Mais depuis quelque temps, M. Tahmazian déploie davantage d’actifs du fonds. Partie de plus de 20 % plus tôt cette année, la position liquide du fonds est actuellement d’environ 15 %, « et je dirais qu’elle va encore diminuer, dit-il. Nous considérons que le secteur est sous-évalué par rapport au cycle de vie entier de l’énergie, et c’est donc mon travail de mettre cet argent à contribution. »

Selon M. Tahmazian, directeur et gestionnaire de portefeuille de la Financière Canoe à Calgary, nous sommes tombés ces huit derniers mois dans le point le plus bas du cycle énergétique après la correction qu’a connue ce secteur au Canada.

« Notre façon de faire est tellement inhabituelle, dit M. Tahmazian. Nous investissons à rebrousse-poil du cycle. Nous croyons que le marché a toujours tort et par conséquent, si nous aimons quelque chose et que le marché semble être d’accord, nous passons vite à un autre placement. »

« L’autre chose sur laquelle nous concentrons nous efforts et qui nous obsède, dit M. Tahmazian, est la protection à la baisse. Voilà pourquoi nous utilisons l’argent liquide de façon si dynamique et que nous pensons qu’investir dans les meilleurs des meilleurs est toujours une protection en cas de baisses. »

M. Tahmazian décompose le secteur énergétique en huit sous-secteurs : le pétrole classique, le pétrole non conventionnel (sables bitumineux), le gaz naturel, le secteur intermédiaire et les oléoducs et transports de matières premières, les services énergétiques, les industries renouvelables et alternatives, le raffinage du pétrole et du gaz naturel, et d’autres, comme l’uranium, les mines de charbon et les engrais.

Il est rare que plus de trois de ces sous-secteurs figurent au même moment dans le fonds, qui comprend la plupart du temps entre 18 et 25 positions. Actuellement, le fonds est investi dans le pétrole classique, les services énergétiques et le gaz naturel liquéfié.

Pour gérer le portefeuille, M. Tahmazian puise dans son expérience personnelle et ses relations dans l’industrie. Il est né et a grandi à Calgary, d’un père dirigeant d’une société pétrolière et gazière, et son frère est le vice-président de Paramount Resources (POU), le plus gros avoir dans le mandat, et le fonds comprend les portefeuilles de ces amis et de sa famille. « Notre ADN n’est constitué que de pétrole et de gaz naturel », dit-il.

Paramount Resources, société énergétique établie à Calgary qui a été ajoutée au fonds en 2016, illustre les quatre facteurs essentiels qui interviennent quand M. Tahzamian sélectionne ses actions. « Le premier facteur est la gestion de la société et l’historique de son conseil d’administration, dit-il, et Paramount coche cette case. Deuxièmement, c’est un bon gérant du capital de l’entreprise, avec un bilan solide. En troisième lieu, la société a démontré qu’elle était capable d’acquérir des actifs par le biais de fusions et acquisitions. Quatrièmement, Paramount s’impose comme experte technique dans l’industrie.

Dans le domaine des services énergétiques pour les gisements pétroliers, M. Tahmazian s’est montré favorable aux sociétés de services de fracturation. Un de ses plus gros avoirs est STEP Energy Services (STEP). Cette société de Calgary s’est récemment livrée à un premier appel public à l’épargne, avec Canoe comme principal participant. « Il existe des barrières massives à l’entrée, dit M. Tahmazian, depuis le coût de construction d’un parc jusqu’au recrutement du personnel afférent, parce que c’est un domaine si complexe et de haute technologie. Ce secteur est donc bien protégé dans sa tarification. »

Parmi les sociétés productrices de pétrole et de gaz naturel, le fonds Canoe détient Crescent Point Energy (CPG), compagnie de Calgary que beaucoup d’investisseurs possèdent mais qui a perdu les faveurs du public. M. Tahmazian n’est pas d’accord avec les critiques qui affirment que la gestion est faible et que l’historique de la société est mauvais. « Je n’en suis pas convaincu, dit-il. Je regarde les terrains, les actifs qu’elle possède, et le titre qui s’en dégage est l’un des meilleurs au pays. »

Ailleurs dans le secteur énergétique, M. Tahmazian croit que le gaz naturel liquéfié se substituera de plus en plus au charbon et au pétrole. « Le marché du GNL va devenir mondial comme celui du pétrole dans les 10 ans qui s’annoncent », dit-il. Les avoirs du fonds comprennent la compagnie de Houston Cheniere Energy (LNG), qui constitue une partie de la pondération actuelle de 12 % du fonds dans les actions américaines.

M. Tahmazian admet qu’il se heurte à un certain scepticisme quand il fait preuve de tant d’optimisme pour les carburants fossiles, compte tenu des promesses de croissance du secteur des voitures électriques et de l’opposition des mouvements écologistes. « Ce phénomène de véhicules électriques, les principes qui entourent la destruction de la demande par les verts, est soumis à tant d’hypothèses, dit-il — on ne peut pas s’appuyer dessus pour créer une thèse de placement. »

M. Tahmazian avance que le manque de capitaux dépensés tant pour la prospection que pour la mise en valeur des gisements de pétrole et de gaz naturel nuit à l’offre. Quant à la demande, « lorsque nous nous sommes livrés à une évaluation des besoins pétroliers mondiaux, nous sommes arrivés à la conclusion que nous ne sentons pas de pression vers le bas. »