«Il y a dix ans, j’étais le mouton noir de l’industrie du conseil. Aujourd’hui, mes idées sont passées dans le domaine public», dit-il en entrevue à Finance et Investissement.

John DeGoey doit une bonne partie de sa renommée à son livre, The Professional Financial Advisor: Putting Transparency and Integrity First (Insomniac Press, Toronto). Publié la première fois en 2003, l’ouvrage a été réédité en 2006 et en 2012.

Dès la première édition, John DeGoey est devenu une référence médiatique au Canada anglais.

Cette présence dans les médias n’a cependant pas été décisive dans le développement de sa clientèle. «J’estime que moins de 5 % de mes clients m’ont approché parce qu’ils avaient lu mon livre», dit-il.

L’ouvrage est plutôt issu d’une volonté de faire le point sur sa carrière et de se dissocier de ce qui, selon lui, est inacceptable.

«J’ai voulu structurer ma pensée et contribuer au rehaussement des normes dans la profession. Je ne voulais plus être perçu comme un vendeur de produits», explique-t-il.

John DeGoey est d’abord et avant tout un partisan des FNB, et un critique féroce des fonds communs de placement (FCP), qu’il qualifie de «pièges à souris».

«Les marchés sont tellement efficaces que même les meilleurs gestionnaires ne peuvent pas surpasser les indices de façon continue. C’est comme acheter des billets de loterie ! De plus, les frais des FNB sont beaucoup moins élevés que ceux des FCP», affirme-t-il.

John DeGoey soutient que «l’inertie» et la perspective de déclencher des frais de gestion différés sont les raisons pour lesquelles les épargnants ne transfèrent pas en masse leurs avoirs dans l’univers des FNB.

Il ajoute que les employés des institutions bancaires n’incitent pas leurs clients à acheter autre chose que des FCP et des certificats de placement garantis.

Finalement, dit-il, «les FCP sont les produits par défaut, puisqu’il faut un permis de plein exercice pour vendre des FNB».

Le «mauvais garçon» de la confrérie

C’est à cause de son autre cheval de bataille, la rémunération à honoraires, que John DeGoey s’est régulièrement retrouvé sur la sellette.

«Lorsque j’ai lancé cette idée dans la première édition de mon livre, en 2001, je suis devenu instantanément la brebis galeuse de la confrérie des conseillers», dit-il.

À l’époque, le modèle de rémunération fondé sur les commissions dominait entièrement l’industrie du conseil financier.

Depuis, les choses ont changé.

En 2013, la rémunération à honoraires est discutée pour ses avantages et ses inconvénients, ce qui rend la proposition moins explosive qu’au début des années 2000.

Cependant, John DeGoey estime qu’il faudra aller plus loin, et interdire les structures de rémunération «invisibles» aux yeux des consommateurs, car imbriquées à même le produit.

«Je souhaite que les régulateurs canadiens s’inspirent de la Grande-Bretagne et qu’ils abolissent la vente de FCP avec commission», dit-il.

Rappelons que la Financial Services Authority (FSA) de Londres a interdit en janvier la vente de FCP à commission.

Dans la deuxième édition de son livre, John DeGoey a qualifié les commissions de suivi de pots-de-vin aux conseillers, un terme qui a été retiré dans la troisième édition.

«Je le pense toujours, mais le mot était trop cinglant et provocateur. Les conseillers apportent beaucoup de valeur à leur clientèle. Mais pas en étant à commission.»

Selon lui, le vent a tourné. Les autorités de réglementation canadiennes finiront par imiter leurs homologues britanniques.

«Cela prendra deux ans… comme 20 ans, mais je suis persuadé que la vente à commission sera finalement interdite», remarque-t-il.

Pour sa part, John DeGoey négocie sa propre rémunération avec ses clients, en fonction de la taille de l’actif sous gestion.

«Au-dessous de 250 000 $, je demande 1,4 % de l’actif. Au-dessus, 0,6 %, plus 20 $ par transaction», dit-il.