La reprise économique du Québec intéresse les investisseurs américains
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Le raffermissement de l’économie de la province a fait l’objet de nombreuses questions lors de cette conférence, qui rassemblait des investisseurs américains intéressés à en apprendre plus sur le potentiel du Canada.

Et Carlos Leitao semblait prendre grand plaisir à faire sa présentation de vente pour le renouveau économique du Québec.

« Nous allons bien, en passant _ très bien », a affirmé le ministre devant les experts réunis pour l’événement organisé par Bloomberg.

« Je suis très ravi d’être ici _ je suis aussi très content de voir qu’il y a un grand nombre d’investisseurs. »

Il était évident que l’auditoire de M. Leitao avait entendu parler de la performance économique encourageante de la province dans la dernière année. Par le passé, le Québec était peut-être davantage ignoré en raison de la torpeur de son économie et des craintes entourant les perspectives d’un nouveau référendum sur l’indépendance.

Plusieurs investisseurs ont demandé davantage d’information au sujet du Québec _ ils en ont discuté à l’intérieur de la salle de conférence et plus tard, autour d’un repas. Certains ont même demandé des détails sur la province au journaliste de La Presse canadienne.

Leurs questions touchaient un large éventail de sujets: la durabilité de la reprise économique dans la deuxième province la plus peuplée du pays, l’impressionnante performance de son marché de l’emploi, la vigueur du marché immobilier de Montréal, le secteur technologique de la métropole et le fait que les discussions sur l’indépendance sont moins nombreuses.

Les participants de l’événement se spécialisent dans les investissements à revenu fixe, comme les obligations des gouvernements canadien et provinciaux.

Sur la scène, M. Leitao a expliqué comment la croissance du Québec avait accéléré en 2016 et en 2017. Il a prédit que cette croissance se poursuivrait, puisqu’elle était alimentée par les consommateurs et par les hausses des salaires, et non par une hausse de la dette.

« Il s’agit d’une croissance financée par les gains de revenus, ce qui la rend plus durable », a indiqué le ministre.

Une économie qui tourne « à plein régime »

Les données les plus récentes sur le produit intérieur brut (PIB) du Québec _ une mesure de la croissance économique _ témoignaient d’une hausse annualisée de 2,5 % pour le deuxième trimestre.

Il s’agissait pour la province d’un sixième trimestre consécutif avec une croissance de plus de 2,0 %. C’est en outre sa meilleure séquence à ce chapitre depuis 2007, souligne une note de recherche de la Banque Nationale.

Plus tôt dans la semaine, le service d’études économiques de la Banque TD avait écrit dans une note que l’économie du Québec « tournait à plein régime », avec une croissance projetée d’un peu moins de trois pour cent pour 2017, sa cadence la plus rapide depuis 2002. La TD a aussi souligné que le taux de chômage de la province avait retraité à un creux historique de 5,8 % en juillet, avait de regrimper à 6,1 % le mois suivant.

Cependant, une analyse de l’économiste Matthieu Arseneau, de la Banque Nationale, a souligné que la croissance économique du premier trimestre avait été révisée à la baisse à 2,8 %, par rapport à une estimation initiale de 4,3 %. Il a aussi noté que les investissements des entreprises avaient reculé de 1,2 % au deuxième trimestre.

À l’approche des élections provinciales de l’an prochain, M. Leitao a indiqué que le gouvernement continuerait à réduire le fardeau fiscal de la classe moyenne, et qu’il afficherait vraisemblablement un deuxième excédent budgétaire de suite pour l’exercice 2016-2017. Il a aussi suggéré qu’un troisième excédent pourrait être réalisé pour l’exercice en cours.

Un haut responsable d’une grande société d’investissement américaine, qui a demandé à conserver l’anonymat parce qu’il n’était pas autorisé à discuter publiquement des opinions de son entreprise, a dit qu’il avait été encouragé d’apprendre que les discussions entourant un référendum sur la souveraineté du Québec étaient moins nombreuses.

Plus tard dans la journée, l’auditoire a eu l’occasion d’entendre un panel d’experts canadiens comparer le Québec à la plus grande économie provinciale canadienne: celle de l’Ontario.

Chris Kresic, un partenaire et gestionnaire de portefeuille à revenu fixe pour Jarislowsky Fraser, a indiqué lors de la conférence que l’Ontario était plus exposé que le Québec à la hausse de la dette des ménages, essentiellement à cause de la surchauffe de son secteur immobilier.

Un confrère paneliste, Aubrey Basdeo, directeur général des produits à revenu fixe pour BlackRock Canada, a précisé que le marché torontois de l’habitation restait une source d’inquiétude pour les investisseurs, particulièrement à la lumière des récentes hausses de taux d’intérêt de la Banque du Canada.

« Relativement parlant, l’Ontario pourrait sembler plus faible (si les taux continuent à grimper) », a ajouté M. Basdeo au sujet des deux provinces lors d’un entretien suivant son intervention.

Selon lui, le potentiel d’une hausse des taux, jumelé au plan de l’Ontario pour faire grimper le salaire minimum à 15 $ l’heure, pourrait représenter un problème pour la croissance future de la province.

L’aide de l’Ontario

Le ministre ontarien des Finances, Charles Sousa, a lui aussi participé à la conférence, pour présenter sa propre province. Il a notamment fait valoir que l’Ontario avait joué un rôle dans la croissance observée au Québec.

Plus tard, lors d’un entretien, M. Sousa a vanté les mérites de la performance économique de l’Ontario: son habileté à résister aux chocs au fil des ans, sa stabilité fiscale, son faible taux de chômage, ses investissements en infrastructure et les mesures mises en place l’an dernier pour réduire le risque du marché immobilier.

Questionné sur le Québec, le ministre Sousa a indiqué avoir entendu un plus grand nombre de personnes en parler.

« Le Québec et les autres provinces _ leur prospérité, leur amélioration, c’est bon pour nous tous », a-t-il expliqué.

Il a aussi souligné que l’Ontario avait fourni des milliards de dollars en appui indirect au Québec par l’entremise du programme fédéral de péréquation.

« Je suis encouragé par la capacité du Québec à atteindre l’équilibre. C’est important. Évidemment, le Québec profite des paiements de transfert du gouvernement fédéral, ce que l’Ontario n’obtient pas. Nous sommes un contributeur net à la fédération, nous l’avons toujours été, même lorsque nous étions admissibles à la péréquation. »