Quatre erreurs courantes en matière de REEE
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Mais même pour les clients qui versent de l’argent dans un REEE, ils ne l’investissent probablement pas comme il faut. La raison? Beaucoup de ces comptent végètent dans une banque et ils ne sont pas supervisés par un conseiller. « Je suis stupéfait de constater tout l’argent qui stagne dans les REEE », dit Jason Heath, directeur de Objective Financial Partners à Markham, Ontario. « Cet argent n’est pas vraiment investi et n’est pas bien géré, et c’est inquiétant. »

Le problème repose en partie sur le fait qu’il n’existe tout simplement pas assez de conseils dans le domaine des REEE. Ces comptes sont souvent bien plus petits que les REER; on ne peut y verser que 50 000 $ par enfant durant la toute la durée de vie du compte, plus un maximum de 7 200 $ de subvention de contrepartie du gouvernement, donc les conseillers n’en font pas trop de cas. Mais les REEE peuvent afficher une forte croissance, de nombreux comptes dépassant les 100 000 $ au moment du retrait, dit M. Heath. Quelles sont donc les erreurs commises et comment les éviter?

Ne pas être cohérent dans sa tolérance au risque

L’une des erreurs que les gens commettent avec un REEE est d’être trop prudents. Ils s’imaginent que du fait qu’ils n’ont en gros que 20 ans pour y investir, ils devraient être surpondérés dans les obligations dès le début. Mais beaucoup ne réalisent pas qu’un REEE peut rester ouvert pendant 35 ans, donnant aux enfants plus de temps pour décider où ils veulent faire leurs études. Même si l’enfant d’un client va à l’université à l’âge habituel, il n’en demeure pas moins que vingt ans est une longue période, dit M. Heath. En effet, les clients devraient aborder un REEE de la même façon qu’un REER. Si vous êtes surpondéré dans les actions, tenez-vous en aux actions dans votre REEE. Si un client ne peut pas endurer de grosses pertes dans un REER, on devrait rester prudent dans ses autres comptes.

La répartition d’actifs devrait être la même aussi, du moins durant les 15 premières années, dit Ed Rempel, planificateur financier rémunéré sur honoraires. Un investisseur qui place 80 % de son argent dans les actions et 20 % dans les obligations dans son REER devrait en faire de même avec son REEE. Par contre, là où cela diffère, c’est quand l’investisseur se trouve à cinq ans du retrait. Puisqu’il existe une date de retrait déterminée, c’est-à-dire la fin des études post-secondaires de l’enfant, et puisqu’à ce moment-là votre client devrait connaître le montant dont il aura besoin, on devrait déplacer une plus grande portion de ces fonds dans des actifs à revenu fixe plus stables. Mais ne déplacez pas tout, il est toujours bon d’afficher une croissance.

Ne pas réfléchir au montant requis

Contrairement à la retraite, il est assez facile de déterminer le coût des études. Renseignez-vous, tout simplement. Il y a beaucoup de clients qui n’économisent pas assez ou trop dans leur REEE, dit M. Heath. De nombreux experts recommandent de ne déposer que 2 500 $ par an, de manière à recevoir la subvention maximum du gouvernement de 500 $ par an, mais d’autres préconisent d’investir davantage puisque tout bénéfice supplémentaire sur les placements, à concurrence de 50 000 $ et moins la subvention du gouvernement, peut être transféré dans un REER sans avoir à payer d’impôts. Par contre, si vous pensez que votre enfant aura besoin du montant total, continuez à financer ce REEE car tous les retraits sont imposés au nom des enfants.

Dans tous les cas, c’est une bonne idée de déterminer la somme que votre client devra mettre de côté, dit M. Rempel. Additionnez les frais de scolarité, les manuels et l’hébergement, qui peuvent représenter une somme rondelette. Faites le calcul, en tenant compte de l’inflation, puis essayez d’atteindre cette cible. Votre client doit aussi se demander s’il veut couvrir tous les coûts des études, dit Ted Rechtshaffen, président et chef de la direction de TriDelta Financial à Toronto. Pour sa part, il exige que ses trois enfants payent 20 % du coût de leur éducation, et lui couvrira le reste. Dans tous les cas, prévoyez à l’heure actuelle un rendement annualisé de 5 à 7 %, dit-il, ce qui n’est pas tellement différent du rendement potentiel d’un REER.

Ne pas investir dans les bons produits

Ceux qui investissent dans les REEE ont besoin de faire fructifier leur placement, mais la croissance n’a pas besoin d’être fulgurante, dit M. Rechtshaffen, donc il est logique de détenir des placements bien diversifiés. Il accorde sa préférence aux fonds négociés en bourse qui pistent les principaux indices à un faible coût. Aussi, les REEE démarrent souvent avec peu d’argent, et il peut être alors plus difficile d’investir dans certains titres comme les actions. Il ne faut pas ignorer son compte, mais il ne faut pas non plus passer trop de temps à s’en inquiéter.

M. Rechtshaffen suggère d’investir dans des placements de base, comme des FNB qui pistent l’Indice composé S&P/TSX, le S&P 500, etc. Un portefeuille pépère qui comprend environ quatre FNB (canadien, américain, international et des marchés émergents) pourrait suffire. Les placements qui payent des dividendes fonctionnent eux aussi bien dans ces comptes, car leur revenu peut croître à l’abri de l’impôt. « Il s’agit d’actions à long terme à rendement élevé et à volatilité relativement faible », dit-il à propos des actions à dividendes. « Essayez de ne pas suranalyser. »

Investir trop dans les obligations

Une autre erreur que commettent beaucoup de gens est de placer une partie trop importante de leur REEE dans des titres à revenu fixe lorsque leur aîné est sur le point d’entrer à l’université. Dans bien des cas, les gens ont recours à un REEE familial qui leur permet d’économiser pour tous leurs enfants dans un seul compte. Même si cet argent se trouve dans un seul compte, il faut l’envisager comme trois paniers séparés. Si un client place tout l’argent dans des obligations, les cotisations effectuées au nom de son cadet ne croîtront pas.

M. Rechtshaffen prend l’exemple de quelqu’un qui place tout son argent dans les actions, mais qui doit réduire une partie de cette affectation lorsque l’aîné de ses enfants atteint l’âge de 15 ans. Il pourrait réduire la portion en actions de moitié, mais pas sur tous les actifs du portefeuille. « Si vous avez trois enfants, seulement le sixième de ce portefeuille devrait se trouver dans des placements plus prudents, dit-il. Le plus gros problème, selon moi, c’est que les gens prennent peur avec un REEE et qu’ils passent à côté de la croissance. »