Nouvelles | Finance et Investissement https://www.finance-investissement.com/edition-papier/nouvelles-edition-papier/ Source de nouvelles du Canada pour les professionnels financiers Wed, 26 Nov 2025 16:30:30 +0000 fr-CA hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://www.finance-investissement.com/wp-content/uploads/sites/2/2018/02/cropped-fav-icon-fi-1-32x32.png Nouvelles | Finance et Investissement https://www.finance-investissement.com/edition-papier/nouvelles-edition-papier/ 32 32 La valeur du report des rentes RRQ et PSV https://www.finance-investissement.com/edition-papier/nouvelles-edition-papier/la-valeur-du-report-des-rentes-rrq-et-psv/ Mon, 10 Nov 2025 05:13:00 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=110726 Pour la plupart des cas, le report des rentes publiques est favorable.

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Évaluer la pertinence du report du moment où un client commence à toucher ses rentes publiques de retraite est un sujet qui ne se démode pas. Alors que plusieurs clients réclament leurs rentes publiques aussitôt qu’ils y ont accès, d’autres se demandent s’il est rentable d’effectuer un report de ces rentes, étant donné leur bonification.

Dans bon nombre de situations, le report est avantageux pour le client et voici pourquoi.

Le report maximal de la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV) donnant droit à une bonification est de 60 mois après l’âge de 65 ans. A raison de 0,6 % par mois, le report peut ainsi faire grimper la rente de 36 % lorsqu’on attend le maximum, soit jusqu’à 70 ans, pour un client ayant résidé toute sa vie au Canada.

La rente de retraite du Régime de rentes du Québec (RRQ), quant à elle, peut faire l’objet d’un report allant jusqu’à 84 mois à un taux mensuel de 0,7 % pour une bonification de 58,8 % à 72 ans. Avec les nouvelles règles où les années de report ne pénalisent plus le rentier, on n’a plus à se soucier d’une réduction des gains moyens dans le calcul.

Avec une PSV de 8 791 $ pour l’année 2025 et une rente mensuelle maximale de 1 433 $ au 1er janvier 2025 (17 196 $ pour l’année) pour la rente du RRQ, les rentes bonifiées maximales grimpent donc à 11 956 s à 70 ans pour la PSV (avant 75 ans, moment où elle augmente de nouveau de 10 %) et 27 307 $, à 72 ans, pour la rente du RRQ.

Si on ne s’attarde qu’à la bonification, elle est ainsi de 3 165 $ par année pour la PSV et 10 111 $ pour la rente RRQ, pour un total de 13 276 $.

On pourrait faire des calculs d’actualisation de ces revenus pour trouver la valeur de ces rentes. Ce faisant, il resterait des éléments à garder à l’esprit :

  1. Une actualisation au taux d’inflation ne représente pas la valeur qu’il faudrait conserver dans un compte d’investissement pour éponger les écarts entre les situations de report et de non-report. Il faudrait donc actualiser au taux de rendement généré par les comptes d’investissement et tenir compte de la fiscalité selon le type de compte d’accumulation ;
  2. Il faudrait faire des calculs séparés pour la PSV et le RRQ étant donné qu’ils ne débutent pas en même temps ;
  3. Pour la PSV, avant d’actualiser, il faudrait indexer la rente bonifiée au taux d’inflation, alors que pour la rente du RRQ, il faudrait utiliser une indexation égale à l’augmentation du maximum des gains admissibles (MGA), qui est historiquement différent et supérieur ;
  4. Pour le RRQ, il faudrait tenir compte de la bonification des volets 1 et 2 du régime selon l’année où la rente serait prise ;
  5. A ces bonifications actualisées, il ne faudrait pas oublier de soustraire le coût de renonciation, c’est-à-dire tenir compte du fait que des décaissements devraient être faits avant que les rentes bonifiées ne soient versées ;
  6. Il faudrait choisir la durée d’actualisation, par conséquent l’âge de décès du client. C’est le plus gros défi.

En faisant cet exercice, on retrouverait une certaine valeur. Or, il serait plausible qu’elle ne soit que d’une utilité très limitée. En effet, le sixième élément, la durée des rentes, est le plus important. Le client ne devrait pas prendre une décision basée sur une seule image. Il faudrait donc faire quelques autres calculs afin d’avoir une meilleure idée des différentes possibilités.

Au lieu de faire cet exercice, j’ai décidé de présenter un graphique qui intègre, dans la planification de retraite des clients, une situation « de base » qui peut être ajustée selon le contexte.

Pour voir ce tableau en grand, cliquez ici.

Ce graphique indique, pour tous les âges de décès entre 75 et 105 ans, le montant supplémentaire qu’une personne de 65 ans, au profil d’investisseur modéré, devrait avoir dans son REER, aujourd’hui, afin que sa valeur successorale soit la même dans le cas où elle reçoit ses rentes à 65 ans et celui où elle les reporte au maximum, soit à 70 ans pour la prestation de la PSV et à 72 ans pour celle du RRQ.

Autrement dit, c’est le prix à payer pour ne pas reporter ses rentes publiques : une perte de bonification pour ceux qui choisissent de les toucher dès 65 ans.

On y voit trois courbes : la valeur du REER lorsque la PSV est reportée de cinq ans, mais que la rente du RRQ ne l’est pas (courbe pointillée rouge) ; celle de la rente du RRQ prise à 72 ans, alors que la PSV est demandée à 65 ans (courbe pointillée bleue) ; et la valeur du report total, où les deux rentes sont repoussées au maximum (courbe continue verte).

Pour un client qui subit un décès prématuré, sans surprise, le montant nécessaire est négatif, ce qui signifie qu’un report serait néfaste. On a besoin d’un certain temps pour récupérer les montants de rentes auxquelles on a renoncé pendant des années.

Chaque courbe possède un point de croisement où les deux situations sont équivalentes. Dans la situation illustrée, ce point est de l’ordre de 84 ans (même s’il est théoriquement autour de 87 ans pour le cas du report de la PSV seulement). La décision de reporter une rente est donc judicieuse si le client a de bonnes chances d’atteindre cet âge. Plus le décès est tardif, plus le report a une grande valeur.

Notons que l’impact est plus marqué pour la rente du RRQ que pour la PSV. Une différence logique, qui s’explique pour trois raisons la bonification mensuelle de la PSV est inférieure ; son report maximal dure deux années de moins que la RRQ et le montant maximal de PSV est inférieur. La combinaison de ces éléments explique le fait que, à partir du moment où le report est favorable, sa valeur est répartie dans une proportion d’environ 20-80 en faveur de la rente du RRQ.

Évidemment, votre client doit avoir les ressources nécessaires pour reporter ses rentes publiques. Il est inutile de mettre en péril sa situation financière pour viser à l’optimiser.

Ajustements possibles

On peut apporter des ajustements à ces courbes, notamment avec le profil d’investisseur. Le profil présenté donne un rendement annuel de l’ordre de 3 % après tous les frais.

Dans le graphique illustré, il s’agit d’une projection financière d’un ménage d’une seule personne dont le solde REER de départ est de 1,5 M$ et celui du CELI, de 125 000 $. Ce client a droit à la rente maximale. Son coût de vie a été fixé à 55 000 $ par année et indexé annuellement. D’après les autres simulations faites, l’ordre de grandeur est respecté, peu importe la situation de départ, même en incluant le décaissement d’une société de gestion.

On comprend que si le rendement espéré est supérieur à celui de ce profil modéré, chaque dollar retiré d’un compte d’investissement « coûte » plus cher en renonciation, ce qui diminue la valeur de la bonification liée au report. Ceci a pour effet d’aplatir ces courbes et de repousser légèrement le point de croisement. Par exemple, avec un profil audacieux (25 % titres à revenu fixe-75 % actions), l’âge de rentabilité est repoussé à 86 ans, alors qu’un profil prudent (75-25) le rapproche à 83 ans.

A noter que la fiscalité joue un rôle mineur, ici, étant donné que la comparaison se fait avec le solde d’un REER. Cependant, elle joue tout de même un certain rôle puisque les retraits minimaux d’un FERR peuvent créer des surplus réinvestis dans un CELI ou dans un compte non enregistré, ce qui influe sur le décaissement et la ventilation des revenus de placement. De même, la récupération de la PSV a un effet sur les résultats. On comprend que, pour un retraité ayant un revenu imposable élevé par ailleurs, l’impact du report de la PSV peut être nul.

D’ailleurs, ces projections tiennent compte de l’avantage qu’a un client à retirer annuellement de son REER afin de profiter des mesures socio-fiscales et seuils d’imposition nuls.

Fait à noter, un rendement annuel de 8 %, après frais de gestion et frais de conseil financier, ferait disparaître la valeur de la bonification des rentes, peu importe l’âge et les types de revenus de placement. Cette hypothèse reste farfelue si l’on considère les Normes d’hypothèses de projection de l’Institut de planification financière (Institut).

On peut aussi interpoler entre 0 et les valeurs des courbes illustrées si on veut grossièrement estimer des reports non maximaux. Par exemple, réduit de moitié (soit deux ans et demi pour la PSV et trois ans et demi pour la rente du RRQ) le report pourrait générer une valeur d’environ 200 000 $ à 105 ans et une valeur négative de 70 000 $ pour un décès à 75 ans. Selon mes calculs, chaque baisse de 100 points de base du rendement se traduirait, à 105 ans, par une variation de près de 90 000 $ de la valeur projetée.

On peut faire le même ajustement avec une personne qui ne bénéficie pas de la rente maximale du RRQ. On peut alors multiplier les impacts par la proportion que représente sa rente par rapport à la rente maximale.

De plus, en raison de l’évolution de la bonification du RRQ jusqu’en 2065, la valeur du report peut être augmentée considérablement. En effet, le taux de remplacement de revenu, actuellement en grande partie à 25 %, sera graduellement remplacé par un taux de 33,33 %, soit le tiers de plus (33,33 % par rapport à 25 %). Dans notre exemple, cela signifierait quelque 80 000 $ de plus pour un décès à 105 ans.

Travailler avec ces courbes

Ces courbes donnent un ordre de grandeur, assez précis, de la valeur d’un report maximal des rentes publiques, elles aussi maximales. En apportant les ajustements nécessaires, il est possible d’avoir une idée assez juste de leur valeur dans un contexte qui se rapproche de celui de votre client. Or, l’idéal est d’intégrer les montants dans sa planification de retraite.

Ces courbes demeurent utiles dans la mesure où vous ne pouvez (ou ne voulez) pas produire une multitude de scénarios. Dans ce cas, pourquoi ne pas prendre ce graphique et le présenter tel quel à votre client en lui indiquant les ajustements à faire pour avoir une meilleure idée ?

Par ces courbes, je voulais illustrer l’évolution de la valeur du report et montrer que sa rentabilité n’est atteinte qu’à partir d’un certain âge, soit autour de 84 ans dans plusieurs scénarios.

La vraie question, dès lors, est la suivante : quelles sont les chances de se rendre à cet âge ?

Selon les tables de mortalité utilisées par l’Institut, un homme de 65 ans a plus de 70‘ % de probabilité de survivre au-delà de 84 ans. Cela signifie que si votre client, âgé de 65 ans, décide de ne pas reporter sa rente, il a quelque 70 % de chance de prendre une mauvaise décision. Et pour une femme, ce pourcentage est encore plus élevé…

Alors, il faut continuer à marteler ce message : à moins d’une santé précaire (ou d’antécédents familiaux très défavorables) ou d’une situation financière ne le permettant pas, dans la plupart des situations, le report des rentes publiques est favorable, soit du vivant — pour protéger davantage sa longévité —, soit au décès, en bonifiant la succession. Bonne présentation !

Dany Provost est directeur planification financière et optimisation fiscale à SFL Expertise

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Innover tout en gardant son ADN https://www.finance-investissement.com/edition-papier/nouvelles-edition-papier/innover-tout-en-gardant-son-adn/ Mon, 10 Nov 2025 05:10:00 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=110723 Le dirigeant veut conserver le client au centre de ses priorités.

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Humania Assurance a soufflé ses 150 bougies en 2024. Si le monde a changé depuis ses débuts modestes à titre de société mutualiste, cette étape montre que l’entreprise a su évoluer au gré des changements économiques, technologiques et démographiques, estime Nicolas Moskiou, son président et chef de la direction.

Il résume son mandat : « Rendre l’assurance plus simple, plus rapide, plus juste, sans jamais perdre notre ADN en tant que mutuelle, soit la proximité humaine ».

« Placer l’humain au cœur de chaque décision » est aussi pertinent aujourd’hui qu’il l’était en 1874, lors de la fondation de l’Union Saint-Joseph, qui visait à rendre l’assurance accessible, selon Nicolas Moskiou.

Humania offre une gamme de produits en assurance vie, invalidité, maladies graves et voyage. En 2024, l’entreprise comptait 268 employés contre 249 en 2022. Ses revenus-primes d’assurance s’élevaient à 200,3 millions de dollars (MS) en 2024 (196,6 M$ en 2022) et son ratio de solvabilité ESCAP était de 185 %, comparativement à 137 % pour ces mêmes années. Entre autres en raison d’une variabilité des charges financières des contrats d’assurance émis découlant des nouvelles normes comptables pour les contrats d’assurance (IFRS 17) entrées en vigueur le 1er janvier 2023, le résultat net d’Humania s’établit à 8,1 M$ en 2024, par rapport à 6,1 M$ en 2023 et 25 M$ en 2022.

Sa part de marché en matière de primes directes souscrites au Québec est passée de 0,69 % en 2019 à 0,58 % en 2024, notamment en raison d’une croissance moins forte que le reste de l’industrie dans les secteurs de l’assurance vie individuelle et de l’assurance maladie et accident individuelle.

« Aujourd’hui, notre en vigueur est répartie à 50 % au Québec et 50 % hors Québec, avec une expansion disciplinée au Canada, mais qui est accélérée », dit le dirigeant, qui garde le cap sur son plan d’affaires.

« Que ce soit à travers la transformation numérique, la simplification des processus ou le développement de produits avant-gardistes, Humania compte rester fidèle à ses valeurs. »

Parcours d’un leader

C’est en décembre 2019 que Nicolas Moskiou, Montréalais d’origine et diplômé de l’Université Concordia en actuariat (2001), s’est joint à Humania comme vice-président, opérations d’assurance.

Son attrait pour les raisonnements mathématiques complexes l’oriente vers l’actuariat. Il s’est ensuite retrouvé dans le milieu de l’assurance. « Ce secteur touche directement la vie des gens, et c’est ce qui m’a attiré », explique Nicolas Moskiou, qui est Fellow de la Society of Actuaries.

Il débute sa carrière chez Axa (2001-2004) comme analyste. Il y a effectué un deuxième passage de 2007 à 2010 en tant qu’actuaire principal après un séjour chez Standard Life (2004-2007) à titre d’actuaire associé. Il a ensuite travaillé comme actuaire-chef à la Croix-Bleue (2010 à 2016) avant de se diriger chez Banque Nationale Assurances (BNA). Il y a assumé le rôle d’actuaire en chef, avant d’entrer chez Humania Assurance.

Au fil de ses différents mandats, Nicolas Moskiou a pu se familiariser avec l’exploitation. « Les opérations sont fascinantes : c’est le cœur d’une compagnie d’assurance de personnes », témoigne-t-il.

Par exemple, il a dirigé une chaîne de valeurs, soit l’ensemble des activités qui vont de la conception à la distribution de produits et services d’assurance, jusqu’à la réclamation et la gestion des sinistres. « Cela m’a permis de découvrir mon côté innovant, et de réaliser que j’étais capable de faire ressortir les forces des gens afin d’arriver à des objectifs communs », dit-il.

Chez BNA, Nicolas Moskiou a aussi été responsable de la distribution numérique. Il a notamment participé au lancement d’un produit d’assurance vie temporaire conçu avec la firme de technologie financière (fintech) Breathe Life. C’est une expérience dont les apprentissages trouvent leur écho chez Humania, où le modèle d’affaires fait la part belle aux partenariats avec les fintechs.

Par exemple, Humania travaille avec Emma depuis novembre 2019.

« Je viens d’un milieu où l’on valorise le travail bien fait et la parole donnée », des valeurs qui ont façonné son style managérial, estime Nicolas Moskiou. À cela s’ajoutent des enseignements de ses mentors : « Garder le cap quand la mer est agitée et rester proche du terrain quand les décisions sont complexes », dit-il. Selon lui, ils lui ont également appris à mieux écouter, à communiquer davantage, à décider plus vite et à demeurer responsable des résultats, surtout en période d’incertitude.

Ces leçons lui ont permis, juge-t-il, de voir « comment cette industrie a besoin de se transformer ».

Assureur en mutation

Nicolas Moskiou cherche à simplifier les processus, accélérer la transformation numérique et renforcer la position d’Humania dans différents segments stratégiques.

Depuis son arrivée à la tête de l’assureur de Saint-Hyacinthe, ses efforts de transformation ont pris la forme de numérisation des processus, de développement de produits personnalisés et de mise en place d’une culture d’agilité et de collaboration. Ces changements ont rendu Humania plus rapide, plus proche de ses clients et plus innovante, selon lui.

Par exemple, Humania a modernisé son site Web en 2024. La mutuelle a aussi amorcé une refonte de la technologie liée à l’assurance collective. Après avoir numérisé l’ensemble du processus de réclamations l’année dernière, l’entreprise poursuit maintenant le processus pour l’assurance collective avec une approche numérique « de bout en bout », explique Nicolas Moskiou.

Cette transformation s’appuie sur la rigueur financière. « Il ne s’agit pas de tout refaire, mais de cibler les changements qui créent une réelle valeur pour le client », dit-il.

En matière de développement de produits, Humania a multiplié les annonces au cours de l’année.

En avril, Humania s’est associée avec Blanket Life, une fintech de Montréal active au Canada et aux États-Unis dont le modèle repose sur des produits exclusifs à sa marque. L’assureur a lancé un produit d’assurance vie temporaire à émission simplifiée par l’entremise d’une nouvelle plateforme qui rend l’assurance accessible en quelques minutes.

En septembre, Humania a lancé Amoré, une solution d’assurance vie alimentée par l’intelligence artificielle (IA), développée par EXOS Wealth Systems et Acceptiv, pour laquelle Humania agit à titre de souscripteur et distribuée par Customplan Financial Advisors.est conçue pour transformer l’expérience des conseillers et de leurs clients, en simplifiant le processus de souscription tout en maintenant un haut niveau de personnalisation », a-t-on expliqué au moment du lancement.

« Chez nous, l’IA assiste, mais l’humain décide, souligne Nicolas Moskiou. L’intelligence artificielle permet d’augmenter les capacités de nos experts, d’accélérer les initiatives, mais c’est l’humain qui conserve le jugement, même sur les tâches automatisées. »

Si certaines niches demeurent, par exemple les solutions destinées aux femmes enceintes, Humania mise aujourd’hui sur des partenariats visant à développer des produits adaptés à diverses clientèles.

Nicolas Moskiou évoque d’ailleurs celui avec Emma. « a l’origine simple page Web destinée à générer des prospects, Emma est devenue un acteur reconnu, capable d’atteindre efficacement un segment de marché précis. » Emma se spécialise dans la distribution simplifiée et son modèle repose sur l’idée d’être « easy to do business with ». Humania développe pour elle des produits exclusifs.

Humania est une manufacture de produits d’assurance qui vise à créer des solutions d’assurance sur mesure, résume le dirigeant : « Notre objectif n’est pas de créer une shop TI, mais bien de nous associer avec des experts en technologie afin d’améliorer notre expérience client. »

Cette approche, qui repose sur des collaborations avec des assurtechs capables de rejoindre des marchés précis, par exemple celui des nouveaux arrivants au Canada, permet à Humania de pénétrer plus rapidement des segments prometteurs tout en restant centrée sur des produits personnalisés, dit-il.

Malgré ces partenariats, le réseau de distribution traditionnelle demeure très important pour Humania, qui fait appel à une force de vente externe afin de distribuer ses produits.

« La croissance d’Humania ne dépend pas uniquement des produits exclusifs ou des plateformes numériques. »Il ajoute que l’entreprise utilise plusieurs canaux de distribution courtiers, agents généraux, AGE et assurtech — et entretient des liens étroits avec ses conseillers et partenaires de distribution.

L’un des principaux moteurs de croissance est ASSEM, l’assurance à émission simplifiée sans examen médical d’Humania, rappelle le dirigeant. « C’est le produit phare. Bien qu’elle soit souvent perçue comme destinée aux personnes difficilement assurables, cette couverture s’adresse à tous. Son objectif : qu’aucun client ne soit refusé, une philosophie d’inclusion qui fait partie de l’identité d’Humania et illustre comment la technologie peut faciliter l’accès à la protection financière. »

Les résultats enregistrés par ASSEM confirment les observations du dirigeant concernant une évolution des besoins du marché vers des produits simplifiés qui offrent rapidité d’émission et flexibilité. « Humania privilégie des formules adaptables aux besoins changeants des clients et aux réalités des distributeurs. Cette approche s’inscrit dans une logique omnicanale qui permet aux partenaires distributeurs — qu’ils soient courtiers traditionnels ou assurtech _d’offrir des solutions selon les préférences de leurs clients, qu’ils soient à l’aise ou non avec le numérique. »

Nicolas Moskiou met en garde contre la tentation de tout automatiser trop vite, car certains assurés préfèrent des démarches humaines et personnalisées.

Il précise que la vente directe n’existe d’ailleurs réellement que pour l’assurance voyage, où les clients peuvent acheter leur couverture en ligne. « Pour tous les autres produits, 1004 % des ventes se font par l’intermédiaire d’un agent ou conseiller. Même les assurtechs partenaires incluent la possibilité pour le client de dialoguer avec un conseiller ou un agent, maintenant ainsi la dimension humaine de la relation client. »

Le Plan stratégique 2025-2027 de la mutuelle repose sur trois piliers : innovation et transformation numérique ; excellence opérationnelle et durabilité ; et expérience client et valeur ajoutée pour les assurés.

L’année en cours constitue d’ailleurs une période cruciale, marquée par de nombreuses réalisations internes. « Des livrables qui ne concernent pas seulement les aspects technologiques, mais également la consolidation des bases organisationnelles : gestion du changement, ressources humaines, structure de gouvernance, etc. Plusieurs de ces projets se déroulent en arrière-plan, sans visibilité externe, mais sont essentiels pour soutenir la croissance future et assurer la solidité des fondations de l’entreprise » », selon Nicolas Moskiou.

De plus, l’entreprise valorise l’initiative et la responsabilisation des employés dans la réussite de cette transformation. « Nous donnons aux équipes le droit d’essayer et d’apprendre de l’échec », mentionne-t-il.

Interrogé sur les changements réglementaires susceptibles d’avoir une incidence sur l’industrie, il croit que chaque défi réglementaire doit être envisagé comme une occasion d’innover.

Le dirigeant voit trois tendances qui marquent le marché à un rythme soutenu. D’abord, la consolidation, qui transforme la structure concurrentielle et « entraîne une concentration des acteurs, ce qui pose des défis pour les assureurs de taille moyenne comme Humania. L’objectif est d’éviter une trop grande concentration et de préserver une diversité dans l’offre et les partenariats ».

La deuxième tendance concerne l’émergence de nouvelles offres en assurance vie, souvent issues de partenariats hybrides entre assureurs et fintechs. Enfin, l’évolution accélérée des plateformes technologiques, qui redéfinissent la distribution et l’expérience client.

« Notre marque repose sur la proximité, la simplicité et la fiabilité, et nous continuons de renforcer notre agilité pour répondre plus vite aux évolutions du marché », note-t-il.

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Assurance : pires erreurs de clients https://www.finance-investissement.com/edition-papier/nouvelles-edition-papier/__trashed-2/ Mon, 15 Sep 2025 05:16:00 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=109560 Une fausse déclaration en fait partie.

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En matière d’assurance, les clients commettent parfois des erreurs qui font que leur couverture est inadaptée à leurs besoins. À l’occasion du Baromètre de l’assurance2024, les conseillers en sécurité financière ont déterminé les principales erreurs de leurs clients, dont certaines concernent plutôt les conseillers eux-mêmes.

Mauvais objectif

« Mes clients se sont souvent fait présenter l’assurance comme une solution de placement et non sur la base d’un besoin d’assurance », déplore un répondant du sondage.

C’est une méprise majeure, convient Jean Morissette, conseiller auprès de l’industrie des services financiers. « Il y a d’autres avenues pour le placement qui sont beaucoup plus efficaces et moins coûteuses », dit-il. Recourir à un contrat d’assurance en tant que « placement » se justifie seulement pour satisfaire un besoin de protection ou pour un besoin fiscal que seule une assurance permet.

Jean Morissette donne l’exemple d’un homme d’affaires qui prend une assurance pour un legs à sa famille, une somme qui n’est pas imposable. « Si l’individu dispose d’une certaine fortune, on peut supposer qu’il aura maximisé tout son espace REER et CELI. L’assurance va permettre de transmettre simplement des sommes importantes, ce qui n’est pas toujours le cas pour un REER. »

C’est un point de vue que partage Gino-Sébastian Savard, président de MICA Cabinets de services financiers. « Ce n’est pas un investissement, tranche-t-il, mais un produit patrimonial. Les actifs dans une succession sont imposés au plein taux d’impôt, mais seulement s’ils sont à l’abri de la succession avec assurance vie entière. C’est une manière de bonifier un legs. »

À un individu qui dispose d’épargnes importantes, Gino-Sébastian Savard demande: « À quel moment vas-tu dépenser les derniers deux millions de ta fortune ? Jamais. Alors, injecte-les dans une police, ce qui va te permettre d’être plus dynamique dans le reste de ton portefeuille. Et si jamais tu te heurtes à un problème, il sera toujours possible d’emprunter sur ta police pour te dépanner. » Mais les gens ne se rendent jamais là !

Méprise sur le produit ou le prix

« Les clients souscrivent des produits dont ils ne comprennent pas les paramètres et réalisent plus tard qu’ils n’ont pas souscrit le bon », fait ressortir un autre conseiller.

C’est une erreur qu’a souvent vue Christian Laroche, consultant stratégique en distribution dans l’industrie financière. « Plusieurs achètent en fonction du coût plutôt que de prendre en considération les risques particuliers auxquels ils font face. Bien des gens négligent de se poser les bonnes questions », au risque de sous-estimer l’effet d’un décès ou d’une invalidité sur leurs finances.

À l’instar de sondés, ce vétéran met en garde les clients contre « les mauvais conseils et les tuyaux qu’on cueille sur les réseaux sociaux », et même contre les comparaisons rapides qu’on peut faire en ligne sur certains sites.

Une conséquence malheureuse de ces bévues est de se voir contraint d’annuler une police mésadaptée avant terme, « un geste qui peut coûter cher », rappelle Christian Laroche.

Gare aux fausses déclarations

« C’est une des principales erreurs que j’ai vues: les fausses déclarations, surtout relativement aux aspects médicaux », relève Christian Laroche. Sur le coup, tout baigne, mais c’est au moment de faire une réclamation que les mensonges ou les omissions ressortent. Le client risque alors de voir sa réclamation refusée ou considérablement amenuisée. Et c’est sans compter qu’il pourra être refusé ultérieurement par plusieurs assureurs.

Couverture inconvenante

Certains « conseillers préconisent souvent des produits pour leur rémunération plutôt que pour le besoin des clients », soulève un répondant.

Gino-Sébastian Savard s’oppose à une telle allégation. « Ce sont des propos de conseiller frustré ! lance-t-il. Si c’était le cas, le marché ne fonctionnerait tout simplement plus. » Selon ce spécialiste, la malhonnêteté est un vice qui se détruit lui-même. Seul le service authentique au client est payant: « Les gros producteurs qui ont développé un réseau étendu, c’est parce qu’ils ont des années derrière la cravate à aider leurs clients, avec des experts en soutien. Ils savent ce qu’ils font. »

Problème d’impatience

Patience, conseille Gino-Sébastian Savard, surtout aux plus jeunes conseillers impatients de frapper le gros lot auprès de clients plus fortunés. « Laisse ton client grandir, je leur dis. Assure-toi de bien provisionner son risque au fur et à mesure de son cheminement. Et quand il sera en dernière phase, c’est là que tu pourras lui vendre la grosse police. Les plus gros producteurs chez mes conseillers ont posé les bons gestes au bon moment, sans presser le client. » En d’autres termes, quand vient le moment propice pour offrir d’importantes polices, le bon contrat n’est pas difficile à vendre.

Erreurs en rafale

Voici d’autres erreurs qui ont été identifiées:

  • le sentiment d’invisibilité que les gens ont envers eux-mêmes ;
  • trop s’assurer ou mal s’assurer ;
  • ne pas conserver leur contrat en lieu sûr et ne pas avertir leurs proches (de l’existence de cette police) ;
  • ne pas consulter d’expert lors d’évènement de vie comme la naissance d’un enfant, un changement d’emploi, une invalidité, l’achat ou vente d’une propriété, la succession ;
  • faire fi de la valeur du conseil financier ;
  • et souscrire un produit qui ne respecte pas leur budget, ce qui fait qu’ils ont du mal à payer.

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En vigueur, l’union parentale https://www.finance-investissement.com/edition-papier/nouvelles-edition-papier/en-vigueur-lunion-parentale/ Mon, 15 Sep 2025 04:10:00 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=109554 Elle touchera nombre de clients.

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Le nouveau régime d’union parentale, visant à protéger les conjoints de fait qui deviennent parents d’un enfant né ou adopté après le 29 juin 2025, est entré en vigueur. Il a pour effet, entre autres, la création d’un patrimoine d’union parentale (PUP).

À moins d’avoir ajouté ou exclu certains des biens du contenu du PUP par acte notarié en minute, ce patrimoine est constitué des résidences de la famille, des meubles qui les ornent et des voitures servant aux déplacements de la famille.

Contrairement aux couples mariés (sans contrat de mariage) ou unis civilement, les REER, les fonds de pension et les gains inscrits au Régime de rentes du Québec ainsi que les CELI et autres produits d’épargne ne seront pas partagés, selon la Chambre des notaires. Sont aussi exclus du PUP les biens reçus par l’un des conjoints par succession ou par donation avant ou pendant l’union.

En cas de décès ou de dissolution de l’union parentale, la valeur nette des biens accumulés pendant l’union sera partagée 50-50, même si un seul conjoint en est propriétaire. Bien qu’un conseiller ne doive pas s’improviser juriste, voici certains aspects clés selon la série d’articles produite par Serge Lessard, avocat et vice-président adjoint régional pour le Québec (Investissements), Service de fiscalité, retraite et planification successorale, Gestion de placements Manuvie, disponible sur finance-investissement.com.

Bilan pré-union

Avant l’arrivée de bébé, les clients devraient dresser un bilan pré-union parentale afin d’établir la propriété, la valeur et les dettes des biens visés par le PUP. Il sera utile dans de nombreux cas, entre autres car la plus-value sur la portion non partageable d’une résidence détenue au début de l’union parentale ne sera pas soumise au partage.

Les clients devraient également effectuer un suivi lorsque des sommes exclues sont intégrées aux biens du PUP, comme un héritage ou un don qui est utilisé pour rénover la cuisine ou pour diminuer l’hypothèque. Cela s’applique également lorsque des épargnes accumulées avant la constitution du patrimoine d’union parentale (CELI, RAP, CELIAPP) sont utilisées comme mise de fonds à l’achat d’une résidence. Selon la situation, les apports provenant de certains biens exclus, ainsi que leur plus-value, peuvent réduire la valeur partageable du PUP lors de la dissolution de l’union parentale. D’où l’importance de consigner la valeur des biens qui ne font pas partie de ce patrimoine.

« Les conseillers pourraient avoir à maintenir séparés les investissements faits avant le début de l’union parentale de ceux faits après le début de l’union parentale », note Serge Lessard.

Il peut aussi être utile d’effectuer une mise à jour de ce bilan à intervalles réguliers et de conserver les factures des biens acquis pendant l’union de fait. L’un des objectifs est de pouvoir retracer la provenance des comptes, des biens et des remplois.

Ça peut être utile dans certains cas, comme lorsqu’un client rembourse un prêt hypothécaire à l’aide des distributions d’un fonds commun de placement détenu avant l’union. Car, selon certaines interprétations légales, il est possible que ces distributions deviennent déductibles de la valeur partageable du PUP.

« Malheureusement, le grand absent dans cette logique est la désignation de bénéficiaire sur une police d’assurance ou sur un contrat de fonds distincts. Il n’y a pas de déduction si la somme est reçue à titre de bénéficiaire après le début du patrimoine d’union parentale et qu’elle est réinvestie dans un bien du patrimoine d’union parentale. Il faudra penser à transmettre le capital décès par un legs testamentaire plutôt que par une désignation de bénéficiaire lorsque la situation l’exigera », écrit Serge Lessard.
En cas de décès, le bilan pré-union permet aussi à un client de prouver la propriété et la valeur de ses biens pour les repartir plus facilement, surtout s’il n’est pas héritier par testament de son conjoint. « Même le conjoint de fait qui, par testament, est héritier à 100 % des biens de l’autre a avantage à prouver la propriété de ses biens afin qu’une part de ceux-ci ne se retrouve pas dans la succession du défunt et ne serve à payer les dettes du défunt avant de lui être dévolue (ou ce qu’il en reste !) », écrit Serge Lessard.

Absence de patrimoine d’union parentale

Même dans les cas de retrait de l’application du patrimoine d’union parentale, il y a union parentale, ce qui crée d’autres mesures de protection. Parmi celles-ci, notons que le conjoint en union parentale se qualifie de conjoint héritier dans les cas de succession sans testament. En présence d’un conjoint en union parentale et d’enfants, le conjoint hérite d’un tiers de la succession et les enfants de deux tiers, selon Serge Lessard : « Il est, encore une fois, utile de pouvoir prouver la propriété de ses biens à l’aide d’un bilan, car sinon il est possible de se faire dépouiller partiellement par la répartition 1/3-2/3 ou par les créanciers du défunt. »

« Les clients pourraient vouloir revoir leur testament afin d’y inclure une clause de renonciation au partage ou un legs des droits du patrimoine d’union parentale », ajoute-t-il.

Créance du patrimoine d’union parentale

Le paiement d’une telle créance pourrait être effectué par le transfert de presque tous les genres d’actifs, y compris ceux qui ne font pas partie du patrimoine d’union parentale, tels REER, FERR, CELI ou placements non enregistrés. Un conseiller pourrait avoir à gérer ces transferts.

Besoins d’assurance

L’union parentale pourrait en créer. Par exemple, les conseillers pourraient offrir d’assurer la vie des conjoints en fonction du risque de perdre une partie de leur patrimoine au profit d’héritiers tiers ou au profit des créanciers du conjoint défunt, d’après Serge Lessard. « Une assurance pourrait constituer une sûreté lorsque le paiement de la valeur du patrimoine parental se fait sur plusieurs années », note-t-il.

Par ailleurs, les représentants devraient conseiller au client de consulter son notaire pour faire ou refaire un testament afin de coucher ses volontés sur papier et de prendre en compte les sommes à recevoir concernant le partage du PUP.

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Loi 25 : les défis de la portabilité des données https://www.finance-investissement.com/edition-papier/nouvelles-edition-papier/loi-25-les-defis-de-la-portabilite-des-donnees/ Mon, 15 Sep 2025 04:07:00 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=109551 Il faut relever celui de l’adoption de normes communes.

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Depuis l’entrée en vigueur de la dernière phase de la loi 25, en septembre 2024, les clients peuvent demander à recevoir ou transférer leurs renseignements personnels détenus par une entreprise. Dans le secteur du courtage, ces demandes se font rares. Des balises floues et des zones d’ombre persistent.

Dans le cadre du Pointage des régulateurs 2025, nous avons demandé aux responsables de la conformité si leur organisation est en mesure de se conformer aux obligations sur la portabilité des données. Résultat : 78 % ont répondu que leur entreprise l’est. Certains appréhendent toutefois des défis.

Un répondant du secteur de l’assurance indique que les grandes organisations possèdent des ressources, des lignes directrices et des budgets pour y parvenir. « Il s’agira probablement d’un défi plus important pour les petits courtiers », dit-il.

Selon un sondé, l’application de la loi nécessite beaucoup d’effort de la part des équipes, tandis qu’un autre mentionne que les demandes de clients en lien avec la portabilité sont rares. Or, la nécessité de s’adapter aux demandes préoccupe plusieurs répondants. « Si les demandes sont sporadiques, c’est faisable. Sinon, ce sera complexe », dit l’un d’eux.

Bien que la portabilité des données soit en vigueur, plusieurs organisations n’ont encore jamais traité une telle demande. « On est capable de répondre, mais on n’a eu aucune demande », confirme François Bruneau, vice-président administration chez Cloutier Groupe financier. Même constat chez MICA Cabinets de services financiers : le processus est prêt, mais n’a jamais été mis à l’épreuve, indique Francis Ménard, vice-président transformation numérique.

Chez Mérici Services financiers, la mise à jour des systèmes a été fluide, grâce à des fournisseurs de logiciels qui ont intégré les exigences de la loi 25, rapporte le président et chef de la conformité, Maxime Gauthier. Même là, l’exploitation des données transférées reste incertaine.

Derrière l’apparente simplicité du droit à la portabilité se cache un défi : le manque de standardisation des formats de données. Même si l’information est fournie dans un format structuré, chaque organisation classe et encode les informations différemment, ce qui exige un effort d’adaptation de la part de celui qui la reçoit. « Car les données ne seront pas organisées selon ses propres structures », explique Francis Ménard. « Un client peut vouloir recevoir ses informations dans un format exploitable pour lui, mais cela ne signifie pas que nos systèmes peuvent les lui fournir de cette manière », dit Maxime Gauthier.

L’absence de standardisation complique l’intégration des renseignements personnels par les destinataires. La réutilisation des données par une firme concurrente demeure peu probable, du moins à l’heure actuelle, ajoute François Bruneau.

Par exemple, un client qui transfère un compte d’investissement vers une autre institution pourrait souhaiter importer son historique de transactions. Or, cette opération est délicate tant sur le plan technique que réglementaire : « Il n’y a aucune façon que je vais rentrer ça dans mon système. On ne veut pas contaminer notre environnement avec des données externes qu’on ne peut pas valider », dit François Bruneau. Résultat : le client se retrouve avec un fichier dont l’utilité reste limitée, sauf à des fins personnelles.

Le fait que les données sont souvent réparties entre plusieurs systèmes — épargne collective, assurance collective, assurance individuelle — représente un défi supplémentaire. Les différentes plateformes n’étant pas interconnectées, récupérer des informations pour un client actif dans plusieurs unités d’affaires peut donc devenir complexe et chronophage. « Il faut aller chercher les données dans chacun des systèmes, ce qui rallonge les délais. »

Pour l’instant, la grande majorité des démarches nécessite un traitement manuel. François Bruneau craint un engorgement si le volume de requêtes devait augmenter soudainement. Dans ce cas, la gestion du volume deviendrait plus problématique que la capacité à livrer les renseignements.

La loi 25 établit un droit à la portabilité, sans indiquer comment l’exercer concrètement, soulève Yvan Morin, chef de la protection des renseignements personnels chez MICA : « Il faut traiter les demandes dans un délai raisonnable et s’assurer que la transmission se fait de façon sécuritaire, mais on n’a pas de directives détaillées. »

La nécessité d’utiliser un mode de transmission sécuritaire pour protéger les renseignements personnels complexifie les choses, alors qu’aucune méthode n’a été précisée par le législateur. Selon Yvan Morin, l’adoption de normes communes et d’outils technologiques standardisés réduirait l’effort requis des firmes pour se conformer.

François Bruneau entrevoit un potentiel d’innovation. Une technologie financière pourrait, à terme, automatiser les demandes de portabilité, agréger les données de diverses institutions et les rendre exploitables pour les clients, à condition que les infrastructures technologiques suivent, illustre-t-il.

L’essor de l’intelligence artificielle (IA) soulève également des questions sur la sécurité des données personnelles. Maxime Gauthier rappelle que, selon la loi 25, aucune donnée ne doit être utilisée par un outil d’IA sans le consentement éclairé du client. Il n’exclut pas certains dérapages. « Ce n’est pas censé arriver, mais si une IA est mal utilisée ou mal encadrée, le risque de fuite est bien réel. »

Des discussions sont en cours pour déterminer comment des données sensibles, telles que la tolérance au risque, pourraient être transférées entre firmes. Cela suppose un travail de coordination technique, car les méthodes de collecte et de conservation des données diffèrent souvent d’une institution à l’autre. « Il faudra s’entendre sur des protocoles communs. Ce sera long et exigeant », affirme Maxime Gauthier.

Ces efforts s’inscrivent dans un contexte plus vaste de transformation numérique, à l’image du transfert de comptes entre représentants, qui mobilise déjà les ressources informatiques des firmes.

Pour Kateri-Anne Grenier, associée et cocheffe, protection des renseignements confidentiels, vie privée et cybersécurité, et avocate en litige commercial chez Fasken, la portabilité des données est une avancée importante, mais encore largement théorique.
« Il faut des audits réguliers pour vérifier si les processus sont en place, s’ils fonctionnent, s’ils peuvent être améliorés, et s’ils respectent la loi », disait-elle dans un précédent article.

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Pilote de la croissance d’iAGPP https://www.finance-investissement.com/edition-papier/nouvelles-edition-papier/pilote-de-la-croissance-diagpp/ Mon, 15 Sep 2025 04:06:00 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=109550 Il transforme chaque défi en occasion de grandir.

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« Ne pas attendre d’être prêt à 100 % avant de saisir une opportunité. Il faut sauter lorsqu’elle se présente. » C’est la philosophie de carrière d’Adam Elliott, président et chef de la direction d’iA Gestion privée de patrimoine (iAGPP). Cette approche a guidé ce diplômé en histoire de l’Université McGill depuis ses premiers pas dans le secteur financier britannique jusqu’à la tête de l’un des plus importants courtiers au Canada.

Né à Pointe-Claire dans l’ouest de l’île de Montréal, Adam Elliott a grandi dans un environnement où l’éducation occupait une place centrale. Ses deux parents enseignaient au cégep John Abbott, et ses deux sœurs ont embrassé la médecine. Lui a choisi une voie différente, ce qui « n’a pas complètement enthousiasmé ses parents » au départ. Inscrit en histoire et science politique à McGill, il n’avait pas initialement la finance en tête. C’est un oncle travaillant dans le secteur financier à Londres qui a changé la donne en l’invitant à effectuer des stages d’été outre-Atlantique.

« À la fin du premier stage, cet oncle m’a proposé un poste à la fin de mes études à condition que je suive quelques formations supplémentaires. Une semaine après avoir obtenu mon baccalauréat, j’ai donc déménagé à Londres pour commencer ma carrière dans l’assurance, avant de passer rapidement à la finance », raconte Adam Elliott.

Cette expérience européenne lui a offert un cours intensif sur les risques du marché et l’impact de la politique sur l’économie, notamment pendant la crise financière russe de 1998. Pour lui, le lien entre histoire, économie et finance est évident. « Comme investisseur, c’est très important d’avoir une bonne connaissance de l’histoire et de la politique », dit-il.

De retour au Canada en 2000, il s’installe à Toronto et entame une carrière de 18 ans chez Fonds Dynamique (acquis par Scotia en 2011), d’abord comme vice-président senior au développement commercial puis vice-président régional pour l’Ontario. En parallèle, il suit plusieurs formations spécialisées (valeurs mobilières, fonds spéculatifs, etc.).

En 2018, il se joint à iA lors du rachat de HollisWealth par l’assureur. Après avoir fait partie de l’équipe de direction d’iA Clarington, la division de fonds communs de placement, il est promu à son poste actuel en 2023.

Toujours basé à Toronto, il se rend à Montréal environ toutes les deux semaines — à Québec à l’occasion — et est heureux de parler plus régulièrement le français. « C’est une langue que j’avais un peu perdue pendant toutes ces années à Toronto, alors c’est un plaisir de la parler davantage », confie-t-il.

Durant sa carrière, Adam Elliott a pu compter sur des mentors, dont son oncle, Christian Hoy, qui a exercé une influence déterminante sur sa carrière. « Je l’ai accompagné dans des rencontres avec ses clients, ce qui a été très formateur. Ça m’a beaucoup aidé à comprendre comment travailler avec eux », raconte-t-il.

Plus récemment, Stéphan Bourbonnais a aussi eu un effet sur son parcours. Lorsque celui-ci a été promu vice-président exécutif, gestion de patrimoine chez iA, il a convaincu Adam Elliott de postuler pour lui succéder à la présidence d’iAGPP. Dans leurs rôles respectifs, les deux hommes maintiennent une collaboration étroite sur les dossiers stratégiques, notamment sur des acquisitions d’envergure comme celle de Patrimoine Richardson réalisée récemment. « On se parle régulièrement. Le fait qu’il ait déjà occupé mon poste m’aide beaucoup », précise Adam Elliott.

Dans son rôle actuel, son mandat est clair : stimuler la croissance sans dénaturer l’ADN entrepreneurial du courtier. Le réseau compte environ 480 équipes de conseillers et 67 milliards de dollars (G$) d’actifs sous gestion. Les conseillers sont propriétaires de leur pratique et agissent soit sous la marque de la firme, soit sous leur propre bannière. « La collaboration reste essentielle dans les décisions d’investissement et de développement », insiste-t-il, rappelant la place donnée à l’autonomie et au jugement professionnel.

Importante intégration

L’achat de Patrimoine Richardson, qui compte 40,3 G$ en actifs et 23 bureaux dans tout le Canada, est une étape importante. « C’est la deuxième plus importante acquisition de notre histoire et la plus grande dans le secteur de la gestion de patrimoine. iA est ainsi devenue la première firme indépendante non bancaire au Canada, avec 107 G$ sous gestion », souligne Adam Elliott.

La « priorité absolue » pour les 12 prochains mois est d’en réussir l’intégration, ce qui représente un certain défi. iAGPP fonctionne selon un modèle entrepreneurial « 80-20 », c’est-à-dire dans lequel la part des revenus bruts générés qui revient aux conseillers est élevée. Cela détonne avec le modèle structuré par le courtier, avec une répartition des revenus de type « 50-50 » chez Richardson, où les conseillers travaillent dans les bureaux de l’entreprise et où les adjoints sont salariés de celle-ci. Dans les deux cas, les conseillers restent propriétaires de leur clientèle.

Malgré cette différence, l’équipe d’Adam Elliott a toutefois bon espoir de réussir l’opération grâce à l’expérience acquise lors de l’achat de Valeurs mobilières Banque Laurentienne (VMBL), un réseau d’environ une trentaine de conseillers et 2 G$ d’actifs en 2024. « Cela a constitué un laboratoire pour nous, car c’était la première fois que la firme rachetait une organisation fonctionnant selon un modèle corporatif plutôt qu’indépendant », explique Adam Elliott.

« C’était un changement de culture important pour les conseillers, qui ont dû passer d’un environnement structuré par l’entreprise à un fonctionnement entrepreneurial », ajoute-t-il. L’opération a nécessité un accompagnement renforcé : formation, soutien technique et aide à l’installation des conseillers dans leurs nouveaux bureaux. « Certains, habitués à ce que tout soit fourni par la banque, ne savaient pas trop comment acquérir un ordinateur ou configurer Outlook », donne-t-il en exemple.

Malgré les difficultés, la perspective de devenir entrepreneur a suscité beaucoup d’enthousiasme au sein de la nouvelle équipe. Le résultat parle de lui-même : après un an, le taux de rétention des conseillers est de 100 %. « Lorsqu’on leur a demandé récemment s’ils préféreraient retourner vers un modèle corporatif, tous ont confirmé vouloir rester dans le modèle entrepreneurial d’iAGPP », se réjouit Adam Elliott.

L’acquisition de Richardson apporte une capacité accrue de recrutement. « iAGPP et Investia sont historiquement performants pour attirer des conseillers indépendants, tandis que Richardson excelle dans le recrutement de profils issus des modèles corporatifs ou bancaires », souligne Adam Elliott. Ensemble, ils disposent désormais d’un effet d’attractivité supplémentaire.

L’intégration technologique avec Richardson ne se fera pas par un transfert unilatéral vers les systèmes d’iAGPP. L’approche retenue est collaborative : comparer les forces respectives des deux organisations et sélectionner les meilleures solutions, qu’il s’agisse du portail client, de l’application mobile ou d’autres outils.

Au-delà des acquisitions, la croissance organique demeure un axe stratégique pour iAGPP. En 2023, la firme a accueilli 47 nouvelles équipes, représentant 3 G$ d’actifs. Au 30 juin 2024, 25 équipes supplémentaires s’étaient jointes au réseau, pour 1,5 G$ d’actifs, avec un autre milliard prévu au troisième trimestre. Les départs restent marginaux et liés principalement à des retraites.

Au 31 mars 2023, iAGPP comptait 175 conseillers au Québec, qui géraient un total de 11 G$, selon le Pointage des courtiers québécois. Au 31 mars 2025, le courtier comptait 233 conseillers, qui géraient 18,9 G$. La part de marché en termes d’actifs recueillis au Québec par les sociétés de courtage en placement est passée de 3,13 % en 2023 à 4,35 % en 2025, selon l’Institut de la statistique du Québec.

Si le vieillissement de la profession est un problème reconnu dans l’industrie, iAGPP affirme ne pas en souffrir autant que d’autres. La majorité des équipes sont intergénérationnelles, avec un mélange de conseillers expérimentés et de jeunes professionnels. Dès 2025, tous les conseillers de 55 ans et plus devront avoir un plan de succession interne ou avec une autre équipe du réseau. « Je suis inquiet quand il n’y a pas de jeunes au sein des équipes », confie Adam Elliott. L’entreprise facilite ces transitions grâce à un programme de financement interne, permettant aux conseillers d’acquérir les blocs d’affaires des collègues partant à la retraite.

iAGPP encourage ses conseillers à intégrer pleinement les outils numériques pour fidéliser et attirer une clientèle plus jeune. Des indicateurs, comme le pourcentage de clients utilisant le portail ou l’application mobile, servent à mesurer cet engagement. Les équipes comptant des conseillers plus jeunes tendent à pousser davantage l’usage des solutions numériques, répondant ainsi aux attentes des nouvelles générations.

L’intelligence artificielle (IA) occupe désormais une place centrale dans les discussions stratégiques. iAGPP a développé, en partenariat avec Google, sa plateforme Advisor Experience 360 (AX360), qui intègre déjà des fonctionnalités d’intelligence artificielle (IA) utilisées quotidiennement par les conseillers. « L’IA figure parmi les principales questions suivies par le conseil d’administration chaque trimestre », précise Adam Elliott.

Il constate que les clients, notamment les plus jeunes, se tournent de plus en plus vers des outils comme ChatGPT pour s’informer avant de consulter un professionnel, phénomène qu’il compare à ce que vivent ses sœurs médecins avec leurs patients. Cela impose aux conseillers de « hausser leur jeu » pour rester crédibles face à une concurrence qui ne vient plus seulement des banques ou d’autres firmes traditionnelles, mais aussi de plateformes comme Wealthsimple et d’influenceurs financiers sur les réseaux sociaux.

L’entrée en vigueur de nouvelles règles qui rehaussent l’information sur le coût total des fonds (MRCC3) représente également un défi majeur de conformité et de communication dans l’industrie. Sur le plan technique, iAGPP a réalisé d’importants investissements pour être prête à fournir une information complète sur les frais. Sur le plan relationnel, un effort particulier est déployé pour que les conseillers préparent leurs clients à la lecture des nouveaux relevés. « La discussion doit avoir lieu avant qu’ils reçoivent le premier relevé. Nos conseillers et conseillères sont confiants dans leur proposition de valeur. On a mis beaucoup de temps pour bien les préparer », soutient Adam Elliott.

Selon lui, les perspectives de carrière dans le secteur sont « énormes » compte tenu du grand nombre de départs à la retraite attendus parmi les conseillers dans la prochaine décennie. Il recommande toutefois de commencer en intégrant une équipe plutôt que de se lancer seul afin de bénéficier d’un encadrement, d’investissements technologiques et d’une clientèle déjà établie.

Ce dont il est le plus fier dans sa carrière : avoir toujours accepté les nouveaux défis. « Quand on m’a tapé sur l’épaule pour me dire que je devrais postuler pour un nouveau poste, j’ai toujours sauté sur l’occasion, et ce, malgré la nervosité. Chaque fois, la décision s’est révélée positive », confie-t-il. Il considère avoir aujourd’hui « le meilleur job » de sa carrière, étant en contact quotidien avec des conseillers entrepreneurs dans un environnement en mutation rapide. « C’est vraiment excitant », dit-il.

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Le parcours d’un rassembleur https://www.finance-investissement.com/edition-papier/nouvelles-edition-papier/le-parcours-dun-rassembleur/ Mon, 09 Jun 2025 04:02:00 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=107740 Il souhaite maintenir la proximité avec les conseillers.

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« Mettre le client au cœur de toutes les décisions garantit des choix judicieux à long terme, tant en matière de satisfaction que de rentabilité », dit Simon Lemay, premier vice-président et directeur national, Québec et Atlantique, à la Financière Banque Nationale (FBN). C’est la vision qu’il partage avec ses employés et collègues, et qui a façonné son style de gestion depuis les débuts de sa carrière.

Diplômé de HEC Montréal en 2001, Simon Lemay a fait son entrée à la FBN en avril 2002 comme analyste. Il est mis en relation avec Stéphan Bourbonnais, alors directeur principal. « Ce fut un coup de foudre et une porte d’entrée dans l’entreprise de mes rêves », relate Simon Lemay. Il raconte avoir développé une passion pour la Bourse jeune, et suivait « les stocks en lisant la page des cotes dans le journal ».

Depuis le siège social de la FBN à Montréal, Simon Lemay a travaillé d’abord à instaurer des procédures administratives concernant des projets d’amélioration opérationnelle dans la gestion de la rentabilité et de l’efficacité administrative des succursales. « Certaines politiques utilisées encore aujourd’hui sont celles que j’ai bâties il y a 20 ans », lance-t-il.

Ensuite, il « a été très impliqué » dans quatre acquisitions survenues en 2008, lesquelles ont eu un impact positif sur sa carrière : la société torontoise Aquilon Capital, le groupe financier Everest, de Saint-Lambert, Bieber Securities, de Winnipeg, ainsi que le Groupe Option Retraite.

« Une belle carrière est un mix des occasions qui se présentent à toi, tout en étant au bon endroit au bon moment. Et j’ai souvent été au bon endroit au bon moment », analyse Simon Lemay.

Il attribue son ascension au sein de la FBN à un mélange de compétences, de travail acharné, de bonnes relations et d’un bon timing. « Aujourd’hui, on tient cela pour acquis, mais à l’époque, il n’y avait pas beaucoup de “vrais bilingues” au siège social », rappelle celui qui a grandi dans l’ouest de l’île de Montréal.

L’année suivante, la FBN mène une restructuration qui abolit le poste des directeurs de succursale, qui gèrent à la fois les activités et leur propre portefeuille de clients, pour la remplacer par une direction régionale exempte de book. En marge de cette décision, Simon Lemay est promu vice-président directeur régional pour la région Québec-Nord. Le territoire comprend la Côte-Nord, le Bas-du-Fleuve, le Saguenay, l’Abitibi, et la Beauce.

Plusieurs de ces directeurs n’étaient pas enchantés de ce changement, d’après Simon Lemay. D’autant qu’il a tout juste 30 ans et que l’âge moyen d’un directeur régional tourne alors autour de 50-55 ans. Toutefois, ses interactions régulières avec eux lui ont permis de gagner leur confiance. « Ils aimaient comment je réfléchissais et comment je voyais les choses », avance-t-il.

Selon Simon Lemay, son approche humaine explique son Succès dans ce mandat. « On prend la moitié des commissions que les conseillers génèrent, donc nous devons être au service de leur réussite. Comprendre la situation personnelle de chacun est essentiel », illustre-t-il.

Ainsi, malgré les « grosses parts de marché déjà présentes, on a réussi à les doubler à travers la région en moins de cinq ans », dit-il, notamment grâce au « recrutement de conseillers de la concurrence ».

En 2014, Simon Lemay relève le défi de diriger la région métropolitaine de Toronto. Il reproduit à Bay Street les principes qui ont fait sa réussite au Québec. « Une culture d’entreprise forte est très importante pour garder les employés motivés », explique-t-il.

Simon Lemay adapte la culture québécoise à la réalité torontoise vers un modèle moins hiérarchique et bancaire que le modèle traditionnel de Bay Street. Ce positionnement connaît « énormément de succès ». Il évoque le recrutement d’une « vingtaine de conseillers représentant environ 5 milliards d’actifs en quelques années, un exploit dans un marché aussi concurrentiel ».

Il raconte avec humour que Louis Vachon, alors chef de la direction de la Banque Nationale, le surnommait « le most wanted man on Bay Street, parce que je dérangeais beaucoup ».

Son passage à Toronto est décisif. « J’ai un côté rassembleur et c’est à Toronto que j’ai pu l’amener à un autre niveau », explique-t-il.

En 2018, il est nommé directeur national des ventes pour le Canada, à l’exception du Québec, alors géré par Denis Gauthier. Son mandat consiste à développer la présence de la FBN de Victoria jusqu’à Halifax, dans des marchés où elle est peu implantée — parfois à moins de 10 % de part de marché.

Même si le recrutement de conseillers a favorisé cette croissance, Simon Lemay assure n’avoir jamais ressenti la pression d’engager à tout prix. « Nous cherchions des gens qui fittaient avec nous culturellement. L’acquisition ne doit jamais se faire au détriment des talents existants. »

Le dirigeant compte d’ailleurs stimuler aujourd’hui la croissance de la FBN au Québec avec cette même approche. Il estime important d’assurer un environnement dans lequel les conseillers peuvent s’épanouir et où leur fidélité n’est pas tenue pour acquise. « Nous sommes à leur service. Il faut leur donner un environnement stimulant, dans lequel ils peuvent bien servir leurs clients, et où leur équipe va aussi être satisfaite et rester engagée. Quand un conseiller change de firme, de 90 à 95 % de la clientèle va les suivre. La fidélisation repose donc sur un engagement sincère et durable. »

Après un an et demi à la direction nationale hors Québec, Simon Lemay est promu responsable du Québec à l’été 2023, et conserve le secteur de l’Atlantique. Il prend ainsi la relève de Denis Gauthier. Il convient que le départ de ce dernier a pu être « dérangeant pour la firme, parce que Denis a été un leader qui a eu une belle influence sur la culture de la firme ». Or, sa relation de longue date avec lui et la complémentarité de leurs styles de gestion a été rassurante pour les équipes en place.

Selon lui, sa nomination fut bien accueillie et n’a pas entraîné d’instabilité. Une nomination venue par exemple « du milieu bancaire ou carrément de l’externe aurait pu créer un clash culturel un peu trop fort ».

En effet, la FBN n’enregistre pas d’exode de conseillers depuis 2023, au contraire. Le nombre de CP avec code de représentant au Québec est passé de 434 en mars 2023 à 443 en mars 2025. La part de marché de la FBN en matière d’actifs gérés par des sociétés de courtage de détail en valeurs mobilières au Québec est restée stable à 26,4 % durant cette période, selon la « Banque de données des statistiques officielles sur le Québec » et les données du Pointage des courtiers québécois de Finance et Investissement.

Dans l’ensemble du Canada, à la fois le nombre de conseillers et la part de marché en termes d’actif géré sont restés stables de 2023 à 2025, et ce, malgré les tentatives de recrutement de ses CP par les courtiers concurrents. Selon lui, la proximité avec les conseillers reste la clé de la rétention de talents. Ceux qui gèrent les plus gros blocs d’affaires exigent une approche différenciée et une gestion créative et adaptable.

Dans cette optique, il a installé son bureau dans la succursale de Place Ville-Marie plutôt qu’au siège social de la banque. Ça lui permet de rester en contact avec les conseillers, de soutenir les équipes dans leurs défis et d’intervenir rapidement en cas de problème.

Les résultats de la FBN au Pointage des courtiers québécois ainsi que les sondages internes montrent une satisfaction élevée des représentants. Selon lui, un conseiller heureux peut davantage rendre un client heureux.

Son passage à Toronto lui a aussi permis d’observer les pratiques des grandes banques ailleurs au Canada, a enrichi sa perspective, et lui a donné les moyens de mieux faire évoluer la FBN au Québec en y insufflant des idées neuves.

Historiquement, la firme était perçue comme étant divisée entre deux réalités : la culture québécoise, concentrée à Montréal, et celle du reste du pays, explique Simon Lemay. Il affirme avoir réussi à « briser les limites et à rapprocher vraiment les deux solitudes en une firme où on réfléchit ensemble, travaille ensemble et avance ensemble ». L’acquisition de Wellington West et celle des services-conseils en placement de Valeurs mobilières HSBC, toutes deux en 2011, avaient rendu l’harmonisation d’autant plus nécessaire. Ce rapprochement des deux solitudes est sa plus grande fierté professionnelle.

«  Avoir une culture d’entreprise forte a toujours été au centre de mes priorités, tout comme le fait d’être centré sur le client. C’est lui, notre véritable patron », ajoute Simon Lemay.

Aujourd’hui, l’actif sous gestion de la FBN s’élève à 182 milliards de dollars à l’échelle canadienne et le nombre de conseillers en placement, à 910. Ce dernier chiffre devrait atteindre environ 955 ou 960 une fois l’intégration des effectifs de Canadian Western Bank terminée.

En plus d’une équipe mobilisée, la FBN compte au Québec une force de vente jeune, la moyenne d’âge étant de 49,6 ans. « Maintenant, on a les enfants de nos conseillers et conseillères dans nos bureaux », rapporte-t-il.

La FBN entend également miser sur la diversité et participe à différentes initiatives sur ce plan. Simon Lemay cite un projet-pilote avec l’Université McGill destiné à comprendre comment attirer plus de femmes dans l’industrie. « On ne le fait pas pour une question de ratio, mais parce que les équipes les plus diversifiées sont celles qui ont le plus de succès et le plus de croissance, parce que le client est ainsi mieux servi. »

La nouvelle génération arrive dans l’industrie avec d’autres attentes et usages, par exemple un rapport différent à l’investissement, qui s’est démocratisé en raison des avancées technologiques, convient Simon Lemay. « La technologie est un autre de nos chevaux de bataille, et on travaille beaucoup à l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans nos pratiques d’affaires. »

La FBN a adopté l’outil Copilot de Microsoft, qui est déjà bien implanté dans ses activités et utile à la prise de notes, entre autres.

Pour Simon Lemay, l’IA ne remplacera pas l’humain. « La machine ne sera jamais capable de gérer les émotions des clients. Au début de la COVID-19, quand le marché boursier plantait, ce n’est pas un robot-conseiller, le courtage direct ni une IA qui ont pris le téléphone pour appeler ses clients et les rassurer. »

Or, en matière de productivité, il estime que l’IA peut permettre aux conseillers de mieux s’occuper de leurs clients. « Quand on pense à la prise de notes, au respect des règles de connaissance du client et du produit, ou aux obligations liées (à la divulgation du coût total des fonds) qui s’en viennent relativement vite, l’IA peut être un allié très efficace. »

« Tout le monde est essoufflé en raison des changements réglementaires qui s’intensifient et l’IA est une des belles pistes de solution pour simplifier un peu la tâche », avance Simon Lemay.

Malgré cela, il souligne que la « conformité est une alliée. Il ne faut pas voir le réglementaire comme une montagne insurmontable, au contraire. Les règles sont là pour de bonnes raisons. Toutefois, la plus grande constante, c’est le changement, surtout en matière de réglementation ». Dans cet esprit, Simon Lemay imagine un avenir proche où les manuels de conformité pourraient être intégrés dans les systèmes d’IA, qui seraient alors capables de fournir des réponses précises et contextualisées aux enjeux réglementaires.

Après 23 ans passés à la FBN, Simon Lemay continue de se percevoir comme un bâtisseur. Il voit dans l’acquisition de la Canadian Western Bank une nouvelle étape excitante, avec des possibilités à exploiter autant au Québec qu’ailleurs au pays. Il est convaincu que la FBN n’a pas encore atteint son plein potentiel, malgré des résultats remarquables. « La banque croit beaucoup en la gestion de patrimoine. Elle a besoin d’une division de gestion de patrimoine forte et la FBN est un pilier stratégique. »

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Ces blocs de clients qu’on ne vend pas https://www.finance-investissement.com/edition-papier/nouvelles-edition-papier/ces-blocs-de-clients-quon-ne-vend-pas/ Wed, 12 Feb 2025 05:57:01 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=105425 Des solutions pour éviter la prolifération de clients orphelins dans l'assurance.

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Quelques représentants, sondés à l’occasion du Baromètre de l’assurance 2024, déplorent que des conseillers arrivés à l’âge de la retraite refusent de vendre leur clientèle même s’ils la servent de manière minimale et ne souhaitent pas la développer.

C’est une situation qu’observe Martin Luc Derome, président de Queenston. « ­Plusieurs gardent leurs books jusqu’à des âges très avancés. » ­Et cette situation, ­juge-t-il, entraîne des problèmes pour ces conseillers, mais surtout pour leurs clients. « C’est difficile pour eux de se tenir à niveau avec la technologie, avec la conformité, avec la Gestion stratégique des produits plus complexes. » ­Pourquoi en ­est-il ainsi ? ­Ils n’ont pas mis assez d’argent de côté, ­suppose-t-il, ou ils n’ont pas trouvé de successeur.

« C’est un énorme problème dans l’industrie », reconnaît Gino-Sébastian Savard, président de MICA Cabinets de Services financiers, qui estime que ce problème rejoint celui des déséquilibres de commission traités dans cet article et de l’effet qu’ils font peser sur la valeur des clientèles. « ­Pourquoi un vieux conseiller qui touche 20 000 $ par année à vie ­vendrait-il à seulement trois fois la valeur du book, alors qu’il peut profiter d’un revenu assuré à vie ? » soumet le dirigeant.

Au fil du temps, sa clientèle va décliner avec les décès ou les retraits de clients, mais au moins le conseiller reçoit son revenu à vie.

« ­Non, ce n’est pas éthique et la plupart des conseillers sont éthiques, ­poursuit-il. Ils veulent le bien de leurs clients, donc ils vendent. Mais avec 10 % ou 20 % de conseillers qui ne vendent pas, on peut imaginer le nombre de clients orphelins que ça laisse. »

Ce problème ne peut pas être résolu par l’industrie. « ­Il y a danger pour les assureurs de se faire poursuivre pour rupture de contrat, fait ressortir Gino-Sébastian Savard. Et il faudrait que ce soit rétroactif. On imagine le ­branle-bas de combat ! »

Selon Gino-Sébastian Savard, l’AMF devrait créer une règle qui stipulerait que, pour toucher une rémunération en assurance, il faut être détenteur de permis. « ­Cela encouragerait à vendre son book. »

Nous avons soumis la question à l’AMF en même temps que celle des conseillers à la retraite qui continuent de récolter des commissions de suivi. « ­Comment éviter la situation des “papis sans permis” ? Avons-nous demandé. Faudrait-il imposer qu’un conseiller dont le permis expire vende sa clientèle ? »

Sa réponse : « ­Il n’y a actuellement pas d’éléments qui ont soulevé des préoccupations à l’Autorité relativement aux clients orphelins. »

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Biais et risques de rémunération https://www.finance-investissement.com/edition-papier/nouvelles-edition-papier/biais-et-risques-de-remuneration/ Wed, 12 Feb 2025 05:56:42 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=105424 Les enjeux des commissions de renouvellement et de service : un mal nécessaire ?

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Une majorité des conseillers en sécurité financière désignent deux mesures incitatives comme susceptibles de nuire au traitement équitable des clients, selon le Baromètre de l’assurance 2024.

Il s’agit des écarts élevés entre les commissions pour la vente initiale d’un contrat et celles pour les Services continus ainsi que des commissions de renouvellement acquises la vie durant par des conseillers, ce qui peut laisser des clients orphelins. Respectivement, 51 % et 53 % des répondants au sondage ont jugé comme à risque ces genres de rémunérations.

Notons par ailleurs que 64 % des conseillers sondés estiment potentiellement nuisible l’imposition d’un volume minimal de ventes aux agences par les assureurs. Près de la moitié (49 %) des représentants avait la même opinion concernant les concours de vente et les voyages de formation de ce genre.

Revenons au risque découlant notamment des commissions accélérées, aussi appelées « high and low ». « ­Plus de 90 % de la rémunération d’un contrat d’assurance est versée dans sa première année. L’incitatif est à la vente, pas au service », dit un répondant.

« L’assurance offre un revenu intéressant seulement à la vente, relève un autre conseiller sondé. Les revenus qui en découlent par la suite sont beaucoup plus faibles et n’incitent pas à la conservation des produits ou encore à offrir du service sur un vieux contrat. Si les efforts sont mis aux endroits “payants”, le maintien des polices ne sera pas priorisé. » ­Même si le représentant doit privilégier le maintien en vigueur d’un contrat selon les règles de la Chambre de la sécurité financière.

Un autre affirme : « Ce n’est pas payant de donner du service aux clients. Souvent, le conseiller initial vend et disparaît. Les clients se retrouvent alors sans service. »

La pratique semble fréquente, selon certains répondants. « ­Il y a un nombre trop élevé de conseillers qui vendent des assurances dans l’objectif de générer des commissions plutôt que de se soucier uniquement de l’intérêt du client », dénonce un répondant. « ­Les commissions de renouvellement doivent augmenter si l’industrie souhaite que les clients aient du service », tranche un autre.

L’autre enjeu concerne les conseillers qui, bien qu’ils aient abandonné leur permis de pratique, continuent de récolter des commissions de suivi. Certains les appellent les « papis sans permis ».

« ­Ne pas permettre à un nouveau conseiller de prendre la relève après deux ans suscite assurément des orphelins, déplore un conseiller. C’est injuste de ne pas permettre à un nouveau conseiller de prendre la place et de recueillir au moins quelques sous pour le suivi et les renouvellements. » ­Une telle situation nuit aux clients, affirme un répondant : « Ça incite les conseillers à annuler leur police et à en obtenir une nouvelle. »

Le problème devrait être tranché par l’Autorité des marchés financiers (AMF), d’après un répondant : « ­Un conseiller prenant sa retraite devrait obligatoirement vendre cette clientèle. Une commission de suivi devrait être versée tant et aussi longtemps qu’un permis auprès de l’AMF est valide. »

Martin Luc Derome, président de Queenston, firme spécialisée en fusion et acquisition de cabinets de conseil financier, constate ces problèmes à l’échelle canadienne. « Aujourd’hui, la commission de service est de 5 % en moyenne pour cinq ans. Le conseiller doit donc vendre une autre police s’il veut continuer d’avoir le même revenu de service. Si je veux une croissance, chaque année je dois vendre plus de polices. » ­Cela crée un risque qu’un conseiller veuille remplacer des polices même si elles faisaient l’affaire.

Or, les commissions accélérées abaissent la valeur des blocs de clientèle des conseillers (books), constate Martin Luc Derome. « ­Si les renouvellements étaient plus importants, ­dit-il, ça donnerait une plus grande valeur de revente. La commission de 90 % est trop forte. Quand les conseillers arrivent à la retraite, ils n’ont rien à revendre. » ­Cela entraîne un déséquilibre important entre la valeur des clientèles d’assurance et celle des clients de produits d’investissement, dont la valeur est plus élevée.

Moins populaire, la commission nivelée, où un conseiller reçoit une rémunération moins élevée la première année, est plus stable dans le temps et permet d’éviter certains biais de la commission accélérée.

Mal nécessaire ?

Le problème de ces biais est épineux, mais apparaît comme un mal nécessaire, pour Gino-Sébastian Savard, président de MICA Cabinets de Services financiers. Du côté des produits d’investissement, explique-t-il, les nouvelles règles de rémunération et de tarification ont fait qu’un conseiller de la relève peut difficilement se composer un revenu adéquat dans les premières années. Cela freine l’accès à la carrière.

Or, la commission accélérée est un refuge pour ces débutants. « ­En modifiant les commissions vers un plus grand nivellement, on fermerait la porte aux jeunes, ­juge-t-il. Bien sûr, des commissions nivelées contribueraient à rehausser la valeur des books, mais un book plus cher ne va pas non plus aider un jeune qui veut l’acheter. »

Par ailleurs, le problème des « papis sans permis » n’aide pas non plus les jeunes. « ­Si on veut attribuer à un jeune les clients d’un [conseiller expérimenté], il n’est pas rémunéré. C’est la grosse faille dans les contrats des assureurs. » ­La pression se trouve déplacée vers les agents généraux, constate Gino-Sébastian Savard. « ­Les assureurs leur disent qu’ils doivent assurer le service, trouver un agent pour faire le service, mais il n’est pas rémunéré ! C’est une situation impossible. »

Comment résoudre cette « situation impossible » ? ­Pas en cherchant du côté des assureurs, apparemment. « ­Il faut changer les contrats, mais personne ne veut être le premier à le faire », ­poursuit-il. Le premier assureur qui bougerait dans ce sens risquerait de perdre des clients.

Selon un répondant du Baromètre de l’assurance, iA Groupe financier a fait un geste dans ce sens, étalant les commissions de façon plus égale dans le temps. Nous avons demandé une entrevue à cette société pour en parler, entrevue qu’elle nous a refusée.

La solution doit venir de l’AMF, juge Gino-Sébastian Savard. Or, le régulateur s’en remet plutôt aux attentes qu’il a déjà formulées à l’endroit de l’industrie. « L’Autorité s’attend à ce que l’institution financière détermine et évalue régulièrement les risques de pratiques pouvant nuire au traitement équitable des clients qui peuvent découler des mécanismes incitatifs, écrit l’AMF par courriel. Les assureurs et les cabinets peuvent prévoir et définir leurs pratiques d’affaires et de rémunération dans le respect de leurs obligations envers les clients, dont assurer un service continu et adéquat. »

En d’autres mots, l’AMF remet la balle dans le camp de l’industrie, qui doit se démêler avec les biais de ses mesures incitatives. Gino-Sébastian Savard constate l’impasse : « ­On fait des représentations sur ces questions depuis des années [auprès de l’AMF], mais ça ne passe pas. »

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Mieux décaisser grâce à la rente viagère https://www.finance-investissement.com/edition-papier/nouvelles-edition-papier/mieux-decaisser-grace-a-la-rente-viagere-2/ Wed, 12 Feb 2025 05:53:42 +0000 https://www.finance-investissement.com/?p=105428 Les clients perdent de la flexibilité avec leur capital.

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Avoir un bon dosage de revenus de retraite provenant de rentes viagères garanties peut rapporter de nombreux bénéfices à un client retraité : paix d’esprit, revenus prévisibles et Gestion du risque de survivre à ses épargnes. Selon les conditions du marché, la rente pourrait même lui permettre de vivre plus confortablement.

Voilà quelques constats qui découlent d’un atelier sur le décaissement de l’actif à la retraite organisé lors du ­Congrès de l’Institut de planification financière (l’Institut) en septembre dernier.

« ­La rente viagère est vue comme l’ennemi public numéro 1. [Pourtant], je suis convaincue qu’elle est nécessaire dans un plan de décaissement », a alors indiqué Caroline Marion, notaire, fiscaliste, fellow de l’Institut et conseillère principale, développement des affaires et rayonnement et Services fiduciaires aux particuliers, chez Desjardins Gestion de patrimoine.

Selon elle, lorsqu’un client est en bonne santé, en a les moyens et a un plan de décaissement qui comprend peu de revenus viagers garantis, l’achat d’une rente viagère devrait être évalué. Évidemment, avant d’acheter une rente auprès d’un assureur, un client devrait d’abord reporter le moment où il commence à toucher ses prestations de la Pension de la sécurité de la vieillesse (PSV) et du ­Régime de rentes du Québec (RRQ), lesquelles versent des revenus viagers garantis et indexés à l’inflation.

Un client qui souscrit une rente viagère perd certes la souplesse dans l’utilisation de son capital, car celui-ci lui est aliéné en faveur d’un assureur. Or, ce dernier partage avec le client le risque de survivre à ses épargnes ainsi que le risque de placement lors du décaissement. Ce partage peut avoir un effet décisif sur la viabilité de son plan de retraite.

Lors du congrès, Dany Lacoste, planificateur financier, fellow de l’Institut canadien des actuaires et conseiller principal, retraite et épargne, chez Normandin Beaudry, a exposé l’effet de la souscription d’une rente viagère pour un couple de clients qui ont cessé de travailler : ­Pierre, 60 ans, et ­Kim, 70 ans, tous deux en bonne santé.

Pierre a 600 000 $ dans un régime de retraite à cotisation déterminée. Il a un profil de risque équilibré. Il peut espérer obtenir un rendement net de frais de 4 %, il subit une inflation de 2,1 % et prévoit un épuisement de son capital à 94 ans (25 % de probabilité de vivre jusqu’à cet âge selon les normes d’hypothèses de projection de l’Institut).

Il a droit à la pleine PSV et à 90 % de la rente maximale du ­RRQ. Il prévoit de reporter à 70 ans le moment où il commencera à percevoir ces deux prestations. Il transfère de l’épargne accumulée dans un fonds de revenu viager (FRV) et l’investit dans un portefeuille équilibré. Pour financer son coût de vie, il décaisse de ce compte de manière accélérée entre 60 ans et 70 ans, puis de manière plus graduelle à partir de 70 ans, moment où il touchera 32 500 $ de rentes des régimes publics.

Résultat : il peut s’attendre à obtenir un revenu annuel de 45 000 $, en dollars constants, de 60 à 94 ans, puis un revenu de 34 000 $ (en dollars d’aujourd’hui) à 94 ans, une fois qu’il aura épuisé son épargne.

Qu’­arriverait-il si, à 70 ans, il utilisait 200 000 $ du solde de 270 000 $ de son FRV pour l’achat d’une rente viagère annuelle de 15 000 $ avec une garantie de 15 ans de paiements, selon les conditions du marché de février 2024 ? ­Pierre pourrait obtenir un revenu annuel supérieur, soit 46 000 $ en dollars constants de 60 à 94 ans, puis un revenu viager de 41 000 $ (en dollars d’aujourd’hui) à partir de 94 ans.

En contrepartie, ­Pierre perdrait de la flexibilité avec son épargne et nuirait à sa valeur successorale, advenant un décès dans les premières années suivant sa retraite.

Kim, 70 ans, est déjà à la retraite, reçoit ses rentes gouvernementales (25 000 $ par an) et est en bonne santé. Elle a 600 000 $ en REER. Elle a un profil de risque plus audacieux (rendement espéré de 4,25 %) et prévoit un épuisement de son capital à 96 ans (25 % de probabilité de survie).

En transférant l’épargne accumulée dans un fonds enregistré de revenu de retraite (FERR) et en l’investissant dans un portefeuille personnalisé, elle peut s’attendre à un revenu annuel de 56 000 $ en dollars constants, de 70 à 96 ans, puis à un revenu de 26 000 $ (en dollars d’aujourd’hui) à 96 ans, une fois qu’elle aura épuisé son épargne.

Qu’­adviendrait-il si elle utilisait dès maintenant 300 000 $ des 600 000 $ de son FERR pour acheter une rente payable à vie de 21 000 $ avec une garantie de 15 ans de paiements, selon les conditions du marché de février 2024 ?

Kim pourrait obtenir un revenu annuel supérieur, soit 58 000 $ en dollars constants de 60 à 96 ans, puis 38 000 $ (en dollars d’aujourd’hui) à 96 ans, à l’épuisement de son épargne. À l’instar de ­Pierre, elle perdrait de la flexibilité avec son épargne et nuirait à sa valeur successorale si elle décédait de manière prématurée.

Vaincre l’inertie

Malgré cette démonstration, les conférenciers comprennent la réticence des clients à souscrire une rente. Selon Caroline Marion, la rente permet de composer avec le risque de déclin cognitif à la retraite : « ­Les gens ne veulent rien savoir et disent : “Je vais m’arranger. Je vais décaisser ­moi-même plutôt que de donner mon capital à une compagnie d’assurance.” C’est vrai qu’ils peuvent le faire pour les premières années de décaissement, mais, qu’­est-ce qu’il arrive à 75 ans, 80 ans, 85 ans ? ­Vais-je être capable et assez habile pour le gérer ? ­On ne le sait pas. Les gens vivent de plus en plus vieux et pas nécessairement en bonne santé. »

La rente viagère devrait être perçue comme une manière d’optimiser le décaissement.

D’après Caroline Marion, il est sécurisant pour les salariés de recevoir le revenu régulier d’une rente, reproduisant ce qu’ils ont connu durant leur vie active. « C’est assez rare que les salariés qui ont accumulé de bonnes valeurs dans le REER sachent comment décaisser de manière efficace. Ils n’ont jamais eu à gérer des périodes où il n’y a pas d’argent qui rentre. Ce sont souvent les plus faciles à convaincre », ­a-t-elle dit.

Les entrepreneurs ayant peu cotisé au ­RRQ, étant donné qu’ils se sont rémunérés sous forme de dividendes pendant une partie de leur carrière, peuvent avoir avantage à utiliser une rente viagère pour sécuriser leurs dépenses de retraite de base.

Dany Lacoste a même lancé le défi suivant aux planificateurs financiers : « Au prochain client qui va vous lancer : “Il est donc bien chanceux, lui, d’avoir un régime à prestations déterminées”, vous allez dire : “Il est très possible d’avoir un régime à prestations déterminées en achetant une rente” ».

Pour les clients qui craignent de laisser de l’argent sur la table en faveur d’un assureur, Dany Lacoste a comparé le coût de l’ajout des garanties de paiement pendant 10 ans et 15 ans, lesquelles permettent de récupérer une part importante du capital. Même si elle peut varier en fonction de l’âge du rentier, cette garantie est souvent à faible coût, voire à coût nul, par rapport à une rente pure, sans garantie de paiement.

En effet, ce dernier type de rente engendre un risque réputationnel et de poursuite pour un assureur si bien que certains d’entre eux n’offrent pas de rentes pures. « ­Disons que quelqu’un souscrit pour un demi-million de rente, puis que le lendemain il décède, il y aurait de fortes chances que, s’il n’a pas pris une garantie, même s’il savait ce qu’il faisait, la succession décide de poursuivre l’assureur », ­a-t-il noté.

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