Focus sur les FCP – Finance et Investissement https://www.finance-investissement.com Source de nouvelles du Canada pour les professionnels financiers Thu, 12 Oct 2023 19:36:03 +0000 fr-CA hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.9.3 https://www.finance-investissement.com/wp-content/uploads/sites/2/2018/02/cropped-fav-icon-fi-1-32x32.png Focus sur les FCP – Finance et Investissement https://www.finance-investissement.com 32 32 L’offre de fonds alternatifs s’élargit https://www.finance-investissement.com/edition-papier/focus-sur-lindustrie-des-fcp/loffre-de-fonds-alternatifs-selargit/ Mon, 16 Oct 2023 04:25:00 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=96677 Les besoins de vérifications diligentes aussi.

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Le paysage des placements alternatifs pour les conseillers s’adressant aux particuliers a considérablement changé au ­Canada récemment.

Une tendance lourde se fait sentir. Pendant près d’une décennie, seules quelques firmes canadiennes spécialisées employant des stratégies nichées occupaient une place dominante dans ce segment de marché relativement petit, surtout dans les placements privés.

Or, on observe désormais de plus en plus d’offres de placements de la part de grandes firmes canadiennes et mondiales, qui cherchent à prendre une place de plus en plus importante dans ce marché en croissance.

Quels sont les avantages, les inconvénients et les conséquences de cette tendance ?

Ces dernières années, plusieurs événements au sein de fonds investissant dans des actifs privés ont eu des conséquences délicates pour les conseillers et les investisseurs.

D’abord, d’importantes demandes de rachats auprès de sociétés telles que ­Romspen ou Ninepoint ont forcé ces manufacturiers à suspendre les rachats pour de longues périodes, à scinder des fonds entre les investisseurs souhaitant quitter le navire et ceux désirant maintenir leurs positions ainsi qu’à modifier les termes des placements afin que la liquidité offerte soit plus alignée avec la capacité réelle des fonds de l’honorer.

On ne peut pas également ignorer le scandale Bridging Finance. Ce fonds torontois, censé effectuer des prêts privés commerciaux de premier rang à court terme de nature relativement sécuritaire, a fait l’objet d’une mise sous séquestre par la ­Cour supérieure de l’Ontario (CSO) à la suite d’une enquête de la ­Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO) en avril 2021.

Dans la foulée de cette enquête, diverses allégations de prises de risque indues, de fausses informations communiquées au public et aux investisseurs, de pertes potentielles sur investissement cachées sous le tapis et d’irrégularités ont fait surface. Des poursuites sont désormais intentées contre les vérificateurs, actionnaires, gestionnaires, assureurs, divers emprunteurs et certains anciens employés de ­Bridging pour plus de trois milliards de dollars. Les parts des fonds ­Bridging ne peuvent toujours pas être négociées, aucune distribution aux investisseurs individuels n’a été ordonnée par la cour et le dossier traîne en longueur devant les tribunaux. Cet événement est l’exemple type de ce qui peut mal tourner avec un fonds privé, minant la confiance générale du public investisseur envers ce type de placement.

Un avantage pour la communauté des conseillers en services financiers de l’arrivée de gros acteurs tels que ­Hamilton Lane ou ­UBS, pour ne nommer que ­ceux-ci, est que ces sociétés ont une structure de gouvernance robuste. De nombreux investisseurs institutionnels ont déjà effectué des exercices de diligence raisonnable complets avant de placer auprès d’elles.

Un autre avantage est qu’elles peuvent donner une diversification géographique, sectorielle, de taille de transactions, et d’actifs que des acteurs canadiens spécialisés ne peuvent offrir. On ne saurait s’en plaindre.

La majorité des fonds canadiens d’actifs privés investissent principalement au ­Canada et, au mieux, étendent également leurs activités au marché américain. D’un point de vue sectoriel, une nette surreprésentation de fonds effectuant des prêts privés est active dans le secteur immobilier (Trez Capital, ­Romspen, ­River ­Rock ­Capital, Westbor0 Investment, ­Hazelview ­Investments, CMLS Frontenac, Equiton, ­Avenue ­Living, etc.) Même ­RBC, qui a lancé un fonds d’immobilier avec pour ­sous-conseiller ­QuadReal, le bras immobilier de la ­British Columbia Investment Management Corporation, vise un fonds 100 % investi dans le marché canadien. Bien que notre marché immobilier soit robuste et semble soutenu de manière constante par une immigration importante qui devrait perdurer, les conseillers qui souhaiteraient obtenir une diversification dans d’autres secteurs privés que l’immobilier canadien ont des choix limités.

Prudence nécessaire

Cela dit, malgré l’importance de ces organisations, il faut être prudent avant de plonger tête première dans de grands acteurs du secteur alternatif.

Des sociétés d’envergure mondiale peuvent tenter leur chance sur le marché de détail canadien sans que des garanties claires de leur pérennité ne soient assurées. Si le ballon d’essai ne fonctionne pas, qu’elles n’attirent pas suffisamment d’actifs ou que leurs activités au pays ne sont pas assez rentables, elles pourraient se soustraire en toute impunité à leurs responsabilités à l’égard des investisseurs. Cela s’est produit avec bon nombre de gestionnaires de fonds de couverture mondiaux lors de la crise financière de 2008.

On peut aussi se questionner sur les motivations d’un grand acteur à tenter de percer le marché de détail canadien, qui est relativement petit par rapport à d’autres à travers le monde. La société qui tente de se développer par l’intermédiaire d’une filiale au ­Canada ­fait-elle de bonnes affaires ailleurs ? ­A-t-elle fait l’objet de controverses ou de rachats importants à l’étranger ? ­Il n’y a pas forcément de mauvaise intention, mais il est sain de se poser la question.

On ne peut se fier aveuglément au fait que de savants investisseurs ont examiné la chose avant nous et que les placements conviennent forcément aux clients. Plusieurs vérifications diligentes sont nécessaires.

Par exemple, la structure de frais doit être examinée. En sus des frais de gestion du fonds canadien, il peut être pertinent de valider si des frais ­sous-jacents sont présents, par exemple si des ­sous-conseillers gèrent certains segments de la stratégie (fonds de fonds). On n’a parfois l’heure juste que lorsque l’on creuse la question ­au-delà des aperçus ou fiches d’informations de fonds. Ultimement, comme pour tout placement, les frais doivent être raisonnables, et le rendement net des frais également.

La structure de gouvernance doit être révisée. Qui calcule la juste valeur marchande du fonds ? À quelle fréquence ­est-elle vérifiée par un vérificateur externe ? ­Est-ce qu’une ou plusieurs sociétés tierces examinent les valorisations de manière indépendante, en plus des vérificateurs ? ­Comment le comité d’investissement choisit-il les placements, et quelle est sa composition ? ­Est-ce qu’un comité de surveillance composé en majorité de représentants externes à la société est en place pour superviser le travail du comité de placement et les activités ?

Enfin, la structure du fonds est également importante. Le gardien de valeurs ­est-il sérieux, tout comme le fournisseur de services administratifs ? ­Le fonds ­est-il distribué par un manufacturier canadien crédible ? ­Existe-t-il un fonds maître à l’étranger et si oui, où ­est-il domicilié et auprès de quelle société ? ­Qui supervise les transactions entre le fonds maître et le fonds local dans lequel l’argent des clients se trouve ?

Évidemment, les questions relatives à la stratégie d’investissement, aux gestionnaires, à leur rémunération, à l’historique, aux rendements et aux divers risques, comme pour tout placement, se doivent d’être posées.

Une étude de cas récemment observée dans le marché est l’arrivée de Blackstone dans le marché de détail, un des plus gros, sinon le plus gros gestionnaire d’actifs privés au monde. Forte d’une réputation qui la précède grâce à de bons résultats et à une forte croissance, cette société américaine pique certainement la curiosité.

Blackstone a fait l’objet d’importants rachats l’automne dernier de la part d’investisseurs asiatiques. Elle a dû suspendre temporairement les rachats. C’est normal, si les rachats excèdent la liquidité disponible du fonds. En soi, ce ne doit pas être un événement inquiétant.

Cela dit, il appert que de nombreux rachats ont été effectués parce que les fonds immobiliers Blackstone n’ont pas connu de baisse en 2022, contrairement à d’importantes corrections dans les titres immobiliers de sociétés publiques aux ­États-Unis, et certaines autres, plus légères, dans de nombreux fonds privés d’immobilier. Des investisseurs ont voulu effectuer un arbitrage entre des fonds à profit et d’autres à perte pour une catégorie d’immeubles ­sous-jacents similaire, en vendant les fonds ­Blackstone afin de générer des liquidités pour réinvestir ailleurs.

Aussi, ­Blackstone s’amène sur le marché canadien sans être distribuée par un manufacturier existant, avec une structure reconnue par les canaux de distribution habituels du pays.

Cela nous amène à nous interroger sur certains éléments. Pourquoi, avec sa taille, ­Blackstone veut-il lever des fonds au ­Canada ? ­La valorisation des fonds ­Blackstone ­aurait-elle dû connaître une certaine correction en 2022, à l’instar d’autres fonds immobiliers, publics comme privés ? Blackstone se lance seule sur le marché canadien, sans devenir ­sous-conseillère d’un manufacturier canadien établi. Qui jouera le chien de garde pour les épargnants canadiens ? ­Finalement, certains fonds de ­Blackstone, malgré leurs résultats et leur taille, sont tout jeunes et n’ont même pas cinq ans d’historique. ­La firme a bien un long historique, mais pas nécessairement leurs stratégies actuelles. Et, il faut le dire, les marchés privés ont eu la cote depuis plusieurs années. Dans l’immobilier, Blackstone a privilégié l’industriel et le multi-résidentiel, qui ont particulièrement bien performé. Cela résulte certes de prises de positions avisées, mais aussi d’un vent arrière important. ­Poser ces questions ne signifie pas que l’on croit qu’il y a anguille sous roche. Elles ne relèvent pas de la théorie du complot. Mais ces questions méritent d’être abordées, et ­Blackstone peut être ou ne pas être pertinente pour investir l’épargne de nos clients. Ce n’est pas uniquement la taille de l’émetteur qui le déterminera, mais l’ensemble des critères relatifs à un placement.

Le bonheur des uns fait souvent le malheur des autres. Si cette tendance s’inscrit dans la durée, cela aura certainement un effet sur l’écosystème des fonds privés canadiens. Les initiatives pour aider les gestionnaires de fonds alternatifs canadiens à réunir des actifs n’ont pas toujours été un franc succès — il est difficile d’imaginer que cela pourra aider.

Par exemple, ­AGF a lancé en 2021 sa fiducie de crédit privé avec ­SAF comme ­sous-conseiller. Les actifs nets totaux du fonds sont d’un peu plus de 65 millions de dollars (M$).

Mackenzie a elle aussi lancé un fonds en 2020 avec Northleaf à titre de ­sous-conseiller. Moins de 40 M$ d’actifs ont été récoltés dans cette stratégie.

On peut se demander si ces deux sociétés canadiennes bien établies et disposant de relations solides et durables avec le marché de détail canadien s’attendaient à recueillir aussi peu d’actifs dans une catégorie pourtant en croissance.

L’attrait de ces stratégies pour le marché de détail passe ­peut-être par une combinaison de fournisseurs externes mondiaux réputés et d’un manufacturier canadien tout aussi fiable. Il semble que c’est le pari que fait ­BMO ­Gestion mondiale d’actifs avec ­Partners ­Group, le plus récent lancement à voir le jour. Voyons où cela nous mènera.

Vincent Grenier-Cliche est gestionnaire de portefeuille, CIM.

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Les défis de l’indépendance https://www.finance-investissement.com/dossiers_/etudes-et-sondages/les-defis-de-l-independance/ Wed, 01 Nov 2017 00:00:00 +0000 https://stg-avatar.finance-investissement.com/uncategorized/les-defis-de-lindependance/ Les manufacturiers indépendants de fonds communs de placement (FCP) n'ont pas la vie facile. L'arène de la commercialisation est sans pitié. Les petits comme les gros marchent sur la corde raide de la rentabilité et des attentes des actionnaires.Illustration de la difficulté des petits manufacturiers à s'imposer, les Fonds O'Leary du coloré Kevin O'Leary ont rendu les armes après huit ans d'existence. Canoe Financial s'en est emparée en 2016. Du coup, ce manufacturier de Calgary a gonflé son actif sous gestion (ASG) de 800 M$, le faisant passer à quelque 4,3 G$.

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En ce qui concerne les plus gros, une onde de choc a secoué l’industrie lorsque la Financière CI a annoncé l’achat de Sentry Investissements. Quinzième plus important manufacturier de FCP, Sentry avait réussi une percée brillante et enviable auprès des plateformes de distribution de Financière Sun Life et de BMO Assurance. Ses succès avaient contribué à l’expansion fulgurante de l’ASG de Sentry, qui est passé de 5,7 G$ en 2011 à 18,2 G$ en 2016.

Selon l’analyste Scott Chan, de Canaccord Genuity, cette transaction pourrait donner le signal d’un «mouvement de consolidation» dans l’industrie des FCP.

En revanche, même s’il y avait consolidation, les manufacturiers indépendants ne sont pas menacés de disparition.

«Il y aura toujours de la place pour les manufacturiers indépendants. Plusieurs conseillers préfèrent acheter auprès d’indépendants plutôt qu’auprès d’institutions bancaires. Cependant, je crois que pour réussir, il faut atteindre une certaine taille afin de bénéficier d’économies d’échelle», indique Stephen Boland, analyste chez GMP Securities.

Atteindre un volume de ventes suffisamment élevé est l’un des principaux défis communs des indépendants. Les défis sont cependant multiples.

Voici les défis de quatre manufacturiers indépendants vus par cinq observateurs : le conseiller Michel-Olivier Marcoux (président de Gestion de Patrimoine ASF), les consultants Dan Hallett (vice-président et associé du HighView Financial Group) et Jean Morissette (ancien président de Services financiers Partenaires Cartier pour le Québec) ainsi que les analystes Scott Chan et Stephen Boland.

AGF : changer de cycle

Doyenne des manufacturiers indépendants de FCP avec soixante ans d’histoire, AGF a subi d’importantes sorties nettes depuis dix ans. À son sommet en 2007, son ASG total atteignait 56 G$. Dix ans plus tard, soit en septembre 2017, il était de 35,3 G$.

Mais peu à peu, la société colmate les brèches.

En septembre 2017, l’ASG en FCP s’établissait à 18,3 G $, comparativement à 17,8 G $ un an plus tôt. Cette augmentation de 2,8 % découle des conditions de marché favorables. Cependant, selon toute probabilité, AGF abordera prochainement la terre promise des ventes nettes positives.

«Les ventes nettes approchent du point d’équilibre auprès des clientèles individuelles et institutionnelles», observe Stephen Boland.

Selon l’analyste de GMP Securities, le «cycle de sous- performance d’AGF est semblable à ceux qu’ont connu d’autres manufacturiers. Il faut du temps pour rectifier les choses».

Divers facteurs favorisent l’entrée prochaine de la société dans un nouveau cycle de ventes nettes positives. La direction a reconstruit ses équipes de gestionnaires. Elle a sensiblement élargi sa palette de fonds alternatifs. Sa stratégie visant à rejoindre les bien nantis remporte du succès : l’actif géré par la gestion privée a progressé d’environ 8 % par an, soit une croissance de 52,4 % au cours des cinq dernières années. Finalement, la société a lancé en janvier sa propre gamme de fonds négociés en Bourse.

Cela étant dit, AGF doit rebâtir une partie de son capital de réputation.

«Selon moi, le principal défi d’AGF consiste à regagner la confiance des conseillers qui l’ont délaissée au cours des dernières années», estime Michel-Olivier Marcoux. Ce jeune entrepreneur de 28 ans confie «qu’aucun représentant d’AGF» ne l’a contacté depuis ses débuts dans l’industrie en 2009. «La chose est rare, puisque je rencontre régulièrement des représentants d’autres firmes, y compris certaines avec lesquelles je ne fais pas affaire», précise-t-il.

CI : le défi de la distribution

Même s’il est un géant des FCP, Placements CI doit renforcer sa structure de distribution, étant donné que Gestion de patrimoine Assante est le seul réseau qui lui appartienne.

D’après l’analyste Scott Chan, l’acquisition de Sentry Investissements renforce un canal de distribution peu exploité jusqu’ici par le manufacturier, à savoir les conseillers réglementés par l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM). «La plus grande partie de l’actif sous gestion de Sentry provient de ce canal de distribution. Et je crois que les relations des représentants [wholesalers] de Sentry dans ce canal de distribution sont particulièrement fortes», signale-t-il.

Dans l’immédiat, CI devra résoudre le problème des importants rachats nets de Sentry, qui ont atteint 1 G$ en 2016, selon l’estimation de Scott Chan.

La direction de la société considère que les bons classements de fonds constituent un argument clé pour accompagner sa stratégie de pénétration de marché. «Au 31 décembre 2016, plus de 60 % de l’actif sous gestion se trouvait dans les deux premiers quartiles pour une période de dix ans», indiquait la direction dans son dernier rapport annuel. Aux yeux de l’analyste Stephen Bolland, les performances supérieures à la moyenne du manufacturier mettent d’ailleurs la société en «position de force» sur le terrain des ventes.

Le conseiller Michel-Olivier Marcoux est un adepte convaincu de ces fonds – le manufacturier faisant partie de son Top 5. Il estime qu’au cours des prochaines années, CI devra «garder l’oeil ouvert sur les processus de succession des nombreux gestionnaires vedettes qui font sa marque de commerce».

FIERA : le défi de la vente au détail

La progression de Fiera se fera dans le secteur des stratégies alternatives, qui représente environ 5 % de son ASG.

Selon l’analyste Scott Chan, la direction de la société de gestion indépendante veut le faire doubler et passer à une proportion globale de 10 % en raison de meilleures marges bénéficiaires. Lors du premier semestre 2017, le secteur des marchés institutionnels a enregistré une forte hausse de 12,3 % de l’ASG. Les contributions nettes sont de 1,6 G$.

En revanche, la performance du secteur de détail appelé «marché des conseillers aux investisseurs» n’est pas aussi éclatante. Ainsi, lors des six premiers mois de l’année, les contributions nettes sont négatives à 531 M$.

Dan Hallett se demande si la présence de Fiera dans le secteur des FCP ne serait pas un effet indirect et accidentel de l’acquisition de Sceptre en 2010. «Si ma mémoire est fidèle, cette transaction avait permis d’élargir la base d’actif de Fiera dans les marchés institutionnels canadiens. La composante de fonds de détail de Sceptre était moins significative», avance-t-il.

Intégrés à Fiera, les FCP de Sceptre sont devenus les pièces maîtresses de la société sur l’échiquier de l’épargne collective canadienne.

Toutefois, ont-ils été négligés ? Selon Jean Morissette, les succès de Fiera auprès des clientèles institutionnelles et de gestion privée ont porté ombrage aux activités de détail. «J’aurais tendance à penser que la croissance très rapide de l’organisation dans les secteurs d’activité marchés institutionnels et gestion privée a fait en sorte que le secteur des produits de détail n’a pas encore été priorisé», évoque-t-il.

Chose certaine, les portes de la distribution ne s’ouvrent pas d’emblée, même pour un gestionnaire aussi prestigieux que Fiera. En témoigne sa situation auprès de la Banque Nationale, pourtant actionnaire minoritaire de la firme. «Fiera peut perdre des mandats auprès de la Banque Nationale. En raison de l’architecture ouverte de sa plateforme de distribution, la banque ne veut pas dépendre d’un manufacturier en particulier», dit Scott Chan.

Sprott : le défi de la spécialisation

De manufacturier généraliste aux bons résultats, Sprott s’est redéfinie comme spécialiste des métaux précieux et des ressources naturelles.

Il faut dire que les dernières années ont été mouvementées. En avril dernier, la société s’est départie de son secteur d’actifs diversifiés canadiens. Avec un ASG d’environ 3 G$, ce secteur était notamment composé de FCP destinés aux investisseurs canadiens. Mais depuis quelques années, ses résultats étaient écrits à l’encre rouge. En 2016, les sorties nettes avaient atteint 126 M$.

La société s’est principalement recentrée sur les métaux précieux et les ressources naturelles. La direction affirme que ces domaines sont peu corrélés aux marchés traditionnels.

Jean Morissette évoque la possibilité que cette stratégie permette au manufacturier indépendant de briller de nouveau. «Compte tenu des barrières à l’entrée comme les coûts, la concurrence et l’absence de réseau de distribution exclusif, la spécialisation par niches est une façon rationnelle de faire sa place lorsqu’on est un petit acteur. Et l’une des seules», estime-t-il.

Stephen Boland partage son point de vue. «Je pense que Sprott a réalisé qu’elle n’avait pas la taille suffisante pour s’imposer dans les marchés de détail. La direction a choisi des secteurs qui pourraient lui être bénéfiques», affirme-t-il.

Ce n’est pas l’avis de tous. «Je ne suis pas certain que cette nouvelle mouture de Sprott conviendra aux investisseurs. Les métaux précieux sont volatils, les dépenses en capital sont élevées et ces entreprises peuvent facilement faire mauvais usage des excédents de trésorerie», soutient de son côté Dan Hallett.

Il faudra peut-être du temps pour effacer les récents déboires dans l’esprit des conseillers.

«J’ai un peu perdu confiance en Sprott. Dans le monde des investissements, il est toujours difficile de retrouver une confiance ainsi mise à l’épreuve», souligne Michel-Olivier Marcoux.

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