Dans un court laps de temps cet automne, les sociétés CI Financial, Placements Mackenzie et AGF, toutes établies à Toronto, ainsi que la société californienne Franklin Resources, connue au Canada sous le nom de Placements Franklin Templeton, ont toutes annoncé leur intention de percer le marché des FNB. Elles sont imitées par Gestion de Placements TD, qui lancera une famille de FNB au début de 2016, emboîtant le pas à la RBC et à la Banque de Montréal, qui se sont déjà taillé une part de ce marché.

«C’est une évolution plutôt qu’une révolution, explique Achilleas Taxildaris, chef de la recherche sur les gestionnaires à la société torontoise Morningstar Canada. L’expansion vient davantage de l’élargissement de la distribution que des stratégies de placement. Les FNB ne représentent qu’un autre instrument permettant aux gestionnaires de placement de vendre leurs stratégies. C’est une évolution positive.»

L’importance accordée à la transparence des frais de gestion dans les nouvelles réglementations, telle la deuxième phase du Modèle de relation client-conseiller (MRCC 2), et les progrès technologiques qui donnent naissance à des services de conseils automatisés, tels que les robots-conseillers, stimulent la demande de FNB à faible coût.

À mesure qu’évoluera le marché des FNB inscrits sur une plateforme canadienne, qui totalise 88 G$ en actif sous gestion, le nombre de FNB dont les portefeuilles sous-jacents s’appuient sur des stratégies personnalisées de sélection de titres augmentera plus rapidement que celui des FNB gérés passivement en fonction des grands indices.

De plus, les sociétés de gestion de fonds qui envahissent le marché des FNB seront en mesure d’offrir leurs produits gérés activement sous forme de FNB.

«L’entrée des sociétés de fonds communs de placement était inévitable, soutient Howard Atkinson, président de la société torontoise Horizons ETFs Management (Canada), actuellement chef de file canadien dans le développement de FNB gérés activement (Howard Atkinson devrait quitter Horizons le 31 décembre prochain). Un fournisseur de produits de placement peut difficilement proposer un éventail complet sans offrir des FNB. Une fois que quelques sociétés du secteur traditionnel ont percé ce marché, il est inévitable que d’autres leur emboîtent le pas, qu’il s’agisse de gestionnaires de fonds communs ou de grandes banques.»

Selon Howard Atkinson, ce changement est «formidable» pour les investisseurs, car il élargira la gamme de produits et de fournisseurs, la concurrence accrue exerçant une pression à la baisse sur les coûts de la gestion de placement professionnelle.

Bien que les frais liés aux FNB gérés activement soient normalement supérieurs à ceux des FNB indiciels équivalents, leurs frais sont habituellement inférieurs à ceux des fonds communs. Ces frais inférieurs se traduisent par de meilleurs rendements nets et de plus grandes chances pour un gestionnaire actif de battre l’indice de référence correspondant.

«Le marché traditionnel des FNB au Canada est dominé par des acteurs importants comme la division iShares de BlackRock, Placements Vanguard Canada et BMO Gestion mondiale d’actif, souligne Howard Atkinson et, pour soutenir la concurrence, tout nouvel arrivant doit être un acteur de premier plan ou un acteur occupant un créneau particulier.

Nous n’avons pas besoin d’un autre FNB indiciel à faible coût, affirme Howard Atkinson. La prochaine génération fait appel à des stratégies factorielles ou quantitatives, et peut aller jusqu’à des FNB totalement gérés activement, et c’est dans le collimateur des sociétés de fonds communs de placement.»

Les sociétés de fonds communs traditionnelles entrent dans l’arène des FNB de diverses façons, allant de l’acquisition au développement de leurs propres produits. CI Financial a acheté First Asset Capital, un fournisseur torontois de FNB qui possède 42 FNB dont l’actif totalise 3 G$. AGF Management est en voie d’acquérir une participation majoritaire dans la firme bostonienne FFCM LLC, qui possède une famille de FNB alternatifs et à bêta intelligent et qui agit déjà comme sous-conseiller auprès d’AGF.

Casse-tête pour les conseillers

La concurrence pour attirer les talents s’intensifie également. Franklin Templeton a embauché un ancien cadre supérieur de la société américaine BlackRock, Patrick O’Connor, comme chef des FNB mondiaux afin de développer des capacités dans ce domaine. Et, le printemps dernier, Mackenzie a recruté Michael Cooke comme premier vice-président et chef des placements alternatifs, après l’avoir débauché de son poste de chef de la distribution de PowerShares Canada, la division des FNB de la société torontoise Invesco Canada. En novembre, la société Mackenzie a indiqué par communiqué qu’«elle s’engage à offrir des solutions qui aident les investisseurs et désire, par conséquent, mettre ses compétences en gestion active à la portée d’un plus vaste auditoire.»

«La prolifération des FNB devient un casse-tête pour les investisseurs et l’embarras du choix déboussole même les conseillers, confie Howard Atkinson. La répartition d’actif et la composition d’un portefeuille de FNB exigent de plus en plus une méthodologie rigoureuse et des conseils éclairés. Les stratèges en composition de portefeuilles de FNB ou les programmes de répartition d’actif sont appelés à jouer un rôle croissant, notamment les robots-conseillers. Il ne s’agit pas simplement de réunir un paquet de fonds.»

D’après Howard Atkinson, les FNB étant de plus en plus nombreux à délaisser le simple calque des indices, il est important que les conseillers sachent exactement quels types de placements sous-jacents ces produits ont et comment les FNB individuels «se contrebalancent et se complètent».

«Les FNB offrent une bonne transparence, et les conseillers peuvent aisément voir la composition des portefeuilles sous-jacents qui leur permettra de réaliser un assemblage stratégique de fonds», indique-t-il.