Unigestion poursuit sa croissance canadienne
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L’approche de chasseur d’aubaines du Fonds de valeur des marchés émergents Brandes n’est pas au goût de tout le monde. Il faut pour cela de la patience, une forte conviction et un chic pour différencier les actions provisoirement en difficulté de celles dont le déclin va se prolonger. Toutefois, les gestionnaires de ce fonds débordent de ces qualités-là. Le fonds se taille son avantage concurrentiel grâce à son comité de placement de cinq personnes diverses et aguerries et son exécution disciplinée de l’approche de valeur stricte rigoureuse et reproductible de la firme. Cela lui vaut une cote Argent des analystes Morningstar.

Brandes commence par rechercher des actions qui se négocient bien au-dessous de leur juste valeur. Après une analyse sectorielle rigoureuse, les actions sont soumises à l’approbation du comité de placement. Chaque membre du comité calcule indépendamment son estimation de juste valeur d’une compagnie et le comité fait ensuite la moyenne de tous ces calculs, améliorant ainsi l’objectivité de l’estimation finale. Le comité exige des marges de sécurité supérieures et limite la taille des avoirs dont les estimations de juste valeur varient le plus entre les membres du comité. Cela permet de contrôler le risque.

Les gestionnaires déterminent la taille des avoirs en fonction de leur rabais par rapport à leur juste valeur et du niveau de confiance envers ces estimations. Depuis la crise financière, Brandes a attribué à chaque avoir considéré une cote élevée, moyenne ou faible. Les gestionnaires assignent des taux d’escompte bien plus élevés aux actions de plus faible qualité et y investissent moins, reflétant une plus grande incertitude. Dans l’ensemble, le portefeuille comprend entre 60 et 80 avoirs et les titres principaux dépassent rarement 7 %. Ils restreignent également les pondérations régionales et sectorielles au chiffre le plus élevé entre 20 % des premières ou 150 % des secondes dans l’Indice MSCI Marchés émergents. Il n’y a pas d’allocation minimum requise, donc le comité est libre de n’avoir aucune participation aux régions ou aux secteurs surévalués.

Les gestionnaires trouvent souvent des occasions là où l’incertitude économique et politique, pensent-ils, a amené les investisseurs à sous-estimer les risques encourus. Par exemple, au mois de juin 2017, la participation de 16 % du fonds au Brésil et de 10 % à la Russie, deux pays confrontés à des difficultés économiques et politiques dont la pondération est beaucoup plus faible dans l’Indice MSCI Marchés émergents, reflète l’idée que malgré les grosses difficultés rencontrées, les actions de ces pays sont sous-évaluées.

Et à l’inverse, accorder sa préférence aux actions les moins chères veut dire que les gestionnaires ne se frottent que peu aux marchés en surchauffe. Ils ont élagué encore davantage les actions chinoises qui flambent depuis plusieurs années et se sont appréciées de 30 % l’année dernière. Le marché chinois représentait plus de 26 % de l’indice des marchés émergents au mois de juin 2017, alors que la participation du fonds s’élevait à 8 %.

Ce positionnement caractéristique de Brandes a parfois pesé lourd sur les rendements par rapport à ceux de l’indice de référence. Le fonds s’est relativement bien tenu au cours de la crise financière, avec une baisse de 35 % contre près de 42 % pour l’Indice MSCI Marchés émergents, et a fortement rebondi en 2009 avec un rendement de 81 % qui l’a placé en tête de sa catégorie. Toutefois, 2011, 2014 et 2015 ont été des années difficiles. Le fonds a perdu 5,9 % en 2015 et s’est sous-classé de 7,9 points de pourcentage par rapport à l’indice, avec une surpondération au Brésil et à la Russie et une sous-pondération à la Chine qui ont tiré le rendement par le bas. Néanmoins, le fonds a rebondi en 2016, terminant de nouveau l’année près du sommet de sa catégorie en raison de ses grosses participations au Brésil et à la Russie et de sa faible pondération à la Chine. Depuis le début de l’année jusqu’au 11 août 2017, le fonds a gagné 11,8 %, à la traîne de l’indice de 4,7 points de pourcentage. De nouveau, ses participations à contre-courant au Brésil, à la Russie et à la Chine ont été ce qui a freiné son rendement.

Malgré les hauts et les bas, le gain du fonds sur 10 ans de 5,2 % se situe dans le premier décile de la catégorie Actions des marchés émergents et surpasse l’indice d’un demi-point de pourcentage par an.

Brandes applique une approche d’équipe à la gestion de portefeuille, toutes les décisions de placement étant distillées par le comité de placement. Les décisions d’achat et de vente demandent un vote à la majorité et cette approche d’équipe contribue à atténuer le risque lié à une seule personne aux commandes tout en favorisant la continuité du processus de recherche. Totalisant en moyenne 15 ans d’expérience chez Brandes et 10 ans au sein du comité des marchés émergents, les gestionnaires sont imprégnés de la culture de placement de Brandes et collaborent étroitement depuis des années. À l’exception d’un des cinq membres, ils siègent tous exclusivement à ce comité.

L’équipe combinée de plus de 40 analystes et adjoints se divise les responsabilités par secteur. Elle est chargée de préparer des rapports détaillés sur les sociétés à l’intention des comités de placement. Certains analystes siègent également aux 6 comités de placement de Brandes axés sur les actions, et certains membres des comités se partagent les responsabilités de couverture des secteurs pour la firme.

La série A vendue sur commissions prélève un RFG de 2,72 %. Si l’on prend en compte les coûts de transactions de 0,14 %, taux inférieur à la moyenne, le coût total de détention de ce fonds s’élève à 2,86 %. Bien qu’élevé en termes absolus, il se place dans le deuxième quintile le moins cher des options vendues sur commissions au sein de la catégorie Actions des marchés émergents.

La série F du fonds, vendue par les conseillers rémunérés sur honoraires, se situe aussi sous la médiane. Par rapport à ses rivales du même réseau de distribution, le ratio des frais de gestion de 1,60 % de la série F se situe en milieu de peloton, mais ses coûts de transaction relativement meilleur marché améliorent la comparaison. La série D, destinée aux investisseurs autonomes, est toutefois chère. Son ratio des frais de gestion de 1,92 % est l’un des plus élevés de ce réseau de distribution.