Glenn Fortin, vice-président et spécialiste des actions américaines chez Beutel Goodman & Cie., dit que le marché boursier américain est finalement en train de réagir aux compagnies dotées de modèles commerciaux de haute qualité et de données fondamentales généralement solides.

« Ces actions étaient en disgrâce l’année dernière, alors que les investisseurs recherchaient la croissance et l’élan, dit M. Fortin. Face à un marché américain tumultueux en début d’année, les investisseurs ont favorisé ces compagnies aux données fondamentales solides à long terme, ce qui convient à notre discipline chez Beutel Goodman. »

En 2015, les FANG, acronyme de Facebook, Amazon.com, Netflix et Alphabet avaient la cote parmi les investisseurs. Ces quatre actions ont bien réussi ces dernières années, dit M. Fortin. Mais cette année, elles ont pris des chemins séparés, dit-il. « Seuls Facebook et Amazon ont affiché de bons résultats depuis le début de 2016. »

Dans l’ensemble, le marché boursier américain a produit une performance médiocre au cours des cinq premiers mois de cette année, dit M. Fortin. L’Indice S&P 500 a généré un rendement total de 3,6 % du début de l’année 2016 à la fin mai et de 1,7 % pour les 12 mois qui ont expiré le 31 mai. Le rendement total annualisé sur trois ans de l’indice de référence était, quant à lui, de 11,1 % et de 11,7 % sur cinq ans, tous les deux à la fin mai.

Tout bien considéré, dit M. Fortin, le rendement sur 12 mois de l’Indice S&P 500 à la fin de mai 2016 est évalué à partir d’une position élevée. « Le marché boursier américain a atteint de nouveaux sommets à peu près à cette période l’année dernière. »

M. Fortin signale que la modeste amélioration du marché boursier américain depuis le début de 2016 a été menée principalement par l’augmentation des ratios et non par la croissance des bénéfices. Cette dernière est toujours plutôt léthargique dans le contexte d’une croissance économique mondiale qui reste anémique, dit-il. « Beaucoup d’espoirs ont été investis dans le marché boursier américain. »

Pour ce qui est de l’évaluation actuelle du marché, M. Fortin souligne que l’Indice S&P 500 se négocie à un ratio cours/bénéfice d’environ 18 fois les bénéfices par action et 2,6 fois la valeur comptable. « Ce n’est certainement pas une aubaine, mais il y a des créneaux de valeur dans le marché américain, comme dans un segment du secteur de la technologie. »

Un autre problème du marché boursier américain cette année, dit M. Fortin, est que plusieurs prises de contrôle très médiatisées de compagnies étrangères et américaines ont été contrecarrées par des obstacles réglementaires à la fois aux États-Unis et dans le monde. « Les activités de fusions et d’acquisitions sont un important moyen de stimuler la valeur de ces actions, qui sont sous-évaluées par le marché boursier par rapport aux sociétés acquéreuses. »

Adoptant essentiellement une analyse ascendante pour sélectionner les actions, Beutel Goodman utilise un critère de valeur stricte en effectuant des investissements dans des actions. L’équipe des actions américaines cible des compagnies qui ont des franchises puissantes et qui oeuvrent dans des industries où les barrières à l’entrée sont élevées.

Une solide production de flux de trésorerie est une importante considération. L’équipe achètera l’action lorsque sa valeur sur le marché public est inférieure à ce qu’elle considère être la juste valeur de l’entreprise. « Nous établissons une participation à une action lorsque nous considérons qu’elle peut générer un rendement total de 50 % sur une période de trois ans », dit M. Fortin.

M. Fortin et son collègue Rui Cardoso cogèrent des portefeuilles d’actions américaines de moyenne et grande capitalisation totalisant 2,6 milliards de dollars américains (G$US) d’actifs, incluant la portion d’actions américaines de certains fonds équilibrés. Leur mandat comprend le Fonds d’actions américaines Beutel Goodman, qui a des actifs de 875 M$. Le portefeuille d’actions américaines a 25 noms et les dix avoirs principaux constituent plus de la moitié du portefeuille. Ce portefeuille a pour point de repère l’Indice S&P 500.

M. Fortin indique que lui-même et M. Cardoso ont trouvé de la valeur en sélectionnant des compagnies dans le secteur américain de la technologie de l’information. Cela représente 21,2 % du Fonds d’actions américaines Beutel Goodman et 20,4 % de l’indice de référence.

Un nouveau nom du secteur de la technologie dans le portefeuille est Cadence Design Systems (CDNS). Ce fournisseur de logiciels automatisés de conception de circuits électroniques et de services d’ingénierie « représentait un joyau sous-apprécié ». Cadence est l’un des deux chefs de file mondiaux dans le domaine de l’automatisation de la conception de circuits électroniques, dit M. Fortin. « Ce logiciel est utilisé par les fabricants de semi-conducteurs et les coûts sont élevés pour les clients voulant changer de fournisseurs. »

De plus, Cadence a un modèle commercial basé sur les abonnements, ce qui lui donne un niveau élevé de visibilité quant à ses perspectives de revenu, dit-il. « En gros, il existe des barrières élevées à l’entrée dans le secteur de Cadence, et la compagnie génère de solides flux de trésorerie. » La compagnie a restitué de l’argent à ses actionnaires, dit-il. « Cadence rachètera des actions équivalant à quelque 20 % de ses actions en circulation au cours des prochains 12 mois. »

L’équipe des actions américaines a ajouté au portefeuille Teradyne, grand fournisseur mondial des systèmes d’essais automatisés utilisés dans la fabrication des semi-conducteurs. « C’est un duopole, et Teradyne possède plus de 50 % des parts du marché mondial. »

Comme pour Cadence, « il y a des barrières élevées à l’entrée dans le secteur de Teradyne et des coûts élevés pour les clients voulant changer de fournisseurs ». Son bilan financier solide, et les liquidités constituant 20 % de sa capitalisation boursière est l’un de ses points forts, dit M. Fortin. La compagnie reverse de l’argent à ses actionnaires, dit-il. Elle a initié un dividende en 2014 et un programme de rachat d’actions en 2015. « Cadence et Teradyne sont considérées par les investisseurs comme faisant partie de l’industrie diversifiée des semi-conducteurs, et des mauvaises nouvelles liées à cette industrie procurent de bonnes occasions d’achats pour ces deux actions. »

Les services financiers constituent 21,4 % du Fonds d’actions américaines Beutel Goodman, alors que ce secteur n’occupe que 16 % dans l’indice de référence. Deux avoirs importants dans ce secteur sont American Express et JPMorgan Chase & Co..

L’équipe des actions américaines Beutel Goodman a initié une participation à American Express l’année dernière. « Cette compagnie est l’une des trois grandes compagnies mondiales émettrices de cartes de crédit. » Son marché cible, dit M. Fortin est le consommateur qui fait des achats hauts de gamme. Les détenteurs de cartes American Express tendent à dépenser deux fois plus sur leurs cartes de crédit que les détenteurs de cartes Visa et MasterCard, fait-il remarquer.

« American Express est une franchise de qualité élevée qui était sur notre liste de souhaits depuis quelque temps, dit M. Fortin, mais son évaluation était dissuasive. » L’occasion d’investir dans l’action s’est présentée d’elle-même l’an dernier. L’action a reculé après qu’il a été annoncé en février l’an dernier que Costco Wholesale Corp. mettrait fin à son accord de longue date avec American Express.

« Il s’agissait d’une occasion de valeur traditionnelle; notre placement dans American Express témoigne de notre processus rigoureux et de notre patience, dit M. Fortin. Depuis que nous avons initié cette position, nous l’avons augmentée dès qu’une occasion s’est présentée. » L’action se négocie à environ 12 fois son bénéfice par action et a un rendement de dividendes de 1,8 %.

JPMorgan continue à être le plus gros avoir financier dans le Fonds d’actions américaines Beutel Goodman. « C’est une institution financière diversifiée de qualité élevée, et un chef de file dans beaucoup d’activités différentes. » L’action, dit-il, se négocie à la valeur comptable par action de la compagnie à la clôture et à environ 12 fois son bénéfice par action. Elle verse un dividende de 3 %.

Le secteur industriel constitue 19,2 % du Fonds d’actions américaines Beutel Goodman (contre 10,1 % de l’Indice S&P 500). « Dans ce fonds, l’accent est mis sur les compagnies qui ont un gros revenu récurrent, dit M. Fortin. Des exemples en portefeuille sont Parker-Hannifin Corp., un fabricant diversifié de technologies et systèmes de contrôle des mouvements. Cette action, un nouvel ajout au portefeuille l’an dernier, fait partie des 10 principaux avoirs.

Ingersoll-Rand PLC, une compagnie industrielle diversifiée, fait partie des dix principaux avoirs en portefeuille. M. Fortin fait remarquer qu’à la fin de 2013, Ingersoll-Rand s’est séparée d’Allegion, « un chef de file mondial de produits de sécurité mécaniques et électroniques » en octroyant une action ordinaire d’Allegion pour trois actions d’Ingersoll-Rand détenues. Beutel Goodman a gardé les deux sociétés. M. Fortin indique que l’action d’Allegion a récemment atteint le cours cible de l’équipe des actions américaines et « conformément à notre discipline axée sur la valeur, nous avons vendu un tiers de cet avoir. »