« Si on avait parlé l’année dernière du Brexit et de Trump, dit David Lambert on aurait certainement prédit que les marchés allaient baisser et même s’effondrer, ce qui n’a pas été le cas. Même avec des nuages politiques à l’horizon en Europe ».

Le seul domaine dans lequel les gestionnaires de RBC aient repéré une faiblesse au Royaume-Uni, après le référendum de juin à qui a vu une majorité du peuple britannique décider de quitter l’Union européenne, est celui des dépenses du secteur public. Le mandat de RBC n’a qu’une faible participation aux actions de ce secteur, « et donc le Brexit n’a pas du tout altéré notre philosophie de placement », dit David Lambert.

 

Du point de vue de l’évaluation, il dit que l’Europe est bon marché par rapport au reste du monde et c’est le cas depuis un certain temps, mais d’autres dynamiques entrent en jeu. « Nous observons une amélioration des bénéfices des entreprises pour la première fois depuis 2012, dit David Lambert, et les révisions des bénéfices sont positives. »

David Lambert, établi à Londres, est le gestionnaire principal du Fonds d’actions européennes RBC (6,3 G$ d’actifs sous gestion). Il a ajouté au portefeuille des avoirs cycliques au cours des six derniers mois, anticipant un élan du prix des actions et une croissance des bénéfices. « Cette amélioration attendue, dit David Lambert, a été amplifiée par un changement potentiel de régime dans plusieurs économies avec l’adoption de politiques de relance fiscale. Le mantra de Donald Trump en matière de dépenses d’infrastructures en est un excellent exemple ».

L’ajout au portefeuille de la société de Dublin CRH PLC, qui fabrique et distribue des matériaux de construction, profiterait clairement d’une relance fiscale et des mesures incitatives d’infrastructure. Pourtant, « CRH ne se trouverait pas habituellement sur notre terrain de prédilection, dit David Lambert. C’est une société qui nécessite beaucoup de capitaux, donc ce n’est pas le genre d’entreprise qu’on pourrait s’attendre à voir dans le portefeuille. Il nous faut nous ajuster aux points d’inflexion du marché et les apprécier ».

Les gestionnaires se sont employés à ajouter des actions à moyenne capitalisation au portefeuille là où la liquidité est suffisante pour bâtir des positions. David Lambert dit que les moyennes capitalisations ont tendance à bénéficier eux aussi des mouvements cycliques à la hausse, « donc c’est une façon sensée de faire évoluer le portefeuille pour qu’il s’adapte mieux aux mouvements du marché ». Il y a également d’autres avoirs qui présentent des occasions dans l’espace des moyennes capitalisations, donc il y a plus de chances de trouver « une perle rare » au rendement élevé et aux actifs susceptibles de s’accroître.

L’approche de placement ascendante privilégie les entreprises aux rendements élevés et les marques de luxe, certaines d’entre elles étant là depuis plusieurs siècles et jouissant d’une croissance prévisible et durable. « Donc on profite de cette belle courbe de croissance exponentielle à long terme », dit David Lambert.

Il prend l’exemple de ces gigantesques entreprises mondiales aux noms prestigieux comme Christian Dior, la principale société de portefeuille propriétaire de LVMH Moet Hennessy Louis Vuitton dotée d’une gamme vaste et diverse de marchandises de luxe. « Nous prévoyons une croissance du chiffre d’affaires sur l’ensemble du portefeuille de Louis Vuitton, dit David Lambert, ce qui équivaut à une croissance des bénéfices de 10 % et une croissance des dividendes de 10 % aussi. » Le pouvoir de la marque, dit-il, lui permet de maintenir une position concurrentielle extrêmement robuste, réduisant ainsi son risque commercial et lui permettant de s’accroître continuellement. Par ailleurs, « il existe une amélioration de la demande de marchandises de luxe de la part du consommateur chinois. »

D’autres stratégies de sélection d’actions qui visent la réduction du risque comprennent la diversification dans des actions plus prudentes du secteur financier en dehors de la zone euro. Les banques nordiques sont de « petites mines d’or », dit David Lambert. Il cite particulièrement les banques suédoises comme Swedbank, qui constitue un de ses avoirs.

« Les banques suédoises sont le modèle même de la manière dont les banques devraient être gérées en Europe », dit David Lambert, ajoutant qu’elles sont « en fait très similaires aux banques canadiennes de ce point de vue-là ». Il considère que les banques canadiennes font partie des banques les plus robustes au monde. « C’est exactement la même chose pour les banques suédoises, dit-il. Elles produisent des rendements élevés, paient de très bons dividendes mais ne cherchent pas à grandir pour le plaisir. Les banques sont gérées comme un service public qui paye des dividendes aux actionnaires. »

Le secteur financier, qui représente actuellement 20 % du mandat, a également profité d’une hausse attendue des taux d’intérêt, ajoute David Lambert.

D’autres mesures d’atténuation du risque comprennent l’ajout d’une modeste couverture contre la devise qui a été réintroduite dans le fonds, comme protection contre la possibilité d’une dépréciation brutale de l’euro. Il y plusieurs événements politiques, comme les élections en France et aux Pays-Bas, qui pourraient affecter les marchés. « On parle juste de ce que sera l’Europe dans cinq ans, dit David Lambert. En réalité, l’euro est demeuré relativement robuste après l’année dernière. »

Le mandat est positionné pour « mettre l’accent sur les sociétés, non pas sur la politique, dit David Lambert. Les manchettes portent toutes sur la politique. Donc j’encourage tout le monde à faire ce que nous faisons, c’est-à-dire examiner l’entreprise. Ne vous laissez pas influencer par le bruit et l’agitation, qu’il est impossible de prédire, tout comme les conséquences. »