Mary Hagerman (Photo: Martin Laprise)

La crise financière et la Grande Récession de 2008-2009 ont eu un effet décisif pour de nombreux conseillers en services financiers. Pour moi, elles ont agi comme le catalyseur d’une réflexion approfondie sur la manière dont je gère l’argent de mes clients. Celle-ci m’a menée à l’adoption d’une stratégie alors qualifiée de « passive » et faisant appel à des fonds négociés en bourse (FNB).

Les gestionnaires de portefeuilles de fonds communs de placement ont fait l’objet d’un examen rigoureux à la suite de la dernière crise financière. Les statistiques indiquaient en effet qu’une nette majorité de ceux qui géraient activement des portefeuilles étaient incapables de générer un rendement supérieur à celui de leur indice de référence sur de longues périodes. Plus particulièrement, plus de 50 % des gestionnaires actifs aux États-Unis n’arrivaient pas à obtenir une meilleure performance que celle de l’indice américain Wilshire 5000 Total Market, même dans un marché baissier, notamment de 2007 à 2009. Ces piètres résultats ont soulevé une question : pourquoi devrais-je investir l’argent de mes clients dans des fonds communs de placement comportant des frais de gestion élevés alors qu’un indice passif de FNB pondéré en fonction de la capitalisation avait des chances statistiquement significatives de produire de meilleurs rendements au fil du temps?

Évidemment, il y a des exceptions à toute règle, et les portefeuilles de certains gestionnaires actifs réussissent mieux que leur indice. C’est notamment le cas en ce qui concerne les catégories d’actifs de plus petite taille et moins liquides, comme les titres des marchés émergents et les actions privilégiées. Cependant, la majorité des gestionnaires actifs obtenant un jour des résultats figurant dans le premier quartile ne performe plus aussi bien cinq ans plus tard. Ce manque de persistance des fonds communs de placement a été une autre raison pour laquelle je suis passée aux FNB.

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L’une des plus importantes leçons de la crise financière a été qu’il a fallu en moyenne quatre ans aux investisseurs en mesure de conserver patiemment leurs placements pour récupérer les pertes qu’ils avaient subies. Bien qu’un portefeuille de FNB d’actions ne soit pas immunisé contre les risques de baisse, il assure une participation complète à la remontée découlant du redressement des marchés.

Même si vous utilisez un portefeuille de FNB pour vos clients, notez que la plupart d’entre eux n’atteindront pas le rendement de leur indice ou du marché pendant une période de 10 ans. Comme l’a déjà dit Warren Buffett, l’investisseur américain de renommée, la plupart des gens tenteront de prévoir le comportement des marchés et finiront par acheter lorsqu’ils sont à la hausse en raison de l’appât du gain et par vendre lorsqu’ils baissent à cause de leurs inquiétudes.

Ce que j’ai retenu de tout cela au cours du remue-ménage ayant suivi la crise financière était que la meilleure façon de fournir de bons rendements à mes clients au fil du temps consistait à leur recommander d’investir dans un portefeuille diversifié composé principalement de FNB et de gérer consciencieusement la répartition de leurs actifs en même temps que leurs émotions.

Ce qui semble simple n’a pas été nécessairement facile. Je devais en effet transformer ma conviction concernant la gestion de portefeuilles au moyen de FNB en un modèle d’affaires viable. Celui-ci devait permettre à mes clients de comprendre le processus de placement et de sentir qu’ils devaient payer des frais pour que je gère leur argent. L’investissement passif ne signifie pas de facturer des clients pour ne rien faire ni faire quelque chose de si simple qu’ils pourraient le faire eux-mêmes. J’ai plutôt axé mes services sur la répartition des actifs, l’efficacité fiscale, les stratégies de couverture, le rééquilibrage et l’importance de suivre un plan financier.

Au cours des années qui ont suivi la crise financière, je suis graduellement passée d’une démarche de gestion de portefeuille fondée sur les honoraires (puis sur la gestion discrétionnaire). Je l’ai fait afin d’être rémunérée pour la gestion de portefeuilles axés sur des FNB. J’étais convaincue que j’offrais le meilleur service possible à mes clients en matière de rendements, de prix et de gestion des risques.

Je ne suis pas la seule conseillère à avoir fait ce changement de paradigme. Ce fut toutefois une bataille menée avec la conviction que le processus était logique et que je faisais ce que je devais faire. Au fil du temps, les FNB sont devenus de plus en plus populaires, et l’offre s’est grandement diversifiée. Mes conversations avec mes clients sont passées de l’explication de ce que sont les FNB aux recommandations de ceux dans lesquels investir et quand, où et pourquoi le faire. Cette transition a été un défi enrichissant pour moi, et elle continue d’évoluer au fil du temps.

* Mary Hagerman est conseillère en placement et gestionnaire de portefeuille chez Raymond James.