Quatre raisons pour mettre un compte imposable dans le portefeuille de retraite de vos clients
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On enseigne souvent aux investisseurs les vertus d’emmagasiner leur argent dans des véhicules de placement à l’abri de l’impôt, qu’il s’agisse de REER, de régimes de pension de l’employeur, de REEE ou de CELI.

Au minimum, ces produits d’épargne offrent tous la possibilité d’un cumul à imposition différée, c’est à dire qu’on ne paie pas d’impôts d’une année sur l’autre du moment que l’on ne retire pas d’actifs. Et selon le véhicule de placement, on peut aussi bénéficier d’une déduction d’impôts sur ses cotisations. Ces allègements fiscaux peuvent faire croître le rendement net, ce qui n’est pas à dédaigner dans une conjoncture où les rendements futurs pourraient s’atténuer.

Avec toute l’attention portée à l’accumulation d’argent dans ces comptes à l’abri de l’impôt, de nombreux investisseurs pensent qu’économiser pour la retraite dans un compte imposable n’est à envisager qu’en dernier recours, après avoir entièrement financé ces comptes à l’abri de l’impôt.

Mais investir par le biais d’un compte imposable peut être une décision sensée, et pas seulement si un client atteint son plafond de cotisations dans ses comptes à l’abri de l’impôt. En fait, je dirais que la plupart des investisseurs devraient simultanément financer leurs comptes imposables et non imposables, et la conjoncture actuelle des taux d’intérêt rend l’investissement dans un compte imposable particulièrement pertinent. En voici quatre raisons.

Première raison : une souplesse extrême

Investir au moyen d’un compte imposable comporte deux avantages clés qui rendent cette formule plus flexible que tout autre produit.

Premièrement, la liquidité : si un client a des besoins de revenu à court terme ou qu’il veut simplement bâtir un fonds d’urgence, un compte imposable lui permettra d’accéder à son argent sans complication (bien qu’il puisse avoir une dette fiscale si ses  placements se sont appréciés au cours de la période de détention). Certes, un CELI lui permet de puiser dans ses économies à tout moment et pour n’importe quelle raison, et c’est l’une des raisons pour lesquelles c’est un excellent véhicule de placement pour les jeunes investisseurs qui doivent décider entre économiser en vue d’objectifs financiers à court terme et économiser pour la retraite. Mais pour des gens qui ont plus de moyens et qui comptent sur leurs produits à l’abri de l’impôt pour se constituer une épargne-retraite, mettre de l’argent de côté dans un compte imposable dans l’éventualité d’un besoin de liquidité est la bonne chose à faire.

Du point de vue d’un plan de retraite, l’avantage d’investir dans un compte imposable est que l’on peut investir littéralement dans n’importe quoi. Il faut choisir dans menu préétabli si l’on investit dans un régime de pension de l’employeur, et bien qu’un REER ou un CELI offre une meilleure marge de manoeuvre, il y a quelques placements qui ne sont pas accessibles, notamment les titres qui se négocient sur le marché hors bourse. Un compte imposable est le seul type qui donne carte blanche. (Mais cela donne aussi plus de chances de faire des erreurs!)

Deuxième raison : une croissance sans impôts si on calcule bien son coup

Un autre aspect peu évoqué de l’investissement au sein d’un compte imposable est qu’il n’est pas si difficile de simuler l’effet de cumul à imposition différée que l’on obtient avec de nombreux produits d’épargne-retraite à l’abri de l’impôt. La clé, c’est de choisir des placements qui déclenchent peu de revenu imposable et de gains en capital. Pour les actions, les fonds négociés en bourse du marché entier sont l’idéal car ils ont tendance à verser peu de gains en capital et sont assez efficients sur le plan fiscal.

Il convient également de noter que le revenu actuel est faible sur une base absolue, donc que l’impact fiscal associé à la détention de titres produisant un revenu assujetti à votre taux d’imposition habituel, qu’il s’agisse d’obligations ou de liquidités, va également être assez faible, du moins en argent. (Par contre, cela changera si les rendements augmentent.)

Troisième raison : les pertes fiscales peuvent réduire la facture d’impôt

Outre la possibilité de faire croître ses actifs sans devoir beaucoup d’impôts, investir dans un compte imposable permet aussi de récolter des pertes fiscales, ce qu’il est impossible de faire avec des placements détenus dans des comptes à l’abri de l’impôt. On peut vendre des titres qui se négocient au-dessous du prix où on les a achetés et utiliser la perte enregistrée (la différence entre le prix d’achat et le prix de vente) pour compenser les gains en capital réalisés pendant l’année en cours, pendant l’une des trois années précédentes ou pour toute année à venir. Lors d’une année comme 2008, lorsque les actions étaient très déprimées, la possibilité de vendre à perte à des fins fiscales était un rare avantage.

Quatrième raison : un meilleur contrôle de sa facture fiscale à la retraite

Lorsque le client commencera à sortir de l’argent de ses comptes au moment de la retraite, il devra verser un impôt sur le revenu à son taux régulier pour les retraits d’un FERR ou d’un FRV pendant la retraite, et il n’aura aucun contrôle sur le moment et le montant de ces retraits puisque les minima annuels sont établis par le gouvernement fédéral. En diversifiant sa combinaison d’actifs parmi les comptes imposables et les CELI, vous lui assurerez qu’au moins une partie de ses distributions aura des répercussions fiscales faibles, voire inexistantes.