Retraite : prévenir le déséquilibre
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Avoir une vue globale de la situation financière de son client est un prérequis si l’on veut maximiser le succès de la stratégie mise en place, estime Hélène Gagné, gestionnaire de portefeuille chez Gestion privée PEAK.

« Il faut que la main droite sache ce que la main gauche fait si l’on veut protéger et faire croître le capital de notre client avec une allocation d’actif adéquate et qui corresponde à son niveau de tolérance aux risques », indique-t-elle.

Léon Lemoine, planificateur financier, assureur-vie agréé et conseiller en sécurité financière chez Gestion Ethik, abonde dans le même sens. « Connaître la nature complète des investissements de notre client est un élément qui est essentiel dans toute planification de la retraite. »

Avant d’amorcer une planification financière où de la retraite, Léon Lemoine, en plus de faire compléter un questionnaire mesurant la tolérance au risque de l’investisseur, demande à ses clients de lui fournir certains documents qu’il désire consulter, les jugeant essentiels pour faire son travail. Au nombre des documents réclamés, il cite les relevés d’investissements, de participation aux régimes des rentes, aux régimes de pension, ainsi que toutes polices d’assurance.

« Ces documents nous informent sur le niveau des différents revenus que ces clients ont obtenu au fil des années, ce qui nous permet de déterminer quel en est le pourcentage qu’ils vont recevoir au moment de la retraite », explique Léon Lemoine.

« Je demande également les déclarations d’impôt ainsi que l’avis de cotisation fédéral, car il nous indique l’espace de cotisation RÉER non utilisé. La démarche ressemble à une interrogation financière, mais par l’entremise de leurs déclarations d’impôts, les contribuables fournissent beaucoup d’informations susceptibles d’être utilisées dans le cadre d’une analyse en prévision de la retraite », ajoute-t-il.

Maximiser l’utilisation du régime de retraite offert par l’employeur

On observe actuellement une certaine précarité d’emploi en comparaison des générations antérieures et conséquemment, ce n’est pas la majorité des travailleurs qui a la chance de bénéficier d’un fonds de pension offert par l’employeur, constate Léon Lemoine.

Lorsque le participant a le privilège d’avoir un fonds de pension à prestations déterminées (PD), il lui est déjà possible d’avoir un bon aperçu des prestations qu’il aura dans le futur, en présumant le nombre d’années de service et la moyenne salariale des dernières années de sa vie active. Dans ce cas, « il y a peu d’efforts requis par le participant pour assumer cet investissement, si ce n’est d’en effectuer les cotisations requises ».

Quant au conseiller, il lui est également aisé d’intégrer cette information à la planification de son client, affirme Léon Lemoine.

Toutefois, la plupart des nouveaux régimes sont plutôt à cotisations déterminées (CD) et Léon Lemoine remarque bien souvent que le participant n’optimise pas cet investissement.

Lorsqu’un client est inscrit au régime complémentaire de retraite à CD offert par son employeur, Hélène Gagné juge important que le conseiller évalue les choix d’investissement qui ont été effectués, ainsi que les options offertes par le régime.

« Si le client a choisi ses options de placement par défaut, par exemple des dépôts à terme, ou s’il omet de cotiser chaque année au maximum permis par la convention du régime, cela peut faire une différence importante en terme d’accumulation du capital en prévision de la retraite. Avoir une vue d’ensemble du portefeuille d’investissement du client permet donc au conseiller de sensibiliser son client à ces choix et de le guider au besoin », signale-t-elle.

Dans le rapport d’analyse qu’il rédige à l’intention de ses clients, il n’est pas rare que Léon Lemoine recommande de cotiser davantage dans le régime complémentaire de retraite à CD.

« Il m’arrive régulièrement d’être obligé d’expliquer à des clients les rouages et les avantages de leur fonds de pension. Peut-être qu’il y a un peu de procrastination, de paresse ou de manque d’intérêt de leur part envers cette option de placement, sauf qu’il m’apparaît extrêmement important d’être vigilant face aux choix offerts dans le cadre d’une planification de la retraite », estime Léon Lemoine.

« Par exemple, si l’employeur s’est engagé à verser l’équivalent de 40 % pour chaque dollar versé par le cotisant, c’est comme si celui-ci était en mesure d’obtenir un rendement de 40 %. Il est donc potentiellement plus rentable de cotiser au maximum dans un tel régime plutôt que de prendre un RÉER individuel par exemple et souvent, les gens n’en ont pas conscience », avance-t-il.

Encore faut-il que le choix des fonds inscrits au régime corresponde aux besoins du client.

« Trop souvent, je constate que les gens favorisent la recette facile et choisissent le portefeuille qui est déjà tout complété. Il faut dire que la plupart des firmes ont tendance à offrir des portefeuilles standards pouvant être sélectionnés par le participant dès qu’il a répondu à deux ou trois petites questions seulement », évoque Léon Lemoine.

Selon lui, demander à son client la liste des différents choix d’investissement du régime complémentaire de retraite s’avère être la moindre des choses. Léon Lemoine offre d’ailleurs à ses clients d’analyser les différentes options et d’effectuer des recommandations pour la sélection des fonds pour le régime, en tenant compte des objectifs établis dans le plan de retraite.

« C’est un service qui est extrêmement apprécié et les retombées en sont habituellement plus favorables », estime Léon Lemoine.