Miser sur la croissance dans un marché américain à croissance lente
Stillfx_123RF Banque d’images

Lorsqu’il sélectionne des actions de croissance américaines en période de croissance lente, Tony Genua se concentre sur les revenus en hausse. « Depuis ces trois dernières années, la conjoncture est difficile », dit M. Genua, vice-président et gestionnaire de portefeuille à Placements AGF. « Le dollar américain a en quelque sorte freiné pas mal de sociétés du S&P 500 et les revenus des trois dernières années n’ont connu qu’une hausse d’environ 1 %. Les compagnies dans lesquelles j’investis, elles, ont affiché une croissance moyenne de 15 %, donc une croissance robuste des revenus. »

Les bénéfices nets sont également probants pour les compagnies ayant une croissance des revenus supérieure à la moyenne, ajoute M. Genua. Établi à Toronto, il est spécialiste des portefeuilles d’actions américaines de croissance, notamment la Catégorie Croissance américaine AGF (1 milliard $ d’actifs sous gestion) depuis 2005. Il consacre en général 80 % de son temps à l’analyse ascendante et les 20 % restants à l’analyse macroéconomique et les évaluations au sein des secteurs.

« Je continue de penser que l’économie américaine se trouve dans un cycle prolongé », dit M. Genua, qui possède plus de 30 ans d’expérience dans les placements. « Compte tenu de l’absence de déséquilibres importants, nous pensons que le cycle actuel a encore quelques années devant lui et qu’il maintiendra vraisemblablement une croissance supérieure à la moyenne. »

Malgré des obstacles comme la hausse du dollar américain qui rend les exportations moins concurrentielles, on observe des signes prometteurs dans certains secteurs de l’économie. Selon M. Genua, certains secteurs sensibles à l’économie, comme ceux de l’habitation et des infrastructures, ont des sociétés à la pointe du marché.

Pour ce qui est du marché de l’habitation, « le nombre de nouveaux logements individuels annoncés pour le mois de mai a augmenté de 6 % par rapport au mois précédent, ou de 25 % d’une année sur l’autre, dit M. Genua. C’est un record depuis février 2008. C’est pour cette raison que nous avons ajouté au portefeuille le détaillant en rénovation domiciliaire Lowe’s ainsi que Fortune Brands Home & Security. »

De nombreuses compagnies répondant aux critères de croissance de M. Genua appartiennent au secteur de la technologie, comme en témoigne la pondération de 27 % du fonds dans ce secteur. Par exemple, M. Genua est optimiste sur le potentiel à long terme de Facebook, son avoir principal. « Facebook profite de la tendance qu’ont les gens à se détourner des médias traditionnels comme la radio, la presse écrite et même la télévision, dit-il. Aussi longtemps que cette tendance se poursuivra et que Facebook continuera à exécuter sa stratégie, le titre sera inclus dans le portefeuille. »

Amazon.com, qui fait également partie des principaux avoirs du fonds AGF, est un autre exemple de titre de croissance à long terme. « J’ai confiance en Amazon, dit M. Genua, parce que ses activités tirent profit de la tendance où les achats en ligne ne cessent d’augmenter. »

En moyenne, M. Genua conserve une compagnie pendant deux ans, mais pour certaines d’entre elles, cette durée est bien plus longue. S’il estime qu’une compagnie possède un potentiel de croissance à long terme supérieure à la moyenne, il ne s’en défera pas à moins qu’il ne pense que ses caractéristiques fondamentales se soient détériorées.

Apple incarne de façon éclatante la discipline de vente de M. Genua. Il a vendu cet avoir il y a environ trois ans, après l’avoir détenu pendant huit ans. « Apple montre des signes d’une baisse de ses revenus, sans véritable croissance, dit M. Genua. En tant qu’investisseur qui recherche les chefs de files du marché, je ne pense pas qu’Apple en soit un car le marché final semble arriver à maturité. »

M. Genua détient entre 35 et 45 actions, et fait appel à des contraintes de risque pour parvenir à une diversification prudente. Son fonds participe au moins à huit des 10 secteurs, et le maximum détenu dans un seul secteur ne dépasse pas la pondération de l’Indice S&P 500 de plus de 15 points de pourcentage.

M. Genua voyage souvent pour affaires, et son processus de recherche comprend de nombreuses rencontres avec des chefs d’entreprise américains et sa participation à des conférences sectorielles. Lors d’une foire commerciale plus tôt dans l’année, il a essayé un casque de réalité virtuelle et a trouvé que c’était une « expérience immersive formidable ».

« C’est l’une des raisons pour lesquelles nous investissons dans NVIDIA, ajoute-t-il. Ses puces graphiques finiront par être de plus en plus utilisées dans les véhicules de Tesla Motors. »

Par ailleurs, quand Sony lancera son produit concurrentiel plus tard dans l’année, M. Genua pense que cela pourrait être intéressant pour les adeptes de réalité virtuelle et passionnant pour les amateurs de jeux vidéo. « Nous le voyons déjà avec l’appli Pokémon GO. »

Quant à l’avenir, le secteur de la technologie continue de receler de bonnes occasions, dit M. Genua, qu’il s’agisse de s’appuyer sur l’internet avec des compagnies d’informatique en nuage ou de tirer parti du commerce et des systèmes de paiement en ligne. Outre la réalité virtuelle, les actions relevant de la consommation collaborative, comme Uber (une appli de transport en ligne), ou Airbnb, un site de vacances qui n’est pas encore coté en bourse, couvrent également des domaines prometteurs.

Pour la plupart, les compagnies détenues dans le fonds AGF ne versent pas de dividendes. « On a constaté un énorme désir des investisseurs de trouver si possible des alternatives aux obligations du gouvernement du Canada ou des États-Unis, dit M. Genua. Les sociétés dans lesquelles j’investis réinvestissent leurs capitaux dans l’entreprise, elles investissent dans leur propre croissance, donc les investisseurs n’ont pas vraiment profité de ce type de flux de capitaux. Il s’agit davantage d’appréciation du capital, mais ces compagnies me font une très bonne impression. »