À l’heure actuelle, on peut dire que tout est en place pour que cette très importante réforme produise son plein bénéfice pour la clientèle des divers services financiers visés.

Du côté des sociétés et des conseillers, la préparation pour la mise en œuvre des nouvelles obligations réglementaires a nécessité de revoir toute la documentation client mais a aussi procuré une bonne occasion pour revoir ou ajuster l’approche-client.

Lors de la formation donnée par plusieurs sociétés à leurs conseillers, l’emphase a été mise sur l’importance et la nature de la communication avec la clientèle pour faire en sorte que chaque conseiller participe pleinement à l’approche souhaitée par la société en plus de pouvoir être en mesure de bien expliquer les changements aux clients et de répondre à leurs questions.

Tout ce qui circule sur le MRCC porte sur l’impact de ces changements pour l’industrie et sur les changements de pratiques ou de comportements qui en découlent. Il y a, à juste titre, une incidence stratégique à long terme.

Par ailleurs, outre que le tout se fait dans le meilleur intérêt des clients, bien peu se dit sur comment le client peut recevoir ces changements et comment il peut participer au succès de la réforme pour en tirer le plein bénéfice.

Le client

Pour bien prendre en compte le client dans cette réforme, il est intéressant de consulter les études récentes ayant révélé que « près de 50% des investisseurs canadiens ignorent ce qu’ils paient pour le conseil en placement et beaucoup croient qu’ils ne paient rien *».

Ce niveau de méconnaissance de la clientèle est de même ordre lorsqu’on parle de la connaissance de leurs objectifs. Pas surprenant alors que près de 20% se demandent pourquoi ils paient un conseiller dont ils ne voient pas la valeur ajoutée**.

Pour les conseillers qui se sont bien préparés et qui établissent une relation active avec leurs clients, la réforme devrait permettre aux deux parties de rencontrer la finalité de la démarche et de la relation.

Toutefois, parmi les éléments importants du MRCC 2, les nouveaux relevés de frais et de rendement présentent un défi non seulement pour le secteur, mais aussi pour les clients eux-mêmes. En effet, si on pense que près de 50% des clients ne savaient pas qu’ils payaient des frais, le choc pourrait être brutal sans cependant les amener à en conclure qu’il n’y a pas de valeur ajoutée.C’est là que se situe le risque.

Et que dire du client qui devra apprécier le service reçu alors que le rendement de son portefeuille sera positif ou négatif selon la méthode de présentation (période de détention ou flux de trésorerie).

Une proposition initiale des Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) était de tester les connaissances du client en utilisant un vidéo-questionnaire : rejetée par tous parce que considérée comme impraticable, elle n’en visait pas moins à établir la relation sur des bases exactes et surtout vérifiables. La nouvelle documentation atteint le même objectif mais oui est plus lourde.

La suite

Beaucoup d’efforts ont toujours été consentis par les ACVM pour informer le public investisseur sur les bonnes approches et pratiques dans leurs choix et décisions. Elles procurent des informations utiles et elles sont indépendantes. Malgré tout, sur la base des quelques données ci-dessus, il en faut plus. C’est là que tous les appels à une formation de base dispensée dans les institutions d’enseignement prennent leur sens. La gestion des finances personnelles fait partie du bagage à acquérir.

Il est donc judicieux que les ACVM annoncent continuer la réflexion sur la réforme, mais surprenant de les entendre en même temps indiquer retoucher ce qui vient de se mettre en place comme par exemple les conflits d’intérêts ou la convenance.

Si on pense à tout ce que le client a maintenant à comprendre et à différencier, il apparait judicieux de donner au MRCC un temps d’implantation : on pourra mieux cibler les ajustements à faire et comment.

Dans toute cette mouvance de transparence et d’appariement, une suite potentielle pourrait porter sur les fonds distincts et les fonds communs : cela fait près de 20 ans que le client ne fait pas la différence. Il serait temps pour lui d’y voir clair!

 

 


*James Langton, Le plan de match des régulateurs, Guide MRCC Finance et Investissement Octobre 2016.
** Philippine de Tinguy, Démontrer sa valeur ajoutée, idem.