En vertu d’initiatives réglementaires constituant le Modèle de relation client-conseiller – Phase 2 (ou MRCC2), plusieurs conditions nouvelles de divulgation seront introduites au cours des prochaines années.

« On passe aux choses sérieuses pour ce qui est de la transparence », a dit Bill Charles, vice-président principal de Services Financiers Groupe Investors le 1er octobre au cours d’une table ronde sur le MRCC2 à la conférence annuelle de l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC).

À compter du 15 juillet 2016, les courtiers et négociants en valeurs mobilières devront fournir deux nouveaux documents annuels. Le premier est un rapport sur la performance qu’ont réalisée les placements des investisseurs pendant diverses périodes de mesure normalisées. Ce rapport comportera des calculs de taux de rendement pondérés selon la valeur monétaire et personnalisés en fonction des dates où l’argent a été déposé dans un compte ou en a été retiré.

L’autre nouveau rapport obligatoire, en juillet 2016, dévoilera les frais et autres redevances. Ce rapport énumérera tous les coûts, que ce soient les commissions de suivi intégrées, les frais de rachat, les commissions au point de vente, les frais de substitution ou les frais administratifs des REER, et fournira un chiffre global pour la période de 12 mois.

À compter du 15 juillet 2015, une plus grande transparence sera aussi requise sur les valeurs marchandes et comptables courantes des avoirs en portefeuilles et sur les obligations du négociateur si aucune valeur marchande n’est disponible.

Bien que l’industrie des placements soutienne généralement MRCC2, l’incertitude règne sur la façon dont ce modèle va affecter la relation client-conseiller, et la situation cause une appréhension qui est loin d’être négligeable.

Le changement le plus significatif est la transparence accrue sur les frais, qui pourrait conduire chez les investisseurs à un choc devant les montants à payer. À cause des commissions intégrées que les sociétés de fonds paient directement aux courtiers et négociants en valeurs mobilières rémunérés sur commission, de nombreux investisseurs ne savent pas combien ils paient pour des conseils et des services, ou simplement pour l’exécution d’ordres. Comme l’ont révélé les enquêtes, certains investisseurs n’en ont pas la moindre idée.

L’intensité du choc devant les montants à payer dépendra non seulement des connaissances de l’investisseur, mais aussi du modèle de rémunération du conseiller. Les comptes à commissions seront les plus affectés. Avec les comptes à base d’honoraires, dont la proportion est en augmentation dans l’industrie, il règne une transparence plus grande parce que les frais pour conseils financiers sont payés directement par les investisseurs, et pas indirectement par les sociétés de fonds.

Les performances, qui seront dévoilées dans un rapport séparé, affecteront aussi la réaction des investisseurs. Plus le rapport sur les performances aura mauvaise mine, plus les investisseurs seront enclins à poser des questions difficiles sur les frais.

Prenons par exemple ce scénario : nous sommes en janvier 2017, et vous venez de recevoir vos rapports sur la performance des investissements et sur les frais pour l’année 2016. (Les dates de clôture des premiers rapports exigés par le MRCC2 pourront varier selon le courtier ou le négociateur, mais le 15 juillet 2016 devra se trouver dans la période.)

Supposons, à titre purement indicatif, que l’année 2016 qui touche à sa fin soit une année de baisse pour les marchés boursiers, et que votre compte ait connu une chute de valeur brutale. En même temps, le rapport sur les frais montre que votre courtier en valeurs mobilières et sa société ont récolté plusieurs milliers de dollars de revenus.
Bien que gagner de l’argent pendant les périodes où le client en perd soit monnaie courante dans l’industrie, les pertes enregistrées par les placements dévoilées dans le rapport sur les performances et le boulet que les frais représentent pour ces dernières pourraient susciter des conversations tendues. Les conseillers qui auront le plus de chances de passer un mauvais quart d’heure seront ceux qui n’auront guère fait plus pendant l’année qu’envoyer des cartes de voeux en décembre et solliciter des cotisations au REER en février.

Indépendamment de ce que seront les conditions boursières dans trois ans, le MRCC2 va sans doute conduire certains investisseurs considérant qu’ils n’en ont pas eu pour leur argent à mettre leur conseiller à la porte.

Une transparence accrue pourra inciter les investisseurs mécontents à rechercher des approches moins onéreuses. Au nombre de ces dernières, il y a les conseillers rémunérés à base d’honoraires qui utilisent des stratégies d’indexation à bas prix. Il y a aussi les conseils robotisés offerts par les courtiers à escompte.

« Le MRCC2 va donner du pouvoir aux clients », a dit une autre panéliste de l’IFIC, Karen McGuinness vice-présidente de l’Association canadienne des courtiers de fonds mutuels. « La vraie question est de savoir s’il en sera de même pour les conseillers », a-t-elle ajouté.

Pratiquement tout le monde dans l’industrie des placements convient que les conseillers qui ne fournissent pas à leurs clients une bonne valeur feraient mieux de s’orienter vers une autre carrière.

Bill Charles du Groupe Investors, dit pour sa part que les conseillers doivent adhérer au MRCC2 de façon positive et proactive. La transparence aide tout le monde, dit-il, parce qu’elle conduit à des relations plus longues fondées sur la confiance.

« Nous devons devenir de meilleurs communicateurs que nous ne l’avons jamais été », dit M. Charles, ajoutant que les conseillers doivent faire la preuve de la valeur qu’ils apportent en fournissant une planification financière exhaustive et en empêchant les investisseurs de commettre de grosses erreurs et de saboter leurs plans de retraite.

Les panélistes de la conférence de l’IFIC, notamment Carole Lynde, présidente et directrice de l’exploitation à Bridgehouse Asset Managers, a souligné l’importance pour les firmes de gestion de placements et les conseillers de travailler de concert pour être prêts lorsque les exigences du MRCC2 entreront en vigueur. Certains conseillers songent à l’avenir et prévoient les questions que leurs clients vont leur poser, a remarqué Mme Lynde d’un air approbateur.

Le MRCC2 a déclenché la création d’une petite industrie sur l’éducation des conseillers en préparation de cette nouvelle ère de transparence. Par exemple :

À la conférence de l’IFIC et à d’autres occasions, Fonds Dynamique distribue un document d’information sur les divers changements de réglementation, dont le MRCC2. « Les changements de méthodes, d’échéanciers et d’exigences de divulgation du MRCC2 vont changer la façon dont les conseillers parleront à leurs clients, le moment où ils le feront et le contenu de leurs conversations », indique cette brochure de 24 pages.

Dans le cadre de sa tournée d’automne, Invesco Canada présente un programme appelé Le langage des frais : Trouver une occasion dans le MRCC2. Selon Invesco, les séances se fondent sur de nouvelles recherches et portent sur « la manière dont les conseillers communiquent avec les clients à l’ère de la transparence des frais ».

Dans le cadre de la trousse qu’elle donne aux courtiers en valeurs mobilières au cours de ses présentations, Investissements Renaissance a procédé à la réimpression d’un article de 2013 appelé La transparence des frais et vous : Justifier vos commissions de suivi. Cet article de deux pages écrit par Grant Shorten, directeur, Analyses stratégiques à Renaissance, contient une liste de 25 dépenses, prestations et services fournis aux investisseurs en échange des commissions de suivi.