Les FNB de série Conseiller deviennent encore plus rares
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Deux firmes qui avaient à ce jour offert des FNB de série Conseiller, qui versent des commissions intégrées aux courtiers, ont tiré leur révérence. Deux autres, notamment Gestion d’actifs BlackRock Canada, avec sa famille iShares qui domine le marché, continuent à offrir cette option pour certains de leurs FNB.

Les commissions intégrées, la plupart sous forme de commissions de suivi que les sociétés de fonds paient aux courtiers et négociateurs aussi longtemps qu’un investisseur détient un fonds, ont déclenché une controverse dans l’industrie du placement, incitant les autorités en valeurs mobilières à proposer qu’elles soient interdites alors que de gros segments des communautés des gestionnaires de fonds et des conseillers y sont fortement opposés. Bien que ces commissions soient versées par la plupart des fonds communs à capital variable traditionnels, elles sont une anomalie parmi les plus de 500 FNB actuellement sur le marché canadien qui représentent au total 130,5 milliards de dollars (G$) d’actifs.

Alors que les autorités continuent à se tâter pour savoir s’il faut interdire de faire payer des services conseils par des commissions intégrées aux frais des fonds, les familles de FNB First Asset et Horizons ont pris les devants.

En juillet, First Asset Investment Management, une filiale de la Financière CI (CIX), a éliminé toutes les parts de série Conseiller en les convertissant en parts normales à frais plus faibles des mêmes FNB.

Outre l’intention qu’a First Asset d’être proactive vis-à-vis d’une interdiction potentielle, la firme a indiqué que les parts de série Conseiller avaient été éliminées à cause du peu de demande émanant des investisseurs. Dans une déclaration publiée le 3 avril, First Asset a noté que les parts de série Conseiller représentaient moins de 2 % de ses actifs sous gestion, et la firme prévoit que « le changement de l’environnement réglementaire continuera à réduire la demande pour ces parts ».

Cette décision de First Asset arrivait sur les talons de celle de Horizons fonds négociés en bourse, qui avait éliminé ses parts de série Conseiller plus tôt dans l’année. Le co-PDG de Horizons Stephen Hawkins croit que « les commissions intégrées seront éliminées par les ACVM (Autorités canadiennes en valeurs mobilières). Le reste de l’industrie devra suivre, soit de force, soit de son propre chef. »

Au titre des efforts déployés pour accroître la transparence dans l’industrie et gérer les conflits d’intérêts liés aux rémunérations, les ACVM ont publié un document de consultation en janvier et sollicité les avis de la communauté du placement et d’autres parties intéressées. Ce document, intitulé Consultation sur l’option d’abandonner les commissions intégrées, a reçu plus de 140 soumissions, qui sont en cours d’examen depuis juin.

Dans le cadre du processus de consultation des ACVM, la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario va organiser une série de tables rondes le 18 septembre pour examiner les impacts potentiels de l’abandon des commissions intégrées. Il y a parmi les panélistes invités Warren Collier, directeur général et chef d’iShares à BlackRock Canada.

Sur environ 117 FNB iShares cotés au Canada, 28 ont actuellement des options d’achat de série Conseiller. Leurs avoirs combinés de 513 M$ représentent moins de 1 % des actifs de BlackRock, qui totalisaient 55,3 G$ au 31 juillet. La seule autre firme de FNB qui continue à offrir des séries Conseiller est Société de gestion de portefeuilles FT Canada, qui opère sous le nom de First Trust et dont les huit FNB de série Conseiller ont un total combiné d’actifs sous gestion de 56 M$.

Dans une soumission aux ACVM datée du mois de juin dont M. Collier a été le co-auteur, BlackRock Canada a manifesté son accord avec les autorités, à savoir qu’opérer une transition pour se débarrasser des commissions intégrées aux fonds se traduirait probablement par une affectation supérieure aux produits moins onéreux, et a une arrivée sur le marché d’un plus grand nombre de prestataires à bas prix. Pour que cela se produise, BlackRock a demandé aux autorités de se pencher sur la question des barrières réglementaires, notamment d’impératifs de divulgation encombrants, de règles démodées et d’exigences d’inscription rigides.

Les FNB de série Conseiller de BlackRock sont un héritage de sa prise de contrôle en 2012 de la famille de FNB Claymore, que les fonds BlackRock ont intégrée à la famille iShares. Claymore, dirigée par le fondateur et directeur général d’alors Som Seif, a introduit les FNB de série Conseiller en 2006.

M. Seif a ensuite fondé Purpose Investments et introduit une nouvelle innovation : des fonds de placement vendus par prospectus qui étaient offerts soit comme des fonds communs (avec la possibilité de commissions de suivi), soit comme des FNB sans rémunération intégrée.

Dans un entretien avec Morningstar, M. Seif a souligné l’importance d’une relation mutuellement bénéfique entre clients et conseillers, et indiqué que les frais intégrés étaient parfois une meilleure option pour les investisseurs. « Supprimer les commissions de suivi ne résout pas le vrai problème, qui est l’évolution en direction d’une norme du meilleur intérêt où le rôle du conseiller est exclusivement voué à soutenir l’intérêt du client. »

Si un conseiller n’est rémunéré que par des commissions sur transactions, dit M. Seif, il peut être incité à faire des transactions plus fréquentes au lieu de s’en tenir à un instrument de placement pendant de multiples périodes. « Laissons donc la rémunération en dehors du débat et permettons au conseiller de prendre cette décision auprès de son client. »

M. Seif a noté que les autorités en valeurs mobilières avaient effectivement accru la transparence des frais dans l’industrie des fonds en mettant en place les clauses du Modèle de relation client-conseiller, deuxième phase, qui sont entrées en vigueur en juillet 2016. En faisant obligation aux négociateurs de fonds de dévoiler le montant des commissions de suivi versées au négociateur par prélèvement sur le ratio des frais de gestion, « le MRCC2 a créé un environnement où il y a effectivement divulgation. »

Une importante firme de FNB qui n’a pas ménagé son franc soutien d’une interdiction des commissions de suivi est Placements Vanguard Canada, filiale du géant américain Vanguard. « Nous croyons qu’une plus grande transparence conduit à de meilleurs résultats pour les investisseurs, dit Matt Gierasimczuk, directeur des relations publiques à Vanguard Canada. « En éliminant les commissions de suivi et autres commissions, on supprime tout conflit d’intérêts potentiel. »

Dans la soumission effectuée par Vanguard aux ACVM, Atul Tiwari, directeur général de Vanguard Canada, a indiqué qu’en interdisant les commissions de suivi, le Canada avait « l’occasion de se joindre à une tendance mondiale visant à améliorer la protection de l’investisseur et la transparence. Nous avons vu ce phénomène prendre racine au Royaume-Uni, en Australie et aux Pays-Bas, ce qui a conduit à de meilleurs résultats pour les investisseurs, notamment une baisse des frais de placement, un meilleur accès aux produits et une transparence accrue des frais. »