D’abord spécifions qu’il s’agit ici des soins reliés à la perte d’autonomie d’une personne qui, à son domicile ou en une résidence spécialisée, requiert l’intervention de personnel médical qualifié pour l’aider à effectuer au moins deux des activités quotidiennes : se déplacer, se nourrir, aller aux toilettes, s’habiller, se laver et être continent.

Il va sans dire que la personne vivant toujours chez elle peut obtenir l’aide de son entourage sans qu’il n’en coute pour un certain temps. Cependant, plus le cas s’alourdit et plus la nécessité de faire appel à des soins externes s’impose. Les services publics actuels offrent des visites à domicile dites essentielles au confort et à la santé des personnes en perte d’autonomie. La fréquence peut cependant sembler inadéquate à certains patients.

Les coûts pour combler cet écart bondissent lorsque des soins constants sont requis. Pour une personne souffrant d’une maladie dégénérative, des séquelles d’un accident cérébral vasculaire ou encore d’une perte cognitive, il est possible que l’hébergement au domicile soit impossible à long terme. Les frais mensuels reliés à l’hébergement dans une maison de soins infirmiers peuvent facilement dépasser les 3 000$ par mois en ce moment. Ce n’est pas tant le prix actuel qui nous trouble, mais celui que l’on peut s’attendre de payer lorsque toute une génération aura à gérer sa longévité. En effet le plus grand porteur du risque de soins de longue durée n’est-il pas l’espérance de vie?

Or, ce facteur crucial doit être tenu en compte dans l’élaboration de la planification de la retraite, d’où la recommandation d’inscrire 95 ans à l’espérance de vie d’une personne aujourd’hui en bonne santé.

Prenons l’exemple de Mme O., avocate et de M. P qui travaille pour la Société Z depuis plus de 25 ans. Aujourd’hui âgés de 59 ans, ils ont pris le temps de rencontrer un conseiller afin de planifier leur revenu de retraite en fonction de leurs actifs actuels et des besoins à combler dans le temps. L’exercice en soi ne sembla pas trop difficile jusqu’au moment où le conseiller leur démontra que si des dépenses imprévues d’importance survenaient à un âge plus avancé, la planification ne tiendrait plus la route.

Si M. P perdait son autonomie à l’âge de 73 ans, qu’il pouvait être maintenu au domicile pendant trois ans à raison de 1 500$ par mois et qu’à partir de l’âge de 76 ans, il devait entrer dans une maison de soins infirmiers pour une période de 6 ans à raison de 3 000$ par mois; une fois indexés de 2% par année, ces coûts s’élèveraient à 1 979$ et 4 201$ par mois respectivement.

La moyenne de l’indemnité quotidienne qui est suggérée de prévoir pour cette personne est de 70$ à la maison et de 150$ en établissement. Un capital de 328 500$ est requis pour financer les soins en établissement et 76 650$ pour les soins à domicile si l’on tient compte d’un rendement annuel de 4% et d’un taux d’imposition de 45%.

En effectuant une ponction de ce capital aux âges déterminés dans la planification de retraite, on subit un déficit important vu que M. P dispose de peu de placements non enregistrés. Il est difficile de vendre le condo, car Mme O. est encore très active et la vente de l’immeuble ne générera pas suffisamment de rendement pour payer un loyer acceptable une fois les sommes imputées.

Comme M. P reçoit un fonds de pension de son employeur il ne peut exiger des retraits plus importants pour pallier aux frais de soins de santé. L’argent doit venir de ses épargnes personnelles, dont les REER de Mme O.

Cette chronique se poursuivra le mois prochain…