Comment la finance comportementale détruit la retraite de vos clients

« Il y a deux catégories de biais comportementaux: les émotionnels et les cognitifs, explique Richard Guay. Les biais émotionnels sont beaucoup plus difficiles à gérer puisqu’ils trouvent leur source dans l’émotion et dans l’aversion. À l’opposé, un biais cognitif est « traitable » grâce à un raisonnement ou une explication.»

Par exemple, un client peut être sous l’influence d’un biais comportemental lorsqu’il craint d’investir dans un secteur en particulier en raison d’une mauvaise expérience passée: «Prenons l’exemple d’un client qui aurait tout perdu en faisant un mauvais investissement dans les mines il y a quelques années, raconte Richard Guay. Il pourrait ne pas vouloir y réinvestir d’argent parce qu’il aura une aversion pour ce secteur, et ce, même si ce serait une bonne idée de placement dans la conjoncture actuelle.»

Un biais plus cognitif sera plus facile à modifier, selon Richard Guay: « Un client qui souhaite investir dans un fonds parce que ce dernier a bien fonctionné durant les cinq dernières années pourra changer d’avis si on lui présente des données démontrant que la conjoncture a changée et que les possibilités de rendement ne sont plus les mêmes.»

En vidéo – Conversations autour de la retraite : ces biais qui nuisent à vos clients.

Un conseiller pourrait aussi expliquer à un client qui aime transiger un peu trop souvent qu’il y a un coût de renonciation associé à l’achat d’un nouveau titre: « Pour acheter ce nouveau titre, il devra en vendre un autre. Est-ce que c’est vraiment la meilleure décision dans la situation présente? Peut-être que non.»

Par ailleurs, le Journal of Financial Economy a publié en 2014 une étude qui utilisait des couples de jumeaux identiques afin de déterminer si les biais de finance comportementale étaient acquis ou innés. Résultat, 50 % des biais sont innés et 50 % sont attribuables à l’expérience de vie de l’individu.

« Si les jumeaux se comportent différemment, c’est donc que le biais est appris et non pas biologique, indique Richard Guay. L’étude a démontré que 50 % des biais étaient acquis et que 50 % s’expliquait biologiquement. Ce que cette étude prouve, c’est que lorsqu’on nait de deux parents particuliers, on est sujet à des biais particuliers.»

 

Photo Bloomberg