Maintenant que les élections présidentielles américaines sont passées et que l’incertitude s’estompe, les investisseurs nerveux restés sur la touche passent les secteurs au peigne fin en quête d’occasions pour revenir sur le marché.

Un secteur qui se démarque particulièrement parce que bien positionné pour profiter du rebond postélectoral est celui des valeurs industrielles. Les analystes boursiers ont soutenu que peu importe qui deviendrait président, les valeurs industrielles en tant que secteur bénéficieraient de l’augmentation des dépenses énoncée au programme économique des deux candidats finalistes aux présidentielles. Dans un rapport préélectoral aux investisseurs, Morgan Stanley a dit qu’elle augmenterait sa participation aux valeurs industrielles au point de la surpondérer, appelant le secteur une mise vouée au succès, quelle que soit la nouvelle administration.

Sur une base annuelle, le secteur a facilement surclassé l’Indice S&P 500, générant un rendement total de 15,1 % contre 9 % au 17 novembre 2016. De même, depuis le début de l’année en cours, le rendement de 16,4 % du secteur a été bien supérieur à celui de l’Indice S&P 500 de 9,1 %.

Alors que l’économie américaine se renforce et que les difficultés macroéconomiques s’atténuent, les actions de valeurs industrielles à grande capitalisation vont probablement continuer à occuper les premières places dans l’Indice S&P 500. De plus, avec un ratio cours/bénéfice moyen de 18,5, les actions de valeurs industrielles se négocient au rabais par rapport à l’Indice S&P 500 (19,4) au 18 novembre, ce qui les rend encore plus attrayantes du point de vue de l’évaluation.

W.W. Grainger (GWW) distribue des fournitures d’entretien, de réparation et d’opérations à ses clients industriels. La compagnie a généré 10 milliards $US de revenu en 2015 en vendant des moteurs, de l’équipement pour les compagnies de chauffage, des éclairages, des outils manuels et électriques, et du matériel électrique et de pompage. Environ 78 % des ventes sont faites aux États-Unis, 9 % au Canada et 14 % dans le reste du monde.

« La société, qui est le plus grand distributeur de produits d’entretien, de réparation et de fonctionnement aux États-Unis, a généré un rendement moyen de 19 % sur le capital investi au cours des 10 dernières années et un taux de rendement sur le capital investi de 20 % au cours de cinq dernières années », mentionne un rapport Morningstar.

La compagnie a un avantage concurrentiel durable, ou une forte bastille économique, provenant des effets de réseautage et d’un avantage de coût, qui devrait encore s’améliorer, de même que ses marges, au cours des prochaines années. « Tant que les compagnies continueront à sous-traiter leurs approvisionnements en fournitures, les distributeurs industriels comme Grainger généreront des rendements considérables sur le capital investi, et récompenseront les actionnaires en chemin », dit l’analyste de Morningstar Kwame Webb, qui détermine la juste valeur des actions de la société à 226 $US et prévoit une croissance annuelle moyenne des bénéfices par actions à de 8 %, soit jusqu’à 17,33 $US d’ici 2020.

En plus d’exploiter des magasins, Grainger a fait un gros effort pour accroître ses activités de commerce électronique, un modèle de distribution plus efficace. « L’accent que met la société sur les ventes en ligne est si important qu’aujourd’hui, la compagnie génère des ventes en ligne de 4 milliards $US », dit M. Webb, qui a prévu un taux de croissance annuel de ses revenus de 1 à 7 % au cours des cinq prochaines années et une marge d’exploitation qui devrait croître de 12,7 % en 2016 à 13 % en 2020.

Un conglomérat diversifié, United Technologies (UTX) vend des produits aéronautiques et du matériel de construction par le biais de sa société mère et ses filiales — Pratt & Whitney, UTC Aerospace Systems et Otis. La firme fabrique des moteurs pour les avions militaires et commerciaux, des freins, des trains d’atterrissage, ainsi que des ascenseurs et des escaliers mécaniques.

UT a récemment fourni des résultats solides au troisième trimestre, annonçant un bond de 5 % de ses revenus annuels pour atteindre 14,4 milliards $US, élan créé surtout par les activités aéronautiques, qui sont des bénéficiaires d’un modèle de revenu lucratif des services d’après-vente.

Jusqu’à 60 % du revenu consolidé d’UT proviennent des services d’entretien et de réparation récurrents après la vente, ce qui est indicatif des « relations de fidélité durables des clients envers le fabricant de l’équipement original », dit un rapport Morningstar.

Plus de 40 % des revenus de Pratt & Whitney proviennent exclusivement d’Airbus, alors qu’Airbus et Boeing constituent respectivement 29 % et 28% du revenu de UTC Aerospace Systems. « De plus, dans chaque segment, le gouvernement des États-Unis compte pour 20 % environ des ventes, représentant une autre relation solide avec un client et un fort pouvoir de négociation », dit l’analyste de Morningstar Barbara Noverini, qui a estimé la valeur de l’action à 122 $US.

Pratt & Whitney a augmenté la production de ses moteurs turbosoufflants à double-flux, et a déjà plus de 7 000 commandes garanties. « Cette nouvelle base garantira la demande de services à long terme et alimentera les flux de trésorerie de chaque segment pendant des décennies », dit Mme Noverini. Morningstar a prévu un taux de croissance composé du revenu annuel de 4,5 % sur les cinq prochaines années, et un revenu consolidé d’environ 70 milliards $US d’ici 2020.

La plus grande compagnie de chemin de fer cotée en bourse en Amérique du Nord, Union Pacific (UNP) exerce ses activités dans deux tiers de l’Ouest des États-Unis. La firme a généré 22 milliards $US de revenu en 2015 en transportant du charbon, des produits industriels, des conteneurs intermodaux, des produits agricoles et chimiques et des automobiles. Elle possède aussi environ un quart de la compagnie ferroviaire mexicaine Ferromex (10 % de ses revenus).

« UP est étonnamment souple pour une entreprise à l’actif aussi énorme » indique un rapport Morningstar, soulignant que la firme a la capacité dans les périodes difficiles de réduire ses coûts plus rapidement que les ventes ne chutent et d’améliorer constamment ses marges. « Même la chute du transport du charbon de 9 % en 2013 n’a pas empêché UP d’atteindre des marges bénéficiaires record. »

À long terme, Morningstar a prévu que cette compagnie ferroviaire atteindrait un ratio d’exploitation de 62 % l’année prochaine et 58 % d’ici 2019. Un ratio d’exploitation plus faible reflète une marge bénéficiaire plus élevée.

La compagnie a produit une trésorerie stupéfiante de 2,7 milliards $US en 2015 — plus de 12 % de ses ventes — et en a reversé la plus grande partie à ses actionnaires, soit 2,3 milliards $US en dividendes d’actions ordinaires. « La firme a plus que triplé son dividende par action du début de 2010 à la fin de 2015, rendant l’action attrayante pour les investisseurs en quête de rendement » dit le directeur sectoriel de Morningstar Keith Schoonmaker, qui estime la juste valeur de l’action à 100 $US.

Bien que M. Schoonmaker s’attende à des baisses de prix à court terme, il reste convaincu que « le rail générera des profits économiques positifs au bénéfice des actionnaires, certainement pendant encore 10 ans. »

WestJet (WJA), société de Calgary, est une compagnie aérienne à faible coût qui offre plus de 90 destinations au Canada, aux États-Unis, au Mexique et aux Antilles.

« WestJet dessert environ 50 % des destinations au Canada qu’offrent Air Canada et ses partenaires, soit un total de plus de 70, offrant une croissance à long terme pour le modèle d’entreprise de WestJet caractérisé par des coûts faibles, un service à la clientèle solide et des employés satisfaits qui sont à l’origine de revenus profitables », mentionne un rapport Morningstar, qui souligne qu’une solide culture de propriété aide la firme à générer « des marges d’exploitation de 8 à 12 % environ ».

La compagnie aérienne régionale de WestJet Encore a ajouté des revenus et des profits et, selon M. Schoonmaker, « elle devrait intensifier sa croissance pendant les années à venir et pourrait augmenter les facteurs de coefficient de charge alors que le trafic régional s’ajoute aux principales activités de ce transporteur », dit M. Schoonmaker.

Cette compagnie aérienne a produit un rendement sur le capital investi stable de 12 % tout en augmentant sa capacité de 2,6 % à 11,1 % au cours des cinq dernières années. Un historique éblouissant dans la création de bénéfices d’exploitation en fait « une exception dans l’industrie aéronautique, et lui permettra de continuer à restituer du liquide aux actionnaires », dit M. Schoonmaker.

WestJet a enregistré au troisième trimestre de 2016 un bénéfice net de 116 millions $, son troisième meilleur trimestre jusqu’à maintenant, stimulé par un prix du pétrole inférieur et une augmentation du nombre de destinations. La compagnie a annoncé 1,12 milliards $ de revenu, en hausse par rapport au 1,05 milliard $ de l’année précédente, soit un bond de 7,6 %, alors qu’elle a affiché son cinquième mois consécutif de hausse à deux chiffres du nombre de passagers.

L’action se négocie actuellement à près de 25 % de rabais par rapport à l’estimation de 28 $ de juste valeur effectuée par M. Schoonmaker.