Un manquement à la conformité coûte 1,57 M$ à la Banque Nationale
Benjamin Nantel

Promu par Banque Nationale Investissements, le mandat du fonds donne à M. Gross une souplesse énorme, puisque le fonds ne sera pas géré de façon à suivre un indice boursier. En gros, le mandat que lui donne la Banque Nationale est de maximiser le rendement total tout en préservant le capital.

M. Gross peut investir partout dans le monde, y compris dans les marchés émergents, et dans tous les secteurs. La durée de son portefeuille (une mesure du risque lié au taux d’intérêt) n’est assujettie à aucune limite, pouvant être très élevée ou même négative.

Le fonds présente de nombreuses similitudes avec un fonds commun de placement basé aux États-Unis, Janus Global Unconstrained Bond, que M. Gross gère depuis son lancement en octobre 2014, peu après son entrée à Janus Capital, société de Denver, en tant que gestionnaire de portefeuille et stratège. Ayant plus de 45 ans d’expérience de gestionnaire obligataire, M. Gross a fondé PIMCO en 1971 où il occupait le poste de directeur général et directeur du placement avant de se joindre à Janus il y a deux ans.

Quant à générer des rendements absolus positifs, Janus Global Unsconstrained Bond a obtenu des résultats décevants en 2015, perdant 0,7 % en dollars américains durant sa première année civile complète. Mais durant les 11 premiers mois de cette année, son rendement a été de 4,8 %.

Le fonds américain âgé de deux ans et le nouveau fonds destiné aux investisseurs canadiens ne sont pas vraiment comparables. Le produit de la Banque Nationale en est une version bien édulcorée puisque M. Gross n’aura pas vraiment carte blanche en matière de risque lié au crédit.

Conformément au prospectus de la Banque Nationale, le fonds limitera sa participation aux obligations à rendement élevé à 25 % des actifs. Cela le distingue du fonds Janus, dont la qualité moyenne du crédit est actuellement de BB, ce qui est une cote de qualité inférieure.

Comme son homologue américain, le fonds de la Banque Nationale peut investir dans des titres émis ou garantis par des gouvernements ou des organismes gouvernementaux, des entités internationales et supranationales, et des entreprises. Compte tenu de la propension de M. Gross à détenir des actifs que l’on ne retrouve pas dans les indices obligataires traditionnels, le portefeuille du fonds peut aussi inclure des obligations convertibles, des billets ou prêts à taux variable, des titres adossés à des créances hypothécaires et à d’autres actifs, des obligations structurées adossées à des prêts ou à des hypothèques et des actions privilégiées.

On ne peut pas non plus considérer ce fonds, qui a été mis en vente cette semaine, comme un produit strictement à revenu fixe. Il peut détenir des actions ordinaires, des fonds communs de la Banque Nationale ou d’autres firmes de placement ainsi que des fonds négociés en bourse. La trousse à outils de M. Gross détient aussi des produits dérivés comme les options, les contrats à terme et les contrats de devises à terme.

Les frais de gestion sont de 1,25 % pour la Série Investisseur sans frais d’acquisition et pour la série Conseiller distribuée par les réseaux de courtiers et de conseillers, et de 0,75 % pour la série F conçue pour les comptes rémunérés à base d’honoraires. Il existe aussi des options d’achats dont les distributions mensuelles comprennent des remboursements du capital aussi bien que des revenus.

Ce que les investisseurs dans le fonds de la Banque Nationale peuvent attendre de M. Gross, au moins à court terme, est une position prudente sur les taux d’intérêt. La durée du fonds analogue américain Janus est de seulement 1,17 an, selon les données de Morningstar.

Dans un commentaire qui a suivi l’élection américaine, M. Gross a dit qu’il s’attendait à ce que la hausse du déficit public issue de la baisse des impôts fasse augmenter les taux d’intérêt et l’inflation. Il a ajouté que cela déprimerait éventuellement les revenus des sociétés et les ratios cours/bénéfices. « Aucune nouvelle hausse du marché boursier due à M. Trump ne se dessine à l’horizon, a écrit M. Gross. Contentez-vous de rendements diversifiés mondiaux de 3 à 5 %. »