Mackenzie lance des fonds aux mandats d'ISR et d'actions chinoises
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Les actions asiatiques ont affiché une forte reprise cette année, le fonds moyen de la catégorie Actions de la Grande Chine ayant progressé de 33 % à la date du 20 octobre. Pour June Lui, gestionnaire du Fonds BMO Catégorie Chine élargie, en hausse de 30,6 % durant cette période, la prudence est de mise.

« Je suis prudente quant aux perspectives qui se dessinent », dit Mme Lui, gestionnaire de portefeuille auprès de la filiale asiatique de BMO Gestion mondiale d’actifs établie à Hong, qui supervise ce fonds coté 3 étoiles par Morningstar.

Entre autres préoccupations, le niveau élevé des évaluations boursières en Asie et dans le monde entier l’inquiètent, tout comme les mesures de resserrement de la politique monétaire adoptées par la Réserve fédérale américaine. « Le marché n’a pas encore incorporé ce processus de désendettement, ni certaines des tensions géopolitiques », dit Mme Lui, faisant allusion au durcissement de la rhétorique entre les États-Unis et la Corée du Nord ainsi qu’aux incertitudes entourant les agissements politiques de la Chine et de la Russie avoisinantes.

De plus, on s’inquiète des projets qu’a le gouvernement de M. Trump de changer ou carrément laisser tomber les grands traités commerciaux, et l’on craint que le président américain ne soit pas en mesure de mettre en place des réductions d’impôt. « Il y a beaucoup de raisons de se méfier », dit Mme Lui, qui est née à Hong Kong, a passé sept ans dans l’industrie bancaire de ce territoire et s’est tournée en 2005 vers la gestion d’actifs, puis est devenue analyste des actions en 2008.

Nous sommes des investisseurs ascendants et n’avons pas de perspective macroéconomique à proprement parler. Toutefois, il nous faut comprendre l’environnement macroéconomique et son impact sur les compagnies dans lesquelles nous investissons », dit Mme Lui, qui s’est jointe à l’équipe de gestion du fonds en 2015 et qui est devenue gestionnaire principale l’année d’après. « Si d’autres risques surviennent, il nous faudra peut-être adopter une approche plus conservatrice. »

Jusqu’à maintenant, le paysage macroéconomique a été des plus réjouissants, est c’est la dynamique qui a le plus contribué aux rendements des investissements. « La croissance du PIB a été meilleure que prévu, tout comme les chiffres du commerce et les bénéfices des sociétés jusqu’à présent cette année », remarque Mme Lui. « Parallèlement, le reminbi (RMB), malgré sa faiblesse l’année dernière, a pris la direction opposée et s’est apprécié d’environ 5-6 % par rapport au dollar américain pour l’année à ce jour. »

Par ailleurs, les dirigeants chinois ont mis en place des mesures strictes de contrôle des capitaux pour inverser le mouvement de sorties de devises auquel se sont livrés les sociétés et les individus en 2015-2016. « Il y a des mesures gouvernementales plus strictes », dit Mme Lui, qui remarque que même les entreprises d’État ont été forcées de se plier à ces règles plus strictes.

Phénomène d’égale importance, la demande intérieure en Chine a commencé à se reprendre au premier semestre, ce qui a favorisé le secteur de la vente au détail et souligné encore davantage la croissance de la classe moyenne en Chine. En attendant, la forte dépendance qui existe sur les exportations vers les marchés développés a commencé à se déplacer vers les pays asiatiques émergents, dans le cadre de l’initiative connue sous le nom de « une ceinture, une route » promue par la Chine. « L’accent est davantage mis sur les exportations d’équipement industriel lourd et de machines vers les pays avoisinants et sur le développement de leur capacité d’infrastructure. »

Quoi qu’il en soit, il existe des risques au sein de l’économie chinoise, par exemple un niveau très élevé d’endettement et une qualité médiocre des actifs des banques. « La Chine reconnaît qu’il existe un gros problème et que si elle ne s’y attelle pas, il pourrait dégénérer. Les autorités cherchent à maîtriser l’endettement et se rendent compte que ce sera un processus long et pénible, dit Mme Lui. Elles veulent contrôler la manière de réduire l’endettement sans créer un choc à l’intérieur du système. Elles reconnaissent que le problème est grave et qu’il n’y aura pas de solution rapide. »

Mme Lui indique que bien que le ratio de la dette par rapport au PIB ait augmenté jusqu’à 250 % en Chine, une grande partie de cette dette est détenue à l’interne par le gouvernement et les entreprises d’État. « Elle a déjà engagé le processus de réduction de la dette, et la croissance du crédit a désormais ralenti par rapport à celle du PIB nominal. »

Sur le plan stratégique, Mme Lui se concentre sur un petit groupe de 38 compagnies qui profitent de la demande à long terme, alimentant principalement la croissance des revenus et stimulant la croissance d’une classe moyenne naissante en Chine. « Nous voyons à long terme une tendance à la croissance des entreprises qui opèrent au pays. Nous accordons notre préférence aux compagnies douées pour le développement de la marque et l’exécution. Ces sociétés comprennent mieux les préférences locales que les intervenants étrangers, et gagnent des parts de marché. Nous investissons peu dans les compagnies axées sur l’exportation. » Mme Lui aime aussi les compagnies d’assurance qui reposent sur la demande des consommateurs pour les produits d’assurance vie et santé que cherche la classe moyenne croissante pour renforcer le filet de sécurité sociale chinois.

Environ 50 % du fonds est constitué d’actions domiciliées en Chine, 29 % d’actions de Hong Kong et 18 % de Taiwan. Toutefois, Mme Lui s’empresse de faire remarquer qu’elle ne tient généralement pas compte du pays où l’action est cotée et se concentre plutôt sur la qualité de l’entreprise. « Nous préférons investir dans une excellente compagnie à une évaluation juste, plutôt que d’investir dans une entreprise équitable qui se négocie bon marché. »

En raison d’exigences de conformité, Mme Lui ne peut pas se laisser aller à des commentaires détaillés sur certains titres du fonds. Néanmoins, c’est une investisseuse à forte conviction et les dernières données indiquent une participation avoisinant les 10 % dans des compagnies telles que Tencent Holdings (TCEHY), un grand intervenant du secteur chinois des médias, du divertissement et des systèmes de paiement. « C’est notre principal titre en portefeuille, et il a généré des bénéfices exceptionnels », dit Mme Lui, ajoutant qu’elle a légèrement réduit cette participation du fait d’évaluations qui lui semblaient un peu exagérées.

Parallèlement, Mme Lui penche pour China Mobile (CHL). « Elle possède une part de marché de 60 % dans le secteur de la téléphonie mobile et un statut de quasi-monopole. Nous n’aimons généralement pas les sociétés d’État, mais China Mobile verse un dividende de 3,6 % et son bilan comporte beaucoup de liquidités. » Ping An Insurance Group Co. of China et AIA Group sont deux autres avoirs favoris du secteur de l’assurance vie.