Dissipez les mythes entourant le REER
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Dans son récent rapport À la défense des REER : dissiper les mythes courants, Jamie Golombek rappelle que pour plusieurs Canadiens, les régimes gouvernementaux représentent la principale source de fonds une fois à la retraite, et que bon nombre d’entre eux devront avoir recours à de l’épargne personnelle afin de compléter ce revenu.

Un sondage mené par la Banque CIBC en janvier 2018 montre effectivement que 57 % des personnes interrogées prévoyaient que les régimes gouvernementaux seraient leur principale source de revenu de retraite. Ce pourcentage grimpait à 77 % dans le cas des répondants âgés de 55 ans ou plus.

Le sondage indique aussi que moins de 40 % des salariés canadiens participent à un régime de retraite privé, alors que 15 % des répondants ont affirmé s’attendre à ce qu’un héritage ou des gains à la loterie soient une de leurs sources principales de revenu de retraite.

Les Canadiens, indique le sondage, évaluent approximativement à 756 000 $ en moyenne la somme devant être économisée afin d’avoir une retraite confortable. Pourtant 35 % des répondants âgés de 55 ans et plus n’ont pas encore commencé à épargner pour leur retraite.

Considérant le fait que 65 % des Canadiens ne consultent pas d’experts en prévision de la retraite, Jamie Golombek est d’avis que cela peut donner lieu à certaines fausses idées quant à la valeur des cotisations à un régime enregistré d’épargne-retraite (REER).

De fait, deux Canadiens sur cinq ne voient pas « l’utilité » d’investir dans un REER, et deux tiers croient qu’un compte d’épargne libre d’impôt (CELI) est un instrument d’épargne plus efficace étant donné qu’il est complètement exonéré d’impôt.

Jamie Golombek estime donc judicieux de déboulonner certains mythes « afin de démontrer pourquoi le REER représente, pour de nombreux particuliers, la meilleure façon d’épargner en vue de la retraite ».

Voici trois de ces mythes pour lesquels il tente d’apporter un éclairage et qui pourra nourrir toute discussion avec votre clientèle.

Il ne sert à rien d’investir dans un REER, étant donné qu’à la retraite, vous payez en impôts toutes les sommes épargnées

« L’une des principales fausses idées au sujet des REER est peut-être qu’ils sont inutiles étant donné que vous paierez tout de même de l’impôt dans l’avenir, alors qu’un CELI vous procure une source de revenus complètement exonérée d’impôt, indique Jamie Golombek. Mais le fait est que même si un CELI peut être un meilleur choix pour les personnes actuellement dans une tranche d’imposition inférieure ou qui en sont à leurs premières années de gains de revenus, un REER peut procurer un taux de rendement complètement exonéré d’impôt et est fréquemment la meilleure option d’épargne-retraite. »

Bien que le contribuable doive payer de l’impôt sur les sommes retirées d’un REER, il obtient aussi une déduction fiscale pour les cotisations qui y sont versées. Si son taux d’imposition pour l’année où il verse la cotisation est le même que pour l’année du retrait, le REER offre un taux de rendement complètement exonéré d’impôt, analyse Jamie Golombek dans son rapport.

Il ajoute : « Si le taux d’imposition est moins élevé l’année du retrait, vous obtenez un taux de rendement après impôt encore plus élevé sur votre placement dans un REER. En fait, même si votre taux d’imposition est plus élevé l’année du retrait, il a été prouvé que dans la plupart des cas, vous obtenez tout de même un meilleur rendement avec un REER qu’avec des placements non enregistrés, grâce à la capitalisation efficace des revenus de placement en franchise d’impôt »

Il est préférable d’investir dans un CELI plutôt que dans un REER

S’il est vrai que le CELI représente une option plus avantageuse que le REER dans certains cas, notamment lorsque le taux d’imposition risque d’être plus élevé à la retraite, Jamie Golombek affirme que le REER représente généralement un meilleur choix qu’un CELI lorsqu’à l’inverse, le taux d’imposition prévu sera inférieur à la retraite.

« C’est particulièrement probable si vous êtes un baby-boomer, que vous êtes à l’étape de votre vie où vous gagnez le plus d’argent et que vous prévoyez toucher un revenu moins élevé à la retraite », illustre-t-il.

Si j’investis trop dans un REER ou un FERR, la facture d’impôt sera élevée à mon décès

Rappelons qu’en vertu des règles fiscales, c’est la juste valeur marchande du REER ou du fonds enregistré de revenu de retraite (FERR) à la date du décès qui sera incluse dans les revenus de déclaration de revenus finale, et c’est alors le taux d’imposition marginal pour l’année du décès qui s’applique.

Certaines exceptions permettent toutefois un transfert à l’abri de l’impôt à certains bénéficiaires, souligne Jamie Golombek. « L’inclusion du revenu peut être reportée si le REER ou le FERR est transféré au conjoint survivant. Si certaines mesures sont prises, par exemple si votre conjoint verse le produit dans son REER ou son FERR, l’impôt devra être payé par le conjoint survivant, au taux d’imposition marginal qui lui correspond dans l’année au cours de laquelle les fonds sont retirés de son REER ou de son FERR ».

Une autre option consiste à léguer un REER ou un FERR à un enfant ou un petit-enfant financièrement à charge, qui sera alors utilisé pour l’achat d’une rente enregistrée devant prendre fin lorsque l’enfant ou le petit-enfant atteindra l’âge de 18 ans, mentionne Jamie Golombek. « Cela permet de répartir sur plusieurs années l’impôt sur le produit du REER ou du FERR. L’enfant ou petit-enfant peut donc profiter des crédits d’impôt personnels et des taux d’imposition marginaux progressifs chaque année jusqu’à l’âge de 18 ans ».

Le produit du REER ou du FERR d’un défunt peut aussi être transféré au régime enregistré d’épargne-invalidité (REEI) de son enfant ou petit-enfant financièrement à charge et admissible à recevoir un crédit d’impôt pour invalidité; si le titulaire et le bénéficiaire sont d’accord, ajoute Jamie Golombek.

Une autre stratégie visant à réduire l’impôt sur le revenu du REER ou du FERR au décès consiste « à effectuer des retraits annuels de votre régime, de votre vivant, afin de maximiser le revenu qui sera imposé à un taux peu élevé, en vous astreignant à effectuer des retraits additionnels au cours des années où vous vous situez dans la fourchette d’imposition la plus basse ». Pour 2018, les revenus jusqu’à environ 46 000 $ sont imposés au taux fédéral le moins élevé, soit 15 %. L’impôt provincial s’applique également.

Pour Jamie Golombek, il est important que votre client désigne des bénéficiaires de son REER ou de son FERR, et s’assure que ceux-ci correspondent à ceux indiqués dans son testament ou, le cas échéant, qu’il mettre à jour ces renseignements.