ESG – Finance et Investissement https://www.finance-investissement.com Source de nouvelles du Canada pour les professionnels financiers Mon, 28 Apr 2025 11:06:27 +0000 fr-CA hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.9.3 https://www.finance-investissement.com/wp-content/uploads/sites/2/2018/02/cropped-fav-icon-fi-1-32x32.png ESG – Finance et Investissement https://www.finance-investissement.com 32 32 Diversification des marchés https://www.finance-investissement.com/fi-releve/strategie-daffaires/diversification-des-marches/ Mon, 28 Apr 2025 11:06:27 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=106317 OPINION — Orienter la diversification par une démarche axée sur le développement durable.

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Dans un contexte économique mondial en constante mutation, les entreprises canadiennes font face à des défis croissants qui les incitent à repenser leurs stratégies commerciales.

Depuis des décennies, le Canada entretient une relation économique étroite avec les États-Unis, son principal partenaire commercial. Si cette proximité a permis de stimuler les échanges et de consolider des liens économiques solides, elle expose également les entreprises canadiennes à des risques importants liés à la dépendance excessive envers un seul marché. Parallèlement, l’émergence de nouvelles priorités mondiales, notamment en matière de développement durable (DD), redéfinit les attentes des consommateurs, des investisseurs et des gouvernements. Dans ce contexte, la diversification des marchés apparaît comme une solution stratégique incontournable, mais elle doit être envisagée à travers le prisme du développement durable pour garantir une croissance responsable et pérenne.

Le poids de la dépendance économique

Une relation historique aux multiples facettes

Les États-Unis sont depuis longtemps le principal partenaire commercial du Canada. En 2022, environ 75 % des exportations canadiennes étaient destinées au marché américain, ce qui reflète une interdépendance économique profondément ancrée. Cette relation repose sur plusieurs facteurs : la proximité géographique, des infrastructures commerciales bien développées, une langue commune pour la majorité des Canadiens et des Américains, ainsi que des accords commerciaux favorables tels que l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM).

Cependant, nous sommes à même de constater que cette forte dépendance comporte aussi son lot de vulnérabilités.

Les fluctuations économiques américaines, comme celles observées lors de la crise financière de 2008, peuvent entraîner des répercussions directes sur l’économie canadienne. De plus, les tensions commerciales actuelles, combinées à des politiques protectionnistes telles que l’« America First », augmentent les risques pour les entreprises canadiennes. Enfin, les changements dans les priorités politiques américaines créent des incertitudes pour les exportateurs canadiens.

Une pression accrue pour diversifier

Face à ces défis, de nombreuses entreprises canadiennes reconnaissent la nécessité de diversifier leurs marchés afin de réduire leur dépendance. Cette diversification ne consiste pas seulement à identifier de nouveaux débouchés commerciaux ; elle implique également d’intégrer des stratégies qui tiennent compte des dynamiques mondiales actuelles, notamment en matière de durabilité. Par exemple, cibler des marchés comme l’Union européenne ou l’Asie-Pacifique peut offrir des occasions intéressantes, mais cela nécessite une adaptation aux exigences locales en matière de réglementation environnementale, économique et sociale.

Le rôle clé du développement durable dans la diversification des marchés

Une nouvelle réalité commerciale mondiale

Le développement durable est devenu une priorité mondiale qui influence profondément les relations commerciales et les attentes des parties prenantes. Les consommateurs exigent de plus en plus des produits et services respectueux de l’environnement, socialement responsables et porteurs économiquement. Les investisseurs intègrent également des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leurs décisions financières. Enfin, les gouvernements adoptent des politiques et des réglementations visant à promouvoir une croissance durable.

Dans ce contexte, les entreprises qui intègrent le développement durable dans leur stratégie ont un avantage concurrentiel qui se démarque. Elles peuvent non seulement répondre aux attentes croissantes des consommateurs et des investisseurs, mais également se conformer plus facilement aux exigences réglementaires sur les marchés internationaux. Par exemple, l’Union européenne (UE) impose désormais des normes strictes en matière de durabilité, telles que celles définies dans le Pacte vert pour l’Europe (Green Deal), qui vise à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

Le développement durable comme levier stratégique

Pour les entreprises canadiennes cherchant à diversifier leurs marchés, le développement durable peut servir de levier stratégique à plusieurs niveaux :

  • Conformité réglementaire : En intégrant des pratiques durables dès le départ, les entreprises peuvent se conformer plus facilement aux réglementations environnementales et sociales sur les nouveaux marchés. Cela est particulièrement pertinent dans des régions comme l’UE ou certains pays asiatiques où les normes ESG sont strictes.
  • Réduction des risques : Les pratiques durables permettent aux entreprises de minimiser leurs risques environnementaux et sociaux, ce qui est essentiel pour opérer dans des environnements complexes et diversifiés.
  • Renforcement de la réputation : Les entreprises qui adoptent une approche proactive en matière de durabilité renforcent leur image auprès des consommateurs et des investisseurs, ce qui peut faciliter leur entrée sur de nouveaux marchés.
  • Innovation et compétitivité : L’intégration du développement durable encourage l’innovation dans les processus, les produits et les modèles d’affaires, ce qui peut aider les entreprises à se différencier sur les marchés internationaux.

Les étapes essentielles pour une diversification responsable

Pour réussir une diversification des marchés tout en intégrant le développement durable comme pilier stratégique, il est crucial d’adopter une approche structurée et rigoureuse. Voici les étapes clés à suivre :

  • Identifier les priorités stratégiques (Interne)

Pour intégrer efficacement le développement durable dans leur stratégie de diversification des marchés, les entreprises doivent d’abord identifier leurs priorités stratégiques. Cela implique une analyse approfondie de leur chaîne de valeur pour déterminer où se situent leurs principaux impacts environnementaux et sociaux. Par exemple, une entreprise manufacturière pourrait se concentrer sur la réduction de ses émissions industrielles, tandis qu’une entreprise agroalimentaire pourrait mettre l’accent sur des pratiques agricoles durables.

  • Réaliser une analyse approfondie (externe)

Avant de s’engager sur un nouveau marché, il est essentiel d’effectuer une analyse détaillée des occasions et des risques. Cela inclut une évaluation des exigences réglementaires locales en matière de durabilité, une analyse des attentes des consommateurs et une compréhension des dynamiques concurrentielles.

  • Intégrer le développement durable dans la stratégie

Le développement durable ne doit pas être considéré comme un simple ajout à la stratégie commerciale existante ; il doit en être un élément central. Cela implique d’adopter une vision à long terme qui intègre des objectifs environnementaux, économiques et sociaux clairs.

  • Collaborer avec les parties prenantes

L’engagement avec les parties prenantes est essentiel pour garantir que les initiatives de développement durable répondent aux attentes des consommateurs, des investisseurs et des communautés locales. Cela peut inclure des consultations avec les clients pour comprendre leurs préférences en matière de durabilité ou des partenariats avec des organisations non gouvernementales pour développer des projets communautaires.

  • Mesurer et communiquer les résultats

Une fois que les initiatives de développement durable sont mises en œuvre, il est crucial de mesurer leurs résultats et de communiquer ces progrès de manière transparente. Cela peut inclure la publication de rapports ESG ou la certification par des organismes tiers pour garantir la crédibilité. Une communication efficace permet non seulement d’attirer des clients sensibles aux questions environnementales, mais aussi de renforcer la confiance des investisseurs.

Les défis à relever

Coûts initiaux élevés

L’intégration du développement durable dans une stratégie commerciale peut entraîner des coûts initiaux élevés, notamment pour adopter de nouvelles technologies ou se conformer à des réglementations strictes. Cependant, ces investissements peuvent générer des rendements importants à long terme grâce à une meilleure efficacité opérationnelle et une réduction des risques.

Complexité réglementaire

Les exigences réglementaires varient considérablement d’un marché à l’autre, ce qui peut compliquer la mise en œuvre d’une stratégie cohérente. Par exemple, alors que l’UE impose des normes strictes en matière d’emballage durable, d’autres marchés peuvent avoir des priorités différentes.

Résistance au changement

Enfin, certaines entreprises peuvent rencontrer une résistance interne au changement, notamment si elles perçoivent le développement durable comme un coût plutôt qu’une opportunité. Il est donc essentiel d’éduquer et d’impliquer les employés à tous les niveaux pour garantir le succès de ces initiatives.

Conclusion : Une opportunité stratégique incontournable

Dans un monde où les attentes sociétales évoluent rapidement et où les risques économiques se multiplient, il est clair que la diversification des marchés est devenue une nécessité stratégique pour les entreprises canadiennes. Cependant, cette diversification ne peut être réalisée efficacement sans tenir compte du développement durable comme outil préliminaire. En intégrant le DD dans leurs démarches commerciales, les entreprises peuvent non seulement accéder à de nouveaux marchés plus résilients et attractifs, mais aussi renforcer leur compétitivité sur le long terme.

Le développement durable ne doit pas être vu comme une contrainte supplémentaire, mais comme un levier stratégique permettant d’aligner performance économique et responsabilité sociale. En adoptant une approche sérieuse et structurée, les entreprises canadiennes ont l’occasion de réduire leur dépendance envers les États-Unis tout en jouant un rôle actif dans la transition vers une économie mondiale plus verte et équitable.

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Changement climatique : le projet de divulgation mis sur pause par les ACVM https://www.finance-investissement.com/nouvelles/actualites/changement-climatique-le-projet-de-divulgation-mis-sur-pause-par-les-acvm/ Thu, 24 Apr 2025 10:00:33 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=106924 En raison de l’incertitude géopolitique mondiale.

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Les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) ont annoncé mercredi la suspension de leurs travaux visant l’élaboration d’un nouveau règlement sur la communication obligatoire d’information liée au changement climatique et les modifications des obligations d’information sur la diversité existantes.

Les ACVM évoquent la nécessité d’appuyer les marchés et les émetteurs canadiens dans leurs efforts d’adaptation face aux événements récents survenus aux États-Unis et à l’échelle mondiale, pour justifier cette décision.

« Ces derniers mois, l’ordre économique et géopolitique mondial a connu des bouleversements rapides et majeurs qui se traduisent par une incertitude accrue et des préoccupations grandissantes au chapitre de la concurrence pour les émetteurs canadiens », a indiqué Stan Magidson, président des ACVM et président-directeur général de l’Alberta Securities Commission dans un communiqué.

« Pour y réagir efficacement, les ACVM misent sur des initiatives destinées à améliorer la compétitivité, l’efficience et la résilience des marchés canadiens », a-t-il ajouté.

Le 17 avril dernier, Stan Magidson a par exemple annoncé de nouvelles mesures de soutien pour les participants au marché qui choisissent de s’y introduire en bourse, ou de maintenir leur inscription à la cote.

Une nouvelle décision générale visant diverses obligations d’information et relatives au prospectus a été annoncée. Elle vise à alléger le fardeau réglementaire et à apporter de la souplesse aux sociétés qui sont actuellement émetteurs assujettis ou qui choisissent d’effectuer un premier appel public à l’épargne (PAPE) au Canada. En réponse aux commentaires de parties prenantes, cette décision élargit à l’ensemble des sociétés la dispense actuelle de l’obligation de fournir les états financiers audités du troisième exercice terminé à l’occasion d’un PAPE et de certaines autres opérations. En outre, une deuxième décision générale octroie une dispense de prospectus aux sociétés qui procéderont à un PAPE faisant intervenir un placeur, ou qui l’ont fait récemment, afin de leur accorder davantage de latitude pour réunir du capital supplémentaire après le PAPE, pourvu que certaines conditions soient réunies.

Selon les ACVM, les risques liés au changement climatique sont un enjeu courant du monde des affaires, et la législation en valeurs mobilières exige déjà des émetteurs qu’ils fournissent de l’information sur les risques importants liés au changement climatique qui touchent leur entreprise, comme ils sont tenus de le faire pour d’autres types d’information importante.

Le Conseil canadien des normes d’information sur la durabilité (CCNID) a publié en décembre 2024 ses premières normes sur la durabilité, qui concordent de façon générale avec celles de l’International Sustainability Standards Board, évoquent les ACVM. Selon elles, les normes du CCNID offrent un cadre utile de communication volontaire d’information concernant la durabilité et le changement climatique auquel les émetteurs sont invités à se reporter pour établir l’information à présenter.

En ce qui a trait aux renseignements sur la diversité, les émetteurs non émergents seront toujours tenus de fournir de l’information relative à la représentation féminine à leur conseil et à la haute direction conformément aux obligations actuelles prévues par le Règlement 58-101 sur l’information concernant les pratiques en matière de gouvernance.

Les ACVM entendent suivre l’évolution de la réglementation entourant la communication d’information sur le changement climatique et la diversité tant au pays qu’à l’international, et elles prévoient de revenir sur les deux projets s’y rapportant au cours des prochaines années afin de mettre la dernière main aux obligations visant les émetteurs. Ceux-ci seront avisés en temps opportun de tout changement relativement à ces projets.

Les ACVM continueront en outre de surveiller les pratiques des émetteurs en matière de communication d’information et de s’attaquer à la question de l’information trompeuse, dont l’écoblanchiment.

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Politique réglementaire : l’OCDE appelle à une réforme fondée sur les données et l’inclusion https://www.finance-investissement.com/nouvelles/actualites/politique-reglementaire-locde-appelle-a-une-reforme-fondee-sur-les-donnees-et-linclusion/ Wed, 23 Apr 2025 11:15:04 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=106763 Elle presse les gouvernements de moderniser leurs cadres pour une économie durable.

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Dans la quatrième édition de sa publication phare Perspectives sur la politique de la réglementation 2025, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) appelle à une régulation plus ciblée, plus inclusive et fondée sur les données.

Face à un contexte économique tendu, marqué par les transitions numérique et écologique, la fragmentation géopolitique et l’érosion de la confiance publique, les réglementations ne peuvent plus se contenter d’un statu quo, soutient l’OCDE. Elle lance ainsi un appel pressant à ses États membres pour qu’ils réforment en profondeur leurs cadres réglementaires afin de soutenir la croissance, renforcer la confiance des citoyens et anticiper les risques futurs.

« Les gouvernements doivent veiller à ce que les cadres réglementaires soient adaptables, efficaces et proportionnés aux objectifs politiques sous-jacents », soutient Mathias Cormann, secrétaire général de l’OCDE. Il s’agit de recentrer les efforts sur les résultats tangibles, tout en allégeant les charges administratives inutiles.

Une régulation au service des citoyens et de la planète
Le rapport identifie plusieurs leviers d’action. Premièrement, il insiste sur la nécessité de mieux associer les citoyens et parties prenantes aux processus normatifs. Si 75 % des pays de l’OCDE imposent désormais des périodes minimales de consultation, seuls 33 % assurent un retour d’information aux participants. Ce manque de réciprocité nuit à l’engagement et à la légitimité des décisions prises.

En matière environnementale, le constat est plus préoccupant : seuls 21 % des pays membres évaluent systématiquement leurs réglementations sous l’angle de leur impact écologique global. L’OCDE appelle donc à des réformes intégrées, combinant rationalisation des règles, évaluation fondée sur les risques et priorisation des menaces environnementales majeures.

Rendre les cadres réglementaires plus agiles
L’OCDE souligne également l’importance d’une régulation anticipative. Dans un monde où l’innovation (intelligence artificielle, technologies quantiques, IoT ou Internet des objets) évolue plus vite que les lois, les administrations doivent renforcer leurs capacités de veille stratégique et de prospective. Cela suppose l’investissement dans les compétences, la numérisation des processus et la coopération interinstitutionnelle.

La multiplication de réglementations obsolètes ou redondantes freine le développement économique et l’innovation. Pour y remédier, l’OCDE recommande de renforcer le recours à l’analyse d’impact ainsi qu’à l’évaluation ex post, afin de vérifier que les cadres réglementaires atteignent effectivement leurs objectifs.

La finance au cœur des réformes attendues
Pour les professionnels de la finance, cette évolution du cadre réglementaire représente un double enjeu. D’un côté, des processus plus clairs, mieux coordonnés et basés sur des critères de risque peuvent réduire les incertitudes et les coûts de conformité. De l’autre, la montée en puissance des exigences ESG (environnement, société, gouvernance) et de l’analyse d’impact pousse à revoir les modèles d’affaires, les produits offerts et les dispositifs de reporting.

L’OCDE préconise une meilleure articulation entre performance réglementaire et résultats économiques, sociaux et environnementaux. Cela passe notamment par une coordination accrue entre autorités sectorielles, la standardisation des outils d’évaluation et la collecte systématique de données probantes.

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L’investissement responsable à la croisée des chemins https://www.finance-investissement.com/nouvelles/economie-et-recherche/linvestissement-responsable-a-la-croisee-des-chemins/ Tue, 22 Apr 2025 10:22:57 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=106802 Bousculé par la politique, la réglementation et la mobilisation des investisseurs, l’ESG fait face à des vents contraires, sans pour autant perdre sa pertinence.

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Après avoir suscité l’enthousiasme des entreprises, des gestionnaires de fonds d’investissement et des investisseurs particuliers et institutionnels pendant de nombreuses années, l’investissement responsable (IR) est maintenant confronté à un mouvement de recul. Des considérations économiques et politiques, de même que des contraintes réglementaires, figurent en bonne place dans la liste des enjeux qui entraînent la perte de popularité de cette approche.

« Ce qui inquiète beaucoup de gens, ce sont les nombreux vents contraires qui affectent les enjeux de durabilité, de climat, et même, des questions plus larges telles que la diversité, l’équité et l’inclusion, comme on le voit aux États-Unis », signale Rosalie Vendette, directrice chez Quinn + Parker, une experte en matière de finance durable avec plus de 20 ans d’expérience.

C’est un phénomène qui touche d’ailleurs particulièrement les États-Unis, où il prend largement sa source, indique l’experte. Un mouvement qui s’est amplifié « depuis les élections et l’arrivée en poste du gouvernement américain actuel, mais qui avait démarré bien avant », continue-t-elle.

En effet, si l’élection de Donald Trump et la signature de différents décrets présidentiels — notamment ceux déclarant illégaux les programmes et politiques d’équité, diversité et inclusion (EDI) au sein de l’État fédéral, où encore actant le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat — ont alimenté le sentiment anti-ESG (Environnement, Social et Gouvernance) observé aux États-Unis et à travers le monde, des lois contre les facteurs ESG ont été adoptées dans 17 États américains dès 2023, rapporte Valeurs mobilières TD.

La même année, l’État du Tennessee a même intenté une action en justice contre la société de gestion de placements BlackRock sous prétexte qu’elle « utilise des stratégies agressives pour pousser des objectifs ESG controversés dans les actifs qu’elle gère », selon l’acte légal. Un règlement dont les termes n’ont pas été divulgués est survenu en décembre 2025 pour mettre fin à ce conflit judiciaire.

Des conséquences inquiétantes

Non seulement de telles actions sont inquiétantes, mais les conséquences qu’elles entraînent sont aussi très préoccupantes, estime Rosalie Vendette. Par exemple, le nombre de propositions d’actionnaires consacrées à la promotion de thèmes ESG soumis pour débat cette année en assemblée d’actionnaires « a chuté grandement », affirme-t-elle. « C’est inquiétant, car ce sont des occasions importantes de débattre de sujets, et d’aller chercher l’appui et l’opinion d’actionnaires pour faire évoluer des enjeux touchant la divulgation, par exemple, ou d’adopter des mesures ou des stratégies », déplore l’experte.

« Les dépôts de propositions d’actionnaires ESG des membres de l’ICCR sont à leur plus bas niveau depuis 10 ans », titrait effectivement Responsible Investor, le 25 mars dernier, au sujet des activités d’Interfaith Center for Corporate Responsibility (ICCR), une association américaine créée en 1971 et composée de plus de 300 organisations, qui se consacre à déposer des résolutions d’actionnaires sur des questions portant notamment sur le changement climatique, les droits de la personne, la gouvernance d’entreprise, les pratiques financières et d’autres préoccupations sociales et environnementales.

Une étude du Harvard Law School Forum on Corporate Governance montre même que les propositions promouvant le courant anti-ESG représentaient environ 11 % de toutes les propositions déposées en juin 2024 aux États-Unis, contre environ 2 % entre 2014 et 2021.

Autre conséquence découlant du sentiment anti-ESG : le retrait de plusieurs organisations, comme des banques, des investisseurs institutionnels et des assureurs, d’associations engagées envers la décarbonisation.

En 2024, par exemple, Invesco, JP Morgan, Mellon Investment et State Street, notamment, se sont retirées de Climate Action 100+, une coalition de plus de 700 investisseurs institutionnels luttant contre les changements climatiques. En 2025, ce mouvement fut suivi par le retrait de plusieurs banques nord-américaines de la Net Zero Banking Alliance (NZBA), un regroupement soutenu par le Programme des Nations Unies pour l’environnement, dont Bank of America, Citigroup, Goldman Sachs, Morgan Stanley et Wells Fargo.

Un intérêt encore bien présent

En contrepartie, plusieurs grands investisseurs, des détenteurs et des gestionnaires d’actifs, continuent de prendre position publiquement pour que soient maintenus les engagements visant l’atteinte de cibles permettant la transition et l’adaptation aux changements climatiques.

« La crise climatique continue de s’accélérer et les fondamentaux, les raisons pour lesquelles on veut s’attarder aux questions climatiques, par exemple pour des raisons de risques et de création de valeur, n’ont pas changé. Malgré tout ce qui se passe, nous, experts, observateurs de la situation et participants au marché, sommes aussi très réconfortés de voir, à travers le monde, des investisseurs qui vont très loin en disant à leur gestionnaire de portefeuille : “Vu que vous vous êtes retirés de vos engagements ESG, on retire nos billes et on s’en va ailleurs”. Nous avons vu des gestes de ce genre être posés à l’international », affirme Rosalie Vendette.

L’experte cite le cas de People’s Pension, un fonds de pension du Royaume-Uni qui a choisi de retirer 28 milliards de livres sterling (35,3 milliards de dollars (G$) d’actifs du mandat de son gestionnaire, State Street, après qu’il eut modifié ses politiques touchant l’investissement responsable et la durabilité. Ces actifs ont été transférés à Amundi et Invesco en mars dernier, ne laissant que 5 milliards de livres sterling (6,3 G$) au mandat du gestionnaire américain.

Un mouvement qui ne date pas d’hier

Il convient de rappeler que l’adoption de l’investissement socialement responsable par le secteur financier, de même que la mise en place de filtres éthiques destinés à identifier et éventuellement exclure des portefeuilles certaines activités ou entreprises, ne date pas d’hier. Dans les années 1980, on a vu émerger « des campagnes de désinvestissement contre les entreprises qui exerçaient leurs activités en Afrique du Sud pendant l’apartheid », écrit Tom Krantz dans son blogue.

Ainsi, bien que l’adoption de l’approche d’IR a connu une impulsion à compter de 2006 avec le lancement par les Nations Unies des Principes pour l’investissement responsable (PRI), et qu’elle s’est démocratisée plus largement après 2016, à la suite de la ratification de l’Accord de Paris sur le climat, c’est en 1971, soit il y a plus de 50 ans, que le premier fonds commun d’investissement durable américain a été lancé par Pax World Management. La première émission d’une obligation « verte » remonte quant à elle à 2008, à l’initiative de la Banque mondiale.

Les PRI comptent aujourd’hui 5 372 signataires, dont 740 sont des investisseurs institutionnels, recense la mise à jour de septembre 2024.

Quant au taux d’adoption de l’ESG par les investisseurs professionnels, il est « stable malgré l’incertitude ambiante, et se maintient à un niveau historiquement élevé au niveau mondial, en particulier en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique (EMEA) », rapporte l’étude sur l’investissement ESG menée par Capital Group en 2024.

« Au total, 90 % des investisseurs interrogés reconnaissent le rôle central des enjeux ESG en matière d’investissement, et intègrent déjà ou envisagent d’intégrer ces critères à leur approche d’investissement. Les 10 % restants n’ont pas adopté de pratiques d’investissement ESG : ils ne sont pas convaincus par ces enjeux, et ils n’utilisent pas et n’appliquent pas les critères ESG dans leur approche d’investissement, et ils ne prévoient pas de le faire », indique l’étude de Capital Group.

Plus près de nous

Au Canada, « la situation est un peu différente et certainement moins préoccupante qu’aux États-Unis », estime Rosalie Vendette, « bien qu’il y ait une contamination qui entraîne certains effets », convient-elle.

Ainsi, bien que cinq des plus grandes banques du pays, soit la BMO, la Banque Nationale, la Banque Scotia, la CIBC et le Groupe Banque TD aient emboîté le pas de leurs homologues américaines et aient quitté la Net-Zero Banking Alliance en janvier 2025, l’experte signale que pour la plupart, ces institutions ont indiqué qu’elles comptaient néanmoins maintenir leurs engagements. « Ce qui doit maintenant être fait, c’est de valider que ce soit bien le cas, que cette volonté ne reste pas juste au niveau des paroles, mais que ça se traduise en matière de divulgation, par exemple, et voir comment les dossiers vont progresser », ajoute-t-elle.

Les données contenues dans le plus récent Rapport de tendances de l’investissement responsable canadien (2024) publié par l’Association pour l’investissement responsable (AIR) sont un autre signal positif selon lequel les considérations pour les facteurs ESG sont généralement bien implantées au Canada, selon Rosalie Vendette. Ces données indiquent en effet que la part de marché des actifs sous gestion issus de l’IR au Canada représente 71 % du total des actifs sous gestion, soit près de 4,5 billions de dollars.

« L’investissement responsable n’est plus une niche ; il est devenu une attente standard au sein de la communauté des investisseurs canadiens », a commenté Fate Saghir, vice-présidente principale et cheffe du développement durable, du marketing et de l’expérience client, Placements Mackenzie, lors de la publication du rapport.

Le Canada a d’ailleurs été relativement actif en matière de réglementation liée à la gestion des risques climatiques dans les dernières années. Le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) a ainsi publié à la fin de l’exercice 2023, la ligne directrice B-15, Gestion des risques climatiques, mise à jour en 2024, puis en 2025. Elle énonce les attentes du BSIF envers les banques d’importance systémique intérieure et les groupes d’assurance actifs à l’échelle internationale dont le siège social est établi au Canada en matière de communication d’informations financières en lien avec les changements climatiques.

De même, le projet de loi C-59, qui a reçu la sanction royale le 20 juin 2024, est venu modifier la Loi sur la concurrence élargissant la définition des « pratiques commerciales trompeuses » pour y inclure les fausses représentations en matière d’environnement.

L’adoption de ce projet de loi a entraîné le retrait de beaucoup d’informations sur la durabilité dans les sites Web de plusieurs entreprises. Il ne s’agit que d’un repositionnement, croit Rosalie Vendette. « Il était beaucoup question d’écoblanchiment et C-59 a précipité les entreprises dans une situation d’incertitude. L’adoption de la loi a amené beaucoup de prudence par rapport aux communications, notamment en raison des pénalités financières qui peuvent être extrêmement élevées », signale Rosalie Vendette.

« Dans le cas des entreprises qui sont vraiment engagées en matière climatique, il n’y a pas d’enjeu, elles doivent seulement s’assurer que les informations diffusées sont bien étayées. Dans le cas des entreprises qui faisaient des affirmations sans substance, on espère qu’elles sont en train de préparer des données solides pour soutenir leurs affirmations », dit l’experte.

Des élections qui pourraient changer la donne

Le résultat des élections fédérales prévues le 28 avril prochain a toutefois « le potentiel d’affecter le cours du développement de la finance durable au Canada », affirme Rosalie Vendette. L’experte craint que le résultat de cette élection se traduise par un « désintérêt ou un relâchement » en matière de politiques et de réglementations liées à l’IR.

Dans son Énoncé économique de l’automne de 2023 et dans le budget de 2024, le gouvernement du Canada s’est engagé à élaborer une taxonomie de la finance durable qui définit les investissements « verts » et « de transition ». La mise en œuvre de ces lignes directrices, qui devait mener à la « présentation obligatoire d’informations financières liées au climat pour les grandes sociétés privées constituées sous le régime fédéral », a été mise sur pause avec la prorogation du Parlement en janvier dernier et son avenir est incertain.

« Si jamais, à la suite des élections, on voyait un relâchement vis-à-vis de cette volonté, le secteur privé devrait reprendre la balle au bond et continuer le travail, avance Rosalie Vendette. Pour les entreprises, pour leur propre divulgation, ça demeure bénéfique d’adopter ça. »

Elle estime qu’il reviendrait alors aux différentes parties prenantes, aux différents clients et bénéficiaires à maintenir le cap, à rester vigilant et à continuer d’exiger de la transparence. « Parce que, quand les dossiers ne sont pas réglementés, qu’il n’y a pas d’obligation réglementaire et qu’on est dans un régime un peu plus de comportements volontaires, il faut continuer à maintenir la pression », affirme l’experte.

Le rôle du conseiller

Les professionnels de l’industrie, comme les conseillers et les planificateurs financiers ont également un rôle à jouer pour faire progresser les choses, selon elle.

Le Sondage d’opinion des investisseurs 2025 de l’AIR, montre d’ailleurs que 76 % des répondants souhaitent que leur conseiller ou leur institution financière « soit tenu de leur poser des questions spécifiques sur les considérations relatives à l’investissement responsable (IR) qui correspondent à leurs valeurs personnelles dans le cadre du processus de connaissance du client. »

De même, 88 % des sondés estiment que les conseillers sont des sources d’information importantes pour prendre des décisions d’investissement liées à l’IR.

Les conseillers doivent continuer de s’informer, de suivre la situation et garder le cap afin d’offrir de l’information factuelle, estime Rosalie Vendette. « Je ne suis pas certaine que je changerais le discours tant que ça, par rapport au bien-fondé, aux bonnes raisons d’utiliser l’investissement responsable. Ils doivent en fait simplement continuer d’expliquer à leurs clients les impacts de la crise climatique ».

« Il faut garder à l’esprit que la situation climatique demeure la même et que l’urgence d’agir ne changera pas parce qu’un gouvernement décide que ce n’est plus à l’ordre du jour », ajoute l’experte.

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Baisse de l’ESG dans les portefeuilles https://www.finance-investissement.com/nouvelles/economie-et-recherche/baisse-de-lesg-dans-les-portefeuilles/ Tue, 22 Apr 2025 10:17:44 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=106865 Le scepticisme mine l’adoption de l’ESG.

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L’appétit des conseillers à intégrer les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les portefeuilles de leurs clients a reculé en 2024. Derrière le clivage entre ceux qui croient avec ferveur à l’ESG et ceux qui s’en méfient se cachent des vents de face de ce secteur, y compris certaines craintes de sous-performance de ce type d’investissement.

Ainsi, l’intégration dans les portefeuilles des clients de l’investissement axé sur les facteurs ESG recule en 2024, après avoir connu un sommet en 2022, selon le Pointage des courtiers québécois et le Pointage des courtiers multidisciplinaires. En 2022, la part moyenne pondérée d’actif géré ciblant l’ESG se chiffrait à 34,9 % chez les conseillers en placements liés à des courtiers de plein exercice, alors qu’elle n’était que de 19,6 % en 2024. Chez les conseillers liés à des courtiers multidisciplinaires, cette proportion s’établissait à 14,2 % en 2023, à 13,5 % en 2022, et se chiffre à 8,9 % en 2024.

En 2024, les conseillers du secteur du plein exercice ayant un actif moyen par client parmi le Top 20 % de leur catégorie sont plus enclins à avoir une plus grande proportion de leur actif en ESG que leurs pairs. Chez les conseillers liés à des courtiers multidisciplinaires du Top 20 %, c’est le contraire qui s’observe, soit un revirement de tendance par rapport à 2023.

Nos sondages auprès des conseillers démontrent encore cette année que l’ESG polarise. Un segment de conseillers a adopté l’investissement ESG pour la quasi-totalité de leurs portefeuilles, alors que d’autres, parfois sceptiques, tournent le dos à l’ESG ou en ont une part minime.

En tout, 6,3 % des répondants affirment qu’au moins 80 % de leur actif géré est orienté vers des stratégies ESG.

À l’inverse, en 2024, 29 % des conseillers de plein exercice et 20 % des conseillers liés à des courtiers multidisciplinaires avaient 0 % de leur actif administré orienté vers l’ESG. En 2023, 29 % des premiers et 15 % des seconds n’avaient aucun actif orienté vers l’ESG par rapport à 15 % et 16,3 %, respectivement, en 2022 et 42 % et 34 % respectivement, en 2020. Cette tendance laisse croire qu’un segment de conseillers semble avoir tenté l’ESG ces dernières années avant de s’en détourner. L’intérêt vers l’ESG a décru, après un sommet en 2022.

« C’est très important et mes enfants vous le diront eux-mêmes », affirme un conseiller dont 100 % de son actif géré est axé vers l’ESG. « C’est important pour nous et nos clients », entonne un autre dont l’actif est orienté à 95 % vers l’ESG. « C’est quelque chose que mes plus jeunes clients demandent », ajoute un autre.

À l’autre bout du spectre, chez les conseillers « méfiants », on affirme que « la demande est plutôt basse ». La critique d’écoblanchiment revient souvent : « Beaucoup de tape-à-l’œil, de “greenwashing” encore », lance un conseiller dont la part ESG s’élève à 25 %. « Je ne crois pas vraiment aux ESG. C’est du marketing », ajoute un conseiller, dont l’actif ESG s’élève à 20 %.

Un conseiller en placement qui ne détient que 1 % d’ESG en portefeuille tranche : « Ce sont des mouvements de foule. Je ne touche pas à ça ; le 1 %, c’est pour les clients qui l’ont demandé. » Un autre représentant, qui ne détient aucun actif ESG, souligne un thème souvent relevé : « Les rendements sont souvent inférieurs », dit-il.

Natalie Bertrand, conseillère chez Services d’investissement Quadrus, rend compte de son expérience décevante avec l’ESG. Les rendements d’une cliente qui a investi dans un fonds distinct durable « sont négatifs depuis l’ouverture de son portefeuille en 2021. Elle a perdu quatre années (sans aucun rendement positif), mais c’était son choix. »

Plusieurs facteurs peuvent expliquer l’écart entre la performance des produits de type ESG et les fonds non ESG de la même catégorie, selon les périodes de comparaison. Dans le nombre figurent notamment les frais de gestion, la variété des stratégies d’investissement, les possibles concentrations sectorielles des fonds ESG.

Par exemple, l’indice ESG lié à la transition énergétique, le S&P Global Clean Energy Index qui a reculé de 66 % depuis son sommet de janvier 2021 et de 22 % depuis un an.

Pourtant, tous les fonds ESG ne sont pas en recul. Par exemple, le iShares ESG Aware MSCI Canada Index ETF (XESG) montre une croissance de 25 % depuis janvier 2021.

Jean Morissette, consultant dans le secteur du courtage de plein exercice, offre une perspective plus nuancée. « Les fonds qui battent les indices sont minoritaires et ce n’est pas différent pour les fonds ESG, dit-il. Certains ont des performances très comparables aux meilleurs fonds non ESG. Les trouver n’est pas un exercice différent de la recherche de fonds traditionnels performants ».

Le tiède engouement de certains conseillers à l’endroit de l’ESG pourrait-il être lié à un manque de temps, de ressources et de formation pour faire une bonne évaluation ESG de leurs portefeuilles ? C’est ce que mettait de l’avant Andrew Kriegler, président et chef de la direction de l’Organisme canadien de réglementation des investissements (OCRI) lors des Rendez-vous de l’Autorité des marchés financiers en février 2024.

Mary Hagerman, conseillère en placement et gestionnaire de portefeuille chez Raymond James, ne le croit pas, pas du côté des conseillers de plein exercice en tous cas. « De plus en plus de firmes en valeurs mobilières ont des ressources pour aider les conseillers à faire une sélection plus éclairée, dit-elle. Mais c’est un domaine où il y a toujours de la controverse. »

Dans le sondage, certains répondants se plaignent d’un manque de temps et de ressources, mais il s’agit dans une certaine mesure de « faux-fuyants », selon Jean Morissette. Quand un conseiller fait son choix de fonds traditionnels, il s’appuie sur une sélection qui lui est soumise par son courtier, explique-t-il. Il en est de même pour les fonds ESG : le conseiller n’a pas à faire une analyse spécifique, il lui suffit de se fier sur ce qui lui est proposé. Bien sûr, certaines firmes effectuent un travail plus soigné et exhaustif que d’autres, reconnaît le spécialiste, mais le travail d’analyse ne repose pas sur les épaules du conseiller individuel.

La progression de l’ESG est freinée à ce moment-ci, mais c’est temporaire, juge Jean Morissette. D’une part, ce qu’on a appelé la « politisation » du dossier ESG aux États-Unis a joué un rôle, rapportait un rapport de l’Association des marchés de valeurs et des investissements (AMVI, anciennement IFIC), les fonds communs et les FNB ESG ayant « enregistré (en 2024) des ventes nettes négatives malgré des ventes nettes positives pour les fonds communs de placement et les FNB ». Ce retrait tient en partie à une pression sociale neutralisée : « C’était bien d’avoir de l’ESG dans les portefeuilles », constate Jean Morissette, et cette pression sociale est présentement atténuée.

Cependant, l’ESG prépare un retour de balancier, juge Jean Morissette, car les préoccupations pour le climat ne vont pas s’estomper. « Dans notre industrie, les cycles durent de deux à cinq ans », dit-il. Ce retour prendra probablement une forme plus discrète, prévoit Mary Hagerman. « Je crois que l’ESG va continuer à évoluer et se répandre dans les outils de placement, mais il va entrer par la porte arrière, dit-elle. Ça va davantage évoluer en modifiant les noms et les étiquettes des fonds. Les principes fondamentaux vont continuer à évoluer et, surtout, ceux qui mènent à une meilleure performance seront adaptés dans la construction de produits et de portefeuilles sans les nommer “ESG” ».

La conseillère ne serait pas surprise que l’attrait pour l’ESG continue d’être plus prononcé auprès des clients plus fortunés, comme le montre notre sondage. L’intérêt soutenu pour l’ESG est lié « au fait d’avoir plus d’argent, ce qui permet de garder le cap plus longtemps, juge Mary Hagerman. On peut se permettre d’être plus patient pour respecter ses valeurs et penser qu’à plus long terme on va avoir raison », ajoute-t-elle.

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Retrait des banques de l’Alliance Net Zéro : une stratégie de recul ou de repositionnement ? https://www.finance-investissement.com/nouvelles/actualites/retrait-des-banques-de-lalliance-net-zero-une-strategie-de-recul-ou-de-repositionnement/ Tue, 22 Apr 2025 10:14:42 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=106835 Le contexte politique y est pour beaucoup.

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Au début de 2025, six grandes banques canadiennes — Banque de Montréal, Banque Nationale, CIBC, TD, Scotia et RBC — ont toutes quitté l’Alliance bancaire Net Zéro (NZBA), un regroupement soutenu par l’Organisation des Nations unies (ONU) visant à aligner les portefeuilles financiers sur les objectifs de carboneutralité d’ici 2050. Cette décision, qui fait suite à une vague similaire de retraits parmi les institutions américaines, soulève des interrogations quant à l’avenir de la finance durable au Canada.

On se rappelle que l’Alliance a été créée en avril 2021 sous l’impulsion de l’Initiative financière du Programme des Nations unies pour l’environnement. Elle fait partie de la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ), une coalition plus large regroupant différentes alliances financières engagées vers la neutralité carbone. Cette organisation était présidée jusqu’à récemment par Mark Carney, qui a démissionné pour endosser le rôle de premier ministre du Canada à la suite du départ de Justin Trudeau.

La NZBA a été créée pour aligner le secteur financier sur les objectifs climatiques de l’Accord de Paris, en accélérant la décarbonation de l’économie mondiale. Elle fournit aux banques un cadre international commun et des directives claires pour élaborer des stratégies crédibles de réduction des émissions, incluant des cibles intermédiaires à 2030. L’initiative vise aussi à responsabiliser les institutions financières en les incitant à aligner leurs portefeuilles sur des trajectoires net zéro et à publier leurs progrès de manière transparente, tout en favorisant la coopération et l’échange de bonnes pratiques à l’échelle mondiale.

Lancée avec 43 membres, l’Alliance avait rapidement gagné en influence, regroupant jusqu’à 140 banques en 2024, représentant 74 000 milliards de dollars (G$) d’actifs. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 128 (pour 47 000 G$ d’actifs).

Comment expliquer ce mouvement de repli ? Ces décisions s’inscrivent dans un contexte politique tendu, particulièrement aux États-Unis, où l’ESG (environnement, social et gouvernance) est devenu un sujet fortement polarisé. Pour l’administration de Donald Trump, ces alliances restreignent indûment le financement des énergies fossiles.

Des pressions juridiques pèsent également sur les membres de la NZBA, explique Jacques Deforges, directeur général de Finance Montréal. En effet, des États républicains, dont le Texas, ont menacé des institutions membres de la NZBA de poursuites pour pratiques anticoncurrentielles, accusant ces coalitions de constituer des cartels, ce qui serait illégal. Il a aussi été question de les exclure des marchés publics.

Selon Jacques Deforges, ce mouvement de retrait ne remet pas en cause les fondements mêmes de la finance durable. « La finance durable n’est pas une mode passagère, mais une transformation logique du système financier basée sur l’intégration des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance », affirme-t-il.

Il rappelle que ces pratiques répondent à une logique financière fondamentale : l’évaluation et la gestion des risques. « Tout conseil d’administration responsable devrait aujourd’hui se poser des questions sur trois types de risques majeurs : les risques géopolitiques, les risques liés à la cybersécurité et les risques environnementaux », précise-t-il.

Ces derniers prennent des formes très concrètes dans le monde des affaires : l’accès à l’eau pour les embouteilleurs, la navigabilité des cours d’eau pour le transport, la vulnérabilité des infrastructures face aux événements climatiques extrêmes… Autant de facteurs qui impactent directement la rentabilité et la pérennité des entreprises.

Ce recul n’est pas non plus un abandon des engagements climatiques des banques. « Les fondamentaux n’ont pas changé, soutient Jacques Deforges. Les grandes institutions continueront à publier leurs rapports de développement durable, à dialoguer avec leurs actionnaires et à intégrer les risques climatiques dans leurs modèles d’affaires. »

Bien qu’en retrait de la NZBA, les banques affirment maintenir leurs trajectoires vers la décarbonation. Aucune n’a voulu toutefois répondre à nos questions. Dans un communiqué, la Banque de Montréal a invoqué sa capacité à « faire cavalier seul », forte de ses « solides capacités internes à mettre en œuvre les normes internationales pertinentes ». Par écrit, un porte-parole de la Banque Scotia a réitéré la position déjà annoncée à savoir que la banque restait déterminée à mettre en œuvre son propre plan de transition climatique et à répondre aux exigences des organismes de réglementation du monde entier.

Du côté de la Banque Nationale, le président et chef de la direction, Laurent Ferreira a expliqué à la Presse canadienne que la décision de se retirer de la NZBA découlait avant tout du fardeau réglementaire croissant en matière de divulgation environnementale au Canada et en Europe, et non d’un désengagement climatique. Il a mentionné que l’institution concentrera désormais ses efforts sur le respect des exigences légales en matière de transparence et sur le soutien aux secteurs en transition. Selon lui, ce recentrage permettra à la Banque d’être plus rigoureuse dans ses actions environnementales.

Des investisseurs craignent toutefois que les institutions financières se désengagent de la lutte au réchauffement climatique. Derrière ce réalignement, un enjeu de fond persiste : concilier les objectifs climatiques avec les réalités commerciales, notamment le rôle central des banques dans le financement des énergies fossiles. Malgré leurs actions, les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. Selon un rapport d’Investors for Paris Compliance, quatre institutions canadiennes — Banque Toronto-Dominion, RBC, BMO et CIBC — figuraient encore en 2024 parmi les dix plus grands bailleurs de fonds mondiaux du secteur pétrolier, gazier et charbonnier.

Jacques Deforges suggère qu’à l’avenir, certaines institutions pourraient privilégier une approche « faire sans le dire » plutôt que l’inverse. « Les banques continueront à produire des rapports de développement durable et devront répondre aux questions des actionnaires lors des assemblées, mais pourraient être plus discrètes sur la place publique », explique-t-il.

Ce repositionnement stratégique intervient également dans un contexte où les priorités évoluent. Certaines enquêtes démontrent que les dirigeants financiers réorganisent leurs priorités en réponse à de nouveaux risques économiques, comme les tarifs douaniers ou les tensions géopolitiques.

À l’inverse des institutions nord-américaines, les principales banques françaises, dont BNP Paribas, Crédit Agricole SA, et Société Générale, maintiennent pour l’instant leur engagement au sein de la NZBA, marquant une différence d’approche significative entre les deux côtés de l’Atlantique.

Le retrait des alliances marque plutôt une adaptation à un contexte politique et économique plus complexe qu’un désengagement, selon Jacques Deforges. « Le vrai défi, c’est de continuer à avancer sans se laisser distraire par le bruit ambiant. La finance, c’est mettre un prix sur le risque — et les risques climatiques font désormais partie intégrante de cette équation », conclut-il.

L’Alliance bancaire Net Zéro assouplit ses règles

Dans ce contexte de défection en cascade, l’Alliance Net Zéro annonce une révision majeure de ses lignes directrices. Selon un article publié le 16 avril par esgtoday.com, la coalition abandonne son exigence centrale qui obligeait ses membres à aligner leurs activités de financement sur l’objectif climatique de 1,5 °C.

Le nouveau cadre de référence adopté par les 128 membres restants remplace les obligations par des recommandations : là où les directives de 2024 stipulaient que les banques « doivent » établir une cible climatique compatible avec 1,5 °C, le texte de 2025 se limite à suggérer qu’elles « devraient » le faire.

Pour justifier ce changement de cap, la NZBA évoque un « nouveau contexte » dans lequel les banques doivent composer avec des réalités externes mouvantes. L’alliance affirme vouloir désormais concentrer ses efforts sur le soutien pratique aux banques, afin de les aider à surmonter les freins au financement de la transition verte, en collaboration avec leurs clients et les pouvoirs publics.

« En tant que plus grande initiative mondiale spécifiquement axée sur le soutien aux mesures d’atténuation du changement climatique prises par les banques, la NZBA est particulièrement bien placée pour apporter un soutien pratique aux banques qui s’engagent dans la voie de la transition vers un bilan net zéro », a déclaré Shargiil Bashir, président de l’Alliance et chef de la durabilité de First Abu Dhabi Bank.

Cette évolution témoigne des défis croissants auxquels sont confrontées les initiatives climatiques dans le secteur financier, prises entre les ambitions environnementales et les réalités économiques et politiques.

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Pourquoi l’investissement responsable va survivre (et prospérer) malgré Trump https://www.finance-investissement.com/zone-experts_/lassociation-de-la-releve-des-services-financiers/pourquoi-linvestissement-responsable-va-survivre-et-prosperer-malgre-trump/ Thu, 17 Apr 2025 19:03:57 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=106576 ZONE EXPERTS – Les bénéfices d’y investir sont indéniables.

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Face à l’incertitude suscitée par les récentes actions et déclarations de l’administration Trump, un certain pessimisme s’est installé sur les marchés à l’égard des fonds d’investissement responsable (IR). Pourtant, cette situation pourrait bien représenter une occasion idéale pour réaffirmer l’importance et les avantages à long terme de ce type de placement.

Qu’est-ce que l’IR ?

L’IR, souvent identifié sous l’acronyme ESG (Environnement, Social, Gouvernance), consiste en l’intégration de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance dans les décisions d’investissement. Ce type d’investissement permet aux clients d’aligner leurs valeurs personnelles à leurs objectifs financiers, tout en contribuant positivement à la société et à l’environnement. Il est essentiel pour un professionnel de bien comprendre ce concept afin de sélectionner le fonds le mieux adapté aux attentes spécifiques du client, que ce soit pour générer un impact positif ou pour mieux gérer les risques associés aux investissements traditionnels.

Pourquoi l’IR est-il pertinent ?

Une compréhension approfondie de l’IR permet aux professionnels de renforcer considérablement leur relation avec leurs clients. Au-delà des simples conversations sur les rendements financiers, aborder l’ESG ouvre la porte à des échanges plus significatifs sur les valeurs personnelles et les préoccupations profondes du client, augmentant ainsi leur proximité et la confiance mutuelle.

En Europe, inclure l’investissement responsable dans l’analyse des besoins des clients est désormais incontournable et même considéré comme un impératif déontologique. Au Canada, les CFA intègrent aussi systématiquement cette dimension dans leurs cursus de formation.

Cette tendance mondiale souligne la nécessité, particulièrement pour les jeunes professionnels de la finance qui s’adressent souvent à une clientèle plus jeune, de développer rapidement une expertise en IR.

Bien qu’il soit crucial pour tout professionnel de continuellement se former et s’adapter aux besoins évolutifs des clients, il est essentiel de maîtriser au moins les principes de base de l’IR afin de bien guider les clients pour qui cela est important. Je recommande fortement aux professionnels de s’informer avant que leurs clients ne leur posent la question. Si cela ne vous est pas déjà arrivé, soyez-en sûr, cela arrivera très bientôt !

Le Rapport 2024 de l’Association pour l’investissement responsable (AIR) révèle que 67 % des investisseurs souhaitent être informés sur l’IR par leur conseiller. Pourtant, seuls 32 % affirment avoir reçu de telles informations. Il s’agit là d’une occasion considérable pour tout professionnel désirant se démarquer et anticiper les attentes croissantes de sa clientèle, car si vous n’en parlez pas, soyez certain qu’un autre le fera à votre place.

Pourquoi intégrer dès maintenant l’IR dans les portefeuilles de vos clients ?

Malgré un sentiment général de pessimisme envers l’IR dû en partie aux tensions politiques actuelles (élections américaines, administration Trump), saisir cette occasion pourrait s’avérer judicieux. Les investissements devraient toujours être considérés sur le long terme. Même si une administration se montre sceptique à court terme, celle-ci finira par être remplacée. La transition mondiale vers l’IR reste solide. Malgré des retraits d’environ 2,5 milliards de dollars canadiens (G$) au deuxième trimestre de 2024, les actifs sous gestion des fonds durables ont atteint un sommet historique de plus de 56 G$, selon les données du Rapport trimestriel AlR, 4e trimestre 2024.

Rappelons un principe fondamental : personne ne dispose d’une boule de cristal et nul ne peut prédire précisément le moment idéal pour entrer ou sortir des marchés. Cependant, en période de volatilité et d’incertitude économique comme celle que nous connaissons actuellement, il peut être avantageux d’investir dans des actifs sous-évalués, ce qui est précisément le cas de plusieurs fonds ESG aujourd’hui. En plus d’un potentiel intéressant de croissance, ces placements offrent une diversification stratégique et une protection accrue contre certains risques.

Comment développer ses compétences en IR ?

Pour approfondir ses connaissances en IR, les professionnels disposent de diverses formations accessibles et reconnues, notamment :

  • Association pour l’investissement responsable (AIR) : Certification SIR (Spécialiste en investissement responsable), une introduction essentielle aux bases de l’IR.
  • Ed4S: Modules pédagogiques et simulateur interactif permettant une pratique concrète de recommandations ESG adaptées aux préférences des clients.
  • Finance Montréal: Programme de formations courtes (30 minutes) destiné à comprendre les principes fondamentaux de la finance durable.

Conclusion

Dans un contexte marqué par l’incertitude économique et l’indécision des investisseurs, il est crucial de rester calme et patient. Souvenons-nous que la pandémie de COVID-19, malgré ses nombreux défis, a stimulé des innovations majeures et des transformations sociétales positives, démontrant que les périodes incertaines peuvent aussi générer des avancées significatives.

Alors que des guerres tarifaires modifient les habitudes de consommation, il est légitime de se demander comment cela influence également les décisions d’investissement des clients. Face à ces bouleversements, les professionnels de la finance devraient considérer l’IR non seulement comme une stratégie pour naviguer efficacement dans les turbulences actuelles, mais aussi comme une occasion unique de renforcer durablement leur relation avec leurs clients, tout en contribuant à un avenir meilleur pour tous.

Par Rebecca Savard, présidente du conseil d’administration de l’ARSF

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Créations nettes record en mars pour les FNB canadiens https://www.finance-investissement.com/nouvelles/produits-et-assurance/creations-nettes-record-en-mars-pour-les-fnb-canadiens/ Wed, 09 Apr 2025 10:40:33 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=106608 FOCUS FNB – La guerre tarifaire stimule la demande de FNB d’actifs non américains.

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En mars, les fonds négociés en Bourse (FNB) canadiens ont enregistré des créations nettes record de 13,6 milliards de dollars (G$), dépassant de 28 % le précédent record d’entrées nettes mensuel établi en décembre 2024, selon un rapport de Banque Nationale Marchés financiers (BNMF).

Les entrées nettes de mars dépassent de près de 4 G$ celles de février (9,5 G$). D’après BNMF, les actifs en FNB canadiens totalisaient 545 G$ à la fin du premier trimestre. Depuis le début de l’année, les créations nettes atteignent 32 G$.

En mars, les FNB de titres à revenu fixe arrivent en tête des entrées nettes avec 6,3 G$ (comparativement à 4,5 G$ en février) devançant celles des FNB d’actions (5,9 G$). Les FNB multiactifs ont reçu 787 M$ et les FNB à effet de levier ou à levier inversés 393 M$, tandis que les FNB de matières premières ont attiré 165 M$, principalement dans les FNB de lingots d’or. Les FNB de cryptoactifs affichent des entrées nettes de 8 M$.

La guerre tarifaire entre les États-Unis et le reste du monde a influé sur les préférences d’achats des clients, comme l’indique BNMF : « Les FNB d’actions internationales ont connu une explosion soudaine de la demande de 3,8 G$, les investisseurs se tournant vers l’étranger pour éviter une guerre commerciale potentiellement préjudiciable déclenchée par les annonces de tarifs douaniers du président au début de l’année. Bien que cette tendance ait existé à plus petite échelle au cours des derniers mois, elle a été motivée par un nouveau désir de se diversifier par rapport au marché des actions américaines, potentiellement surévalué, alors que son cycle haussier de deux ans est en train de subir une correction. »

En conséquence, les créations nettes de mars dans les FNB d’actions américaines ont continué à ralentir. Elles ont totalisé 737 M$ comparativement à 1 G$ le mois précédent, tandis qu’en janvier, elles représentaient 3,3 G$.

Forte demande pour les actions internationales

Les créations nettes dans les actions internationales représentent en mars plus du double de celles de février. Les investisseurs se sont tournés vers les FNB d’actions internationales et les actions canadiennes pour éviter les impacts potentiellement négatifs d’une guerre commerciale avec les États-Unis, commentent les analystes de BNMF Daniel Straus, Tiffany Zhang et Linda Ma.

Les entrées nettes dans les FNB d’actions internationales ont surtout été stimulées par les FNB indiciels des marchés développés (TPE, DMEI, ZEA, XEF), en raison d’une demande institutionnelle plus forte, indique le rapport.

Les FNB d’actions canadiennes ont quant à elles attiré 1,4 G$ le mois dernier, alors que ce type de fonds subissait des rachats nets en janvier.

Les FNB d’actions thématiques ont attiré 131 M$. Les FNB d’actions sectorielles ont quant à eux reçu 1,6 G$ en créations nettes. Le secteur financier (ZEB) enregistre la quasi-totalité des entrées (1,3 G$), tandis que le secteur de l’énergie affiche des rachats (69 M$).

Dans le revenu fixe, les créations nettes des FNB du marché monétaire (ZMMK, CASH, CBIL, CMR) ont atteint 2,2 G$, dépassant de peu celles des FNB d’obligations canadiennes agrégées (ZAG, ZCPB), qui se sont élevées à 2,0 G$. Toutes les catégories de FNB à revenu fixe ont reçu des entrées nettes, à l’exception des FNB d’obligations étrangères (XGGB, XEB) et d’actions privilégiées.

Les entrées dans les FNB de cryptoactifs se sont élevées à 8 M$ par rapport à 15 M$ en février et à 98 M$ en janvier.

24 nouveaux FNB

En mars, les principaux émetteurs de FNB ont enregistré des créations nettes, à l’exception de CI qui a affiché des rachats nets de 24 M$. BMO arrive en tête avec 3,5 G$, RBC iShares suit avec 2,2 G$, puis TDAM (1,3 G$) et Desjardins (1,2 G$). Fidelity se positionne avec 877 M$. En termes de croissance mensuelle des actifs pour les différents émetteurs, Desjardins, CIBC, FNB Capital Group et JPMorgan ont enregistré les pourcentages les plus élevés.

Le FNB BMO Equal Weight Banks Index (ZEB) a attiré les plus importantes entrées nettes du mois (1,1 G$). Le FNB BMO S&P 500 Index (ZSP) a enregistré pour un deuxième mois consécutif les rachats les plus notables (1 G$).

Une vague de 24 nouveaux FNB est arrivée sur le marché canadien en mars. Evolve et Harvest sont à l’origine de plus de la moitié des lancements. Les autres sont le fruit de BMO, JPMorgan, Starlight et Guardian. Plusieurs des nouveaux FNB lancés en mars sont à effet de levier. On retrouve également des FNB axés sur les obligations à date cible, sur les facteurs uniques et sur les options d’achat couvertes.

Les FNB ESG tirés par les actions

Après un mois de février record sur le plan des créations nettes (325 M$), les FNB axés sur les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) cotés au Canada ont attiré 172 M$ en mars, ce qui porte les créations nettes du premier trimestre à 766 M$.

Les entrées nettes ont été dominées par les FNB ESG d’actions (106 M$), notamment les actions mondiales (89 M$), ainsi que le secteur de l’environnement (67 M$). Le NBI Sustainable Global Equity FNB (NSGE) et le Desjardins RI EM Multifactor — Net Zero Emissions (DRFE) ont reçu les plus importantes entrées nettes. Aucune nouvelle inscription ou radiation de FNB ESG n’a eu lieu le mois dernier.

Selon le rapport de BNMF, « l’hiver de l’investissement ESG » de 2024 tire à sa fin. Il considère que les élections fédérales canadiennes pourraient dicter l’appétit des investisseurs pour l’ESG pour le reste de l’année 2025, en raison des différences importantes entre les programmes des partis libéral et conservateur dans les politiques environnementales et de carbone.

Croissance équilibrée

L’année 2025 commence sur une note plus équilibrée que 2024, alors que les entrées nettes du premier trimestre avaient été nettement dominées par les FNB d’actions. Pour les trois premiers mois de 2025, le portrait est plus équilibré : 14,3 G$ ont été investis dans les FNB d’actions et 13,2 G$ dans les FNB de titres à revenu fixe, signale BNMF.

Les FNB à faible volatilité ont tiré les marrons du feu, recueillant depuis le début de l’année 1 G$ en raison de leurs bonnes performances lors des baisses de marché.

Dans le revenu fixe, les FNB d’obligations totales de marché large ont été les plus demandés, avec des créations nettes de 5,3 G$, suivis de ceux du marché monétaire (4,4 G$ en créations nettes), réparties également entre les FNB de titres du marché monétaire et les FNB de liquidités.

Pour le premier trimestre de 2025, BMO affiche les plus importantes créations nettes (6,2 G$), suivie de RBC iShares (5,7 G$), Vanguard (3,8 G$), Fidelity (2,5 G$) et TD (2,3 G$).

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Innocap renforce son équipe d’investissement durable https://www.finance-investissement.com/nouvelles/developpement-des-affaires/avis-de-nomination-developpement-des-affaires/innocap-renforce-son-equipe-dinvestissement-durable/ Thu, 27 Mar 2025 11:07:14 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=106258 NOUVELLES DU MONDE – Pour le PGEQ et le fond Investi.

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Marc Natal se joint à l’équipe ESG (environnement, social, gouvernance) et solutions d’impact d’Innocap. Comme directeur, développement des affaires du programme des gestionnaires en émergence du Québec (PGEQ) et du fonds d’innovation durable Investi, il sera responsable de promouvoir le PGEQ et ses gestionnaires ainsi que les fonds Investi auprès de la clientèle institutionnelle du Québec.

Avant de se joindre à Innocap, Marc Natal a occupé des postes de gestion de relations clients auprès de Montrusco Bolton, Gestion financière MD et Banque Scotia. Durant ces années, il a principalement travaillé auprès de la clientèle institutionnelle, dont des régimes de retraite, des fondations et des assureurs. Portant le titre de CFA, il détient des certifications en investissement durable de l’Université Concordia et du programme RI Fundamentals de la PRI Academy.

Le fonds Investi en finance durable a été lancé à l’initiative de douze organisations financières québécoises en 2024. Il vise à lever jusqu’à 1 milliard de dollars dans le but de confier des mandats de gestion à des firmes spécialisées en approches ESG et en investissement d’impact dans les actions, les titres à revenu fixe, les fonds de couverture et les placements privés. Les trois premiers gestionnaires sélectionnés sont Addenda Capital, Beutel Goodman et Fiera Capital.

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Le Québec et l’hydrogène https://www.finance-investissement.com/nouvelles/economie-et-recherche/le-quebec-et-lhydrogene/ Mon, 24 Mar 2025 11:19:07 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=105750 OPINION — Bâtir un leadership pour répondre aux défis climatiques et accompagner la transition énergétique mondiale.

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Dans un monde où la lutte contre le réchauffement climatique s’impose comme une priorité qui fait consensus, le Québec se trouve à l’aube d’une transformation énergétique majeure. Doté d’une hydroélectricité abondante et renouvelable, le Québec dispose de ressources stratégiques qui pourraient faire d’elle un acteur clé dans le développement de l’hydrogène vert, une énergie perçue comme essentielle pour décarboner des secteurs industriels et énergétiques encore largement dépendants des combustibles fossiles. Cette ambition, bien que porteuse d’espoir, repose sur des défis complexes : mobiliser les investissements nécessaires, structurer une filière compétitive et s’imposer sur un marché mondial en pleine effervescence.

Si l’hydrogène vert n’est pas une technologie nouvelle, il connaît aujourd’hui un regain d’intérêt sans précédent. Ce gaz, souvent qualifié de « vecteur énergétique du futur », est désormais au cœur des stratégies de transition énergétique de nombreux pays. En Europe, en Asie ou encore en Australie, les gouvernements multiplient les plans d’investissement pour développer cette énergie propre, capable de répondre à des besoins variés : alimenter des industries lourdes, décarboner les transports longue distance ou encore stocker l’électricité excédentaire produite par des énergies renouvelables intermittentes comme l’éolien et le solaire. Pour le Québec, il ne s’agit pas seulement de suivre cette tendance mondiale, mais de s’y inscrire en leader, en tirant parti de ses forces naturelles et technologiques.

Une occasion stratégique pour le Québec

Le Québec bénéficie d’un avantage unique dans la course mondiale à l’hydrogène vert : son hydroélectricité. Avec plus de 99 % de sa production énergétique issue de sources renouvelables, la province dispose d’une électricité propre et abordable, un atout essentiel pour produire de l’hydrogène par électrolyse de l’eau. Contrairement à l’hydrogène dit « gris », issu des hydrocarbures et responsable d’importantes émissions de dioxyde de carbone (CO2), ou à l’hydrogène « bleu », qui repose sur la capture et le stockage du carbone, l’hydrogène vert est produit sans émissions directes de GES. Il incarne ainsi une solution prometteuse pour atteindre les objectifs climatiques fixés par l’Accord de Paris.

Mais au-delà de ses atouts énergétiques, le Québec peut également compter sur une expertise industrielle solide. Elle possède déjà une base technologique et scientifique avancée dans des secteurs clés comme l’électrochimie, les matériaux avancés ou encore les systèmes de stockage d’énergie. Des entreprises québécoises se positionnent déjà sur des segments stratégiques liés à l’hydrogène ou à la valorisation des déchets en biocarburants. Cette dynamique pourrait être renforcée par des partenariats internationaux, à condition que le gouvernement québécois adopte une stratégie claire et ambitieuse pour structurer la filière.

L’hydrogène : une réponse aux défis climatiques mondiaux

La montée en puissance de l’hydrogène s’inscrit dans un contexte mondial marqué par l’urgence climatique. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C nécessite une réduction drastique des émissions mondiales de GES d’ici 2030. Or, certains secteurs économiques restent particulièrement difficiles à décarboner. L’industrie lourde (comme la sidérurgie ou la production de ciment), les transports par camions, maritimes et aériens ainsi que la production d’électricité à partir de centrales thermiques au gaz ou au charbon représentent encore une part importante des émissions mondiales.

Dans ce contexte, l’hydrogène apparaît comme une solution clé. En tant que vecteur énergétique, il peut être utilisé pour produire de la chaleur industrielle, alimenter des piles à combustible dans les véhicules lourds ou encore servir de matière première pour des procédés chimiques décarbonés. De plus, il offre une solution pratique pour stocker l’énergie excédentaire produite par les énergies renouvelables, permettant ainsi de pallier leur intermittence.

Cependant, pour que l’hydrogène tienne ses promesses climatiques, il doit être produit de manière durable. Aujourd’hui, environ 95 % de l’hydrogène mondial est encore issu du gaz naturel ou du charbon, des procédés qui génèrent d’importantes émissions de CO2. Le défi consiste donc à développer massivement la production d’hydrogène vert tout en réduisant ses coûts. C’est ici que le Québec peut jouer un rôle déterminant.

Les actions clés pour faire de l’hydrogène vert une réalité au Québec

Certes, les promesses de l’hydrogène vert sont nombreuses. Pour ce faire, sa mise en œuvre effective à grande échelle repose sur des actions stratégiques que les institutions québécoises et canadiennes doivent impérativement entreprendre. Ces actions, à la croisée de la recherche technologique, de l’aménagement des infrastructures et de la régulation économique, détermineront si le Québec veut réellement s’imposer comme un acteur mondial dans ce secteur émergent.

Premièrement, la production d’hydrogène vert par électrolyse nécessite une quantité importante d’électricité. Bien que le Québec bénéficie d’un avantage compétitif grâce à son électricité propre et abordable, produite en majorité par ses barrages hydroélectriques, le défi doit être relevé. Investir dans la recherche et le développement pour améliorer l’efficacité des électrolyseurs et réduire leurs coûts doit figurer parmi les priorités. Ces équipements, essentiels pour décomposer l’eau en hydrogène et oxygène, représentent aujourd’hui une part importante des dépenses liées à la production d’hydrogène vert. L’objectif est clair : rendre cette technologie économiquement viable, mais ajoutons que les derniers développements sur le plan technologique sont excessivement prometteurs.

Le transport et le stockage de l’hydrogène constituent un défi technique et logistique. En raison de sa faible densité énergétique volumique, ce gaz doit être comprimé sous haute pression ou liquéfié à des températures extrêmement basses pour être transporté sur de longues distances. Ces procédés nécessitent le développement d’une infrastructure adaptée : pipelines spécialisés, stations-service à hydrogène pour alimenter les véhicules lourds, ou encore installations de stockage sécurisées. Ces projets d’infrastructure sont essentiels pour structurer une filière compétitive. De nouveau, des développements intéressants ont lieu et il est nécessaire de poursuivre sur cette voie.

Heureusement, des signaux encourageants émanent des paliers gouvernementaux, exprimant leur volonté d’investir dans des projets structurants pour soutenir la transition énergétique. Il faudra garantir que ces investissements soient orientés vers des initiatives durables et innovantes, capables de positionner le Québec comme un leader, notamment dans la filière hydrogène.

Enfin, la filière québécoise de l’hydrogène vert doit trouver des débouchés solides à l’échelle locale et internationale. Cela implique non seulement de convaincre les industriels québécois d’adopter cette technologie, mais aussi de s’intégrer dans les chaînes d’approvisionnement mondiales en hydrogène. Des partenariats avec des pays importateurs comme l’Allemagne ou le Japon pourraient jouer un rôle clé dans cette stratégie.

Une vision tournée vers l’avenir

Au-delà des considérations économiques et technologiques, le développement de l’hydrogène vert représente une occasion unique pour le Québec de réaffirmer son leadership en matière d’innovation durable. En investissant dans cette filière stratégique, la province pourrait non seulement contribuer à la lutte mondiale contre le changement climatique, mais aussi créer des milliers d’emplois dans des secteurs porteurs comme les technologies propres, les infrastructures énergétiques ou encore la fabrication industrielle.

Cependant, cette transition ne pourra se faire sans un dialogue inclusif pour ces projets énergétiques. Une transition énergétique réussie est avant tout une transition juste : elle doit tenir compte des impacts sociaux et environnementaux tout en veillant à ce que ses bénéfices soient partagés équitablement. Bref, une recherche juste d’un équilibre social, environnemental, mais aussi économique en prenant en compte ceux et celles qui assument les responsabilités à titre de promoteurs. Le développement économique demeure nécessaire pour ensuite en souhaiter un partage.

À terme, le succès du Québec dans la filière hydrogène dépendra de sa capacité à conjuguer ambition et pragmatisme. En misant sur ses atouts naturels et technologiques tout en relevant les défis économiques et logistiques qui se posent, la Québec peut assurément, par l’hydrogène vert, s’imposer comme un modèle mondial de transition énergétique durable, s’il le souhaite.

Conclusion : un pari audacieux, mais nécessaire

L’hydrogène vert ne représente pas seulement une occasion économique pour le Québec, bien qu’il en soit incontestablement un : il incarne une vision d’avenir où croissance économique et respect de l’environnement ne seraient plus opposés, mais complémentaires. L’hydrogène vert offre une opportunité unique : celle de diversifier son économie énergétique, tout en contribuant activement à la lutte contre le réchauffement climatique.

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