiels de la transaction d’options. Érika Toth souligne d’ailleurs qu’un des dangers des plus perfides est la perte totale de sa mise de départ.

Lors de l’acquisition d’une option d’achat notamment, si le prix du FNB en question n’atteint pas le cours initialement déterminé, 100% de l’investissement sera perdu. Cette dernière conseille donc aux investisseurs néophytes de prioriser l’achat de FNB individuel pour leur début en Bourse.

Si toutefois, quiconque estime avoir les acquis nécessaires pour transiger ce type d’instruments financier complexe, Érika Toth mentionne quelques critères de sélections quant aux choix d’une option. Au-delà de la sélection de l’actif, il est aussi inévitable de pleinement analyser les attributs de l’option, dont le mois d’expiration, le prix de levé et la prime de l’option. Ces caractéristiques sont non négligeables étant donné qu’elles sont liées directement au profit potentiel. Par exemple, le prix de levé détermine le prix auquel le titulaire de l’option peut acheter les parts du FNB. Si l’un détient une option d’achat sur le FNB ZSP à un prix de levée de 55 $, il pourra exercer l’option et ne payer que 55$ par part, quand bien même le titre s’échangerait à un cours plus élevé.

L’experte FNB nous indique également quelques paniers de titres les plus utilisés pour la négociation d’options en bourse canadienne. Listé premier en termes de volume, on retrouve le XIU ISHARES S&P/TSX-60, suivi du ZEB BMO équipondéré banques et du ZSP BMO S&P500. C’est d’ailleurs BMO qui est l’un des plus importants fournisseurs de FNB d’options au pays, avec plus de 7 milliards de dollars (G$) en actif sous gestion dans ce genre de stratégie. Qui plus est, selon un récent rapport de recherche de TD Securities publié par Andres Rincon et ses associés, les options sur les FNB indiciels et sectoriels sont les plus populaires, alors que les options sur revenus fixes (fonds d’obligations) se transigent en plus faible quantité.

Pour conclure, Érika Toth mentionne quelques enjeux et tendances futurs liés à cet instrument financier. Dans l’avenir, celle-ci estime qu’une croissance dans le volume d’options sur FNB est inévitable, principalement sur les FNB indiciels d’actions. Les options sur FNB ont connu une énorme croissance dans les 5 à 10 dernières années, autant dans la Bourse canadienne qu’américaine, et ce dynamisme devrait se poursuivre.

« Il s’agit d’un outil sous-estimé et, de plus en plus, les investisseurs vont comprendre que réside une meilleure diversification ainsi qu’une plus faible volatilité que dans les options sur les titres individuels » soutient Érika Toth. Cette dernière confirme d’ailleurs notre réflexion : l’avenir de la négociation boursière demeure dans les options et les FNB plutôt que dans la transaction d’actions individuelles.

En termes d’enjeux, c’est le manque d’éducation flagrant des investisseurs qui inquiète notre gestionnaire. Malgré la croissance du volume des options, beaucoup d’acteurs en bourse ne comprennent toujours pas comment les transiger ni comment appliquer les stratégies à des moments propices.

D’excellentes ressources éducatives sont régulièrement publiées par l’Institut Canadien des dérivés, La Bourse de Montréal, et l’Institut canadien des valeurs mobilières (ICVM) nous rappelle Érika Toth. Avec cet arsenal de documentation, l’investisseur friand des tendances boursières pourra transiger à bon escient.